Emploi du temps

Soudain à 17h53 un sms de ma fille : «Est-ce que tu préfères en week-end ou je peux faire ça en début de semaine prochaine?»

C'est la réponse, sans un mot entretemps, à une proposition d'aide de ma part dix jours plus tôt: si elle récupérait des meubles chez ma grand-mère, qu'elle n'hésite pas à me le faire savoir, j'en profiterai pour aller voir ma tante.

Et donc dix jours plus tard, le mercredi soir, ma fille dispose de façon très précise de mon week-end: il faut que ce soit dimanche, et dimanche après-midi parce que le matin elle participe à la collecte pour la Croix Rouge.
Je suis estomaquée: faisions-nous des coups pareils à nos parents? Sans doute que oui. Il me semble que je prévenais les miens toujours très tard, parce que j'avais peur de les appeler.

Renseignements pris, c'est ce week-end ou en septembre: elle n'est pas libre de l'été parce qu'elle connaît trop de tournées, que la poste a gagné un appel d'offres qui va lui faire utiliser certains facteurs (avec une qualification particulière, je n'ai pas compris laquelle) à relever les compteurs de gaz pendant six semaines, et que par conséquent les autres facteurs sont réquisitionnés pour faire leur boulot à leur place.

Elle me décrit le meuble qu'elle veut récupérer: un buffet de style Henri II tels qu'il s'en trouve dans les foyers low middle class des années 40. Ça m'interloque qu'elle veule ça, et ça m'émeut: le buffet de son arrière-grand-mère.

Mais comment diable allons-nous charger cela dans un camion? Elle est plus petite que moi. Elle parle de démonter, mais ce n'est pas un meuble Ikéa, il faut savoir enlever des chevilles...
Ça promet du sport et des déconvenues.

Je m'exprime

Ce soir avant de quitter le bureau, j'ai imprimé mes propres affiches parce que la comm Renaissance est vraiment molle du genou.

Un départ en retraite

Participation à une AG d'union de mutuelles.

Pot de départ en retraite, deux très beaux discours, colorés et spirituels.

Une phrase terrifiante et vraie: «je m'en vais, car dans un an, avec la PSC, vous allez tous vous haïr et je ne veux pas voir ça».1

Une citation inattendue: «car X vivait selon la phrase de Kierkegaard: "ce n'est pas le chemin qui est difficile, mais la difficulté qui est le chemin"».



Note
1: cela ne vous dit rien et c'est normal. Depuis quelques années, tous les employeurs du privé doivent fournir une complémentaire santé obligatoire à leurs salariés. Avec la réforme de la PSC (protection sociale complémentaire), cela va devenir obligatoire également pour les employeurs publics. Pour choisir cette complémentaire, les différents ministères vont passer des appels d'offres. Il y aura une société d'assurance ou une mutuelle de choisie par ministère, toutes les autres ne le seront pas, et donc de fait, destinées à disparaître à plus ou moins long terme (tout au moins les mutuelles puisqu'elles ne font que de la santé).

Glamour

Laura a un petit ami saint-cyrien. (Et aussitôt d'imaginer le casoar: je lui ai demandée à être invitée au vin d'honneur si elle se marie, je veux prendre une photo, une vraie photo glamour de magazine).
Parlé été, mémoire de lettres classiques, projets australiens.

*****
Revu Orimont pour la première fois depuis treize ans (c'était la troisième fois).
Parlé de voyages, du goût de non-voyage, du désir d'océan, de la difficulté à s'intégrer en Italie, de la pingrerie des milieux éditoriaux.
Il lui est arrivé cette chose romantique qui consiste à se découvrir légataire universel d'une vieille dame morte sans descendance. A moyen terme ce sera sans doute profitable, mais pour l'instant c'est beaucoup de tracas. (J'imagine ce moment où l'on s'aperçoit qu'on comptait beaucoup pour quelqu'un et qu'on ne le savait pas — le remords de se dire qu'on aurait dû faire plus attention — mais finalement on faisait déjà plus attention que le reste de son entourage — et pourtant ce n'était pas tant que ça — etc.)

Les pompes australiennes

Aujourd'hui, cours pratique sur le remorquage.

(Je ne dis rien de ma précédente expérience.) L'instructeur insiste beaucoup sur la «position haute», principale source d'accidents: le planeur remorqué monte au-dessus de l'avion, tire la queue de celui-ci vers le haut et le fait piquer du nez, le câble devient si tendu qu'il est impossible à larguer (sur certains avions il est néanmoins possible de le couper) et l'ensemble de l'attelage chute.
— En revanche, la position basse n'est pas un problème. D'ailleurs en Australie, on remorque toujours en position basse, car les turbulences peuvent être si violentes qu'elles peuvent vous remonter brutalement au niveau de l'avion.

Donc après les animaux dangereux en tout genre, des grenouilles aux araignées en passant par les crocodiles de mer, je découvre que même l'air est traître en Australie.

Ça donne furieusement envie d'aller y planer — si un jour j'arrive à piloter, ce dont je doute ce soir: «si ton nez défile, c'est que tes ailes ne sont pas horizontales» (diagnostic après conversation au sol). Problème: je ne me rends pas compte que je suis penchée — mais après tout qu'importe: si mon nez défile, je n'ai qu'à redresser. J'essaierai la prochaine fois.

Déception à Malesherbes

L'été dernier, après nos quatre sorties en canoë double, nous avions décidé d'investir dans un canoë, et dans notre grande sagesse, nous voulions rencontrer des professionnels pour avoir des conseils. Un Google plus tard, nous avions identifié un magasin à Malesherbes: c'était parfait, au sud, exactement ce qu'il nous fallait.

Et donc aujourd'hui, huit à neuf mois plus tard, nous sommes partis pour Malesherbes (Le Malesherbois par la vertu des regroupements de communes) afin de commencer nos aventures.

N'y allez pas. Ce n'est qu'une boîte aux lettres, au sens propre: une boîte aux lettres marquée Idoine, et c'est si peu clair qu'il y a deux flèches jaunes indiquant "Idoine" en direction de la boîte, sans doute à l'intention du facteur. Je n'ai pas compris pourquoi ils faisaient apparaître cette adresse de Malesherbes sur leur site à l'égal de leur magasin en Bretagne (du moins je suppose qu'il y a un vrai magasin en Bretagne).

Bref, retour au magasin Décathlon de Montereau, achat d'un canoë gonflable, d'une pompe, d'un bidon étanche et de deux pagaies.
Il ne reste qu'à espérer que nous allons utiliser tout cela plus d'une fois ou deux (perso je vise une journée de planeur, une sortie en canoë par week-end, mais j'ai toujours été optimiste/extrémiste).

Ascenseur pour l'échafaud

Rendez-vous ce soir pour voir ce film à Fontainebleau — apparemment, nous l'apprendrons sur place, une association cinéphile s'est montée en septembre dernier et il y aurait un classique montré chaque troisième vendredi du mois.

Grand plaisir à revoir ce film que j'ai vu (au cinéma) pour la première fois durant l'été 1990.
Il m'apparaît très vite que je ne me souviens de rien.
Grande admiration devant le velouté des noirs, grand bonheur de voir marcher Jeanne Moreau (note pour moi-même: revoir Eva). Cette lente déambulation, les crimes croisés, m'évoquent Les Gommes.

