Lundi infernal
Par Alice, lundi 28 octobre 2024 à 23:59 :: 2024 :: #6249 :: rss
Lundi étrange, tout le monde à cran. J'arrive tôt au bureau afin d'accueillir une formation qui commence à huit heures (ce qui suppose de prendre le train à six heures et demie) et gère les ennuis au fur à mesure qu'ils pleuvent. Comme je le répète parfois, «s'il n'y avait pas d'emmerdes, je n'aurais pas de travail».
Pas de cours officiel de parkour puisque c'est encore les vacances. Celles qui le peuvent sont invitées à venir faire de l'escalade à Arkose Pantin à partir de 19h.
Donc j'y suis allée — puisqu'il s'agit à la fois de ne pas avoir peur du ridicule; travailler l'agilité, l'équilibre et la musculation; accepter d'être parmi les plus faibles.
C'est fun. Ce ne sera jamais une passion, mais je perçois le potentiel de tout ce que cela développe, en esprit de décision, élongation ou étirement des muscles, décision de lâcher une main ou un pied en comptant sur la vitesse et la puissance, apprentissage de prises telles qu'on n'y pense jamais (pousser et non aggripper pour tenir); bref, toute une physique pratique à apprendre ou réapprendre par le corps et le cerveau paresseux qui au quotidien agissent et réagissent toujours de la même façon. C'est aussi, et c'est peut-être le plus amusant, un casse-tête en 3D, un labyrinthe à plat le long de la paroi devant l'énigme des blocs: très bien, pour commencer je mets mes pieds ici, mes mains là, et mon but est de poser les mains sur le bloc marqué de deux flèches là-haut. Mais comment faire? Dans quel ordre déplacer mes quatre membres, pour les mettre où, afin de progresser le long de la voie? Comment couvrir ces deux mètres de vide, êtes-vous sûr que cela soit vraiment possible?
J'apprends la différence entre blocs et voie (nous faisons des blocs); le code de couleurs correspondant à la difficulté (ce n'est pas le même que celui du ski — ça commence par jaune). J'apprends à tomber («c'est très important. Surtout ne mets pas tes bras en arrière, tu risques de te déboiter l'épaule. Ramène tes bras pliés devant ta poitrine.»), les gros matelas sont très agréables, ils accueillent le dos comme un hamac.
Je parcours quatre cheminements et je suis épuisée. «C'est parce que tu n'es pas détendue». Détendue? On peut être détendue en escaladant alors que tout se joue dans l'articulation de la puissance à la vitesse de décision et d'exécution? (smiley incrédule).
Après la séance nous devons prendre un pot et dîner dans la salle du club, mais c'est à Pantin et je veux prendre le dernier train (22h46). Je pars donc à dix heures moins le quart après une bière, footing dans les rues, la 14 est fermée, la 7 jusqu'à Auber puis le RER A, j'arrive sur le quai à 30, un train s'apprête à partir pour Montereau.
Je monte en catastrophe, il est plein comme un œuf, dérange trois personnes pour grimper à l'étage, il y a des places assises pourquoi donc tous ces passagers campant en bas, me renseigne: «ce n'est pas l'horaire habituel, c'est un train en retard?»
Oui. Accident de voyageur à Melun. Le train part à dix heures et demie, il se traîne, je m'endors, me réveille en sursaut chaque fois que sent ma mâchoire pendre (ma terreur: baver), le train n'avance pas, j'aperçois la Seine miroiter à Villeneuve, me rendors, déchiffre «Viry-Châtillon», mais qu'est-ce qu'on fait là?
Je me rends à l'évidence: au lieu d'aller directement à Melun, le train parcourt les deux côtés du triangle Paris-Evry-Melun.
J'arrive à minuit.
Pas de cours officiel de parkour puisque c'est encore les vacances. Celles qui le peuvent sont invitées à venir faire de l'escalade à Arkose Pantin à partir de 19h.
Donc j'y suis allée — puisqu'il s'agit à la fois de ne pas avoir peur du ridicule; travailler l'agilité, l'équilibre et la musculation; accepter d'être parmi les plus faibles.
C'est fun. Ce ne sera jamais une passion, mais je perçois le potentiel de tout ce que cela développe, en esprit de décision, élongation ou étirement des muscles, décision de lâcher une main ou un pied en comptant sur la vitesse et la puissance, apprentissage de prises telles qu'on n'y pense jamais (pousser et non aggripper pour tenir); bref, toute une physique pratique à apprendre ou réapprendre par le corps et le cerveau paresseux qui au quotidien agissent et réagissent toujours de la même façon. C'est aussi, et c'est peut-être le plus amusant, un casse-tête en 3D, un labyrinthe à plat le long de la paroi devant l'énigme des blocs: très bien, pour commencer je mets mes pieds ici, mes mains là, et mon but est de poser les mains sur le bloc marqué de deux flèches là-haut. Mais comment faire? Dans quel ordre déplacer mes quatre membres, pour les mettre où, afin de progresser le long de la voie? Comment couvrir ces deux mètres de vide, êtes-vous sûr que cela soit vraiment possible?
J'apprends la différence entre blocs et voie (nous faisons des blocs); le code de couleurs correspondant à la difficulté (ce n'est pas le même que celui du ski — ça commence par jaune). J'apprends à tomber («c'est très important. Surtout ne mets pas tes bras en arrière, tu risques de te déboiter l'épaule. Ramène tes bras pliés devant ta poitrine.»), les gros matelas sont très agréables, ils accueillent le dos comme un hamac.
Je parcours quatre cheminements et je suis épuisée. «C'est parce que tu n'es pas détendue». Détendue? On peut être détendue en escaladant alors que tout se joue dans l'articulation de la puissance à la vitesse de décision et d'exécution? (smiley incrédule).
Après la séance nous devons prendre un pot et dîner dans la salle du club, mais c'est à Pantin et je veux prendre le dernier train (22h46). Je pars donc à dix heures moins le quart après une bière, footing dans les rues, la 14 est fermée, la 7 jusqu'à Auber puis le RER A, j'arrive sur le quai à 30, un train s'apprête à partir pour Montereau.
Je monte en catastrophe, il est plein comme un œuf, dérange trois personnes pour grimper à l'étage, il y a des places assises pourquoi donc tous ces passagers campant en bas, me renseigne: «ce n'est pas l'horaire habituel, c'est un train en retard?»
Oui. Accident de voyageur à Melun. Le train part à dix heures et demie, il se traîne, je m'endors, me réveille en sursaut chaque fois que sent ma mâchoire pendre (ma terreur: baver), le train n'avance pas, j'aperçois la Seine miroiter à Villeneuve, me rendors, déchiffre «Viry-Châtillon», mais qu'est-ce qu'on fait là?
Je me rends à l'évidence: au lieu d'aller directement à Melun, le train parcourt les deux côtés du triangle Paris-Evry-Melun.
J'arrive à minuit.
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