Participation

J'entends et je lis ici et là que le fort taux de participation est le signe que les citoyens ont renoué avec la politique, et que la démocratie française "va mieux" (elle était donc malade).

Je fais l'analyse absolument inverse: il me semble qu'un faible taux de participation est le signe, dans les vieilles démocraties, que tout va bien, que les institutions ronronnent et que tout le monde s'ennuie. («Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre. L'un d'eux s'ennuyant au logis […]» doit pouvoir être étendu à l'ensemble d'un pays).

La forte participation de dimanche est le signe d'un malaise, pas d'une réconciliation avec la chose politique.


ajout à 18 heures :
Les chiffres sur les Français vivant à l'étranger sont difficiles à obtenir. C'est pourquoi je copie ici quelques données fiables: 950 000 Français vivant à l'étranger se sont inscrits sur les listes électorales.
Selon le rapport de la Banque mondiale, les Français vivant à l'étranger ont envoyé en 2005 à leurs familles restées en France 12,742 milliards de dollars (ces fonds rapatriés sont les remittances). La France obtient ainsi la cinquième place dans la liste des pays collecteurs de fonds, après la Chine, l'Inde, le Mexique et les Philippines.
Les travailleurs immigrés travaillant en France ont pour leur part adressé à leur famille à l'étranger 2,5 milliards d'euros auxquels s'ajoute 1,4 milliard d'euros de salaires perçus en France et dépensés à l'étranger par les travailleurs saisonniers.
Selon la mission opérationnelle transfrontalière dirigée par Pierre Mauroy, au moins 272 000 Français vont travailler à l'étranger chaque jour tandis qu'ils sont 11.000 étrangers à venir en France. La Suisse accueille 105.661 frontaliers, l'Allemagne 56.000, le Luxembourg 57.000, la Belgique 25.000, Monaco 28.000, l'Espagne 3.000.
(source: Le Figaro économie du 23/04/07)

Nous n'avons pas les mêmes valeurs

Un jeune homme pressé, pantalon noir, chemise bleue, petit, brun et bouclé, lunettes, lourde serviette à la main, me double devant chez Hédiard un portable à l'oreille:

— Oui, il y avait un message sur le répondeur, je n'ai pas bien compris, je crois qu'ils ne veulent pas livrer la Jaguar de papa à la maison, il faut passer chez le concessionnaire…

Le reste se perd, il est déjà loin devant moi.

Dépouiller

La première fois que j'ai participé à un dépouillement, c'était à Aubervilliers, en 1991 ou 1992 (pour les européennes? je ne sais plus).

H. était un vieil habitué de la chose, ses parents, militants socialistes dans une mairie de droite, ont toujours activement participé à l'ensemble des opérations qui entourent une élection.
Pour moi c'était nouveau.

J'adore ça. Je crois que c'est le moment où je me sens le plus appartenir à une nation, le moment le plus solennel d'une vie en république. Et cela prend une forme si simple, si humble: compter les enveloppes, faire des tas de cent, recompter les tas de cent, les attribuer chacun à une table de trois ou quatre personnes, une pour ouvrir les enveloppes, une pour annoncer le nom à voix haute, une ou deux pour faire un bâton en face du nom annoncé… Puis compter les bâtons, recompter les enveloppes, recompter les bulletins, à chaque table; faire les additions, signer le procès-verbal... Tout se déroule dans un silence religieux, au début de la séance lecture a été faite du Code électoral, tout rire, toute exclamation sont proscrits, la lecture d'un bulletin nul comportant des commentaires peut faire invalider l'élection dans la circonscription. De loin en loin un émissaire de la mairie vient prendre des nouvelles, savoir si nous avons bientôt fini, car il faut ensuite additionner les résultats au niveau de la commune puis les communiquer au préfet.
Les résultats du bureau tombent, chacun reste impassible, les habitués savent que cela ne représente ni le vote de la commune ni le vote du pays. Puis les chips, le rosé, le retour dans les rues désertées, les "autres" sont devant la télé, ils en savent déjà plus que vous.

A Aubervilliers, j'ai compris que si la banlieue votait "rouge", c'était peut-être parce qu'elle était ouvrière, c'était surtout parce qu'elle était habitée par d'anciens résistants: inéluctablement, cet électorat était en train de disparaître.
A Aubervilliers, un ami américain a assisté au dépouillement en se moquant de nous, il était atterré par tant d'archaïsme: comment, le vote n'était pas électronique? J'ai beaucoup pensé à lui en novembre 2000. Je suis résolument contre le vote électronique, pour des raisons pratiques et affectives.

Ce soir, à huit heures moins cinq, je serai présente pour le dépouillement (pour ceux que cela intéresse, il suffit de se porter volontaire quand on va voter, il est rare qu'il y ait trop de volontaires).

Pourquoi les pdblogs ?

Ce fut la question de Gvgvsse, me regardant dans les yeux, attendant visiblement une "vraie réponse", quand je le rencontrai en mai 2005.