1958. Le mur de Berlin n'était pas construit, Les Gommes datent de 1953, les guerres d'Indochine étaient proches, on pouvait faire demi-tour sur l'autoroute, le motel de Trappes était le dernier avatar de la modernité.

La lumière se rallume et catastrophe, le cinéphile responsable de l'association entame le débat avec la salle en le faussant dès le début puisqu'il commence par dire que le couple des jeunes gens jouent très mal («la direction d'acteurs des vingtenaires n'existait pas dans les années 50»).
Les interventions se succèdent et sont insupportables, affirmations gratuites non étayées. Chaque fois que j'assiste à un débat entre cinéphiles (vingt ans de blogs et de FB), j'ai l'impression que chacun représente une secte à lui tout seul.
Je finis par craquer et même si ce n'est pas très poli, nous nous levons, dérangeons nos voisins et quittons la salle. La prochaine fois nous le ferons dès que les lumières se rallumeront.

Notes sceptiques: ce qui m'a frappée en revoyant ce film, c'est à tel point il est peu cohérent: une femme ayant un amant secret ne passe pas sa nuit à interroger tous les bars et hôtels. Cela prouve seulement que l'enjeu n'est pas là, mais dans la construction lente du cercle qui se referme.

Ikéa et Léon de Bruxelles

Achat de deux caissons de bureau, un blanc, un brun, dans l'espoir de finir enfin le déménagement (tout le petit bordel du dernier moment). Il faut que je me résolve à jeter. Espérons que le reste tiendra dans le caisson.

Léon de Bruxelles en hommage à un ami disparu dont c'était la sortie dominicale.

Démontage de la toile du parasol (j'avais mis du DW40 dans le mécanisme la semaine dernière), passage à la machine inutile, la mousse verte n'a pas bougé. Mise à tremper dans l'eau de javel pour la nuit. On verra bien.

Après-midi à monter le caisson en regardant Docteur Who, cinq tiroirs. J'admire toujours Ikéa d'avoir réussi à faire des meubles si bien ajustés destinés à être montés par n'importe qui. Les explications sont purement dessinées, sans texte: simplification de la traduction, adaptation aux illettrés.

Je replie le sac à viande propre, je range les dernières affaires ramenées de Sisteron. J'espère que dimanche il fera beau — enfin, beau: il me faut des cumulus, même gris — la météo est incertaine (j'ai pris un abonnement à topmeteo).

Deux docteurs

Depuis mon retour, je me suis attaquée à des classiques jamais vus (au moins dix saisons chacun, ça devrait me faire un moment).

J'ai commencé avec le Dr House. J'aime le caractère du personnage principal et de l'équipe, chacun bien particularisé, j'aime tout particulièrement la directrice de l'hôpital et le jeu entre elle et le docteur insupportable, mais la structure toujours identique des épisodes (un malade dans un état critique, deux ou trois fausses pistes, des recherches dans la vie du patient (ou dans sa maison), un climax où l'on frôle la mort et soudain, l'épiphanie) m'a lassée. Difficile aussi de regarder ces épisodes sans penser aux remarques ironiques des twittos médecins — même ceux qui aiment la série.
J'y reviendrai sans doute car c'est bien fait, ça a la finition d'un épisode de Columbo.

Je suis passée à Dr Who. C'est le pied. Les meilleures séries sont toujours anglaises. J'ai l'impression de retomber en enfance: le kitsch, les situations rocambolesques, le sourire du docteur, Rose, les références que je connais pour les avoir rencontrées dans The Big Bang Théorie. C'est si régressif qu'il est possible que je tente ensuite la série originale de Stat Treck.

Fonctionnement inversé de la référence: normalement une référence consiste à être plusieurs à avoir lu ou vu ou entendu la même œuvre source. Puis quand un autre y fait référence, on le repère et on le comprend parce que justement on a vu l'œuvre source.
Ici, je reconnais dans l'œuvre source des éléments déjà vus, comme par exemple les Daleks, sans parler évidemment de la célèbre cabine téléphonique.
Je n'ai pas encore vu l'écharpe, mais ça ne saurait tarder.

Bobo ou populo

Je me souviens qu'à la fin des années 90 on m'avait regardée avec incrédulité: mais enfin, un coiffeur ne travaille pas le lundi!

Pas de place samedi à Moret, mon coiffeur de secours à Paris ne travaille pas le lundi, je passe par Planity (l'appli, pas le site), je trouve Yonathan, (ce fancy name dénote le coiffeur homo (n'ayons pas peur des clichés)), je m'inscris (pas parce que ça dénote, etc: parce qu'il est ouvert le lundi).

En réalité je découvrirai un coiffeur pied noir sans l'accent. Pendant qu'une coiffeuse opulente et très brune m'applique ma teinture, je suis avec amusement via le miroir la tragicomédie qui se déroule derrière moi: une mère fait couper les cheveux de son fils de cinq ou six ans en donnant des indications extrêmement précises sur la longueur sur les côtés et surtout la longueur de la mèche, qui ne doit pas le gêner tout en restant la plus longue possible (un look Brad Pitt 2011).
Le garçon devant une vidéo est bien sage, la conversation truculente. J'identifie mal la voix du coiffeur, c'est quasi une voix féminine, non parce qu'elle est aiguë, mais parce qu'elle possède ce voile grave de certaines actrices féminines pied noir. Tout cela déborde d'énergie et de joie de vivre, avec une touche de fatalisme.

Je réalise avec un pang de culpabilité devenu courant ces derniers mois que c'est le milieu où je me sens dans mon élément, l'endroit qui me repose, où je me sens bien, mais que j'abandonne progressivement, que j'ai abandonné, pour des endroits plus glamours, plus branchés, où le carrelage est blanc et non noir, où la lumière est bleutée, et où dans l'ensemble le rire est banni — ou alors mesuré.
Je me sens coupable de snobisme, de la recherche d'un certain standing et d'un certain confort, alors que ces lieux chaleureux sont tellement plus accueillants. Dans le même temps je sais que je n'y appartiens pas ou plus, par mes goûts et mes aspirations, par mon look et mes fringues.

C'est sans doute inévitable.

Durant les deux heures de ma présence, je verrai défiler des clients qui sont des amis, des prises de rendez-vous qui sont autant de prises de nouvelles, toujours bruyantes, toujours expansives, toujours joyeuses ou rassurantes.
Je sais que si les deux coiffeurs ont des créneaux disponibles, je retournerai plutôt dans l'autre, comme à Moret nous allons plus volontiers à Fontainebleau qu'à Montereau. Et la question est: pourquoi? Parce que j'ai envie de calme? Parce que cela correspond davantage à un statut social?
Je n'aime pas ce que je sens en moi, parce qu'il y a un certain malaise à souhaiter quelque chose que je tourne si souvent en dérision chez les autres.

Avant de s'y remettre

Rangement. Rampotage du myosotis (un pied qui avait gelé en avril, que j'avais coupé court et qui a repris derrière une vitre au soleil) et diverses tâches administratives.

L'idée était de faire un après-midi de collage politique, mais à force de papoter, cela a plutôt été une heure et deux panneaux, sous un soleil qui s'était enfin dévoilé. La thématique de ces affiches m'étonne, paternité et sécurité, rien sur l'économie. Enfin bon.

Racheté des cigarettes, descendu les chaises longues, fumé dans le soir qui tombe.

