Réunion d'AH

— A votre avis, pourquoi vous êtes là? Parce que certains d’entre vous deviendront des théologiens. Pas tous, mais quelques-uns. En France, les théologiens seront des laïcs, c’est un enjeu théologique et ecclésial. Qui fait de la théologie en France? Pas les prêtres diocésains, ils sont débordés, et les religieux, ils ne sont jamais là. Hop à Haïti (elle fait des grands gestes des mains), hop à Singapour. C’est pour cela que vous êtes formés.

Ce n'est pas ce que vous croyez

1/ "D'apparence musulmane", assise à côté de moi ce matin.


Fier d'être arabe et chrétien


2/ Je m'assois sur le lit d'un inconnu après y avoir déposé quelques billets.


(Je viens de trouver chez un libraire "à domicile" un texte de RC que je ne qualifierai pas de rare mais d'inconnu.)

Quelques liens

Ça ne s'arrange pas : plusieurs jours sans même pouvoir arriver devant cet écran. Voici quelques liens thésaurisés avant de compléter les jours précédents (de dimanche à ce soir):

l'odeur des livres en bouteille

quelques pas de danse au ralenti

des raisons d'être optimiste

des portraits d'artistes, de savants, de chanteurs…

450 films libres d'accès (Wells, Lang, Tarkovsky, le premier court-métrage de Lynch, etc)

un projet obsessionnel en blanc (dédié à Guillaume) qui aime les obsessions (je le comprends)

le dessin technique d'une brique de lego

des ordres de grandeur démographiques: équivalence entre la population de mégalopoles et celle de quelques Etats d'Amérique

un peu de bisounours israëlo-iranien (irénisme, dirais-je à ma collègue en manque de gros mots)

l'histoire de la page de Google (conte pas du tout moral, l'incompétence récompensée)

le hashtag #jenaipasportéplainte : contre le silence qui suit un viol

un jeune blog qui raconte des histoires d'enfance, et qui m'intrigue, parce que les histoires sont assez longue: va-t-il tenir le rythme?

trajet de la Comté au Mordor (ne faites pas comme mon fils, regardez les lieux traversés)

écouter des auteurs (anglais) morts (pastiche en anglais).

Les abeilles solitaires

J'ai découvert leur existence aujourd'hui, grâce à une collègue qui en a dans son jardin. Elles font des trous dans la terre, pondent, s'en vont. Pas de ruche, pas de reine.
Les jeunes abeilles sortent en août.

Parsifal

Saississant Parsifal (mise en scène de François Girard), j'ai pensé à la chambre interdite de Barbe-bleue, on patauge dans le sang, les filles-fleurs ont des airs d'héroïnes de manga, la faille s'ouvre sur la lave brûlante d'un volcan?

Il n'y a vraiment que l'opéra pour offrir de telles mises en scène, apocalyptiques. Magique.

«Ici le temps devient espace.» Adrogué.

Pourquoi associe-t-on Nietzsche à Wagner, alors que c'est de Freud qu'il faudrait parler?



Et puis le plaisir des traditions wagnériennes que l'on découvre («en être ou pas»):

— Mais pourquoi ces applaudissements si hésitants à la fin du premier acte? Tout le monde était sous le choc?
— Normalement on n'applaudit pas à la fin de cet acte. Et puis ils se sont souvenus qu'ils n'étaient pas à Bayreuth? (Wagner ne voulait pas que Parsifal soit joué ailleurs qu'à Bayreuth.)

— Il faudrait le voir un Vendredi Saint.
— Il suffit d'aller à Munich.


Plus tard encore, en interrogeant un choriste, nous apprendrons que l'eau était à 23°, ainsi que le prévoient les conventions collectives.


Dans le train du retour, nous apprenons la mort de Tabucchi.