Evidemment, la réponse qui vient est "Pourquoi pas?"
L'autre est "Quelle question bizarre, pd n'a jamais été un critère, je ne choisis pas selon ce critère".
La vraie réponse est «Je ne sais pas».
L'autre réponse est «Je ne l'ai pas fait exprès» ou «c'est un hasard» (une recherche sur versatile qui m'a fait tomber sur un billet de Matoo).
La dernière réponse possible est «c'était peut-être inévitable pour une lectrice de Renaud Camus». (Absurde: j'ai commencé par Du sens et Répertoire des délicatesses du français contemporains, qui sont très neutres de ce point de vue: je le répète, l'homosexualité n'est pas un critère de choix).

Quoi qu'il en soit, la question de Gvgvsse a continué de me turlupiner: est-ce que c'était bizarre, de ne lire que des blogs pd? Evidemment, la raison principale du phénomène, c'est qu'ayant commencé par lire Matoo, puis ayant circulé dans ses favoris, I was trapped. Finalement, celui qui m'a permis de sortir de cet enfermement, c'est Philippe[s] (trouvé, lui, par une recherche Google avec "Renaud Camus" en mots-clé), car ses favoris sont d'une autre nature (qui détermine un monde tout aussi clos).

Mais la question reste, ou plutôt est ré-avivée, quand un ou deux de "mes" lecteurs masculins hétéros m'avouent ne pas accrocher avec mes blogueurs favoris. «Tant pis», pensé-je avec philosophie, ou «ça ne m'étonne pas», si je suis d'humeur sardonique.
Je me souviens de la surprise de Matoo, et aussi de quelque chose qui ressemblait à du soulagement, quand papotant pour la première fois ensemble, il s'exclama «mais t'es pas une fille à pd, alors», me laissant interloquée (mais qu'est-ce que c'est et pourquoi préfère-t-il que je ne le sois pas?). Plus tard, au cours d'une soirée, un certain Yann me peignit un tableau moqueur de la FAP: «Ça commence à l'adolescence, elles sont grosses, moches,…» C'était méchant et moqueur, et j'ai plaint ces filles dont j'ai soupçonné le besoin de chaleur humaine et d'amitiés gratuites (mais après tout je n'en sais rien, ces mondes-là me sont à peu près inconnus). Mais bon, Yann, c'est spécial (pas du tout mon genre, mais ça me ferait bigrement plaisir de le revoir parce que par une de ces alchimies inexplicables, on s'amuse bien (les mêmes dispositions naturelles à la langue de vipère, je suppose).)

Récemment, j'ai lu une phrase de Kozlika qui m'a arrêtée: «Ah tiens, c'est bien la première fois que je me sens d'emblée si à l'aise avec un hétéro.»
Je ne dirais pas ça mais je comprends parfaitement ce qu'elle veut dire. Ce qui m'ennuie, c'est que je suis incapable de l'expliquer.
Pourquoi ne serait-on pas spontanément à l'aise avec un hétéro? «Méfiance, méfiance, mais qu'est-ce qu'il me veut?»
Pourquoi serait-on spontanément à l'aise avec des homos? (ce qui n'est pas mon cas, d'une part parce que je n'ai pas de "gaydar", je suis même totalement nulle (ce genre de catégorisation ne m'a jamais intéressée), d'autre part parce qu'il y a a des homos avec lesquels je suis très mal à l'aise…)
La distinction de Kozlika est inopérante dans mon cas. Mais cependant… Il existe un soulagement (qui doit paraître incompréhensible à beaucoup) à NE PAS être l'objet d'intérêt principal. Je me souviens de mon amusement à constater que mes hommes préférés étaient finalement les hommes amoureux (d'une autre), les hommes passionnés (d'un sujet), les prêtres (qui peuvent entrer dans la catégorie précédente), bref, ceux qui n'ont d'autre intérêt à parler avec moi que le désintéressement et leur propre passion.
Il est possible que je sois une exception, comment savoir, puisque je ne parle pratiquement qu'avec des garçons (comme dirait Kozlika) depuis toujours, sports et maths obligent.

Finalement, j'aurai passé mon temps à faire oublier que j'étais une fille jusqu'au moment où je me serai rendu compte que ce n'était pas réellement possible, et qu'une paire de talons et un peu de maquillage et un sourire pouvaient obtenir beaucoup de choses1, ce qui est, avouons-le, profondément décevant.

Enfin, j'ajoute que la phrase de Kozlika m'a rappelée les phrases de Nuruddin Farah: «Les femmes sont comme les fourmis, elles ont développé une sensibilité au danger, elles ont développé des antennes comme les fourmis pour interpréter un sourire, un cadeau… (un cadeau n'est jamais gratuit)». Nuruddin Farah m'a profondément étonnée, j'ai eu l'impression qu'il avait compris quelque chose : «il va falloir payer» est une arrière-pensée inconsciente, les femmes (ou juste moi?) ne croient pas beaucoup à la gratuité… Je me souviens de Marilyn Monroe, qui sortait draguer dans les bars pour s'assurer de sa séduction (oh ce doute des femmes), et qui disait toujours oui en posant pour seule condition «d'être gentil». Cette condition est si triste.