Et maintenant j'écris dans la salle de bain en regardant Pride. Demain est très loin.

Rangement et désordre

A être si occupée et avoir si peur de trop manger et être malade en l'air, j'ai perdu du poids cette semaine. Je suis rassurée, car passer d'un sport qui brûlait des calories par centaines à un sport où on reste assis dans un cockpit tout l'après-midi n'est pas une transition facile.

Levés tard. Nous avons des amis qui viennent dîner ce soir, H. me dépose au club (de planeur) en allant faire les courses pour me reprendre au retour. J'avais l'intention d'aider au remontage du duo-discus que Dom a ramené hier avec la voiture (les prévisions météo sont si mauvaises à Sisteron qu'il est rentré trois jours plus tôt que prévu).
Mais il fait si beau qu'ils sont tous en train de se préparer pour voler au plus tôt (la pluie est prévue en milieu d'après-midi); ils remonteront le duo sans moi. En attendant H., coup de balai dans la salle du club. Jamais vu autant de cafards morts. J'en profite aussi pour photographier le manuel de l'ASK21: lire le manuel est obligatoire avant de voler sur tout planeur (ou tout aéronef, je pense). Le contrôle est matérialisé sur une fiche signée, X atteste qu'il a lu le manuel tel jour. Tout cela fait partie des procédures d'enquête en cas d'accident, je suppose.

Il fait très beau en début d'après-midi. Dépliage de la tente, séchage, nettoyage, repliage. J'espère que cette fois-ci il ne s'écoulera pas cinq ans avant que je ne m'en resserve… Je complète avec amour mon carnet de vol tout neuf. Objectif: suffisamment voler cet été pour être lâchée en solo avant l'hiver. J'en suis à 9 heures 37 de vol avec instructeur (huit vols). Les vols à Sisteron ne comptent pas (21 heures) car ce ne sont pas des vols école.
Rangement; passage d'O et Y qui viennent déposer la chatte en prévision de leur week-end prolongé à la Rochelle. L'orage éclate.

Dîner imperceptiblement tendu car nos amis se sont disputés dans la voiture. Heureusement, l'alcool détent.
Nous terminons par deux parties de billard où je suis de très loin la plus mauvaise. C'est là que je vois que j'ai vieilli: cela ne m'affecte guère, je sais que c'est la sixième fois que je joue alors qu'ils ont des après-midis derrière eux. Cela n'est juste guère amusant pour eux, à mon sens.

Demain il y en aura bien pour deux heures de vaisselle mais au moment de me coucher, j'ai la joie de découvrir qu'un nouvel épisode de Mrs Maisel a été mis en ligne (il ne l'était pas vendredi matin).

Retour

J'ai la flemme de me lever pisser au milieu de la nuit; moralité je dors mal. Je me lève finalement vers six heures, me rendors une heure et demie. Je reste au chaud dans le duvet; je révise, «manche à gauche, pied à gauche» en avançant le pied gauche et penchant le poignet droit vers la gauche; il y a plusieurs façons de mettre la main à gauche avec un manche, c'est beaucoup plus précis qu'un volant — et donc beaucoup plus brouillon quand on n'est pas précis — «manche à droite, pied à droite»; quand je ferme les yeux l'atmosphère noire lumineuse danse lentement comme une houle.
Sortir de la tente, se doucher, s'habiller.

Dernier matin dans la caravane. Dernier porridge, dernier petit déjeuner au rythme d'AC/DC. Je finis ma pastèque. J'ai si peu envie de partir qu'il ne faut pas penser.

Ranger. Deux sacs, un «structurel», la tente, le sac de couchage, le sac à viande, l'oreiller, la serviette de toilette, et à côté le tapis de sol: Dom les remontera en voiture; l'autre de vêtements, plus le petit sac à dos pour l'ordinateur. Il fait beau, le soleil tape, je plie tout sur les palettes qui constituent une terrasse devant la caravane: c'est une surface propre et sèche.
Le pantalon qui m'a servi toute la semaine en planeur est déchiré à l'entre-jambes, il avait plus de vingt-cinq ans, je l'avais acheté après la naissance de ma fille. C'était l'un de ces pantalons amples baba-cool style indien sud-américain. Il finira ici à la poubelle, je n'ai pas la place de le remonter pour en faire des chiffons.

Pat me dépose à la gare de Sisteron. Départ à midi, j'ai trois quart d'heures devant moi; j'appelle H.; j'achète un café et des oreillettes à la boulangerie de l'autre côté de la route (elle a l'avantage d'être à l'ombre), je tache mon pantalon blanc de deux gouttes de café (c'est rageant).

Le car arrive, le chauffeur d'une trentaine d'année ne connaît pas Trainline et n'a pas de quoi lire le QR code des billets électroniques, il maugrée à voix haute et prend les passagers habitués à témoin, tout change, c'était mieux avant.
Changement de car au péage de Peyruis, une heure trente-cinq de route jusqu'à Aix par Manosque et Cadarache. Sandwich à la gare, TGV à 14h18. Trois heures de train, ça me paraît beaucoup plus long que six heures de planeur, je regarde Quantum of solace (parce qu'il était téléchargé dans mon téléphone) et j'écris des cartes postales.

Descente à Fontainebleau. Cela fait six mois que je n'ai pas utilisé l'escalier côté Seine, entretemps il a disparu, remplacé par une rampe. Restaurant pour une bonne viande rouge, mais à moins manger depuis une semaine je me rassasie vite.
Retour à la maison. Une rose est sortie, la glycine et la vigne vierge se sont déployées, l'azalée est couverte de boutons et la verveine de feuilles. Mon carnet de pilote de planeur est arrivé, je ne sais pourquoi personne au club ne s'est jamais préoccupé de m'en procurer un (ou de me dire de le faire): pensaient-ils que je ne resterais pas après les six heures de l'été dernier?

Je viens de passer une semaine sans écran, sans info, sans Twitter. Je ne m'en suis même pas rendu compte.

Sisteron dernier jour

Avec le recul, je me dis que cette semaine aura été sous le signe d'une certaine frugalité. L'emploi du temps est très régulier: huit heures et demie petit déjeuner, douche, habillage; dix heures briefing, puis sur la piste pour préparer les planeurs (brancher les batteries, laver les ailes avec la rosée, enlever les housses, régler le siège, mettre le planeur en piste); repas vers midi ou même avant; décollage et sortie jusque six ou sept heures. Apéro, repas, coucher vers neuf heures et demie, au plus tard dix heures. Les repas sont pour la plupart très simples, flocons d'avoine, nouilles asiatiques, omelette, jambon, yaourt, melon, pastèque, fraises.

J'ai mis du temps à comprendre cette régularité. Je suis toujours en train de courir au moment du déjeuner et au moment de monter dans le planeur: je me change, je m'interroge sur le fait de m'habiller chaudement ou pas et tout cela me fait perdre du temps. Personne ne m'attend, personne n'attend jamais personne quand il s'agit de planeur, chacun agit avec détermination vers son but. Donc je cours avec le remord d'être en retard et la crainte que les autres fassent (ou doivent faire) mes tâches.