Dans le TGV

Ma voisine en face finissait Pynchon («Ah? Il y en a qui finissent Pynchon?)






celle à côté de moi lisait Le Crabe aux pinces d'or en chinois, dans un format présentant deux cases côte-à-côte par page (??!):




(J'ai donc pu remarquer que le chinois ne se lisait pas comme les mangas, en partant de la "fin" (ou alors la mise en page d'Hergé est aussi étrange pour un Chinois que celle d'un manga pour un Français).

Mon precious

H. m'a offert le plus petit des Macbook Air. A priori je vais pouvoir abandonner papier et crayon. Et si vraiment je peux avoir du wifi partout, je crains que H. ne tarde pas à le regretter?
(C'est très amusant de mettre au point la synchronisation de deux ordinateurs à base de dropbox et d'evernote. Il va falloir que je me perfectionne. Le ménage sur le grand frère devient plus que jamais urgent.

Deux embarras

RC a encore fait des siennes1. Le concernant, ça m'est un peu égal, ça fait un moment que j'ai accepté l'idée qu'il ferait systématiquement tout pour saboter ses chances d'être lu (y compris peindre!). A croire que porter le nom d'un Nobel n'était pas un handicap suffisant.

Me concernant, cela m'ennuie beaucoup plus. L'idée de devoir me justifier me fatigue d'avance. Donc tant pis. Honni soit qui mal y pense et basta.

***


Ramé. J'ai un peu honte, tout le monde me salue par mon prénom, je ne me souviens de personne, à part deux ou trois noms. Il faudrait que j'ai un trombinoscope pour réviser avant de venir. Je me souviens de ce que les gens racontent, de leur passion pour la mer, de leurs petits-enfants, du club où ils ont appris à ramer, je ne me souviens pas de leur prénom. C'est très embarrassant.





Note
1 : octobre 2018, j'ajoute une note de bas de page : ce jour-là, il a annoncé qu'il appelait à voter Marine Le Pen aux prochaines élections présidentielles. Je l'ai appris par un sms de Matoo qui disait en substance: «Mais pourqoi ne se contente-t-il pas d'être une pd sympa de gauche?»
C'est bête, juste au moment de la parution du dernier tome des Eglogues.

Rencontre pizzaio-oulipienne

"Non" n'existe pas en japonais. Mon père avait causé une vive émotion en demandant à des Japonais si ce train allait bien à Kyoto. Il les a vus blanchir, pris entre l'angoisse de contredire un étranger et celle de le laisser se tromper.

Les Japonais voient la France comme le pays d'Edith Piaf, d'Albert Camus, bref, une France en noir et blanc qui n'existe plus. Quand ils arrivent à Paris et qu'ils voient les rues sales, le métissage, etc, c'est un choc. Ceux qui sont en groupe s'en sortent, mais pour les autres, il existe une cellule d'aide psychologique à l'ambassade. Certains d'entre eux ont créé des associations qui vont nettoyer les rues…

En arabe, il n'y a pas réellement de différence entre bon et beau et raisonnable. Traduire que quelqu'un est beau et méchant est difficile, ils ont recours à des périphrases comme "beauté diabolique".

— Comment va Michèle Grangaud?
— Pas très bien, je crois. Tiens, j'ai vu un article de son frère dans le Figaro. Il fait partie de ceux qui n'ont pas quitté l'Algérie et il ne comprend pas pourquoi tant sont partis.
— Hum? Mon père était médecin, il comprenait l'arabe, et quand il passait sur son vélo, il entendait "Ne tirez pas, c'est le marabout des protestants!" Ce n'était pas très rassurant. Il a perdu un petit frère en jouant avec une bombe dans le jardin (Est-ce que je me trompe? Comment pouvait-il être petit garçon en train de jouer, puis médecin sur son vélo? Même huit ans de guerre ne couvre pas la possibilité d'une telle évolution. Ou alors il y avait des bombes bien avant la guerre.)

