Inquiétude

J'ai l'impression de ressembler de plus en plus à Sonia Rykiel (en moins roux, les joues en plus ? donc les rides en moins).


(Et comme j'ai mauvais esprit, je me demande si je ne devrais pas me teindre en roux Sonia Rykiel).

Billet bête (pour changer)

Le type devant moi à la bibliothèque avait cinq tomes des Cool memories de Baudrillard et deux CD audio, de Bachelard et Barthes. Est-ce que cela en fait un mec baisable?


Je sais, c'est terriblement sexiste comme question. Mais
1/ je ne sais pas quoi écrire et je veux aller me coucher ;
2/ j'en connais qui font pas beaucoup mieux à partir de filles lisant des Actes Sud.

Abstinence

De L'Abécédaire de Deleuze regardé il y a quelques années en repassant, il me reste le souvenir de la tique… et celui de l'alcool: à un moment, il a fallu choisir entre travailler et boire.
Deleuze a choisi de travailler.
Choix simple, comme une évidence, adhésion à ce qui tient le plus à cœur.

De l'amour (I)

Le divorce des parents de Rémi me rappelle celui de mon oncle.

Mon oncle se plaignait à sa mère, ma grand-mère:
— Mais maman, je l'aime encore!
— Pas elle, il faut t'y faire.

Cela m'avait frappé, ce bon sens de ma grand-mère. D'où nous vient cette conviction que l'amour est forcément partagé? De Platon, de l'amour courtois? Du romantisme? Et pourquoi lorsque nous aimons sommes-nous convaincus que c'est réciproque, que si l'autre ne s'en rend pas compte, c'est qu'il se trompe, ignorant de ses propres sentiments; plutôt que nous dire que puisque ce n'est pas partagé, ce doit être nous qui nous trompons, ce ne doit pas être de l'amour?







Tour supplémentaire récent :
. Ma tante demanda le divorce (et l'obtint) en 1997.
. Ma grand-mère poussa son fils à "se trouver quelqu'un", ce qu'il fit (ces deux fils ne lui ont jamais désobéi).
. Mon (ex-)tante se remaria sans même prévenir ses quatre enfants, mes quatre cousins. Elle ne les invita jamais chez elle, son second mari ayant décrété: «Je t'épouse toi, pas ta famille».
. Mon cousin le plus jeune en fut très malheureux (il avait lors un peu plus de vingt ans), nous déclarant, songeur: «J'aimerais comprendre pourquoi ma mère a épousé un con» (sachant que mon oncle a ses défauts, mais est le plus doux des hommes (dans le genre bourru et taciturne)).
. En 2006, mon oncle finit par épouser la personne avec qui il vivait depuis huit ans.
. A Noël dernier, ma mère buvant du petit lait m'apprit que le second mari de "ma" tante (celle que j'ai connu toute mon enfance, la mère de mes cousins) était plus ou moins un escroc, qu'il lui avait piqué beaucoup d'argent (elle possédait de nombreux appartements lui venant de ses parents) et qu'elle était en train de revenir chez mon oncle sous prétexte de voir ses enfants en famille... Je me demande comment la seconde épouse le prend.
Elles sont à peu près aussi bavardes et aussi grippe-sous l'une que l'autre (mais la première beaucoup plus intelligente et marrante).

Exprime la féminité qui est en toi.

Il y a deux ans, j'ai suivi une formation pour apprendre à interroger les bases SQL. Le formateur free-lance avait appris l'informatique avec grand-papa, ne cachait pas son mépris pour les utilisateurs (que nous étions) et ses clients (pour lesquels il travaillait par ailleurs et qu'il citait en exemple). Bref, un type désagréable.

Pour le déjeuner, nous nous sommes tous retrouvés à la même table, formateur et formés. Les conversations roulant bon train, nous nous retrouvâmes vite à parler Playstation, internet, blogs, WoW, etc., sauf une ou deux minettes larguées et le formateur, considérant ces jeux d'enfants avec le mépris qu'ils méritaient (mais en fait, largué aussi).
Comme à l'époque je faisais quelques expériences sur WoW, je demandais à mon vis-à-vis combien il avait d'avatars (personnages), et sous quelle forme. Il hésita un peu avant d'avouer qu'il avait deux personnages masculins et une elfe. Je compris son hésitation en voyant un sourire goguenard se dessiner sur les lèvres du formateur, prêt à se lancer dans diverses variations sur les tendances efféminées que révélait ce choix. Je coupai court d'une ou deux phrases le remettant gentiment à sa place.

Aujourd'hui, Caféine m'offre un nouveau point de vue sur la question (ce doit être ça, la pragmatique du discours): «Vous connaissez l'adage des joueurs de MMO non ? "Quitte à regarder un cul pendant des heures, autant qu'il soit sexy…"»
Voilà qui me fait regretter de ne plus avoir mon formateur sous la main.

Sourire jaune

C'est fou le nombre de choses que j'aurai lues juste pour ne plus être impressionnée (ou moins…) par les gens qui les avaient lues (le cas de personnes qui en parleraient sans les avoir lues n'existe plus dans mon entourage, et j'en éprouve un grand plaisir et comme de la reconnaissance (envers le Ciel, le temps, internet, mon ange gardien, etc.))

Vous ne me rattrapperez pas

En février 2007, j'avais été très frappée par cette devise trouvée chez Rémi: «Il faut être heureux ne serait-que pour montrer l'exemple».
Cette phrase impliquait que le bonheur (je n'aime pas ce mot qui résonne un peu gnangnan à mes oreilles, je dirais plutôt l'énergie, la joie, la décision de ne pas se morfondre, d'avancer) n'était pas un passe-temps égoïste, mais un devoir, un impératif moral.