Largage au-dessus des petites Monges. Nous rejoignons le lac de Serre-Ponçon. En tant que pilote en première place, j'ai la charge de surveiller les parapentes — «pour nous ce sont des points immobiles, nous nous déplaçon à plus de cent kilomètres heure» — mais Pat les voit toujours avant moi. Il doit faire joliment froid avec le vent relatif à deux mille mètres d'altitude directement dans un harnais de parachute.
Pat a l'intention de m'emmener voir les montagnes au-delà de Barcelonnette, il faut donc monter au-delà de trois mille mètres. Nous cerclons — il cercle, car il y a trop de relief ici pour qu'il me laisse piloter.
Nous atteindrons l'altitude souhaitée, mais inutilement: la pluie envahit peu à peu les vallées au nord et à l'est. Impossible d'y aller. Je ne verrai pas les aiguilles de Chambeyron cette année, ni le glacier blanc. Ce sera pour l'année prochaine.

Pat énonce sententieusement: «cela t'apprend le renoncement» (qui n'est pas (seulement) un mot de sagesse antique mais bien un mot de la formation du pilote).

Nous repartons vers le pic de Bure. Depuis le début, c'est Pat qui pilote, à partir de maintenant il va me laisser le manche de façon quasi continue afin que je prenne les ascendances à ma guise. Il a décidé de me faire travailler la conjugaison. De temps en temps il lâche une phrase sybilline du style: «on est près du relief, alors t'as intérêt à surveiller ton fil de laine». (A terre je lui poserai la question: «mais pourquoi faut-il faire davantage attention au fil de laine près du relief? — si tu pars en autorot, tu as moins le temps pour rattraper à cent mètres qu'à mille mètres1.» (Remarque: en réalité, il faut toujours faire attention au fil de laine, c'était une boutade, mais une boutade sérieuse, mes préférées)).

Nous papotons. Je tiens mieux l'assiette de mes virages quand nous discutons de choses frivoles — comme quoi il ne faut pas que je me concentre trop. Toujours la question de pisser en vol revient:
— Bon, tu fais attention, je vais pisser, donc tu as les commandes, ne fais pas de bêtise (ceci alors que nous survolons une crête d'un peu près à mon goût.)
— Non, toi fais attention: imagine si on se plante, on va te retrouver la bite à la main et moi en train de rire; imagine la gueule de la REX.

Une des règles de base revient sans arrêt: «en planeur, la vitesse, c'est la vie». C'est une logique difficile à intégrer (en tout cas par moi): il faut aller plus vite en cas de danger (turbulence, atterrissage délicat, etc), donc perdre de l'altitude alors que c'est justement le sol le danger.

Autre règle de base : il faut sauvegarder l'apéro du soir. «Si tu xxxx, l'apéro du soir est compromis» est une phrase récurrente de Pat, phrase qui me paraît une raison suffisante pour s'appliquer.

Retour, c'était mon dernier vol ici. Ce soir, c'est justement moi qui offre l'apéro.
Pat a invité un couple d'amis. Monsieur, pilote, fait partie de ceux qui ne racontent pas leurs succès mais leurs catastrophes, leurs atterrissages d'urgence pour des raisons parfois futiles. Je suis intérieurement scandalisée qu'il raconte cela devant Madame; cela me semble un manque de tact absolu d'ainsi (potentiellement) effrayer son conjoint, mais elle paraît habituée.

Puis tour au Pegasus où un petit groupe fête l'anniversaire de la secrétaire de l'aérodrome, puis retour sous la tente.
Demain il faudra plier.



Note
1: le fil de laine est un indicateur de dérapé; le dérapé peut entraîner une autorotation du planeur (une vrille).

Vol d'ondes

Il existe trois types d'ascendance: la chaleur dégagée par le sol (les thermiques), le vent qui se heurte à un relief (le vol de pente), et quelque chose que j'avoue ne pas tout à fait comprendre: sous la conjugaison du vent et du relief, l'air se met à osciller selon une sinusoïde et sous la sinusoïde se trouvent des «rotors», des endroits hyper turbulents où le vent tourne en lessiveuse. Si l'on passe au-dessus des rotors, si l'on trouve la sinusoïde et qu'on s'installe au-dessus, on plane dans un grand calme et l'on peut monter à de grandes altitudes.
Ajoutons que les nuages sont les meilleurs indicateurs de ces ascendances: le planeur, c'est avant tout la lecture des nuages.

Marc qui est venu deux ans de suite et est reparti dimanche n'a pas rencontré le phénomène, et moi, au bout de cinq jours, bingo!
J'ai de la chance.

Nous nous équipons contre le froid (on perd 6,5°C tous les mille mètres) et le manque d'oxygène (une canule dans le nez type hôpital dès 3200 mètres). (Test de la bouteille d'oxygène avant de partir: «par sécurité, on teste toujours la bouteille quand on est hors du planeur».)

Nous avons trouvé une onde presque aussitôt; puis plus tard, après avoir été bien secoués au dessus du pic de Bure. Nous sommes montés jusqu'à 4400 mètres et selon AB nous étions à -13°. Bizarrement j'ai eu froid aux coudes, à cause de l'air provenant des palonniers et remontant le long des jambes bien protégées. J'ai pu travailler très calmement — «va tout droit, pas si vite, il faut chercher l'ascendance, sinon tu vas passer à travers; vas-y, tourne» — en faisant attention à ma vitesse car j'ai le défaut d'accélérer dans les spirales. «Le duo discus perd le moins d'altitude à 90km/h.» (La question devient alors: pourquoi ne pas toujours voler à cette vitesse? Je n'ai pas encore élucidé ce mystère, je poserai la question une autre fois.)

A côté de nous la vallée était recouverte d'un épais manteau de nuages. Il devait faire tout à fait noir là-dessous.

nuages sur la vallée à l'ouest du pic de Bure


Atterrissage secouant, rafales au seuil de la piste. Dom prend de la vitesse et se pose comme une plume.

Je me précipite pour manger un yaourt et une tranche de jambon, j'ai une dalle dévorante et j'ai très froid. Et puis il y a l'apéro du club ce soir: je ne veux pas y arriver le ventre vide.

Pluie

Sommeil tourmenté, est-ce le vin rouge de l'apéro ou de m'être fait peur hier pour la première fois? Vers quatre heures du matin j'ai fini par mettre des boules quiès contre les grenouilles. Dormi jusqu'à huit heures, soit neuf heures de sommeil : pas mal du tout.

Hier la pluie était prévue aujourd'hui; je sèche le briefing pour me laver les cheveux et faire une micro-lessive. Comme je suis la seule femme j'ai fini par m'étendre dans la partie sanitaire féminine du camping, j'y laisse ma trousse et ma serviette de toilette, une façon assurée de les oublier à mon départ...
Pluie, nous ne volerons pas aujourd'hui.

Courses, je me lâche sur les fraises, la pastèque, le melon (jusqu'ici j'évitais ce qui me paraissait susceptible de remonter dans les turbulences). Cuisine au Pégasus sous la tonnelle, il fait lourd, cervelles d'agneau haricots verts fraises vaisselle.

Balade en voiture jusqu'à la chapelle de Dromon; c'est l'occasion de réviser et visiter quelques champs vachables. Marche, fleurs, cloches de vaches.
Café à Sisteron, ennui impalpable. C'est dur les conversations entre trois personnes qui en fait ne se connaissent pas, les récits ressortissent soit de l'esbrouffe (quand il s'agit de succès) soit d'une certaine tristesse (quand il s'agit de regrets). Les conversations sur le vol à voile sont intéressantes mais épuisantes car je ne comprends pas la moitié des mots (qu'est-ce que ça veut dire? où cela se trouve-t-il? de quoi parlent-ils?) Je trouve quelques cartes postales, c'est une catastrophe, la plupart comportent des chatons en chaise longue sur fond de Sisteron.

