Indigestion

Je n'ai rien fait de ce que j'avais prévu, c'est-à-dire quelques actions pour mon ancien boulot, et surtout lire de la doc pour le futur (les statuts, le site, les plaquettes commerciales).
A la place, j'ai fait une crise de boulimie en mangeant des rice krispies devant Crazy Ex-Girlfriend, et comme je l'ai caché à H. j'ai dû manger normalement le soir (galette et crèpes). Je suis en pleine indigestion.

Récap

- Sortie en skiff. Vent du nord qui ébouriffe les cygnes. Jamais vu autant de péniches. Seine en tôle ondulée. J'ai l'impression d'avoir beaucoup perdu en technique.

- Parce que je suis censée ramener le repas, je m'arrête à Fontainebleau pour prendre un plat japonais à emporter. En attendant la préparation de ma commande j'ai appelé Monique. Je ne sais pas depuis quand on ne s'était pas parlé. Parce que je ne la contactais pas, elle pensait que j'étais froissée. Il ne lui est pas venu à l'idée de m'appeler, elle. Je lui ai appris la règle KISS (Keep it simple, stupid).

- Maintenant, devant une recommandation de Matoo, je zone devant The crazy ex-girlfriend. J'aime bien. «Je me méfie des choux-fleurs, on dirait des brocolis albinos.»
Le cœur a ses raisons me met mal à l'aise et The office m'ennuie. Comme je n'ai pas suivi les analyses Twitter, je ne sais pas ce que cela signifie.

Mon coiffeur est raoultiste

C'est un coiffeur qui coiffe très bien (très très bien : le sens du cheveux rue du Mont Thabor) et qui coûte un pogon de dingue (vraiment: je n'y vais qu'une fois par an car j'ai honte de dépenser autant pour une coupe — mais une très belle coupe, qui donne une structure à l'ensemble de la chevelure pour un an.)

Cela a également un coût psychologique. Il fait de la coiffure «énergisante» en suivant la médecine chinoise et il faut supporter de s'entendre dire par exemple que vos cheveux tombent parce que vous n'avez pas accompli un deuil («un deuil, c'est la perte, pas forcément d'une personne»).
«Evidemment, raconté-je à H., c'est peut-être vrai. C'est juste invérifiable.»

Et tandis qu'il a quasi fini de me coiffer, que donc je vais le quitter (après le couvre-feu) et remettre mon masque, que nous évoquons la période actuelle, mon coiffeur m'annonce:
— Tout ça pour une maladie que nous savons guérir.
— … ???!!?
— Mais oui, le professeur Raoult, ils l'ont fait taire, ils guérissaient les gens, j'ai des amis à Marseille [je ne sais plus comment j'ai interrompu cette phrase].

La conversation a continué dans cette veine.
Le coiffeur : — Tout ça pour engraisser les labos.
Moi : — Les labos, ce sont aussi ceux qui font de la recherche. Moralité, avec ce genre d'état d'esprit en France, la recherche, elle se fait ailleurs.

C'est un combo : anti-vaxx, anti-agriculteurs, etc.
Il énonce comme une évidence: — Ce n'est pas avec des vaccins qu'on est parvenu à sept milliards de personnes sur terre.
Je m'étrangle : — Bien sûr que si! Et que nous soyons parvenu à les nourrir est une merveille de la révolution agricole! Vous vous rendez compte? On a doublé la population en cinquante ans et nourri tout le monde! Vous vous rappelez les famines au Sahel, au Bangladesh? Les vingt millions de Chinois morts de faim au moment du grand Bond en avant?
— Nous ne voyons vraiment pas le monde de la même façon.