Depuis je me suis aperçue que cela recouvrait chez moi des motivations un peu plus perverses:
- Il faut être heureux comme une revanche, comme une vengeance, contre tous les oiseaux de malheur, ceux qui semblent d'abord vous mettre en garde pour vous protéger mais qui tout compte fait paraissent tout déçus quand vous vous en sortez (ce n'est pas par méchanceté, c'est juste que ça les prive de leur pouvoir d'être votre dernier recours. Ils vous aiment à leur manière: la dépendance);

ce qui m'amène à mon second point:
- Il faut être heureux pour être libre, pour être hors d'atteinte.


Et cependant, ce vocabulaire de fuite et d'évasion me laisse perplexe. Y a-il vraiment risque d'enfermement?

Et boire de la Guinness à New York

Après Paris, New York.

''Voilà vraiment des posts de feignasse, même pas une vraie traduction mais un résumé. Billet original ici, via un contact FB.


Steve Rushin a écrit un roman, The Pint Man, L'homme à la pinte ou L'homme aux pintes. L'action de son roman se situe dans le pub Emerald Inn (la taverne Emeraude) et le New York daily News en a profité pour lui demander ses bonnes adresses :

- l'Emerald Inn, 205 Columbus Ave., à côté de la 69th, pas loin de chez lui (et nous apprenons que Gandolfini, l'acteur des Sopranos, boit de la Guinness: pas très italien!)

- le Dublin House, 225 W. 79th St. Malheureusement le quartier a changé. Ce pub résiste, parmi les derniers témoins de l?ancien quartier.

- l'Old Town Bar, 45 E. 18th St. dans Union Square. Les murs sont chargés de livres, un héritage irlandais? Les toilettes favourites de Rushin parmi toutes les toilettes du monde, elles auront cent ans cette année.

- l'Irish Haven, 5721 Fourth Ave. dans Sunset Park, Brooklyn. C?est ici que fut tournée la scène des Infiltrés où Leonardo DiCaprio commande un jus d'airelles.

- le Rocky Sullivan's a déménagé à Red Hook, 34 Van Dyke St. en 2007. Le co-propriétaire en est Chris Byrne, l'un des fondateurs de l'orchestre irlandais new-yorkais Black 47. Il joue ici régulièrement dans son orchestre de hip-hop influencé par la musique celtique, Seanchaí.

- l'Irish Rover à Long Island City, 37-18 28th Ave. . Un verre sur trois est gratuit. Ils ne font pas restaurant mais on peut se faire livrer des plats.

- le Quays à Long Island City, aussi, 45-02 30th Ave. Avec un escalier capitonné menant aux toilettes: si vous avez trop bu et que vous tombez, ce ne sera pas grave.

Gratitude

Encore un blog qui m'enchante : thx, thx, thx, merci, merci, merci, un mot de remerciement par jour.
La mise en page, le design, me plaisent beaucoup.
Je traduis quelques billets (post-its).

  • Cher papier toilette en cours
Merci d'être exactement de la douceur qui convient. Ni trop épais comme ces sweats pelucheux, ni trop fin que le papier crépon qu'on utilise pour décorer les salles des fêtes. Tu es le Boucle d'or des papiers toilette, le papier toilette "juste comme il faut". A bientôt et merci encore. Amitiés, Leah.

  • Chère conférence sur l'intersectionalité
Je n'ai pas assisté à ta session et je n'ai pas vraiment compris quelle était ton objet, mais je te remercie d'avoir été l'occasion pour Patrick de séjourner chez moi à L.A. Tu as précipité la transformation de nos liens vagues en une amitié pleinement épanouie. Je ne peux te remercier assez pour cela. De tout mon cœur, Leah.

  • Cher miel,
Merci d'adoucir ma gorge quand je suis malade et mes oreilles quand quelqu'un m'appelle par ton nom. Amitié sincère, Leah.

  • Cher rhume,
Merci d'être venu avant mes vacances plutôt que pendant. Cela faisait un moment que nous ne nous étions vus et j'espère que tu quitteras bientôt mon corps. Bye! Leah

  • Chère honnêteté,
Merci de nous avoir autorisé à dire que nous ne regrettions rien quelles que soient les conséquences. C'est si important pour moi. Tendresses, Leah.

  • Cher stabylo jaune fluo,
Merci de m'aider à être attentive à ma lecture en cours, et dans le même temps de me ramener dans les années 80 quand tout avait ta couleur. Quel talent tu as! Amitiés, Leah.

Plaies et bosses

En troisième, j'avais mis au point une technique pour soigner les ampoules (attendre qu'elles sèchent): transpercer les plus gonflées avec une aiguille enfilée et laisser le fil dépasser de part en part. Faire un nœud. Ensuite, il suffisait de tirer un peu sur le fil pour débloquer le bouchon de lymphe qui se formait et garantir que l'ampoule dégonflât, en arrosant le tout d'hexomédine pour empêcher l'inflammation. L'intérêt de la méthode, c'est que la peau à vif continue à être protégée par la peau de surface pendant la cicatrisation. (Puis celle-ci se dessèche et il n'y a plus qu'à l'arracher.)

Il m'est arrivé après des sorties dures d'avoir ainsi des petits nœuds sur chaque doigt, comme autant de paquets cadeau.

