Stage UCPA

— Ouais, la dernière fois, j'étais vénèr, j'étais en équit', tous les beaux mecs y zétaient en tennis, alors cette fois-ci je me suis inscrite en tennis...
— Mais moi y avait pus d'place en tennis alors je me suis mise en golf.

L'heure où les carreaux passent de la transparence au reflet

Phrase fétiche de Passage, phrase que j'aime beaucoup, évoquant l'arrivée de la nuit sans parler ni de la nuit ni du jour.

Chaque jour j'assiste à l'inverse des fenêtres de mon bureau.

Ville imaginaire, tremblante comme de l'eau, dans les carreaux le matin :






Cases illuminées dans la nuit, comme autant de tiroirs:






(Et toujours mes photos minables de téléphone. Désolée pour vous, je les aime ainsi.)

rue Saint-Guillaume

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Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz

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Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz
Jean-Yves Pranchère, L'autorité contre les Lumières
Gershom Scholem, Leo Stauss, Cabale et philosophie

Mystère

Je quitte la maison le matin à 7 heures (période scolaire: sinon ça tend à déraper nettement).
Je rentre au mieux à 19 heures (si j'arrive à partir du bureau. Non que je croule sous le boulot, mais je déteste tant les transports que je n'arrive jamais à partir).

Mettons six heures de sommeil (on compensera le week-end — si on peut).

Donc entre sept ou huit heures du soir et minuit, il faut faire tenir un repas, la vaisselle, souvent une machine à étendre, un peu de "family relationship" (tout de même), deux ou trois blogs à alimenter, les blogs des amis à lire, à commenter (pas souvent), FB, à lire, à alimenter, les mails à lire, répondre aux plus urgents/importants, écrire aux amis, twitteur à "vider" dans delicious...
Ça ne tient pas.
On voit tout de suite que mathématiquement ça ne tient pas.
Et pourtant ça se poursuit, cahin-caha, comme ça peut... Il vaut mieux éviter de détailler, pour éviter de se faire peur.
Toutes les méthodes de gestion du temps recommandent de décomposer ou lister les tâches. Si je fais ça, je suis morte. Je ne m'en sors que parce que les tâches s'interpénètrent, se fondent les unes dans les autres, je ne sais trop comment.
C'est un peu comme nos finances, en somme: mathématiquement ça ne devrait pas "passer". Et pourtant, si.

Pourvou que ça doure...

Quai 234

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Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz

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Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz
Jean-Paul Goujon, Dossier secret Pierre Louÿs-Marie de Régnier, éclaboussé de quelques gouttes de bière
Jean Starobinski, Les mots sous les mots

Les madeleines ont bien changé

— Schrunch, mscrunch... J'aime bien le bruit que tu fais quand tu manges tes céréales, ça m'accompagne depuis que je suis tout petit.

Les jeunes ont encore du vocabulaire

A : — Mais t'es à poil !
B : — Non, j'ai un slip.
A : — Hum, il reste encore du poil.
C : — T'as le persil qui dépasse du cabas ?

Bois-le-Roi

En retard.

Je respire la forêt, les arbres et la terre, et je constate que tout cela m'est devenu étranger. Incapable de me partager. Soit entièrement la terre, les arbres, la forêt, soit la vitesse, la ville, internet.
Seuls les livres peuvent appartenir aux deux mondes.

La contrepétrie du week-end

Patins à roulettes.

Formule

Troisième décès dans mon entreprise depuis septembre. (Maladies, pas suicides).
Lundi, la comm interne a mis en ligne un message sur l'intranet. Il se termine ainsi :

L'ensemble des collaborateurs de *** assurent son épouse et son fils de leurs plus amicales condoléances.

Amicales?
C'est possible, ça, des condoléances "amicales", dans le cadre professionnel, adressées à la famille d'un des dirigeants de la société?

J'aurais volontiers écrit "navrées". (Est-ce possible?)
Ce que je pense, c'est "impuissantes".

Twitter, ça sert à ce qu'on en fait.

