Peter Berger, professeur de sociologie à Boston University, a longtemps cru que la sécularisation progressait avec le développement socio-économique. Depuis, il a changé d’avis et privilégie désormais une explication centrée sur l’offre. La demande de religion n’aurait pas grand-chose à voir avec le niveau de développement, mais beaucoup avec l’offre religieuse.
Si les Américains vont davantage à l’Eglise et sont plus pieux que les Européens, c’est parce que le marché religieux est beaucoup plus ouvert aux Etats-Unis : des douzaines d’églises s’y font une concurrence acharnée pour attirer des adeptes, en leur proposant chacune une voie de salut particulière, et en répondant au plus près aux besoins des paroissiens. «Dans un marché aussi libre, l’offre est très différenciée», explique Mr. Finke. L’offre s’y adapte instantanément à la demande. Tout se passe comme s’il existait «une demande potentielle de religion qui ne demande qu’à être activée», explique Rodney Stark, sociologue à Baylor University. «Plus les membres du clergé sont préoccupés de préserver ou d’agrandir la part de marché de leur congrégation, plus vous aurez de monde dans les églises».
Ce modèle explique aussi ce qui se passe en Europe. Les Européens ne seraient pas fondamentalement moins religieux que les Américains ; simplement, le marché religieux y serait beaucoup moins concurrentiel, les Eglises en place ayant historiquement réussi à imposer un quasi monopole. Or, nous dit Mr. Stark, «une église en position de monopole est une église vide».

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