Il est plus facile d'être à l'heure quand on a l'heure

Je reporte une montre depuis une dizaine de jours. Ça change la vie, c'est tout de même beaucoup plus pratique que de passer son temps à surveiller l'ordinateur, les quais de métro, son téléphone, etc. Une montre, c'est son temps à soi, et j'ai soudain beaucoup plus de temps que lorsque je suis dans le flou, à dix minutes près.

En octobre 2007, j'avais acheté la montre Corto Maltese en noir et blanc. Très vite, le bracelet s'est abîmé, la feuille imprimée se décollant du corps du bracelet.
J'étais furieuse (et déçue, car cette montre me plaisait beaucoup), je l'ai rafistolé/consolidé avec du scotch, puis au lieu d'aller faire un scandale chez Swatch, j'ai arrêté de porter une montre.

Jeudi dernier je me suis décidée à passer à la boutique du Louvre, non pour obtenir un quelconque dédommagement, mais pour acheter un bracelet normal qui tienne honnêtement son rôle de bracelet.
Il en ressort que c'était une montre de collection, qu'elle s'est arrachée en quelques semaines, et qu'elle n'était pas destinée à être portée... (le tout expliqué très gentiment, avec embarras, voix off).
Zut alors, ils auraient pu le dire, j'ai tout bousillé mon bracelet de collection. Si j'avais su, j'aurais acheté en même temps un bracelet solide (enfin, normal) et j'aurais procédé au remplacement dès l'achat. Après tout, je tenais à ce Corto Maltese, cela ne m'aurait pas arrêtée.

J'ai maintenant un beau bracelet blanc et je porte à nouveau une montre. Deux montres, même, puisque le vendeur est allé jusqu'à me confier qu'il alternait entre les siennes pour les abîmer moins vite. J'alterne donc avec la Seiko que mon père a gagnée à un tournoi de tennis en 1987 et que j'utilisais jusqu'à l'achat de la swatch.


Hommes en entreprise - deux scènes

  • 1/
Si au début d'une réunion, alors que les participants (que vous ne connaissez pas) sont en train d'arriver et que chacun est encore debout se présentant un peu maladroitement, celui qui vient de vous serrer la main commence à discuter en descendant sa braguette, puis son pantalon, ne vous inquiétez pas: c'est tout simplement un motard.
(Ce pantalon était si peu visiblement "pantalon de motard", et lui entrait si bien dans la catégorie "cadre supérieur", que je me suis demandé un moment si j'étais bien réveillée.)
  • 2/
Conférence au siège social d'un grand cabinet de consultants. Le jardin est magnifique (j'apprends en tendant l'oreille qu'il est classé), et tandis que je bois un café en le contemplant, un homme catégorie "vieux beau" s'approche:
— Quel jardin, n'est-ce pas!
J'acquiesce. Il enchaîne:
— Vous avez vu le bassin? Je vais protester auprès de la direction: quand je suis arrivé, il y avait trois canards mâles et une seule femelle, ils étaient tous après cette pauvre cane qui n'en pouvait plus, je vais protester pour qu'ils rééquilibrent les sexes…
Pantoise. Je réponds avec prudence:
— Vous savez, la Seine n'est pas loin, je pense qu'ils vont et viennent librement. Et puis ils ne peuvent pas nicher ici, c'est trop à découvert.
Plus tard, je l'entendrai raconter l'anecdote à un jeune homme. Ce n'était donc pas une méthode de drague.


Quand je quitte le bâtiment, il ne reste qu'un canard avec la cane.



Photo prise à 10h30 ce matin.

Le syndrôme de Saint Paul

Parmi les comportements qui m'agacent chez les hommes, celui qui consiste à s'approprier les causes qu'ils viennent d'adopter : vous vous battez sur un sujet, pour une cause, depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois; ils n'y ont jamais fait très attention. Puis soudain ils l'investissent, s'en emparent (et tant mieux, le but est d'être nombreux, l'important, c'est la cause), et viennent vous expliquez ce qu'il faut faire, comment il faut s'y prendre, alors qu'il y a bien longtemps que vous avez mis les stratégies en place — sans eux, avant eux,— comme s'il fallait absolument qu'ils soient à l'origine des méthodes ou des solutions, comme s'il fallait que ce soit vocalisé par eux pour que cela devienne valable… (Mais qu'ils aillent l'expliquer à d'autres, nom d'un petit bonhomme, je ne demande même pas qu'on reconnaisse mon antériorité, je demande juste qu'on m'épargne le discours: je suis convaincue, puisque c'est moi qui vient de les convertir… Ah zut, c'est vraiment agaçant. (Inutile de le leur dire, il seront peinés ou en colère, incapables de le comprendre (et donc j'écris ici, défouloir, prévention, avertissement à tous les autres: please, arrêtez!!)))


ajout le lendemain: En attendant un contre-exemple s'impose le paradigme: Saint Paul. Agacement devant Saint Paul, la notoriété de Saint Paul, le Romain cultivé venu tard, expliquant le Christ à ceux qui l'avaient connu… (Sacré Jésus: lui s'est entouré d'hommes simples, pas pénibles, et n'a converti un pontifiant qu'après sa mort: il n'a pas eu à le supporter (Saint Paul aurait-il expliqué au Christ sa mission? Je me demande… Je l'imagine très bien essayer.))

En attendant je me recule discrètement, je me désengage. Je déteste qu'on me serine les leçons que j'ai moi-même écrites…

Je finirai par ne plus défendre que ma propre cause.

Peut-être aurais-je dû commencer par cela.

Déformation

Je lis : «Céline sur Proust...»

et je me dis:
— Mais ce n'est pas possible, Céline est une tante du narrateur, elle ne peut pas avoir d'avis sur Proust…

Puis :
— Ah tiens, la camériste de RC a lu Proust.