Ah, que c'est reposant, quelqu'un qui explique ce que vous n'avez jamais pris la peine d'expliquer (c'est plus fort que moi: quand on commence par me dire «C'est nul!» ou «Faut vraiment avoir du temps à perdre» ou «C'est quoi ces gens qui se regardent le nombril» ou «J'ai autre chose à faire de ma vie»1, qu'il s'agisse de blogs ou de Facebook ou de Twitter ou de wiki, etc, l'envie d'expliquer quoi que ce soit disparaît totalement: il est hors de question que je justifie mes goûts et mes plaisirs à des personnes qui (me) jugent sans prendre de risques, sans avoir pris de risques. Juste envie de m'isoler et d'être tranquille avec ceux qui partagent sans juger.)

Donc allez lire la liste (non limitative) de ce qu'on fait sur twitter. J'y ajouterais une dimension plus affective: on peut aussi y veiller sur ses amis et s'en servir comme d'un baromètre à moral.

PS1: Ceci n'est pas un appel à vous servir de twitter. Chacun fait ce qu'il veut. Mais justement, chacun fait ce qu'il veut.
PS2: Cependant, je remets un lien vers un mode d'emploi en français.

Notes

1 Nous sommes six ou sept milliards sur la planète: que faisons-nous d'autre que vivre?

Arrrggghhh !!

Relecture de rapport de stage : «Deborah et Marc sont venu(e)s... Â»

— Mais enfin, non! Le masculin l'emporte! Tu as déjà vu des textes avec un "e" entre parenthèses?
— Oui, sur les papiers administratifs.

La montre de ma grand-mère

La montre de ma grand-mère date des années 30. Elle se remonte tous les soirs, à l'ancienne. Je suis bien heureuse de l'avoir récupérée (si c'est le mot), ma grand-mère s'étant persuadée que je ne voudrais pas d'une montre mécanique.
Elle n'a qu'une idée vague de mon amour des objets qui ont une histoire.

Le problème de la montre de ma grand-mère, c'est qu'elle retarde. Elle retarde beaucoup. Le matin, je l'avance d'une demi-heure, elle est à l'heure vers une heure de l'après-midi. Elle a environ vingt minutes de retard en début de soirée.

De cette façon, je n'ai jamais l'heure, ou à un quart d'heure près.
Il est prévu que je la fasse réparer, mais ça m'inquiète un peu.

Il n'y a pas que le tricot dans la vie, il y a aussi le sexe

Il y a quelques jours, via le twitter de Bonpourtonpoil, je suis remontée à ce billet très instructif d'Aragne.

Pour en avoir le cœur net, je me suis inscrite sur le site de ravelry et je peux donc vous proposer un blog en accès libre. (Ne ratez pas le dernier commentaire: "je suis en train d'en tricoter un pour ma mère, elle va adorer").

Autre source, une photo.

Pour ma part, j'ai décidé de la jouer soft et de vous proposer une grille (en chargement libre sur le site de ravelry) de rennes fornicateurs.


La blague du week-end

— Madame, vous êtes moche !
— Monsieur, vous êtes soûl !
— Oui, mais moi, demain, ce sera passé.

Une table

11h. Café noisette au comptoir.

Une table de café carré, désertée.
Un présentoir de jeu de hasard, deux verres de rosé, un stylo bic posé sur un ticket de jeu, une écharpe mauve poilue, un petit livre carré (7x7 cm, j'ai mesuré du regard) intitulé Un petit livre pour ma femme. De l'autre côté de la table, un paquet de Winston, un flacon tel qu'en donnent les laboratoires pour les examens d'urine. Il contient deux gélules encore dans leur emballage d'aluminium. Le rouge du bouchon du flacon est assorti au rouge du paquet de cigarettes.

Plus tard, quand je me retournerai, ce sera l'homme qui sera assis du côté de l'écharpe et du livre.

L'heure du choix

Dans l'enfilade de la rue, au bout, on aperçoit le manège qui tourne sur la place.

Je croise un homme très grand tout en bleu qui tient par la main un petit garçon tout en rouge.
— Oh... On peut faire du manège ?
— Ah non, c'est orangina ou manège, pas les deux.
Silence.
— Orangina !

Prétérition

Ce soir il n'y aura pas de billet.

Le loir dans la théière

C'est devenu un peu trop couru. La prochaine fois, plutôt de la Guiness chez les Ecossais.


Sans compter qu'ils ne sont pas spécialement aimables : "portables interdits" ne signifie pas téléphones, mais ordinateurs interdits.
Et puis trop de femmes blondes.