Tout cela très calme, très feutré.
Ce qui m'effondre intérieurement, c'est la capacité d'inversion dans les raisonnements logiques. Une fois que j'ai entendu «Ce n'est pas avec des vaccins qu'on est parvenu à sept milliards de personnes sur terre» (j'était si estomaquée que je n'ai pas pris le temps d'écouter quelle était donc la cause de cet accroissement. Je le regrette.) je me dis qu'il faut tout reprendre depuis l'âge du CP à peu près, et que c'est trop loin, trop difficile, trop humiliant à exposer, aussi. C'est irréparable, en tout cas par moi. Je n'ai pas le courage.


Coïncidence, tard le soir H. regarde le documentaire d'Arte sur le scandale du tabac. Je découvre qu'il s'agit pour une fois d'un vrai complot, monté par l'industrie du tabac, pour cacher et falsifier des résultats scientifiques. Et ce vrai complot est le père de toutes les théories complotistes. Le reportage s'appelle La fabrique de l'ignorance.
Ce titre me met en rogne. En réalité, c'est de la tromperie organisée, pas de l'ignorance.

Baby krack

— Tu as entendu? Il y a 13 % de naissances en moins, pas du tout le babyboom annoncé. Remarque, je n'ai jamais compris pourquoi les gens pensaient que rester ensemble dans un appartement favorisait les naissances: la contraception reste la même. Les couples ne conçoivent pas sans le faire exprès, ils ont plutôt du mal à concevoir quand ils le souhaitent.
— C'est le contraire.
— Comment, ça le contraire ?
— Ce qui manque, ce sont les naissances conçues dans les hôtels, dans les colloques, lors de rencontres de hasard.

Je reste un moment sans comprendre :
— Tu veux dire que le taux actuel est le taux normal hors les naissances nées d'une aventure d'un soir?

Les adieux

Dernier jour dans le groupe dans lequel je suis entrée en août 1996 pour un CDD d'un an dans la même entreprise que je quitte aujourd'hui. Un an plus tard j'ai été embauchée dans une filiale du groupe, filiale dont j'ai évoqué la fin ici. Au cours des années j'ai travaillé successivement dans deux autres entreprises du groupe avant de revenir dans la première.

Ce matin, au réveil, je me suis rendue compte que je venais de rêver de tous les collègues de 1997-2001, Norbert, Philippe, Anne, Sandrine, Sakina, Léon, Nathalie, Jean-Marie, comme s'ils étaient venus me saluer une dernière fois.

*****

J'ai passé la journée à envoyer les derniers mails et à appeler les gens que j'apprécie pour leur dire en personne que je partais (parce que c'est terrible de s'apercevoir un matin que quelqu'un a disparu, s'est purement évanoui). Conversations chaleureuses et encourageantes, sans compter F. qui m'a dit: «tu me fais envie. Je vais essayer de bouger aussi» (pour Bordeaux).

Apéro en ligne durant tout le temps de mon retour en train avec les administrateurs de l'association sportive de la boîte. Ils m'on offert un olivier. Il a été livré au loft.

St Antoine

Rendez-vous pour la première injection. Prise de sang, de température (36°4), de tension (12/8), de saturation sanguine (98, pouls 70). Je suis "randomisée" (l'ordinateur tire au sort si je reçois un placebo ou le vaccin). L'application que j'ai téléchargée il y a des jours est enfin active, je dois remplir un journal, les consignes sont nombreuses, je ne sais plus si je remplis le questionnaire tous les jours ou deux fois par semaine (ça dépend ça dépasse : tous les jours au moment de l'injection et si je me sens malade, sinon deux fois par semaine). Enfin, il n'y aura qu'à se connecter, mon téléphone me dira ce qu'il attend.

On me fait cadeau d'un thermomètre, d'un oxymètre, de trois pochettes pour des prélèvements simples (pas pharyngés) si je devais avoir des symptômes.