Et ce n'est qu'en troisième pensée que vient : «Mais non, il s'agit de Céline!»
Céline sur Proust: "S'il n'avait pas été juif, personne n'en parlerait plus! et enculé! et hanté d'enculerie! Il n'écrit pas en français mais en franco-yiddish tarabiscoté absolument hors de toute tradition française. Il faut revenir aux Mérovingiens pour trouver un galimatias aussi rebutant."

Gérard Pesson, Cran d'arrêt du beau temps, p.35-36

Les compliments étranges II

Tandis que je tends mon verre :

— Allons-y, de toute façon je ne dis déjà que des bêtises.
— Ah, Valérie, vous êtes à votre meilleur !

Mardi, toujours aussi divers

  • matin
Assisté à un magistral cours d'assurance devant des consultants. Une envie de rire. Gonflée à bloc (beaucoup de mal à "redescendre", plus tard).
  • midi
Un loupé. Désolée, Aline.
  • après-midi I
Finnegans dans trois traductions françaises et deux italiennes. Exercice absurde et réjouissant. Tlön jette son gant au visage d'un Italien (je ne sais même plus pourquoi, un problème de goût, d'interprétation).
  • après-midi II
RC au collège de France.
  • soirée
Chez Flatters. Rencontré des contacts FB belges.

Il fait beau

Ramé en tee-shirt. En double.

— Tu occupais quelle place dans ton double quand tu faisais de la compèt ?
— Le deux, pourquoi ?
— Et en quatre ?
— Le trois.
— Bref, la place du bourrin, quoi !


En 1985, quand je suis revenue une ou deux fois au club ramer pendant mes vacances (après quatre ans d'interruption, mais la prépa me vidait si bien de mes forces qu'il me fallait un dérivatif), Jacqueline m'a dit en riant : «Tu as fait des progrès, ton coup d'aviron est plus féminin.»

Je n'ai jamais su ce qu'elle voulait dire.

Les compliments étranges I

Il faudrait que j'écrive un jour une anthologie des compliments étranges que j'ai reçus.

Samedi, en sortant du centre LGBT avec Matthieu et Patrick Cardon (dont le livre parle de ses aventures amoureuses au Maroc, c'est important pour la suite), j'évoque mes vingt ans de mariage.
Patrick s'arrête, me regarde:
— Vingt ans? Il a un sperme de meilleure qualité que le sperme marocain!, dit-il en tâtant la peau de son visage, ses poches sous les yeux.

Je ris de bon cœur, en me disant que décidément, l'échelle des valeurs homo est quand même plus joyeuse: le voilà en train de parler d'éjac' fac' comme d'un produit de beauté, tandis que les préjugés et pratiques hétéros en font quelque chose d'abject et de méprisant (voir par exemple le bukkake).


A ceux qui n'ont pas compris où se situe le compliment: Patrick prenant en compte mes vingt ans de mariage, trouvait que je ne faisais pas mon âge.

Douleur à rendre sourde

Hier, j'ai vu une lesbienne arc-boutée dans sa défense des femmes tenir un discours autiste: semblant tellement traumatisée que plus aucun dialogue n'était possible, interprétant tout au pire, ne recevant aucune parole, ni d'explication, ni d'apaisement. Ecorchée vive quasi au sens propre, impossibilité de tenir dans le temps et l'espace, hurlant de douleur au moindre effleurement.


Féminisme :
1er sens : visée légale, juridique. Obtenir dans les textes l'égalité des droits et des devoirs. Obtenir une protection qui contrebalance les tendances "naturelles" (historiques) de la société.
Deux dangers : aller trop loin dans cette protection et inverser l'inégalité (cela n'arrive pas bien souvent, mais la garde des enfants fait partie de cette catégorie. Encore faudrait-il être certain que la garde des enfants soient un "avantage" et non un handicap); oublier tout ce que nos aïeules ont gagné, n'éprouver envers elle qu'un peu de mépris en soulignant leurs "outrances", arrêter d'être sur ses gardes.

2e sens : visée sociale. Changer les mentalités. Beaucoup plus long, plus difficile. Ici les femmes doivent se prendre en main. A elles de ne pas accepter certains comportements, à elles aussi de s'interdire d'utiliser charmes ou pleurnicheries pour obtenir certains avantages. A elles de se faire respecter, de mériter le respect.

3e sens : la défense des droits de l'Homme1 (et c'est à ce moment-là que notre lesbienne ci-dessus explose: non, défendre les femmes n'est pas défendre l'Homme. Eh bien à mon sens, si). Contre les hommes violents, contre la prostitution brutale, contre le mépris : violence faite aux femmes certes, mais faites à l'humanité. Et c'est une erreur d'en rendre tous les hommes responsables, sans s'appuyer sur ceux que la situation indigne autant que "nous".

(Et la lesbienne quitta la salle quand fut soulevée la question épineuse de savoir s'il fallait ranger les pédés dans le camp des "gentils" (les homos) ou celui des hommes (les "méchants"). Ahuris, nous restions muets sans comprendre comment la discussion avait pu déraper si vite, dans un lieu pourtant privilégié, le centre LGBT.)



Note
1 : qui n'est jamais qu'une section du 1er. J'isole cette partie parce que je cherche à comprendre ce qui rend folle de douleur et de colère la femme rencontrée hier

Il y a vingt ans

Il est dix ou onze heures, H. m'appelle au bureau pour une broutille, comme il le fait souvent. La conversation s'achève.
« A ce soir ! » dis-je machinalement en raccrochant.