Préjugé ou constat ?

— Les premières filles furent admises à Sciences Po l'année du Congrès de Tours. Il y avait eu des résistances, l'un des directeurs soutenait qu'une fille, c'était cinq garçons qui ne travaillaient pas.
— Il avait raison à double titre: si la fille est jolie, elle les déconcentre pour les raisons qu'on imagine, et si elle ne l'est pas, elle se lance dans l'agitation politique !

Roxane

Roxanne en musique d'ambiance quand je descends du RER à la gare de Lyon.

J'ai connu une fille qui s'appelait Roxane, c'était au CE2, elle devait avoir huit ans. Plus tard quand j'ai découvert que ce que j'entendais "Rock scène" s'écrivait "Roxanne" j'ai pensé que son prénom devait provenir de là : mais je viens de vérifier, elle était née dix à onze ans avant la chanson (une légende s'écroule), il faut donc supposer des parents amoureux de Cyrano...

Je n'aimais pas beaucoup cette fille, elle était grande à cheveux lisses, un peu bécasse, j'imaginais qu'elle aurait joué une version châtaine de Ficelle dans Fantômette tout à fait acceptable.
Au CE2, et peut-être déjà au CE1, je remplissais un album d'images d'animaux sur le modèle des albums de joueurs de foot. Nous avions tous notre album, il contenait trois cent deux ou trois cent six images, nous passions nos récréations en négociations et trocs, nous fanstamions sur les cartes les plus rares, dont la dernière, une panthère noire.
Tout mon argent de poche y passait — un dirham par semaine.
Un jour, j'ai découpé et mis à la poubelle la dernière page qui permettait, en ultime recours, de commander à la maison-mère les images manquantes. Je ne voulais pas tricher. J'aurais toutes les images par achats et échanges — sans tricher.
En découvrant que je m'étais fermée cette porte, ma mère m'a grondée.

Je me souviens du jour où j'ai trouvé la dernière image qui me manquait — pas la plus rare, un guépard.
Rituel, chacun arrive avec son paquet de cartes, le tend à l'autre, chacun regarde le paquet de l'autre, sélectionne les cartes qu'il voudrait récupérer... puis nous passons à l'échange, quelles cartes pour quelles cartes, et celles que nous refusons, arbitrairement, sans raison ou pour des raisons perverses, d'échanger.
Poker-face en apercevant cette dernière carte qui me manquait, cœur battant, que personne ne remarque à quel point je la voulais, à quel point il me la fallait... Déjà je savais que montrer un trop grand désir était un moyen assez sûr de ne pas obtenir satisfaction (et quand je lis Proust, le narrateur désirant si fort être présenté à Mme Swann et le montrant, grave erreur, à M. de Norpois — c'est ce moment qui affleure aussitôt).

Et voilà, elle était à moi, j'avais fini mon album — et la dernière carte, bien sûr, m'était venue de Roxane.

Les mots de la famille

Evêque, évêché, épiscopal.
Chanoine, chapitre, canonial.

C'est presque aussi fascinant que les noms d'animaux, ou les mots désignant les animaux :
- cerf, biche, faon ;
- lièvre, hase, levraut ;
- sanglier, laie, marcassin ;
- verrat, truie, porcelet ;
- coq, poule, poussin ;
- cheval, jument, poulain ;
- bouc, chèvre, chevreau ;
- bélier, brebis, agneau ;
- etc.

Fleurs de lin

«Avant l'arrivée du chemin de fer, la Normandie n'était pas verte, elle était bleue.»

Enfin du pipole

Sur les murs du château de Cerisy, on voit une photo de Mme Heidegger accompagnant son mari.

Mme Heidegger ressemble à Ruth Fisher (même allure, mêmes chaussures, même jupe, même chignon).


Cucurbitacées

Pourquoi des courges peintes sur le plafond de la bibliothèque du château de Cerisy?

Des intervenants suédois ont émis l'hypothèse que la courge était le seul légume présent sur le fumier de Job, ce qui correspondrait bien à l'austérité protestante des bâtisseurs.

le plus riche fonds documentaire constitué autour du Mont Saint-Michel

«Le monde entier rêve du Mont Saint-Michel, nous, on l'a!» (commentaire enthousiaste du directeur des archives départementales de la Manche, un peu dépité du peu de cas que semble faire le Conseil général de la Manche de l'exposition organisée à Saint-Lô dans les locaux des archives départementales : «13 siècles d'histoire, 13 histoires du Mont Saint-Michel».