Je suis dans le bâtiment Mayer (entrée 2) de l'hôpital St Antoine, au rez-de-chaussée. C'est un bâtiment destiné à la vie sexuelle, l'information, la lutte contre les violences, contre les MST, contre le VIH. Une étude ou un sondage est en cours sur le chemsex. J'ai pensé aux popers, mais après recherche Google cela paraît plus grave (la docteresse gênée quand j'ai demandé "qu'est-ce que c'est?" en lisant l'affichette de loin. Elle a balbutié «drogues». Je n'avais pas compris que "chem" voulait dire chemical).

En sortant, un cycle d'ateliers annoncé dans le hall me donne envie de pleurer: sur le blanchiment de la peau, sur l'excision, sur la géophagie (mais qu'est-ce que c'est), sur la toilette (je ne sais plus quel mot était utilisé, vu le contexte j'ai pensé aux ablutions pré-sexuelles réglementaires de la religion juive).

Le gel hydroalcoolique est fourni par LVMH.

bouteille de gel hydroalcoolique offerte par LVMH

Tendue

Journée à se battre contre l'informatique : les habilitations sont OK, mais comment accéder aux applications, aux progiciels? Il manque des raccourcis, on ne connaît pas le contenu des dossiers système et il y en a trop.
Perdu beaucoup de temps. Espérons que ce soit pour en gagner.

En quittant la gare, je me suis perdue dans Moret. Mais si, c'est possible. J'ai décidé de prendre la "sortie côté Seine" le long des voies, j'ai descendu un sentier de terre sur une cinquantaine de mètres (interminable en talons), j'ai suivi la route, les rues, le viaduc du chemin de fer, je ne savais plus du tout où j'étais, une atmosphère de Gommes (Robbe-Grillet). Je suis passée devant un portail blanc, une immense cour goudronnée devant au loin un hangar, une sorte de salle des fêtes. Une pancarte annonçait «Royaume des Témoins de Jéhovah». Ça ne faisait pas envie. Plus loin, un peu seul, un bâtiment rond, une tour médiévale des années 70 montée en briques de verre : la sécurité sociale. Une sécurité sociale, ici, derrière le viaduc, en lisière de pâturage? Un panneau fléché indiquait "chantier naval", ce qui me ravissait sans me convaincre. (Et non, je n'ai pas pris mon téléphone. J'aime me perdre.) Il faisait doux, de plus en plus sombre. Des oiseaux ivres chantaient. Rossignol? Il faudrait vérifier sur Youtube.
J'ai fini par prendre une rue à droite.

Un apéro m'attendait quand je suis arrivée à la maison.

Il fait si doux

Journée plus satisfaisante, sans doute parce que j'ai davantage dormi la nuit précédente.

L'assistante sociale, la commissaire aux comptes, le trésorier, ont appelé. Ça me rassure, ça me permet de passer des consignes, laisser des alertes, savoir que la mutuelle ne laisse pas tout le monde indifférent.

Un train de marchandise en panne à Moret à sept heures du matin. Une demi-heure d'attente. Je n'ai plus envie de parler de ça. Deux heures de lecture dans le train, j'ai fini Celui qui va vers elle ne revient pas, offert par ma sœur à Noël.

J'ai ramené mes dernières affaires et les quatre livres d'hier:
- Ivan Cloulas, Les Borgia
- Melville, Mardi
- Elie Faure, Méditations catastrophiques
- Marguerite Yourcenar, Les yeux ouverts

J'écris avec Gold en fond sonore. Plutôt un navet, mais McConaughey est surprenant dans sa volonté de s'enlaidir. Et je songe à Conrad devant les images des Blancs fous perdus en Indonésie.

Frustrant

Journée à former une intérimaire. Expliquer, surveiller, détailler, contrôler.
Frustrant, parce que je n'ai pas le temps de travailler à ce qui me tient à cœur. Je veux terminer certains travaux de façon à booster J. auprès des administrateurs après mon départ. Ça va être compliqué.