Dans les secondes qui suivent, le téléphone sonne. C'est de nouveau H., un peu affolé :
— Tu n'as pas oublié qu'on se mariait cet après-midi ?

Les arrières-salles

(Trois interlocuteurs)

— La génétique vous intéresse?
— Mais tu es généticienne?
— Mais non, pas du tout, et toi?
— Non, non.
— Moi ce qui me gêne dans la génétique, c'est que j'ai l'impression d'être indiscrète, de trahir l'auteur, d'aller dans la cuisine plutôt que de savourer le plat superbe qu'on vient de me servir.
— Mais non, pas du tout.
— Oui, pas du tout. Avec Proust on est déjà dans le salon...
— Oui, un salon pas très rangé où le ménage n'est pas fait très souvent mais le salon tout de même.
— On n'atteint jamais la cuisine. La cuisine n'existe pas, elle est hors d'atteinte.




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Complément le 13 mars 2015 : après cinq ans il y a prescription. (Et puis je doute que ce billet soit référencé très haut par Google; seuls les fidèles le liront à l'occasion).
Cette conversation a eu lieu à la pizzeria après une matinée sur Claude Mauriac à l'ENS dans le cadre d'une matinée sur l'autobiographie. J'y ai rencontré pour la première fois Jean Allemand. (Je représentais Patrick qui s'était cassé le pied après la mort de son beau-père). J'étais en face de Nathalie Mauriac Dyers (quelle émotion de manger une pizza en face d'une professeur religieusement écoutée au Collège de France!), à côté d'elle se trouvait Philippe Lejeune, à côté de moi Jean Allemand.
Philippe Lejeune qui commentait Robbe-Grillet et Sarraute s'est tu en apprenant que j'avais un blog.

Opium

Hier, en rentrant de l'Oulipo, à presque minuit.





Il y a quelques semaines, j'ai découvert que je ne pouvais me permettre de ne pas avoir de sommeil en retard: c'est la seule façon de supporter les transports en commun, léthargie comateuse, esprit fermé égaré absorbé par un recoin de ma mémoire.

Soirée costumée

— Nous, on a fait "orgie romaine", comme thème. Il y avait des vomitorium, mais on a été sage, personne ne s'en est servi. Mais un thème "soirée catholique", c'est génial... J'aimerais bien essayer.

(Les fausses hosties de Babette sortaient de chez Israël, ce qui est tout de même un comble. (Ou pas: après tout, la traversée de la Mer rouge, tout ça…)).

En torche

Clément : Si je disparais entre vingt et trente ans, c'est pas que je vous en veux, c'est que je vous aurais oubliés.
Moi : Tant pis. Comme je le rappelais à quelqu'un, les petits d'animaux s'en vont et ne reviennent jamais.
Hervé : — Oui enfin... L'homme est connu pour avoir plus de besoins affectifs que le ver de terre.
Moi : T'en sais rien. Qu'est-ce que tu sais des besoins affectifs des vers de terre?…
Hervé : Oui, t'as raison, j'ai bien connu un lombric…
Clément : … il s'est suicidé sur un hameçon…




Hervé et Clément partent visiter l'école polytechnique de Lausanne.

Mardi, journée étoilée

  • matin
« Nous sommes les Minidoux de l'assurance. »1

  • après-midi
PZ — Mais... c'est un livre que vous avez dans votre botte! (Le jeune homme est en santiags ou assimilés).
X — Euh, oui…
PZ — Vous transportez toujours vos livres ainsi? Qu'est-ce que c'est?
X — Bel-Ami.
PZ — Ah mais ça tombe bien! Se tournant vers moi: On va pouvoir regarder le lieu de naissance de Maupassant.
Moi — Ah oui. S'adressant à X: Est-ce qu'il était normand, Maupassant?
X — Mais oui, normand, bien sûr.
PZ et moi — Oui, mais on veut dire: est-ce qu'il était né en Normandie?
Je m'empare du livre, l'ouvre vers la fin.
PZ — Les quelques précisions biographiques, c'est plutôt au début.
Moi — Non, c'est un Folio classique… (sourire de connivence)

Nous lisons : Maupassant, né à Dieppe, ou peut-être à Fécamp. Nous remercions le jeune homme éberlué tandis qu'un homme plus âgé qui a rejoint X tente de deviner mes origines à partir de la tessiture de sa voix.

  • soir
Je découvre un jeu absolument génial du CCFD destiné à expliquer l'injustice sociale aux enfants (ou aux grands, mais les adultes, généralement, sont déjà au courant...). Le pays choisi est l'Afrique du Sud.

L'idée est de mettre un bol rempli de bonbons au milieu de la table. Chaque enfant tire une carte et agit en fonction des indications de la cartes.
Exemple:
- 1. Coiffeuse de profession, vous avez été expropriée de votre quartier pour le réaménagement du stade en vue de la Coupe du Monde 2010. Vous avez perdu toute votre clientèle. Ne prenez pas de friandise.
- 16. Anglais d'origine, vous avez diversifié vos investissements entre la Grande-Bretagne et l'Afrique du Sud. Vos affaires prospèrent. Vous pouvez prendre 8 friandises et en manger autant et aussi vite que possible.

Je ris encore d'imaginer la tête des enfants privés de bonbons en train de regarder l'un d'entre eux s'empiffrer.