Parfois je me dis que je suis complétement folle, très très parano (j'ai au moins un ennemi pour le penser) et que c'est totalement ridicule. D'autre fois je me dis qu'un homme blanc hétéro dans la société occidentale, c'est-à-dire dans une société entièrement taillée à sa mesure depuis des siècles, ne peut pas voir la société dans laquelle il vit, comme un poisson ne peut avoir conscience de l'eau, et je le plains un peu.



Note
1 : reconnaissons la grande complicité avec certains (généralement la catégorie "amoureux d'une autre") qui vous voient faire, le savent, et s'offrent le plaisir de céder malgré tout (je parle de sujets professionnels) tandis que je sais qu'ils savent et qu'ils savent que je sais… Cette complicité-là est merveilleuse. (En plus simple, il y a tous les gestes de la galanterie ancestrale qu'une bonne féministe devrait refuser mais que je trouve si agréable en compagnie d'un homme intelligent.)

Les infos du matin

Je me souviens parfaitement du moment où j'ai arrêté de m'intéresser à «l'actualité ». En septembre 1985, suite au tremblement de terre de Mexico, nous avons eu droit en direct pendant plusieurs jours à l'agonie d'une petite fille happée par la boue. Dans Paris, l'image de la fillette s'affichait sur les colonnes Morris et à la devanture des kiosques, il était impossible d'y échapper. Le traitement journalistique de cette tragédie, le goût du sensationnalisme, m'ont dégoûtée de «l'info». J'y songeais ce matin en écoutant, exceptionnellement et parce que je n'étais pas seule, France Inter, qui diffusait quelques secondes de la cassette envoyée par Cho Seung Hui1 à NBC. NBC devait-elle diffuser cette cassette, cela apporte-t-il quelque chose ? Non, mais cela permet de faire de l'audience.

J'ai appris également la réouverture (ou la poursuite) de l'enquête sur la mort de Robert Boulin. A-t-il été tué et si oui, pourquoi, Robert Boulin avait-il menacé de rendre public des dossiers compromettants?
Aussitôt j'ai pensé à Pierre Bérégovoy. Je ne pardonnerai jamais sa mort à François Mitterrand. Je ne peux voter pour une personne venue de l'entourage de Mitterrand. Viscéralement impossible. Seuls ses « ennemis » socialistes trouveraient éventuellement grâce à mes yeux.



Note
1 : Cho Seung-hui, est le tueur responsable de la fusillade de l'Université Virginia Tech du 16 avril 2007, dans laquelle 32 personnes sont mortes. Il s'est suicidé.

Insidieuse propagande

Oz est à la foi ce que Jack Bauer est à la torture.

Le mystère des valises qui ne ferment plus

Je ne sais si c'est le rhume rapporté de vacances (dû à l'air marin, au parfum des glycines, à la pressurisation de l'avion?), l'âge (puisqu'on dort moins en veillissant, c'est bien connu) ou la preuve que j'ai assez (trop?) dormi pendant les vacances, mais je suis réveillée depuis une heure et je n'arrive pas à dormir.

Un post un peu exhibitionniste pour se remettre en jambes. Il s'agissait à l'origine de comprendre pourquoi les valises ne fermaient plus au retour ("Je ne comprends pas, on n'a pourtant rien acheté").

Sont donc revenus dans nos bagages sans être partis avec nous quatre chemises, une chemisette, un chemisier, une robe, une cravate, une paire de chaussures pour homme (mais une autre a été jetée sur place: compensation), une paire de chaussures pour femme (pour aller avec la robe), Les élégies de Duino aux éditions Rivages, bilingue, commentées par Hannah Arendt, irrésistible (acheté au départ à Roissy, prise de la crainte soudaine de manquer de lecture avec "seulement" Le Journal de Travers (!)), Souvenirs du monde, Ricordi di un tempo perduto d'Elisabeth de Gramont (le titre en français repéré à la devanture d'une librairie d'occasion m'a fait espérer un livre en français, le livre est en italien mais le libraire était si aimable dans un français si parfait à l'accent si charmant que je n'ai pas eu le cœur de ne pas acheter le volume, je l'ai pris en me disant que je pourrais toujours l'offrir… Mais finalement les photos à elles seules valent la peine «a destra: Corise de Noailles, nata de Gramont, sorellestra di Elisabeth de Gramont. È considerata la prima sport-woman in Francia»), des spaghettis n°13 ("Aaaaah, on n'en trouve pas en France, ils s'arrêtent à 11!"), un maillot de foot du Brésil n°9 Ronaldo (je sais, je sais), deux petites briques de crème italienne "panne" (on en trouve difficilement en France chez certains traiteurs italiens), une bouteille de shampooing (même marque qu'en France, mais tandis qu'en France il est indiqué "au lait", en Italie il est précisé "au lait végétal" (?)), des ciseaux à ongles, des kleenex, de l'aspirine, de l'efferalgan, du spray pour la gorge, de la vitamine C (la pharmacienne ne parlait qu'italien (nous avons trouvé les Vénitiens adorables, jamais je ne serais aussi patiente qu'eux avec les hordes de touristes (à leur place, je créerais des endroits réservés aux citoyens (d'ailleurs ce n'est peut-être pas pour rien que c'est la Guidecca qui se repeuple))), un crayon souple de 60 centimètres de long, rouge, une gomme souple en forme de long boudin (25 cm) vert fluorescent, un crayon se terminant par un gens d'arme en métal, un canon taille-crayon, un tee-shirt noir brodé du lion de Venise taille M, c'est-à-dire n'allant à personne, une reproduction des Noces de Cana du Tintoret et le lot de dix cartes postales des Titien de la sacristie de Santa Maria della Salute, un miroir convexe comme celui des Époux Arnolfini (boutique Canestrelli à deux pas du rio de La Toletta, Dorsoduro 1173), une bouteille poussiéreuse d'encre Montblanc couleur bordeaux (pas vraiment en vente, je pense, elle décorait la vitrine d'un tabac sans doute depuis longtemps. Me voilà tranquille pour trois ans (le temps d'une bouteille) (cette couleur n'est plus vendue en France)), un arc en plastique rouge et trois flèches qui ont servi à attaquer l'Arsenal (si, si), une dague en plastique, des fils à scoubidou et Venise: une invention de la ville (XIIIe-XVe) (après une discussion sur les égoûts et les contraintes urbanistiques propres à Venise).