Un peu de publicité donc: jusqu'au 31 décembre, l'exposition présente le Mont Saint-Michel sous différents aspects.
Vu la passion que déploient les responsables de la-dite exposition, je ne peux qu'imaginer qu'elle est plus qu'intéressante.

Qu'on la privatise!

sur l'air de «Qu'on leur coupe la tête!»

Ne m'envoyez pas de pétition pour la sauvegarde de la poste. Il est trop tard, bien trop tard, dans mon esprit.

A quoi sert une poste qui ne vend plus de timbres (véridique, vécu au 4 temps de la Défense: «Je n'ai pas de timbre à 0,90 centimes, utilisez les automates» (Mais je ne veux pas de leur hideuse vignette bleue, moi, qu'est-ce que c'est que cette poste?)) et où poster le moindre CD ou livre de poche coûte plus de cinq euros, en colissimo, car il n'existe plus de tarif économique pour les paquets («Vous comprenez, c'est pour tracer les paquets.»: mais je me moque du traçage, moi, je veux juste que ça arrive, et ça n'arrivait pas si mal, avant le collissimo. J'ai reçu des livres du monde entier et ils arrivaient. Et s'il y a des vols, pourquoi devrais-je payer pour un suivi? Double peine.)

Et j'ai trop râlé contre ces facteurs qui ne sonnaient pas à la porte mais mettaient directement l'avis de passage dans la boîte aux lettres — et quand on élève une protestation formelle (par écrit), on reçoit en réponse que cela ne dépend pas de la poste, qu'il s'agit d'une filiale (oui, il aurait fallu protester il y a des années, nous avons manqué de vigilance).

Qu'on en finisse. Arrêtons l'agonie, abrégeons les souffrances. Mettons-la à mort, ça ira plus vite.

Et installons des automates un peu partout, dans les gares et les bureaux de tabac, puisque nous ne pouvons plus avoir de timbres.



Bonus : projet pour les P.T.T. en 1953

Constat

Le feu flambe. J'appuie mes pieds contre le pare-feu : «Tiens, je vais faire sécher mes chaussons.»
Je me plonge dans mon livre.

Quand je relève la tête, je constate qu'un mince filet de fumée s'échappe du chausson droit. Je le retire précipitemment de la grille, l'enlève, le retourne. Le tissu a l'odeur de brûlé moite qui sélève de certains repassages à fer trop chaud.
— Mais la semelle brûle! Et en plus il n'a même pas séché!
— Décidément, ta vie est un échec.

Creux

J'ai déjà comparé les blogs, ce blog-ci en tout cas, au trou dans la vase dans la légende du roi Midas: on écrit ici ce qui pèse trop lourd et dont on souhaiterait n'encombrer personne.
Evidemment, cela devient de moins en moins vrai et de moins en moins possible au fur à mesure qu'on connaît ses lecteurs.

On enterre sa peine dans le marécage mais les roseaux la colportent (ou encore, selon ce mot qui me fait beaucoup rire: «Ne t'inquiète pas, cela ne sortira pas d'internet»): on sait bien qu'on va en inquiéter un peu, au moins un ou deux au moins un peu. (Et on se prend à regretter d'avoir trop diffusé cette adresse).

Alors on hésite: arrêter d'écrire le temps que «ça passe» (car selon mon expression, «ça passe toujours»), ou écrire factice, sur des thèmes n'engageant à rien? (ce qui est de toute façon le plus souvent possible la voie choisie ici.)



Et je pense à Matoo: «Qu'est-ce qui ne va pas Choupinette?» et je ris.

Le petit Broc

*aller
Gide - Louÿs - Valéry, Correspondances à trois voix

* retour
Laure Adler, Marguerite Duras pour J.
quatre tomes du Journal de Charles Du Bos
Paul Valéry - André Gide, Correspondance
Gide - Louÿs - Valéry, Correspondances à trois voix


Noisy: dragons dans le matin gris

Hier matin tôt, Noisy-Mont d'Est.


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