J'ai trouvé le temps de présenter à l'intérimaire les livres désherbés de la bibliothèque du CE. Inévitablement j'en ai récupérés, une histoire des Borgias, des commentaires d'Elie Faure, des entretiens de Yourcenar. Je les ramènerai demain ou mercredi.

Partie trop tard pour respecter le couvre-feu. Il faudra s'appliquer davantage demain.

Soleil

Il fait beau et doux.

Première sortie sur l'eau depuis mi-janvier — en canoë français, pas en skiff — 526 mètres cube par seconde. J'ai trop chaud. Il va être temps de prévoir des manches courtes.
H. me dépose à l'aviron, va faire des courses, revient me chercher, décapoté.
Nous prenons le chemin des écoliers pour rentrer et nous nous arrêtons à l'irrésistible marché de Saint-Mammès, au creux du confluent du Loing et de la Seine.
Marchand de crêpes ambulant. Nous mangeons des galettes au soleil en regardant la Seine.

Le bord de l'eau est agrémenté de plaques émaillées choisies par les bateliers, explique un panneau. Je photographie la plus étonnante, l'écluse ronde d'Apremont.



Chou-fleur et vin des sorcières

Ce fut le repas de midi, et comme j'ai trop bu, j'ai somnolé tout l'après-midi en regardant vaguement Coup sur coup (Les favoris de Midas), attrayant au début, mais trop décousu pour moi.

Chou-fleur d'Un peu gay dans les coings: très simple et très bon. Et donc vin des sorcières. Le caviste de Moret commence à comprendre nos goûts.

Sonnées

Dernière journée avec J.. Procéder à un envoi Sendinblue pour valider sa compréhension des mécanismes, lire ensemble les procédures de bilan qu'elle va devoir prendre en charge. Nous avions le cœur serré sans l'avouer. Selfie avant de nous quitter:
— Ça fait presque neuf ans… si le suivant reste aussi longtemps que moi, tu seras presque à la retraite.
— J'aurai soixante ans, s'esclaffe-t-elle, incrédule.

Je pense que je devrai revenir deux fois pour lui donner un coup de main, mais je ne sais pas si cela se fera réellement.
Et puis toujours la promesse d'un resto «après le déconfinement». Cela ressemble à l'horizon, recule au fur à mesure que nous avançons. J'ai fini Le grand incendie de Londres. Ces grandes catastrophes, rupture du temps, qui effacent tous les projets, à la fois ceux qui étaient en cours avant la catastrophe et la possibilité même de faire des projets.
Et sinon, très beau livre, même si sa structure me reste hermétique.

Taratantara

El sol innocente, telle s'incarne l'honorable mesure de tout Arte Mayor. Car la voix monte et insiste noblement sur sol et sur cen, qui sont les deuxième et cinquième 'syllabes' respectivement de ce demi-vers. Répétée sans cesse, cette mesure donne à toute composition en ce mètre son allure si caractéristique de montagne russe dans un manège de foire. […]
Or, on reconnaît aussitôt une des deux formes possibles du taratantara tel que, avec une insuffisante révérence, le baptisa autrefois Bonaventure Des Périers.

Jacques Roubaud, Le grand incendie de Londres, p.60
Cette découverte que le vers français se scandait m'a sidérée. Cela allait à l'encontre à tout ce qu'on m'avait dit au lycée quand on m'avait expliqué Virgile ou Shakespeare: que la rime française compensait le fait que la langue française était plate et ne se scandait pas.

Mais il y avait autre chose. Cela donnait soudain un sens à une conversation entendue un jeudi d'Oulipo, un échange entre Elisabeth et Alain ou Gilles ou Nicolas ou d'autres encore, parlant de taratantara: j'avais noté que c'était une référence inconnue de moi, mais peut-être une facétie, comme le fait d'apprendre les alexandrins sur l'air de La Marseillaise.

Je n'avais pas posé de question, mais lorsque j'ai retrouvé ce mot dans Roubaud, j'ai fait une recherche Google le soir-même, trouvé un livre d'Alain Chevrier que j'ai aussitôt inscrit à ma liste Amazon de livres souhaités.