Splash !

L'une des spécialités culinaires vénitiennes est le foie de veau à la vénitienne, coupé en fines tranches avec des oignons. C'est délicieux. Une autre consiste en diverses variations à base d'encre de seiche. C'est dangereux.

C'est ainsi qu'en faisant tomber un morceau de seiche de l'antipasti dans la sauce, H. a zébré sa chemisette blanche de pointillés noirs très Mirò. (Direction les toilettes, déhabillage pour enfiler l'une des chemises qu'on venait d'acheter, chemisette passée à l'eau courante, heureuse disparition des taches).
Il avait commandé ensuite des spaghettis à l'encre de seiche et je songeais en contemplant la masse noirâtre que cela aurait constitué un merveilleux bizutage pour les lauréats de la veille... Mon dieu, surtout ne jamais avoir un tel plat à manger en société.

Quant à moi, je savourai ma seiche et sa polenta. A la fin du repas, le patron en grand habitué vint me faire des grimaces pour me faire rire: l'encre de seiche colore atrocement les dents et les lèvres et donne un sourire insoutenable.


Oniga
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Laurea

Jeudi nous sommes réveillés par un défilé continu de gens sous nos fenêtres. (Les rues étroites sont très sonores, un pas dans la rue paraît un pas dans le couloir ou l'escalier.) Ces personnes sont italiennes, endimanchées, de tous âges, elles portent des bouquets ou des présents, mais que se passe-t-il et où vont-elles?

Le défilé ne tarit pas. Petit déjeuner, fatigue générale, nous souffrons tous, qui de douleurs musculaires, qui de douleurs articulaires, ou de légère insolation, ou de rhume, j'abandonne ceux qui souhaitent se reposer et je sors avec C.
Bien entendu, nous décidons de suivre le flot, aussi discrets qu'Astérix et Obélix camouflés suivant une légion romaine. Il fait très beau, il est dix heures, il souffle la perpétuelle brise vénitienne (je n'avais jamais pris conscience avant ce séjour plus long de l'aspect portuaire, maritime, pêcheur, de Venise. Venise sur l'eau, c'était un exotisme, une curiosité, un miracle architectural, Venise empire maritime, c'était de l'histoire et de la géographie et du commerce, mais la vie quotidienne et actuelle de Venise, une vie ressemblant à celle de n'importe quel port, je ne l'avais jamais ressentie avant ce séjour). La file s'étire le long du Dorsoduro jusque devant l'Académie d'architecture, là, sur le pont menant à Saint-Nicolas-des-Mendiants, un jeune homme et une jeune fille préhistoriques couverts de peaux de bêtes se font tartiner de mousse à raser ou de nutella et sont soumis à quelques épreuves. Deux personnes tiennent de grandes couronnes de lauriers.
«Du bizutage!» soufflé-je à C. Mais cela n'a pas grand sens: un bizutage en fin d'année? La remise des diplômes? L'ouverture des inscriptions pour l'année prochaine? Et pourquoi les parents sont-ils là? Une affiche sur l'église utilise le terme "Laurea" : fête des lauriers ou fête des lauréats?

Nous en profitons pour visiter Santa-Nicolo (premier baroque, agréable par sa dimension intime qui change de la volonté de spectaculaire des églises visitées jusqu'ici) et rentrons tranquillement. Sur notre chemin, plusieurs cafés annoncent qu'ils participent à ce qui me paraît l'équivalent d'un "pot de thèse": un pot de thèse généralisé dans tout un quartier? C'est décidément mystérieux.