Longue conversation avec H. Je lui raconte ma surprise devant la compétition permanente et les récits d'exploits. Il me répond qu'il a souvent vu ça dans l'armée: «les pilotes et les sous-mariniers sont contrôlés sans arrêt, ils sont jugés en permanence et sont obligés d'être les meilleurs pour progresser. Ça donne ce résultat.»

Apéro, rires et histoires limite caricaturales, avec le mec prêt à tout accepter tant qu'il ne s'agit pas de sa fille (autour de la table nous essayons de lui faire comprendre qu'il s'enfonce, mais rien à faire, il continue son récit), omelette, fraises, je termine mon thé seule au Pégasus en tapant ces quelques lignes.

Demain il est prévu du vol d'ondes et tous les pilotes expérimentés autour de moi sont emplis d'impatience.


Liste des sites découverts aujourd'hui:
netcoupe.net pour obtenir mes circuits (cliquez sur un nom de club puis sur le nom d'une personne puis sur détails. Cliquez sur QFU.FR ou carte 122.2 pour voir le circuit effectué).
La direction du vent avec un curseur à droite permettant de le connaître à différentes altitudes et un curseur en bas permettant d'avancer dans le temps.
L'application SDVFR

Le mont Ventoux

Nous ne sommes plus que quatre, donc aujourd’hui pas de partage: c’est parti pour un vol long.

Je ne sais pas trop comment raconter: au moment du largage nous avons rejoint un groupe de vautours (l’optique de mon téléphone n’est pas assez bonne pour les capturer), nous sommes allés au mont Ventoux. Pat m’a beaucoup laissé piloter; c’était très perturbant car il donnait très peu d’indications («si je ne te laisse pas décider tu n’apprendras jamais») et j'ai du mal à engager les spirales, j'arrive à stabiliser l'assiette si je regarde à l'extérieur mais dans ce cas je ne vois pas le vario donc je ne sais pas si je monte dans l'ascendance et si je l'ai bien centrée.
Je laisse trop descendre le planeur et nous n'arriverons pas réellement à remonter pour aller aussi loin que souhaiter. Nous frôlons l'atterrissage, puis repartons en direction de Dignes où nous sommes arrêtés par un paquet de pluie.

A tout moment il faut prendre des décisions, c'est très intéressant mais épuisant. J'apprends qu'il faut aller vite entre les nuages (ce n'est pas instinctif car aller vite c'est piquer davantage donc potentiellement descendre davantage) et ralentir sous les cumulus à la recherche de l'ascendance, que les ascendances sont plutôt du côté du soleil mais pas toujours, «ça dépend du vent».
Toutes les règles sont ainsi, générales et inapplicables. Une sorte d'anti-statistique.
A un moment je fais une grosse bêtise et Pat rattrape du manche en catastrophe. La rapidité de sa réaction me fait comprendre que nous sommes passés près de l'accident, il se crée en moi une dépression qui doit être la réaction à la peur. Au bout de quatre heures je finis par rappeler à Pat que ce n'est que ma onzième sortie et que je n'y arrive plus s'il ne me donne pas quelques indications. Il reprend le manche et termine la sortie. Il commente: «c'est bien, tu écoutes ce qu'on te dit et tu n'es pas chiante», ce qui me fait plaisir.

Nous couvrons bien les planeurs car demain il est prévu de la pluie.

C'est moi qui offre l'apéro. J'assiste avec incrédulité aux récits des vols de la journée, je repense à Compagnon nous expliquant que la littérature est née autour du feu quand l'homme des cavernes racontait sa journée de chasse (est-ce une théorie de Carlo Ginzburg? Je ne sais plus). Je suis stupéfaite devant l'aspect «comparaison de taille de bites» de ces récits: sérieux, ils en sont encore là? Je me demande s'ils en sont conscients (sans doute que non).
Je bois trop de vin rouge.

Des tongs et un bob

Durant la nuit je me rends compte que j'ai mal à l'avant-bras au raccordement du coude: hier je me suis tant crispée sur le manche que je me suis fait une tendinite — ou même plus puisque j'ai des douleurs jusque dans l'épaule.

Briefing de 10 heures: trop instable, trop d'orages, on ne volera pas aujourd'hui. Il fait lourd, j'ai mis une chemise à manches longues pour protéger mes coups de soleil (hier par SMS «— J'ai attrapé des coups de soleil. — Ça change de l'aviron de mer.»)

Courses, j'achète des tongs (je ne supporte pas de rester en chaussures le soir, j'ai besoin d'avoir les pieds à l'air dès qu'il fait beau, dès le printemps), un short (pour bronzer des jambes: comment je vais faire sans l'aviron?) et un bob d'une très jolie couleur vert d'eau (malheureusement je ne pourrai sans doute pas le porter en planeur: sa couleur trop claire va se refléter dans la verrière et gêner le deuxième pilote — ou alors quand je serai lâchée seule (croisons les doigts: dans un an, deux? combien d'heures de vol?))

Déjeuner ensemble, j'ai failli cramer la poêle du club house, puis temps libre. Je regarde le dernier épisode en date de Mrs Maisel, puis je blogue. Je m'endors sur place, je retourne au club house (le Pegasus, c'est le nom d'un planeur) dans l'espoir de trouver un canapé. Café et petits écoliers avec DB. Il retourne à ses copies et je m'endors sur le canapé même s'il fait un peu froid à l'intérieur.

Les recherches pour tenter d'illustrer ces billets m'ont fait trouver un site de géologie et un article de… Charles-Pierre Péguy. Serres met en ligne une carte très utile des barres et montagnes utiles en planeur. Les points verts correspondent aux champs vachables.

Pluie et orage vers cinq heures.

Le soir repas au Pegasus. Champagne amené par AB pour fêter son (re)lâcher. (Je suppose qu'il n'avait pas volé depuis longtemps et qu'il a dû reprendre des cours d'instruction).
J'apprends qu'il est possible de voler au-dessus des nuages à condition de continuer à voir le sol. Si ça se solidifie et qu'il n'est plus possible de savoir où on est ni de traverser les nuages, il est possible (voire recommandé, voire indispensable) d'appeler les militaires d'Istres qui vous accompagneront jusqu'au sol, par radio ou même en envoyant un avion. Mais attention: il faudra avoir une bonne excuse pour s'être retrouvé dans cette situation, sinon c'est le conseil de discipline et le risque d'être interdit de vol à vie.

Pendant ce temps H et les deux plus jeunes se rendaient à la première cousinade annuelle depuis 2019. Tristoune, me dit H, les oncles et tantes ont vieilli.

Le couronnement de Charles III

Lever 8h50 ce qui est plus que ce que je dors à la maison.

La vie au sol est compliquée à expliquer (et à vivre): dans un sens on attend beaucoup, dans l'autre sens tout va très vite dès que les décisions sont prises — sauf que je ne comprends pas vraiment à quel moment elles sont prises ni leur teneur.