La conclusion coule de source. Ce n'est la faute de personne (pas des enfants autour de la table), mais: «Les cartes ont été conçues pour que 80 % des joueurs reçoivent 20 % des friandises tandis que les 20 % restant reçoivent le reste, ce qui correspond approximativement à la répartition de la richesse dans le monde aujourd?hui.
L'Afrique du Sud, pays emblématique concernant les inégalités nous interroge sur une meilleure répartition possible de la richesse. Tant que le système ne change pas, un accroissement des ressources n'améliorera pas la situation des « joueurs malchanceux ».





1 : le responsable de l'audit groupe. je pense qu'il voulait dire Minmir (Minimir, mini-prix, mais il fait le maximum).

La blague du mardi (je suis un peu décalée) (et un doute me vient: elle est sans doute très connue)

— Ségolène, la tache qui rit.

La différence entre assurance et solidarité

Ce soir à 18h30, je serai là.
Je sais, c'est un peu tard pour prévenir, mais je doute que cela intéresse qui que ce soit. Et non, ce n'est pas professionnel, c'est ma façon de gagner du temps, d'apprendre en deux heures (enfin, d'apprendre: d'obtenir une première teinture) ce qui me demanderait des heures de lectures (que je ne ferais pas) et ce que les médias ne m'expliqueront jamais.
Autre curiosité: découvrir la Cour de cassation et les ors de la République... (si vous désirez venir, n'oubliez pas de vous inscrire en ligne: il s'agit de mesures de sécurité).


Cycle Assurance et protection sociale - Les risques marchands et non marchands : quelles clefs de répartition?
Késako?
Il s'agit dans le cadre de la directive européenne sur les services ("ex-Bolkestein", profondément remaniée) de croiser deux axes de réflexion:

1/ Dans le cadre de la directive sur les services, que va devenir le secteur social, qui couvre «l'économie sociale, l'éducation populaire, le soutien aux familles, la politique de la petite enfance», financé par les prélèvements sociaux? Ce secteur devra-t-il être soumis intégralement à la concurrence pour obéir à la directive européenne?

Définition du secteur non marchand : aucune définition n'est donnée à priori au niveau de l'Union européenne, il s'agit d'une appréciation au cas par cas, selon les pays, selon les équilibres nationaux, au fur à mesure des affaires jugées par la Cour de Justice des Communautés européennes. (Rappel en gros: vous payez votre femme de ménage, c'est du secteur marchand, elle est payée par les allocations familiales ou la sécurité sociale, c'est un service non marchand).

Débat entre ceux qui pensent que l'Union européenne participe de la pensée libérale — ce qui est à peu près ce qu'on entend tous les jours dans les discours politiques, relayés et amplifiés par les médias — et ceux qui constatent, de facto, que l'étude de la jurisprudence de la CJCE montre que « la solidarité a progressivement acquis la valeur d'un principe juridique en Droit communautaire» tandis que «les systèmes de solidarité ont fait preuve d'une remarquable robustesse, du moins dans la vieille Europe»1.


2/ Quelle différence entre l'assurance et la solidarité?
Cette différence est fondamentale pour comprendre les choix de société que nous avons à faire, que nous allons devoir faire, mais elle est rarement expliquée.

Je vais faire un détour dans mes explications en développant un exemple.
Il existe en assurance la notion de "zonier". Le zonier pévoit des tarifs différents en fonction des risques que présente chaque zone géographique (la zone peut être la commune, le département, un pays (le risque de terrorisme, le risque politique, etc.),...)
Pour donner un exemple s'appliquant à un particulier, s'il existe un zonier, vous ne paierez pas la même prime d'assurance contre le vol pour la même surface d'appartement protégée par les mêmes serrures à Tulle ou à Paris. Il peut ne pas avoir de zonier, ou sa maille peut-être plus ou moins fine: il s'agit de choix que font les assureurs quand ils construisent leur tarif (algorithme basé sur des statistiques). Par exemple, la Maif, mutuelle des instituteurs et des professeurs, a longtemps tarifé sans zonier, ce qui voulait dire que l'habitant de Tulle payait un peu pour l'habitant de Paris. C'était un système fondé sur la solidarité, typique d'un véritable esprit mutualiste (Juste ou pas juste? On peut considérer que l'habitant de Tulle payait le fait de courir moins de risques, on peut répondre que l'habitant de Paris n'avait qu'à choisir d'habiter Tulle... Etc.)
S'il n'existe pas d'autre mutuelle ou assurance que la Maif, la situation est figée. Mais si le secteur est concurrentiel, l'assuré habitant Tulle choisira peut-être un jour une assurance ayant un tarif basé sur un zonier correspondant au niveau de risque que représente Tulle, c'est-à-dire faible. Il fera le choix de l'assurance contre celui de la solidarité.

Question: jusqu'où peut-on mutualiser, jusqu'à quand peut-on faire payer ceux qui présentent le moins de risques pour ceux qui en présentent davantage?
Réponse: tant que ceux qui présentent le moins de risques acceptent de payer pour les autres, tant qu'ils ne résilient pas leur contrat pour passer à la concurrence.

Problème: la concentration des mauvais risques.
Exemple encore: à la fin des années 90, la Macif avait entrepris de résilier tous les contrats habitation situés en zone inondable dans la vallée du Rhône2. Cela lui permettait de baisser ses primes et devenir très attractive pour les bons risques... tandis que les assureurs qui acceptaient les maisons à risques étaient logiquement obligés d'ajuster leur prime à la hausse et de devenir moins concurrentiels...3.

C'est ce qui se passe dans un secteur de la santé fonctionnant librement: très vite, les meilleurs risques paient de moins en moins chers, tandis que les plus "mauvais" (cigarette, antécédents familiaux, métiers à risque, etc) n'ont plus les moyens de payer leur prime alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin.