Nous rentrons. H. est finalement sorti lui aussi, et lui aussi a suivi le flot. Il a discuté (en anglais) avec un professeur: la tradition a trois cents ans, il s'agit de la remise des diplômes de fin d'année, les lauréats sont ainsi fêtés et gentiment chahutés tandis que discours et conférences sont prononcés à l'intérieur de l'université.

Après le déjeuner H. et moi sortons prendre un café sur la place au bout de la rue, le long du canal. Sont attablés un lauréat, ses amis et sa famille.
Le lauréat a une chevelure brune, lourde et bouclée de chérubin, il porte la couronne de lauriers sur les épaules, son sourire est éclatant. Il est nu, à l'exception d'un boxer blanc rendu transparent par endroits par la sueur, de hautes chaussettes crème et de fines chaussures italiennes.

Carpaccio

Dans l'obscurité de la petite salle de la confrérie dalmate (Scuola di San Giorgio degli Schiavoni, confrérie de Saint-Georges-des-esclavons, l'usage veut-il qu'on traduise ou pas ?) je reste suffoquée par la violence de Saint Georges et le dragon (1502) : membres épars, déchiquetés, à moitié dévorés, sorte de buste momifié…
Je suis gênée par mon manque de références : une telle scène, de telles précisions, paraissaient-elles normales, naturelles, à l'époque, où peut-on imaginer que les guerres fournissaient le spectacle quotidien d'éclopés rongés par la gangrène, ou Carpaccio cherchait-il à choquer, ou — j'avoue que cela m'a effleurée: exagérait-il l'horreur de sa peinture, approchant la caricature par la précision trop grande de ses détails?
Lorsque je regarde les toiles de Carpaccio, j'ai l'impression fugace qu'il rit, qu'il se moque de lui-même ou du spectateur ou des sujets qu'il peints, très peu, mais un peu tout de même: pourquoi cette envie de rire à regarder l'envolée des robes des moines fuyant comme des moineaux à l'approche du lion, le moine derrière Saint Jérôme paraissant presque horizontal dans sa précipitation ?

Le lendemain, même incrédulité à contempler longuement le supplice des dix mille martyrs du mont Ararat («c'est gore» me murmure O., huit ans, qui frémit d'effroi) ou le martyre de Sainte-Ursule: cette précision dans l'horreur, crâne fendu entre les deux yeux, femme rattrapée par les cheveux pour être égorgée, cet élan dans le meurtre, étaient-ce des détails qui devaient naturellement servir à l'édification des âmes (mais cela peut-il réellement porter au désir de connaître le même sort?), ou Carpaccio n'avait-il pas une intention doucement ironique, celle d'avouer secrètement qu'il ne croyait pas — et qu'il déconseillait de croire ?

J'aime les cheminées de Carpaccio, le rouge de Carpaccio, l'humour de Carpaccio — même si je ne peux décider si cet humour plus ou moins grinçant "existe", s'il était bien dans les intentions du peintre, ou s'il n'est dû qu'à mon imagination, à mon humeur et aux quelques siècles qui nous séparent: comment savoir?

Les tombeaux

De l'extérieur, Ss. Giovanni e Paulo est énorme, massive, à côté de la jolie façade blanche de l'hôpital (on se casserait bien la jambe, juste pour voir).
A l'intérieur, ce qui frappe, c'est l'ampleur de la nef, rendue plus vaste encore par l'écartement et la rareté des piliers, ce qui fait que l'espace des travées fait corps avec elle. Un hall de gare, pensais-je irrévérencieusement, mais un hall lumineux, doré et rose de ses briques et de son dallage.

La lumière fait toute la différence. Cette église parvient à la fois à être pataude par ses dimensions mal proportionnées et envoûtante par la franchise et la douceur de la lumière qui semble provenir autant des vitraux que des murs rosés.
Je joue à me représenter la cathédrale de Metz dans cette lumière. Comme elle serait belle et perdrait de son austérité. Je pense aux moines de Saint-Michel dont les dortoirs se situaient face au Nord, pour signifier la souffrance de l'existence terrestre, et les tombeaux face à l'Est, dans l'attente de la Résurrection: ici, même face au Nord, la vie serait encore lumière.
Je songe à nos cathédrales gothiques et nos églises romanes, à la pierre grise et froide, à la fraîcheur entre leurs murs et à l'obscurité, à l'austérité qui semble si naturellement accompagner la méditation qu'elle paraît en être la condition; et je les imagine ici, qu'est-ce que prier dans la lumière, l'âme ne se tourne-t-elle plus naturellement vers la joie et la louange?
Dans quel mesure un esprit, une culture, un art, dépend-il du climat? (Vieille question qui me taraude: je crois qu'on n'oublie pas un ciel, la hauteur et la couleur d'un ciel.)