Il est arrivé ce matin, offert par mon beau-père qui fidèlement pioche dans ma liste année après année, m'offrant des livres comme Bottom's Dream ou Meine Zeit mit Karl Barth ou l'autobiographie de Claudia Cardinale — ce qui a dû lui paraître plus léger — même s'il ne pose pas de question.

Et donc Taratantara est arrivé. C'est alors que j'ai découvert son titre principal que j'avais, je ne sais comment, occulté: Le Décasyllabe à césure médiane.
C'est tout de même très chic.

Désormais nous savons quel est le fromage

A la fromagerie, H. a trouvé ça. C'était irrésistible. Je vous dirai si c'est bon quand on l'ouvrira.

boîte de gâteaux apéro Alice au pays des maroilles


Dix pour cent

Je continue d'avancer le bilan pour laisser une situation aussi propre que possible. Pour désamorcer le stress je regarde des films ou des séries en travaillant, de préférence pas trop compliqué, plutôt en français. C'est comme ça que j'ai vu 4L, mignon mais mauvais, mauvais mais mignon (plein de bons sentiments, ce qui est mieux que plein de mauvais) et Je t'aime, imbécile, film équilibré si l'on considère à quel point son sujet est rebattu.

Terminé les quatre saisons de Dix pour cent. Epoustouflée par le nombre d'acteurs qu'ils ont réussi à convaincre. Je suppose que cela est devenu de plus en plus simple au fur à mesure que des acteurs connus avaient accepté de jouer dans les précédentes saisons. Je me demande si cela a coûté très cher.

C'est un peu mélo (dans le sens où chaque péripétie se termine plus souvent mal que bien) mais j'ai beaucoup aimé, à cause de l'humour et du courage de certains acteurs qui ont accepté de jouer des rôles qui doivent rejoindre leurs inquiétudes (Guy Marchand et son AVC, Gérard Lanvin et son appréhension devant un jeune doué). Mention spéciale pour Juliette Binoche et sa façon de désamorcer les avances d'un producteur très lourd (les avances très lourdes d'un producteur).

Wikipedia me fait conclure que les Français manquent toujours autant de professionalisme: il faut voir le nombre de photos manquantes concernant la fiche de personnes dont le métier est d'être acteur: Grégory Montel, qui est l'un des acteurs principaux de la série, Fanny Sidney, qui à trente ans devrait soigner ce genre de détail, ou Liliane Rovère, qui à quatre-vingt-huit ans ne compte sans doute pas là-dessus pour ses prochains films, mais malgré tout… cela ferait plaisir, une jolie photo. Etc.


Quelques recherches plus tard, je retire ce que j'ai dit sur les Français: les actrices de Trinkets ne font pas mieux.

Hôpital

Rendez-vous à 13h30 à St Antoine pour la campagne de test pour le vaccin Janssen. Je n'ai rien dit à H. («Je ne comprends pas pourquoi tu dois aller à Paris aujourd'hui». J'ai marmonné quelque chose sur le fait de voir J. avant ses vacances).

Une heure et demie à deux heures d'entretien, on me réexplique tout, on vérifie trois fois mon consentement éclairé (pleine lumière).
Pouls (67, je suis contente. Est-ce que c'est l'aviron qui l'a fait descendre ainsi?), poids, tension, température.
Je recevrai une dose en double aveugle (l'équipe non plus ne sait pas ce que je reçois), placebo ou vaccin. Un pincement au cœur en signant l'autorisation d'exploiter mes données aux US.

Je retiens que je dois éviter la cortisone et les vaccins divers si je dois voyager (fièvre jaune, etc). Ça ne devrait pas être trop difficile.

Je pensais que je me faisais vacciner aujourd'hui. Mais non. Rendez-vous pris pour le 25 février.

