Encore du skiff le midi, j’ai les fesses scarifiées (au sens propre: les marques de la coulisse gravées au sang), il y a du courant et du vent, c’est dur. Dix kilomètres.

Le soir, je devais rejoindre Hervé à Tours pour passer un long week-end ensemble.
Au dernier moment, par curiosité, je n’ai pas pris un billet de TGV, mais un billet de bus parce que Captain Train (je ne chanterai jamais assez le bien que je pense de Captain train) le proposait. Trois heures de trajet avec du wifi, je me suis imaginée en train de traverser la Beauce profonde en rattrapant mon retard en blogage.

En réalité, je me suis retrouvée coincée sur un siège étroit à côté d'un charmante Canadienne qui lisait Le Maître et Marguerite, sans pouvoir m'étirer alors que tous les muscles me faisaient mal, avec un wifi pourri, bloquée par les embouteillages des départs en week-end.

Nous sommes partis en retard, arrivés en retard, et à ce prix-là personne ne vous aide à placer votre bagage en soute. Mais le conducteur était aimable et les deux rastas derrière moi, un jeune et un mature, tenaient une conversation édifiante (— Je t'ai trouvé un boulot à la Poste, je t'avais dit de pas dire que tu avais le bac, mais tu n'en fais qu'à ta tête. — Mais avec le bac, la formation était plus courte. — Oui, mais ils ne t'ont pas pris. L'important c'est d'avoir la place, quatre mois plus tard tu dis: "Ah au fait, j'ai mon bac", et tu progresses. Mais tu veux toujours en faire à ta tête.)

Bref, pas convaincue du tout par ce voyage en bus: quel est l'intérêt de prendre l'autoroute pour faire exactement le même trajet que le train? J'étais persuadée que le but, c'était de passer dans des endroits non desservis par la SNCF. Et c'était cela qui m'intéressait, la flânerie, le voyage, pas l'arrivée.