L'église comprend les tombeaux de vingt-cinq doges. Ces tombeaux de pierre sont collés aux murs à trois ou quatre mètres de hauteur (mais comment tiennent-ils, ce doit être très lourd, ont-ils été ajoutés ou font-ils partie du gros œuvre?), seuls deux ou trois dans le chœur sont mieux observables. Je lis les noms, les dates, les hauts-faits. Tout cela ne représente rien pour moi. Comme à Saint-Denis, je regarde longuement ces tombeaux: comme ils sont petits, finalement. A quoi bon s'être fait dresser de tels tombeaux? Nous ne connaissons déjà pas les personnes les plus proches de nous, nous savons si peu de leurs aspirations, de leurs désirs, de leurs craintes, leur être nous échappe, que savons-nous de ces doges? Un nom, rien de leurs rêves, de leurs caractères, de leurs défauts… Et pourtant, un nom, nos pensées portées par ce nom, imaginant ce que nous pouvons de leur vie, portant toujours en filigrane cette question informulée: où sont-ils à présent, que sont-ils devenus?

Je songe à Rannoch Moor, une phrase de Bonnefoy, Nulle civilisation …tatata… les tombeaux, à propos d'Et in Arcadia ego? Je ne sais plus. Nulle philosophie ne peut être prise au sérieux si elle ne réfléchit sur les tombeaux, affirme Bonnefoy. La phrase m'échappe, il n'en reste que la musique et la solemnité.1





Note
1 : Rentrée chez moi, je consulte Rannoch Moor. Page 404, note de bas de page: «Bien des philosophies ont voulu rendre compte de la mort, mais je ne sache qu'aucune ait considéré les tombeaux. […] Un objet de pensée qui n'est plus l'objet réel, apaisant d'un douteux savoir l'inquiétude originelle, frappe de vanité cette mélodie la plus sombre des mots qui masquent la mort.» Yves Bonnefoy, Les Tombeaux de Ravenne (1953), repris en folio dans L'improbable et autres essais.

The little differences

La référence est connue, c'est l'un des dialogues d'ouverture de Pulp Fiction:
Vincent: You know what the funniest thing about Europe is?
Jules: What?
Vincent: It's the little differences. I mean they got the same shit over there that they got here, but it's just - it's just there it's a little different.
Jules: Examples?
Vincent: Alright, well you can walk into a movie theater in Amsterdam and buy a beer. And I don't mean just like in no paper cup, I'm talking about a glass of beer. And in Paris, you can buy a beer at McDonald's. And you know what they call a, uh, a Quarter Pounder with Cheese in Paris?
Jules: They don't call it a Quarter Pounder with Cheese?
Vincent: Nah, man, they got the metric system, they wouldn't know what the fuck a Quarter Pounder is.
Jules: What do they call it?
Vincent: They call it a "Royal with Cheese."
Donc :
- Le liquide vaisselle est bleu ou vert, pas jaune.

- Les oranges sont sanguines.

- Les boîtes à œufs contiennent quatre œufs (c'est cute).

- Nous n'avons trouvé ni pack de yaourts (vendu à l'unité en pot familial) ni bougie d'anniversaire (pas assez de vocabulaire pour poser la question).

- Chez le coiffeur, le shampooing se fait la tête en avant (comme chez certains Turcs).

- J'ai mis trois jours à obtenir le caffelatte que je convoitais après l'avoir vu servi à une cliente un matin (à la décharge des Italiens, je vous rappelle que je ne suis presque pas sortie de ma cambrousse et facilement intimidée). J'ai essayé le capuccino, le caffe dupio en imaginant obtenir un café allongé (un café double (en réalité il s'agit d'un café moitié: la moitié d'eau pour la même quantité de café (c'est logique, quand on y pense))), le caffe con latte (le lait servi à côté du café dans un petit pot) et un dernier dont je ne me souviens plus (ça commençait par "ma"). C'est simple, j'ai essayé systématiquement tout ce qu'il y avait sur la carte.

- Les cuvettes de WC dans les restaurants et les cafés (la règle reste à vérifier chez les particuliers) sont naines, plus haut que des WC à la turque mais plus bas que des WC en France.

- Les poubelles sont bêtement des sacs en plastique (de ceux interdits en France) qu'on dépose devant sa porte, ce qui donne matin et soir aux rues et places de Venise un aspect dépotoir un peu désagréable mais surtout inattendu: le dépôt d'ordures n'est pas prévu sur les cartes postales. (J'ai réfléchi au problème. Je pense qu'en France on mettrait en place des containers avec obligation de s'en servir. On perdrait la vision éphémère des sacs poubelle pour la vision permanente des containers. Que vaut-il mieux?)

Buona Pasqua a tutti

Samedi soir, j'ai assisté à la veillée pascale à l'église des Carmes. Un cardinal officiait. Je suis arrivée un peu tard, trop tard pour le feu et la distribution des cierges, fins, très fins, beaucoup plus fins qu'en France.