A 10 heures le briefing. Facile. Mise en piste des planeurs qui sont installés au départ de piste face au vent. La particularité locale, c'est que le vent tourne entre midi et une heure: au fur à mesure que les parois des montagne chauffent, l'air s'élève le long des parois, créant un appel d'air dans la vallée qui forme la brise (terme consacré), brise qui souffle du sud vers le nord.
Il y a donc un pari sur l'heure de départ et l'endroit où installer les planeurs: le vent aura-t-il tourné ou pas?
Les planeurs anglais s'installent en piste 35, c'est-à-dire face au nord (le nord = 360 degrés), tandis que nous, les quelques Français, pensons malin d'aller tout de suite en 17, face au sud (180 degrés).

Repas à midi ou même un peu avant, puis nous montons en 17 (la piste fait 950 mètres (je n'arrondis à pas un kilomètre car tous les mètres comptent, à l'atterrissage et au décollage)).

Les planeurs anglais commencent à décoller. Nous observons leur stratégie, où se font-ils lâcher, au dessus de Chabre ou au dessus de Hongrie? Quelle hauteur attendent-ils avant de larguer? (plus on monte haut plus c'est facile mais plus ça coûte cher)

Nous sommes trois planeurs au seuil 17 (Pat et DB, Dom et Marc, et un «local»). Nous regardons les planeurs décoller en 35. Nous attendons que le vent tourne, que les remorqueurs donnent le signal du changement de seuil de décollage.

Nous allons attendre une heure: le vent a tourné, mais deux avions remorqueurs semblent nous avoir oubliés. Nous sommes sur le bord de la piste (impossible de s'aligner (se mettre face à la piste) tant que d'autres décollent en face), le soleil tape (c'est la même malédiction que l'aviron: pas d'ombre sur les fleuves, pas d'ombre sur les pistes d'aérodromes), nous cherchons l'ombre sous les ailes. Les verrières sont grandes ouvertes pour éviter la surchauffe, calées par un coussin pour éviter qu'elles ne se referment brutalement et ne cassent (la terreur des vélivoles).

Ils partent enfin, il est deux heures. Je vais m'installer en terrasse au Zinc avec un coca en attendant de rejoindre le seuil 17 à 16h30 pour remplacer Marc.

Nous partons au-dessus de Chabre puis remontons vers le nord. Toute la sortie est à nouveau un cours de géographie: il faut reconnaître les monts, apercevoir les endroits où il est possible de se poser. Il ne faut pas aller à Gap — trop de parachutistes; il ne faut pas atterrir à Aspres par vent du nord.

Nous montons vers le col La Croix. La sortie est un miracle, avec des varios (variations? nombre de mètres par secondes, en plus ou en moins) de deux à trois mètres y compris en ligne droite: ça monte tout seul. La pluie tombe au nord et nord-ouest, nous la contournons, nous jouons avec les cumulus et les barbules, j'arrive à peu près à spiraler; c'est beaucoup plus facile en regardant l'extérieur plutôt que les instruments. (Je me suis bien débrouillée mais je n'ose le crier trop fort avant de le confirmer une deuxième puis une troisième sortie).

Les cumulus nous aspirent si bien qu'à un moment je me retrouve dans le nuage. C'est flippant, nous sommes totalement aveugles; heureusement que nous sommes bien au-dessus des montagnes: «sors les aérofreins et plonge, il faut sortir de là!» me crie Dom (le cri n'est pas de la panique mais est destiné à être sûr que j'entende).

Sans que je sache si c'est pédagogique, si c'est du bizutage ou si c'est par plaisir parce que la voltige lui manque, Dom me fait un cours sur l'accélération (à 180 km/h, la carlingue semble se désintégrer), le décrochage (à 60 km/h environ: le bruit s'arrête, plus de vent, nous tombons) et réalise des huits paresseux, sorte de montagnes russes libres.

Nous faisons demi-tour. Il est encore trop tôt pour rentrer, nous faisons un tour au-dessus de la Baume et du Hongrie, à la recherche des dernières ascendances le long des parois.
Retour. La Durance minuscule coule au ras du terrain, vingt mètres plus bas. Ce relief crée des «rabattants», qu'il est préférable d'éviter en attaquant le terrain légèrement de biais.

Nous sommes rentrés. Je suis enchantée de ne pas avoir été du tout malade, est-ce le coca ou le métier qui entre?

A 19h30, rendez-vous au restaurant le Zinc. Le jeune remorqueur prend l'apéro avec nous. Il est également instructeur et est né en 2000 (!!! vive la jeunesse) Son club d'origine est Romorantin, il vient de Vendôme: «mais pourquoi pas Blois?» Il n'y a plus d'instructeur. Le terrain est parfait, en croix, mais il n'y a plus personne.

Restau au Zinc tous ensemble. Nous rions beaucoup. J'en profite pour poser des questions qui m'intriguent; par exemple, comment peut-on continuer à planer à haute altitude, quand l'air se raréfie? Réponse: il faut prendre de la vitesse, on crée sa propre portance. Idem pour les avions de ligne: ils ne consomment pratiquement rien en altitude, c'est pour ça qu'ils essaient de monter au plus vite. Toute l'énergie est consommée pendant la montée.

Couronnement Charles III. La restauratrice offre un cube de feu d'artifice aux pilotes de la RAF. Sur le coup ils ne réagissent pas, ils sont pris par surprise, ils ne s'attendaient pas à ce sujet en fin de repas dans un restaurant de vélivoles en France.
— Dis donc, il a fallu les pousser pour chanter.
— Ils ne se sentent peut-être pas concernés.
— C'est la RAF quand même.

Sisteron jour 1

Bonne nuit malgré l'absence de tapis de sol: pas de caillou qui remonte traitreusement durant mon sommeil (c'est la particularité du camping à même le sol: le soir vous vous couchez la surface est plane, le matin vous vous levez vous avez l'impression que des caillous ont vicieusement émergé durant la nuit et que vos côtes et hanches se souviennent de chacun).

Petit déjeuner au Pegasus (le foyer du club, où je croise un jeune pilote remorqueur), inscription au club de Sisteron, briefing («le briefing est à 10 heures, Fred ne supporte aucun retard»). Je savais que le planeur cherchait à attirer des pilotes femmes, je suis soufflée de constater qu'il n'y en a aucune dans la salle. J'ai toujours été dans des milieux masculins (aviron, ingénieurs), mais jamais à ce point-là.

briefing de RAF


— Ça alors! Mais pourquoi les pilotes de la RAF viennent-ils faire du planeur à Sisteron?
— Ça coûte beaucoup moins cher à l'entraînement. Quand tu sais piloter un planeur tu sais tout piloter.

Le vent changera de sens vers 13h, il faudra donc emmener les planeurs en 17; la météo s'annonce mauvaise dans deux jours.

Courses dans la zone commerciale du coin. A vrai dire je ne sais pas trop quoi acheter, je sais juste qu'il ne faut pas que je mange trop avant de voler. Pour ce midi je me prends des sushis, pour les autres jours les bols déhydratés japonais qu'affectionnent les enfants (en d'autres termes, le Bolino japonais). Je fais un saut au magasin de sport pour prendre un tapis de sol et des lunettes de soleil cheap (ça m'ennuirait d'abîmer mes lunettes achetées en Grèce). J'hésite longuement devant des tongs que je finis par ne pas prendre.