Or un pays ne peut jamais s'abstenir totalement de soigner les plus démunis, non par humanité, mais par rationalité: car il y aura dans ce cas des risques d'épidémie (cf. la malaria, le sida, etc.). D'autre part, les soigner trop tard n'est pas une solution non plus: il coûte moins cher à la collectivité de soigner une bronchite qu'une pneumonie ou une tuberculose...

Les pays (européens) (l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas) qui laissent le choix de leur assurance à leurs concitoyens ont dû mettre en place des systèmes de compensation obligeant les sociétés d'assurance attirant les meilleurs risques à reverser une quote-part à ceux prenant en charge les plus mauvais, péréquation compliquée à calculer et à rendre efficace.
En France, la Sécurité sociale obligatoire permet la solidarité entrel les bons et les mauvais risques. Une législation fiscale plus favorable pour les complémentaires de santé qui ne font pas remplir de questionnaires de santé incite également à une répartition équilibrée des "bons" et "mauvais" risques.

Vers quoi va-t-on aujourd'hui? Une privatisation de l'hôpital public (la crainte sous un gouvernement de droite... sachant que du fait d'une gestion défaillante, les hôpitaux publics coûtent bien plus chers que les hôpitaux privés à soins égaux fournis) ou une étatisation de la médecine privée (multiplication des contraintes pour les médecins afin de contrôler les dépenses de santé)? A la lecture des textes, les juristes eux-mêmes ne sont pas d'accord entre eux.

Je vais donc aller écouter quelques interventions sur ces sujets ce soir.


P.S.: Cette présentation est une présentation"d'amateur". Il est possible que j'y expose des partis pris dont je n'ai pas conscience, étant loin de maîtriser toutes les finesses du sujet.
Mes partis pris conscients: je suis pour la Sécurité sociale "à la française" qui organise la solidarité (ce qui n'empêche pas souhaiter de la rendre plus efficace et moins coûteuse) et pour l'Union européenne qui, quoi qu'on en dise, ne l'interdit pas et aurait même tendance à la défendre. (Pourquoi ne dit-on pas davantage que l'Europe est souvent un recours pour les citoyens contre leur propre Etat?)





Notes
1 : Alain Supiot, M. E. Casas, J. de Munck, P. Hanau, Au-delà de l'emploi : transformations du travail et devenir du droit du travail en Europe : rapport pour la Commission des Communautés européennes, Flammarion, coll. «Flammarion Documents et Essais», Paris, 1999. (Notons pour ne pas donner une image contraire de l'opinion d'Alain Supiot par une citation isolée, qu'Alain Supiot pense justement que la CJCE vide le champ social de son contenu.)
2 : Le contrat d'assurance est un contrat; il faut l'accord des deux parties, on ne peut parler d'un refus de vente.
3 : En France, quand une telle situation dégénère, on assiste généralement à l'intervention du législateur. Exemple: la Corse.

Retour de colonie de ski

« Ils ont fait deux groupes, les glacés et les givrés. »

Mélancolie et incompréhension

C'est bizarre, cette façon de s'enthousiasmer pour les correspondances sans jamais écrire une lettre soi-même. On me répond "baisse de niveau", je pense "manque de courage". Le niveau monte quand on pratique. Pas si différent de la peinture ou de la musique.

S'il faut que les correspondances soient ce qu'il y a de meilleur chez les auteurs ou les aristocrates (c'est en tout cas ce qui nécessite le moins d'efforts chez le lecteur), il ne restera rien des dernières années du XXe siècle : tout aura disparu dans les mails.

Finalement, si tout le monde (ou presque) tient un journal ou un blog, c'est qu'il n'y a plus personne à qui écrire.

Souvenir de rentrée en métro






Photo tremblée: le temps que je réagisse, les portes s'étaient ouvertes, la jeune fille sortait.

Vite vite

Les blogs de Gwen : aujourd'hui à Bruxelles, hier à Tokyo, sa correspondance avec son amie Gâ.

Des petits dessins, avec si peu de texte que Google traduction doit suffire à ceux qui ne lisent pas l'anglais.

Et puis encore, car je ne sais plus si j'en avais parlé, ce reportage sur Tchernobyl qui me terrifie.

Une artiste du papier ;
des mathématiques ;
un tableau récapitulatif du système de retraites français ;
et j'oubliais : ce blog qui traque Hello Kitty dans les endroits les plus inattendus.

Et encore : des dessins (des mondes) illustrant Alice au pays des Merveilles.

Marre

Fait suer, encore et toujours des séquelles de ce médicament. (Non, plus des coups de blues, mais ce sont les séquelles qui me dépriment (ou plutôt me mettent en rogne: pourquoi ai-je accepté ce que je savais ne pas me convenir? On se dit «Bah je ne vais pas faire d'histoires», et on se retrouve quinze mois plus tard à se dire que décidément, il vaut mieux avoir la réputation d'une emm*** que de dire oui)).

Application

Salle d'attente de l'orthodontiste.
Je raffle trois magazines, remarque qu'ils portent une étiquette avec le nom et l'adresse du cabinet. Mais qu'importent à ceux qui volent les magazines d'avoir cela chez eux? Auront-ils honte? Ils en riront. Je n'ai pas pris au hasard: deux Gala, l'un avec les confidences de la mère de Carla Bruni (j'apprends que son fils Vittorio (ou Vincenzio?) est mort du sida à 46 ans), l'autre avec l'horoscospe de la rentrée (je sais, un peu tard. De toute façon je ne l'ai même pas lu, attirée par les images (et dans l'un des deux Sophie Marceau qui ressemble un peu à Ségolène Royal, et le "combat de Sharon Stone" pour prouver qu'elle n'est pas une mère indigne, une photo de Halle Berry en famille "qui souhaite un second enfant", et les princesses européennes de trois à six ans, boucles blondes et robes à volant), et Elle du 23 octobre 2009 avec en gros titre Love, comment le rendre accro.