J'aime assister à la messe en langue étrangère. Le rite prend toute sa puissance, les rythmes permettent de reconnaître le sens, l'extérieur apporte la forme, le fond est intérieur.
Je ne connais pas bien les rites de la veillée pascale, ce n'était pas une tradition familiale, on allait plutôt à la messe le dimanche matin. Je n'ai assisté qu'à deux veillées dans ma vie, et il m'a semblé que celle-ci, la troisième, se passait de façon légèrement différente, le nombre de lectures m'a surprise.
L'assemblée se lève, le texte est lu, je me concentre le temps de reconnaître le texte grâce à quelques mots, puis je m'endors, épuisée. L'assemblée s'assoit, un prêtre commente le texte, je ne comprends pas, je dors profondément, l'assemblée se lève et chante, bien sûr je ne comprends pas le numéro des chants, je repère de loin la forme imprimée des strophes chez mes voisins et trouve la page adéquate, le chant est presque fini, c'est joli, plus joli qu'en France, plus doux et plus mélodieux (je déteste en France ces chants dont il faut bien reconnaître que La Vie est un long fleuve tranquille donne une image assez exacte), je chante, le texte suivant commence, je me rendors.
Combien de fois? Dix fois, quinze fois? Je ne sais pas, je ne pensais pas que ce serait aussi long, je ne savais pas que j'étais si fatiguée, une fois mon genou fléchit tandis que je suis debout, mon sommeil était devenu trop profond.

Qu'est-ce que je fais là? Ce matin j'étais à Paris, à midi dans l'avion, à six heures sur les Zattere à manger une glace… Qu'est-ce que je fais là? Je pense à Matoo, à Guillaume, à Veuve Tarquine, à leur fureur anti-Dieu, à la tristesse que cela provoque en moi parce qu'il n'y a rien à dire, d'une certaine façon ils ont raison mais moi aussi, mais il y a déjà un moment que j'ai décidé de ne plus réfléchir, de ne plus rationaliser tout cela.
S'il n'y a rien nous ne le saurons pas (et c'est une bonne farce, réellement l'idée me fait rire); mais s'il y a quelque chose (ou "quelqu'un") cela ne fera pas grande différence d'avoir été croyant ou pas. L'important sera la vie menée. Et les critères de jugement ne seront pas humains, ce qui est profondément rassurant (et me fait regarder avec condescendance ces croyants si sûrs de savoir où est le Bien et le Mal: relisez les Evangiles, vous verrez, c'est surprenant, personne n'est jamais jugé comme il l'attend).

Enfin bon. Je pense à Jules, à sa veillée de Noël à Saint-Marc (mais que faisait-il là?), finalement ce ne serait pas si difficile à organiser.

Le cardinal nous libèrera d'un joyeux "Buona Pasqua a tutti", les gens se rassemblent, s'embrassent, sont heureux, c'est un village, une fête de famille.
Je m'éclipse.

Outils

Je m'absente donc une semaine. Je n'ai pas eu le temps d'installer (de faire installer) un anti-spam sur ce blog donc pas de panique s'il est brutalement envahi par n'importe quoi, je ferai le ménage en rentrant. (C'est une évidence, mais comme je déteste voir le blog des autres soudain envahi de mauvaises herbes, j'ai à cœur de vous prévenir).

Je ne sais pas si je pourrai écrire. Il y aura des e-cafés, bien sûr, mais la difficulté n'est pas technique : en vacances comme en week-end, le temps ne m'appartient pas, ce sont les moments où je suis le moins libre. C'est le temps de la contrainte. Il ne faut pas trop que j'y pense.
On va dire que le besoin de vacances me rend pessimiste.
Enfin, on verra bien.


PS : J'ai hésité sur le livre à emporter : les cinq tomes restant du Vicomte de Vaullabelle ou Journal de Travers? Finalement j'emporte le tome I de celui-ci, uniquement pour ne pas être trop à la traîne de vos lectures conjointes… Cela m'ennuie parce que je sais que chaque page va faire naître des correspondances que j'aurai envie de vérifier et que je n'aurai ni ma bibliothèque ni Vaisseaux brûlés sous la main.

À ce propos, pour ceux que cela amuse, je signale qu'il est toujours intéressant de faire une recherche sur un ou des mots dans Vaisseaux brûlés. (Utilisez le point d'interrogation en marge de droite).

Yannick

Il y a quelques années, entre 1996 et 2003, j'ai fait de l'assistance à la maîtrise d'ouvrage en informatique, dite MOA. L'entreprise était petite, trente personnes, j'avais les informaticiens en interlocuteurs directs et cela se passait plutôt bien, compte tenu de mon caractère angoissé et soupe-au-lait. Un jour cependant, impossible de me souvenir pourquoi (démission d'une informaticienne ou montée en charge de l'activité? je ne sais plus), le responsable informatique recruta un prestataire de services qui devait me servir d'interlocuteur unique, lui se chargeant des relations avec les informaticiens. Cela avait l'inconvénient de me couper de cette équipe avec laquelle je m'entendais bien, mais l'avantage de confier le poste à une personne possédant les compétences informatiques que je n'avais pas.