De l'utilité du saucisson. Ou de la poutre.

Le problème du dernier étage, c'est qu'il est facile de se cogner la tête dans la poutre en métal qui barre l'espace en diagonale.
Nous avons envisagé de mettre le ficus en dessous pour être obligé de la contourner et donc de passer à l'endroit où la poutre est la plus haute.
Mais nous venons de découvrir que le charcutier fait un saucisson qu'il faut faire sécher environ deux semaines.

Dernier conseil d'administration

J'ai dû en faire une quarantaine en huit ans et demie.

L'étrangeté de l'époque m'apparaît brutalement comme si je la découvrais seulement. J'avais des gens à inviter, des pots à offrir, des collègues à qui dire au revoir… Plus tard, peut-être, plus tard. Mais aurai-je le temps, l'occasion, l'envie, de revenir à Nanterre plus tard?

L'ambiance ici s'allège, H. a été appelé pour un nouveau projet, il est à nouveau orienté vers le futur, il oublie le passé. Il était temps.

Vingt minutes de corde à sauter. C'est fun.

Fini Le Mépris. J'aime Godard. Quand il n'est pas ironique jusqu'à l'absurde, il est incisif.

Corde

J'ai repris ma corde à sauter. Ce qu'il y a de bien dans mon trois pièces, c'est que je peux pratiquer dans le salon.
Un peu par hasard j'ai glissé d'une vidéo à l'autre: une pour débutant, une pour moins débutant (le premier commentaire dit «j'ai regardé la vidéo en entier, je me suis senti fatigué, j'ai pris une douche puis j'ai fait la sieste) et puis elle.

Elle, elle est marrante, intrigante, voire vaguement angoissante: 1000 sauts durant 7 jours, 100 squats pendant 30 jours, une semaine comme les influenceuses, etc.; elle essaie tout sans se tenir à rien — sauf les défis qu'elle se lance à elle-même.
Cela ressemble à Celeste Barber, mais en beaucoup plus méritoire.

Cookies

Ce blog va reprendre pour un soir son rôle premier: celui de carte postale destinée à mes amis, et donc ce soir à un ami: paquet bien reçu, j'adore la confiture de tomates vertes, et les cookies…

Les cookies sont incroyables. Imaginez un fondant au chocolat qu'on aurait réussi à solidifier en une fermeté craquante. Ils sont si bons qu'il est bien possible qu'ils aient décidé H. à rencontrer l'expéditeur — alors que chaque été je ne parvenais pas à le convaincre de faire le voyage.

Lettre suivra, mais pour l'instant j'annonce : paquet bien reçu.

C'est si étrange. Ai-je bien compris?

Dans les mentions légales du site Tartempion je trouve la phrase «L’utilisateur ne peut mettre en place un lien vers le site www.tartempion.fr sans l’autorisation expresse et préalable de Tartempion».

J'éclate de rire: cela faisait partie des mentions qu'on tournait en ridicule circa 2003, pour illustrer les webmestres qui n'avaient pas compris que le buzz, la publicité naturelle, les liens vers leur site étaient une bénédiction, la manne que nul n'osait espérer, et qu'interdire les liens vers leur site était absurde et contreproductif.

Par curiosité, je fais une recherche google avec les mots «L’utilisateur ne peut mettre en place un lien vers le site xxx sans l’autorisation expresse et préalable de».

A ma grande surprise remonte un nombre respectable de sites, dont des sites gouvernementaux ou culturels. Parfois, plus raffiné, c'est l'interdiction d'un lien vers une autre page que la page d'accueil, (exemple d'un restaurant), le lien devant alors s'ouvrir dans une autre fenêtre.

Il y a encore des progrès à faire sur la compréhension du référencement naturel. Ou la crainte de l'utilisation malveillante des liens est-elle si forte qu'elle en est venue à justifier ce genre de phrase qui ne paraît(rait) plus ridicule?
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