A l'intérieur, les pages correspondant au dossier ont été arrachées.

Votez !

Concours de photos : l'aviron au féminin. (jusqu'au 10 mars).

(Je vous dirai pour lesquelles j'ai voté et pourquoi à partir du 11…)







3 mars 2015 : la page n'existe plus. Je mets un lien vers le site de la FFA.

Un 13 mars chargé

- 10h à 13h : Jean Allemand, Club Nautique de France (mais non, je plaisante, je ne pensais pas y aller (s'il y a séminaire, je m'invite (private allusion)).

- 16h : Rencontre-signature avec Patrick Cardon pour son livre Le Grand Écart ou tous les garçons s'appellent Ali, vignettes post-coloniales, Centre LGBT 63 rue Beaubourg 75003 Paris. (Patrick Cardon est éditeur. Il s'est engagé dans le combat gay et lesbien sous le nom de la comtesse de Flandres, dans les années 80. Je l'ai rencontré à l'occasion d'un AG de la SLRC (pour ceux que ça intéresse.)

- 18h : rencontre avec RC (pour ceux qui auront les guts d'y aller sans aller à l'AG: on essaie de m'y pousser, je trouve cela très impoli (pas qu'on m'y pousse, d'y aller sans etc.). Qu'en pensez-vous?)

Aviron

L'aviron est une histoire de famille. La légende veut que mon père en ait fait étudiant, à Orléans, sur le Loiret. Il est obligatoire de savoir nager, ce n'était pas son cas, ses amis ne l'ont pas cru et ont signé la déclaration à sa place. (C'était pour faire du huit, cela ne portait guère à conséquence (avant qu'un huit se retourne…)) La légende veut également que l'équipage de La Source gagna les championnat de France — l'année qui suivit le départ de mon père. Avec lui ramait mon parrain, ce détail a son importance dans un autre embranchement de mon histoire familiale.
Il y a quelque part une photo, de ces kodaks des années 60-70 qui sont devenus orange. Si je retombe dessus, je la vole.

La première fois que j'arrivai au club d'aviron de Blois (large étendue de cailloux blancs devant le hangar) tout était désert. J'avais treize ans. Je fus accueillie, si l'on peut dire, par un garçon qui me parut bien grand (c'était un junior : dix-sept ans, dix-huit?). Il parut interloqué par cette drôle d'idée :
— De l'aviron? Tu es sûre? Ce n'est pas plutôt du kayack que tu veux faire?
Non, non, j'avais décidé que je voulais faire de l'aviron.
Ce garçon s'appelait Castor, j'ai cherché hier son prénom, Michel, Christophe, Olivier? Non, Philippe. Castor, c'était Philippe, et Pollux je ne sais plus. Je me demande même si je l'ai jamais su. (Mais je me souviens du nom de famille de Pollux, et pas de celui de Castor. Bizarre mémoire.) Les deux étaient inséparables comme de juste, issus de familles de garçons, quatre garçons une fille, et tous ramaient.
Vais-je écrire une histoire du club de l'aviron blésois en 1980? Ma partenaire d'aviron était Jacqueline, et lorsque j'ai ouvert un blog (mai 2006), j'ai été tentée par ce récit, à la mémoire de Jacqueline, morte en novembre 2004. Il m'avait semblé alors que je n'avais rien à dire, ou pas grand chose.
Je n'ai rien à dire, rien d'autre que des éclats de mémoire, la transparence de l'air au-dessus de la Loire, les couchers de soleils mauve et or, la galère, les régates, les contrepétries, les chansons, les ampoules, et sans doute les gens, le lieu, les plus précieux de mon enfance… (Et la grande surprise, l'immense surprise, sera d'apprendre des années plus tard, fin août 1995 pour être précise, que ce club avait joué le même rôle pour nombre d'entre nous, tous ces autres rameurs dont j'étais bien loin de me douter que le club représentait pour eux la même chose que pour moi: un espace de liberté et de consolation (mais il faudra parler de René. Plus tard, plus tard.))

J'ai essayé à plusieurs reprises de ramer ailleurs qu'à Blois : en 1987, avec l'école, dans le club où je suis maintenant, en 1991 et 92 à Joinville, dans le club d'Anatole (encore une autre histoire). Je n'y ai jamais réussi : en 1987 j'étais vexée de ramer en yolette (bateau de débutant), en 1992 j'ai vite été épuisée (je ramais le samedi matin, je dormais le samedi après-midi : tête de H…).
Le bassin de Blois n'existe plus. L'été était installé un barage de faible hauteur, un à deux mètres. Cela suffisait à établir une retenue d'eau pour les planches à voile, les kayacks et pour nous: sans ce barrage, l'eau était beaucoup trop basse, nous risquions de casser les bateaux sur un banc de sable.
Mais désormais ce genre de barrage est interdit (protection des saumons). Je ne sais pas où vont ramer les Blésois, je ne sais pas ce qu'est devenu le club. J'ai entendu dire qu'il allait ramer à Saint Laurent (la centrale nucléaire). Je ne sais pas si c'est vrai.

C'est la première fois que j'arrive à ramer ailleurs, que je suis heureuse de ramer ailleurs, que les regrets ne m'empêchent plus de ramer.
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