Retour sur le spectacle de ce soir. Nous discutons avec Valentin Villenave, le compositeur. Nous le félicitons.
— L'okapie nous a beaucoup plu.
— J'avais noté "a la poulenca" car Poulenc était connu pour ses rythmes impossibles. Nous l'avons joué deux fois plus lentement que prévu, et je crois qu'il valait mieux qu'on lise les paroles avant.
— C'était très compréhensible. A cette vitesse-là, Jeanne [Carillon] articulait parfaitement.
— J'ai adoré Si tu t'imagines.

Et Dominique m'a amené le tome II: la princesse revient et elle n'est pas contente.

Lassitude

Ce week-end à Montpellier, j'exprimais mon apaisement à être dans une ville sans omniprésence policière, sans fouille et portique à l'entrée de l'opéra ou du musée?

Je suppose qu'on va avoir droit une fois de plus à des contrôles renforcés, des militaires dans les couloirs du RER. 1986, 1995: ça ne s'est jamais arrêté, jamais arrêté.
Et pourtant, les terroristes manquent singulièrement de gniak: ce serait si simple, un beau carnage un jour de grève, sur les quais bondés… («Ne vous séparez pas de vos bagages, signalez-nous tout paquet abandonné…»)

Enfin bon.

Coïncidence

Bon. La citation du jour était «nous sommes tous des petits Samuel»1. Au moment de l'écrire, j'ai pris conscience que ce n'était pas le moment, qu'elle serait mal interprétée vu le contexte 2.
(Mais dans quelque temps, quand on ne saura plus ce qui c'est passé le jour de ce billet, elle pourra redevenir un commentaire de la Bible, un commentaire de la vocation de Samuel).


Note:
1: signifiant que nous sommes tous appelés.
2: assassinat de trois enfants et un adulte devant une école juive à Toulouse par Mohammed Merah.

Efficacité facebookienne

— Quoi? Deux semaines de pokes et elle vient coucher chez toi, de Lorient? Alors que moi ça fait un an et demi que je poke un mec à quatre rues de chez moi??!

Einstein on the beach

Peignée avec une fourchette parce que j'ai oublié mon peigne (depuis le temps que je rêvais d'essayer: "se peigner avec une fourchette"). Failli me prendre la pomme de douche sur la tête. Heureusement que je me tiens toujours à distance prudente en attendant que l'eau chauffe.

Errances encore. Arrêt à la librairie "Les cinq continents": belle librairie thématique, partie cartes et guides, et surtout partie littérature, livres classés par pays. Passionnante.
Visité un peu par hasard la pharmacie et la chapelle d'un hospice (les dames de la Miséricorde? quelque chose comme ça.) Rue de la vieille intendance, n°9, n°3. Journal d'un voyage en France. Magnifiques façades.

Musée Fabre bien trop tard. Visite lente d'abord, puis au pas de course, puis précipitée. Pas le temps, pas le temps. Tant pis.

Einstein on the beach. C'est un ballet, en grande part. Très belle mise en scène (mise en espace?), très graphique. Performance (je veux dire: exploit) des musiciens et des chanteurs (combien de temps le violoniste joue-t-il la même chose? Quarante minutes? Comment est-il possible de ne pas tétaniser? Et je serais curieuse de comprendre comment les chanteurs réussissent à savoir à quel moment ils doivent changer de mots (après avoir répété le précédent une centaine de fois)). Obsédant et mélodique, aussi beau à l'œil qu'à l'oreille, mystérieux aussi. Sur le principe de la variation, les changements s'opèrent sous nos yeux sans qu'on les voit: mais à quel moment a-t-elle ramassé ce coquillage? Mais d'où vient ce foulard? Discours engagés aussi, qui n'ont rien perdu de leur force, de leur pertinence.

Maintenant je voudrais voir A letter to queen Victoria.

A Montpellier

Chambre jolie, conception étrange du petit déjeuner (nous laisser vendredi matin deux baguettes chacun pour l'ensemble du week-end:???)

Harira au Mogador, rue d'embouque d'or.