Déjeuner devant la caravane de Pat, soleil, c'est les vacances. Il fait chaud. Je regrette les tongs et même un short: j'aurais pu préparer mon bronzage car cela va être plus dur cette année sans l'aviron.
Marc devait voler en premier avec Pat mais il n'arrive pas. Je vais donc commencer. Je m'applique à montrer à Pat que j'ai bien écouté tout ce qu'il m'a dit : collant polaire, chaussettes de foot, sous-vêtement en soie, tee-shirt manche longue, foulard, veste polaire. Devant la température estivale il me prête malgré tout un bob, car le bonnet en polaire, ça va faire beaucoup. Néanmoins il me fait enfiler d'énormes surbottes autrichiennes («Ne marche pas avec»). Parachute. Je m'installe.
— Tu as des canules? [pour l'oxigène]
— Euh non, tu m'as pas dit qu'il en fallait.
— C'est pas grave, je t'en prêterai au besoin.

Nous avons eu beaucoup de mal à monter. Le principe est de toujours avoir la hauteur minimale nécessaire pour rejoindre une piste d'atterrissage, pas question de s'éloigner de Vaulmeilh tant que cette hauteur n'est pas atteinte. Nous restons 40 minutes à tourner au-dessus de la Malaup pour atteindre 2200m, je sens derrière moi la déception de Pat, il tient tellement à me faire faire un beau vol. Je n'ose pas lui dire que je m'en fiche, je ne suis pas venue faire du tourisme, mais vérifier que ça me plaît, que je n'ai pas peur, que je ne suis pas malade de façon rédhibitoire.
De temps en temps il me dit: «tu vois en bout d'aile? C'est l'aéroport de Gap, d'Aspres, de Barcelonette,...» J'hésite à lui avouer que je ne distingue pas grand chose. Ou je distingue, mais sans savoir si c'est bien ce que je pense. La seule façon de vérifier serait de se rapprocher… et donc d'être obligés d'atterrir, puisque pas de moteur pour remettre les gaz. Il me donne des noms de montagne et de chaînes que je comprends à moitié. Il me faudrait une carte à consulter avant d'être en l'air.
Quoi qu'il en soit, et même si ce n'est pas verbalisé, il s'agit bel et bien de commencer à me familiariser avec les terrains de secours en cas de problème. Approche rationnelle du risque.

Nous allons jusqu'au lac de Serre-Ponçon, nous prenons quelques ascendances à 3 ou 4 mètres/secondes. Ça secoue; je suis rassurée, je ne suis pas malade et je n'ai pas peur. Nous montons jusqu'à 3000 m. Je fais des rots comme un bébé, normal paraît-il, c'est dû aux variations de pression, ça fait gonfler les intestins. Voilà quelque chose qu'on ne raconte pas dans Top gun.

Pat me laisse les commandes le long des parois, ça ne se passe pas trop mal, mieux que lorsque j'essaie de spiraler dans les ascendances où je suis capable de faire des accélérations/décélérations très brutales (150km/h à 100km/h en un geste de manche) qui malmènent la machine et me désorientent. Il y a trop de choses à faire et à surveiller, je suis crispée et j'ai terriblement chaud, je ne suis pas du tout habillée de façon adéquate.

circuit en planeur au-dessus de Sisteron


Vol de 2h33, je suis remplacée par Marc.
Je ne sais plus ce que j'ai fait en attendant, il me semble que j'ai dû ramener la voiture de Pat au camping (c'est toujours intéressant, un homme qui vous file les clés de sa voiture sans vous connaître plus que ça, surtout quand il s'agit d'un break BMW.)
C'est à ce moment-là que je reçois cet arbre de décision qui me convainc que cette activité est pour moi.

graphique du bonheur grâce au planeur


Le soir nous sommes invités par Marc qui a pris un gîte avec sa femme. Repas très gai au cours duquel nous abordons un sujet envahissant: la gestion de la vessie par le pilote de planeur. J'en avais eu des échos cet hiver au club, c'est ainsi que je savais que les filles utilisaient des protections pour incontinence. Les garçons ont chacun leur méthode; ceux autour de la table utilisent plutôt des poches en plastique qu'ils balancent par la petite fenêtre de la verrière. La femme de Marc nous regarde avec effarement, je suis intérieurement morte de rire: quel sujet de conversation avec une dame qui ne vole pas, qui a accompagné son mari et passe son temps à l'attendre, et qui nous a invités à dîner.

Nous passons une très bonne soirée et rentrons sous la pleine lune.

Course contre la nuit

Des exercices aéronautiques interdisent de décoller de Moret: finalement nous partirons de Coulommiers.
Comme nous devons arriver avant la nuit aéronautique (à 21h11, une demi-heure après le coucher du soleil à 20h41), DB passe me chercher à Créteil Université à 16h30 (lieu choisi comme croisement de nos trajectoires, entre lui sur la A86 et moi sur la ligne 8).

DB est inquiet, il a pris du retard à cause d'un accident sur la route.
Nous arrivons au terrain de Coulommiers, nous prenons du retard une deuxième fois à sortir un avion garé devant le Piper, puis le Piper, puis nous rentrons le premier avion, puis nous faisons le plein des réservoirs dans les ailes.

Piper à Coulommiers


Bref, tout cela prend davantage de temps que prévu et DB est inquiet, il faut arriver avant la nuit, c'est sa licence de pilote qui est en jeu. Nous partons, les villes et les cours d'eau défilent. C'est un véritable cours de géographie. Sens, Migennes, Auxerre, Avallon, Le Creusot, Mâcon,… Au fur à mesure que nous descendons, DB contacte la tour de contrôle locale qui nous donne un numéro qu'il entre dans le transpondeur pour être identifié au radar. Message radio pour dire au revoir au contrôleur de la zone que nous quittons; message radio pour signaler notre position à la tour suivante. Nous passons ainsi de main en main, tel un furet entre les tours de contrôle.

Au départ, DB m'a emprunté un criterium et a noté l'heure: à un moment donné (j'ai oublié quand), il faudra changer de réservoir pour équilibrer le poids des ailes.
C'est à ce moment-là que DB me fait le coup de la panne.
Il passe sur le second réservoir… et l'hélice s'arrête, le silence se fait. Silence impressionnant. Je regarde rapidement DB puis bien droit pour le laisser réfléchir, intérieurement incrédule: ce n'est pas vrai, ce n'est pas possible, il va forcément se passer quelque chose.
Je n'ai pas peur, je suis plutôt curieuse, j'ai confiance en DB et j'ai vu trop de films: il va trouver une solution, mais laquelle? va-t-il planer, se poser sur une prairie moteur éteint, ou dans un cours d'eau genre Sully?
Il repasse sur le premier réservoir, relance le moteur (bruit rassurant), fait balancer les ailes et descend à nouveau l'interrupteur pour passer sur le second réservoir. Le moteur continue sans heurt. DB explique calmement: «je pense qu'il y avait une bulle d'air dans le tuyau».

Le soleil commence à descendre nettement. Nous atteignons Lyon que DB avait prévu de le contourner pour ne pas déranger les contrôleurs de l'aéroport de Saint-Exupéry, mais il obtient l'autorisation de survoler la ville à plus haute altitude qu'il ne l'espérait, c'est-à-dire en volant plus vite dans un air plus rare.
DB est ravi, il fait des calculs sur son genou avec une feuille et mon critérium et relève la tête: «nous devrions arriver à 9h04, avant la nuit aéronautique.»
Il m'avait déjà avertie que si nous étions en retard, nous serions obligés de passer la nuit à Valence.