Ce garçon était très grand et portait les cheveux très courts, il avait mon âge et deux petites filles. Il s'appellait Yannick. Je le formais à ses futures fonctions et m'aperçus qu'il avait une étrange haleine: il sentait le vin rouge dès neuf heures du matin. Peu après il m'expliqua qu'il avait une rare maladie génétique du foie, et je mis son haleine sur le compte de la maladie.
Il apparut assez vite qu'il était incompétent. C'était un excellent archiviste qui constituait de superbes dossiers sur lesquels il veillait avec un soin maniaque, à tel point que je ne les consultais qu'en cachette après son départ du bureau. Il rendait toutes les tâches plus longues à accomplir car il fallait attendre qu'il n'ait pas fait son travail pour le faire à sa place et pouvoir ensuite faire le mien.
Un jour en rentrant d'une réunion avec des fournisseurs à laquelle il avait assisté avec Yannick, mon chef me regarda avec embarras et me demanda, entre question et affirmation: — Yannick boit? — Oui. Je n'osais pas te le dire, mais oui.

Malgré cela, et bien qu'on ait prévenu le responsable informatique, il fut embauché en contrat indéterminé.
Ma vie devint doucement un enfer, il fallait faire son travail, le mien, et réparer ses bourdes. Je me rappellerai longtemps du matin où il a oublié les manipulations indispensables entre deux programmes de correction de bugs, programmes que nous avions longuement testés ("recettés") en environnement de développement avant de les basculer en production, et où il me dit pour toute excuse: «Ça arrive à tout le monde de trop arroser un dîner entre amis». (Les programmes générèrent d'autres bugs qui s'ajoutèrent aux précédents, m'obligeant à un ou deux mois de tâches fastidieuses et délicates que je ne pouvais lui confier tant j'avais peur qu'il ne les baclât elles aussi en attendant que les informaticiens écrivissent un autre programme de correction et de rattrapage).
C'est sans doute suite à cette histoire que je lui expliquai ma pensée dans la minuscule cuisine de l'étage, en particulier que je souhaitais qu'il se mît au travail et qu'il arrêtât de boire (je crois qu'exaspérée je me préparais un thé en essayant de l'éviter, redoutant ma propre colère, et que cet inconscient voulut me parler pour justifier l'injustifiable). Je dus parler un peu fort car on me regarda bizarrement quand je sortis de cette cuisine, une collègue moralisatrice me dit qu'«elle n'aimait pas quand je parlais comme ça» (et j'eus l'amère satisfaction de constater que la seule fois où elle travailla avec Yannick, elle alla pleurer auprès de son supérieur dès l'apparition du premier problème).

Peu à peu je ne parlai plus que de Yannick, au bureau, à la maison, il devenait mon obsession, je ne savais plus que faire; je fis une mise au point avec ses collègues de bureau, un bureau d'hommes qui la jouait très «nous les hommes», en leur disant que c'était bien beau de parler cul et foot mais que la véritable solidarité «entre hommes» consistait en l'occurrence à surveiller Yannick; il disparaissait des après-midis au café, la hiérarchie était au courant mais trop lâche ou trop généreuse ou trop indifférente pour agir, sachant que cela aurait consisté à le licencier et donc qu'à aggraver son problème.

Puis notre société fut rachetée par un grand groupe, Yannick partit dans une filiale et moi dans une autre. Son alcoolisme était désormais connu, un collègue qui choisit la même filiale que lui se chargea de le surveiller et de l'aider, la rumeur voulait que sa femme, de guerre lasse, l'ait quitté.

Il y a une semaine j'ai été invitée au pot de départ d'un ancien collègue dans mon ancien service (j'ai été accueillie par un chaleureux «Tiens, ça faisait longtemps qu'on ne t'avait pas vue un verre à la main!».)
J'ai appris que Yannick était mort.

Réflexions en passant sur les vacances

Je pars en vacances samedi. L'avion part à midi, je crois.

Je ne sais pas comment je vais réussir à ranger mon bureau et finir mes travaux en cours, ranger la maison, faire le ménage (pour être tranquille en rentrant), repasser pour pouvoir préparer les valises. D'après mes calculs, il faudrait que je ne dorme pas les deux prochaines nuits, ce qui voudrait dire que je passerais les trois premiers jours de vacances à récupérer. Pas très rentable sur sept jours de vacances.

Pour profiter de ses vacances, il ne faut pas partir fatigué. Sinon il vaut mieux rester chez soi.

Bon, je vais aller repasser en regardant Oz. (Je préfère poster les billets très tôt que très tard, j'ai l'impression de prendre de l'avance. J'ai triché sur l'heure du précédent billet pour qu'il soit publié en date du quatre. En réalité je viens juste de le terminer). Et oui, j'ai déjà dormi, couché à neuf et demi ce soir, et si tout va bien je me recouche à quatre. Je vais être fraîche pour boire du Sauvignon à midi. (Cela n'est pas le moindre défaut du manque de sommeil: une furieuse envie de boire pour oublier tout ce qui ne m'intéresse pas, l'impossibilité de boire sous peine de dormir comme une bûche).

Et ne me dites pas que ce n'est pas raisonnable: je le sais, je crois même que cela m'amuse, sinon je ne l'écrirais pas ici, n'est-ce pas. (Mais pas si sûr, il y a aussi le côté défouloir du blog).
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