Cathédrale Saint-Pierre, école de médecine, jardin botanique (nous savons qu'il y a un Washingtonia, mais il n'est pas gracile, et de toute façon nous ne l'avons pas trouvé.) Larbaud, Valéry, Gide, le tombeau de la fille de Young, le Peyrou, il fait plutôt froid, une librairie de mangas. (Plus tôt, trouvé pour un euro le livre de mademoiselle Staline. Et acheté le Travers Coda du Gibert Montpellier).

Le soir, La dame en noir, pour voir Daniel Radcliffe, bien sûr (et puis les horaires correspondaient, et puis nous savions où était la salle). Par contamination on m'attribue d'autorité un billet senior. Le premier billet senior d'une longue série, à n'en pas douter.
A la fois sans intérêt et pas mal. Cela m'a évoqué vaguement Le Tour d'écrou. Radcliffe est seul à l'écran la plupart du temps.

Retournés au Mogador. Le patron, surpris en nous voyant entrer: "Vous avez oublié quelque chose? — Non, ça nous a plu, alors on revient." (Petite salle calme (le midi) et bonne cuisine marocaine). La bouteille de gris m'achève.

Vous pouvez vous recoucher

Douzième (!!) journée du sommeil.

Rendre le monde plus fou

A bas la société de consommation


Je traduis un article trouvé sur twitter:

Cette lettre a été envoyée par un grand magasin anglais d'Oxford à l'une de ses clientes:

Chère Madame Murray,

Bien que nous apprécions à leur juste valeur vos visites régulières et l'usage de votre carte de fidélité, le directeur de notre magasin envisage de vous interdire, à vous et à votre famille, l'entrée de nos magasins, à moins que votre mari cesse ses excentricités.

Vous trouverez ci-dessous une liste de ses méfaits commis durant les derniers mois, tous attestés par les caméras de surveillance:
- le 15 juin, a pris 24 boîtes de préservatifs et les a distribuées au hasard dans les caddies de clients quand ceux-ci regardaient ailleurs;
- le 2 juillet, au rayon articles ménagers, a réglé les sonneries des minuteurs de façon à ce qu'elles se déclenchent l'une après l'autre à cinq minutes d'intervalle;
- le 14 août, a déplacé un panneau "attention, sol glissant" sur une zone moquettée;
- le 4 octobre, a utilisé l'objectif d'une caméra de sécurité comme miroir pour se curer le nez;
- le 3 décembre, a parcouru tout le magasin en regardant autour de lui avec méfiance et en fredonnant audiblement le thème de "Mission impossible";
- le 18 décembre, s'est caché entre des vêtements suspendus en criant «Attrapez-moi, attrapez-moi!»;
- le 23 décembre, s'est enfermé dans une cabine d'essayage, puis a crié très fort: «Il n'y a pas de PQ ici».

Veuillez agréer nos sincères salutations,

Le directeur du magasin

Repéré par Derrick Soo


Le livre des questions (version pas très sérieuse, j'en ai peur)


J'aime beaucoup le septième livre. (Surprise de voir apparaître ici Roger-Pol Droit…) J'aime bien l'idée aussi de voir la tête de gens dans le frigo (livre 3) : 241543903(ceci est la raison (enfin, l'une des) pour laquelle j'aime les Américains: cette façon de s'amuser ensemble sans avoir besoin de savoir qu'ils ne seront pas seuls à agir ainsi, sans avoir peur du ridicule… (Et ça y est, je viens de comprendre ce que c'est qu'un "MEME".))

Mardi déprimant

Les mardis sont le pire jour de la semaine. Dans un sens, il est assez instructif d'essayer de comprendre comment le "pilotage d'un projet" a réussi à si parfaitement démotiver un groupe de personnes de bonne volonté, entreprenant et joyeux.