Nous passons le long du Vercors, il est 20h15, le soleil est bas.

coucher de soleil en altitude


Nous arriverons quatre minutes en retard par rapport aux prévisions de DB.

Omelette et bière au Zinc (le restaurant de l'aérodrome). Je parle de la Cordillère des Andes, DB me raconte qu'Adrienne Bolland, face à une montagne qu'elle ne pouvait franchir avec un moteur trop faible, continua vers la paroi au lieu de faire demi-tour: «ça lui a sauvé la vie. Le vent a soulevé son aéronef et elle est passée davantage en planant qu'en volant. Si elle avait fait demi-tour, le vent l'aurait écrasée contre la paroi.»

Puis arrivera le moment le plus embarrassant: le montage d'une tente que je n'ai pas montée depuis cinq ans, dans la nuit noire, éclairée par une lampe frontale détendue, entourée de trois hommes qui me donnent des conseils, avec l'angoisse d'entendre le crac d'énormes escargots qui envahissent la pelouse la nuit. Mes compagnons sont par ailleurs très inquiets que j'ai froid la nuit.

Je finirai par m'en débarrasser en emmenant la toile dans les sanitaires du camping, en allumant la lumière et en faisant le point (je l'avais tout simplement mise à l'envers sur le sol), puis en revenant sur mon emplacement monter ma tente à la lumière d'un stylo lumineux offert par un consultant (stylo que je ne savais même pas que j'avais emporté).

C'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j'avais oublié mon tapis de sol.

Préparatifs jour 2

Je vois Miriam ce soir, je continue le vocabulaire et la syntaxe : "à le", "à les", ça n'existe pas. Il n'y a qu'"à la" ou "à l'institut", "à l'opéra". Non ce n'est pas de ta faute, ça veut dire qu'il y a un problème de pédagogie, on apprend d'un côté le nom et l’article, de l’autre les prépositions et on ne met jamais les deux ensemble.

«J’en veux plus», elle me dit son étonnement devant les mêmes mots qui veulent dire deux choses exactement opposées.
Je réexplique, j’écris: j’en veux plus, je n’en veux plus. Pour éviter les confusions je propose d’utiliser plutôt «encore», ou «davantage».
"Davantage" n’est pas "d’avantage", avantage = contraire d’un handicap
Bref, je m’amuse bien.

Le soir, deuxième sac, celui des vêtements. Qu’emporter, est-il nécessaire/souhaitable d’emporter des vêtements de fille pour le soir? Dans un sens, je me dis que je suis avec des passionnés qui se moquent du reste; dans l'autre je me suis souvent fait avoir à l'aviron où j'étais la seule à n'avoir rien prévu. Oui mais à l'aviron il y avait des filles, là il n'y a que des mecs (donc pas de contraste, donc ils ne le verront même pas); mais justement, ça leur ferait peut-être plaisir (c'est sensible, un mec; il y a des petits efforts qui ne coûtent pas grand chose, pourquoi se priver). Mais je n'ai pas beaucoup de place, il faut que je puisse porter les deux sacs, combien de pulls, de chaussettes, il paraît qu'il fait très froid en altitude, pas de boucles d'oreilles, un bâton de fond de teint ça suffira, les chargeurs dont je ne sais pas où je pourrai les brancher, la bouteille de shampoing ne tient pas je la mets sur le côté du petit sac à dos dans lequel j'ai empilé la nourriture de premier secours; je ne sais pas ce qu'il y a dans la cuisine ni quand on ira faire les courses et je vais dépendre des autres; un litre de lait, des flocons d'avoine, de boîtes de lentilles cuisinées, des barres caloriques pour les longues virées (il paraît que ça demande une énergie dingue), je glisse la lampe frontale dans l'autre poche du sac à dos, je remplace l'écharpe en coton (rose) qui prend beaucoup de place par un tour du cou (bleu) en soie impalpable.

Je suis morte de trac et impatiente, je n'arrive pas à me souvenir d'une telle impatience, un tel désir, peut-être le père Noël à cinq ou six ans? Pourvu que je ne vomisse pas, pourvu que je supporte, pourvu que j'ai emporté les bonnes fringues. Je sais bien qu'il peut pleuvoir toute la semaine, il est possible que je ne vole pas pendant dix jours.
J'ai hâte.

Préparatifs

Je poursuis la lecture des derniers Langelot, Langelot et le général kidnappé et Langelot aux arrêts de rigueur.

Côté planeur, ça évolue : du fait de restrictions de vol (exercices militaires en cours), nous ne pourrons pas partir d'Episy jeudi; rendez-vous au bout de la ligne 8 à Créteil pour décoller à Coulommiers. Cela signifie que je vais partir directement du bureau, ils vont faire une drôle de tête quand ils vont voir mon acoutrement et mes bagages.

Journée peu palpitante (comme souvent, mais c'est sans doute bon signe). Le soir j'oublie que je suis venue à la gare en voiture et je rentre à pied, ce qui est couillon vu les bagages demain, cf. ci-dessus.

Premier repas en terrasse le soir. Les martinets sont revenus. Leurs cris dans le ciel sont l'un de mes ravissements des beaux jours (sens quasi propre: ils me transportent ailleurs — ou nulle part, avec eux).
Un couple de tourterelles peu farouches songe à se poser à quelques mètres.

Je vais chercher ma tente au fond d'une malle, elle n'a pas servi depuis la rando d'aviron à l'île de Bréhat. Je devrais la déplier pour vérifier que je sais toujours la monter, mais il est tard. Tente, sac de couchage, sac à viande, ostrich pillow, tapis de sol, protections urinaires adultes (c'est le fun du planeur, j'en parlerai un jour).

Repassage. Je ne peux tout de même pas abandonner mon mari dix jours sans chemise repassée, il y a des limites à l'inconvenance. Je regarde Léon. Je ne m'attendais pas à ce que soit si bon. Nathalie Portman est excellente, elle qui joue toujours comme une cruche.

Retour

Ce matin blogué au lit (rattrapé la dernière semaine) sans mettre les billets en ligne car zone quasi blanche et oublié de demander le code wifi hier soir.

Petit déjeuner somptueux et départ, départementales, odeur entêtante du colza. La décapotable nous manque.
Etampes, Milly-la-Forêt, tout est fermé, nous finissons chez Pizza Mimi à Fontainebleau qui nous a déjà sauvés samedi dernier.

Sieste, coup de chaud en constatant que je n'ai accès à aucun justificatif de domicile (l'abonnement en eau indique l'emplacement du compteur dans une rue au dos de la maison, les impôts fonciers indiquent le bis alors que je suis au ter, et le site d'Engie est planté). C'est frustrant, au bout de deux ans, j'avais enfin réussi à trouver comment changer un Siret.

Achat d'un billet de train pour revenir de Sisteron et réservation d'un emplacement pour la tente au camping.

Pour mémoire : nous avons arrêté le chauffage samedi. Il ne fait pas très chaud, mais en réalité, la température est "normale", dans la norme statistique des années 1991-2020. Ce sont les quatorze mois précédents qui étaient anormaux.
Suivez Serge Zaka.

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