Si seulement on ne me posait pas de question, si seulement on me laissait traverser les réunions hebdomadaires en silence. C'est terrible ces gens qui veulent absolument votre avis, puis se mettent en colère s'il ne va pas dans leur sens. Que souhaitent-ils, une approbation formelle? Je ne sais pas faire cela, le saurais-je que je ne le ferais pas. Question d'honnêteté vis-à-vis de moi-même. «Romantisme!», comme disait X plus ou moins en forme d'insulte.

Pour le reste la situation est curieuse: mon entreprise est en vente, le groupe qui la possède ne donne aucun renseignement à la direction générale, mon patron, qui en fait partie, est vexé comme un pou et (de ce fait?) fait un déni de la vente («SI l'on est vendu, répond-il à mes objections dans le cadre du projet. Mais si on ne l'est pas?»), on apprend par la presse la ''short-list'' des repreneurs éventuels, puis quelques jours plus tard la proposition du management d'une solution indépendante (comprendre: un montage financier avec quelques grosses sociétés de réassurance qui éviterait de faire disparaître notre enseigne du marché).

Ce matin au café je discutais avec un salarié embauché en 1981, un autre en 1983:
— Un jour on a vu arriver Attali à la cafeteria: «Je peux payer un café en liquide? — Ah non, il faut des tickets. — Et comment on achète des tickets? — Mmm, la vente, c'est le lundi.» Après il en faisait acheter par sa secrétaire, il venait de temps en temps. A l'époque, les directeurs faisaient le tour des bureaux le matin.
— Et l'on touchait chaque année une dotation pour une blouse… Aux archives, j'avais une blouse et deux paires d'espadrilles.

J'aime bien les entreprises. «Rien de ce qui est humain ne m'est étranger», ou plutôt tout ce qui est humain m'intéresse.

Evidemment, c'est tout un ensemble!

«Le père de Lubac (jésuite) fait partie de ceux qui pensent qu'il faut tenir la contradiction.» (entendu il y a quelques semaines (2012), remémoré hier à la faveur d'un extrait des Nouveaux paradoxes).

"Faut-il résoudre la contradiction?" est un sujet de dissertation de philosophie que j'avais eu à traiter en 1985 à l'issue d'un cours sur la Phénoménologie de l'esprit.
Plus tard, (1997), j'ai découvert que la professeur de philo auteur de ce sujet intervenait au centre Sèvres, faculté jésuite de Paris (c'est d'ailleurs à cette occasion que j'ai rencontré Hervé Legrand, cf billet de la semaine dernière) (et donc j'ai compris hier un angle d'attaque possible du sujet).
Cette professeur nous faisait étudier Ricœur…

Ces quelques lignes sont destinées à ceux qui pensent que je me disperse: c'est peut-être vrai, mais de mon point de vue, je fais l'inverse: je rassemble, je noue et renoue les fils, je tente de faire apparaître des motifs dans les fils épars.

Difficile adaptation

Cours le matin (en retard, en retard), "confesse" (comme on disait en prépa) l'après-midi (c'est assez drôle, quand on y pense (mal à l'aise, impression d'avoir cabotiné)), La taupe ensuite (très bien. J'avais peur de ne rien comprendre, mais très bien, juste assez peu bavard pour qu'il reste de l'indécidable).

Atmosphère détestable quand je rentre, je sens que les week-ends de mars vont être durs. (L'agenda se charge. Combien de personnes à table au repas suivant, combien de personnes à dormir à la maison, ça varie tout le temps, au gré du sport, des scouts, des films, de l'oulipo, des rendez-vous professionnels, j'aime bien ce tranquille va-et-vient, les gens qui se croisent sans obligation, H. ne supporte pas ça, il est si peu à la maison qu'il faudrait que tous soient là quand il est là.)

Retour

Dure reprise. Je perds mon temps une partie de la matinée, l'après-midi est plus active, j'ai un peu peur d'avoir trop parlé (trop dit la vérité: d'un autre côté, on risque bientôt de me reprocher un "malheur" (comprendre: dysfonctionnement) que les équipes elles-mêmes auront mis en place malgré nos recommandations inverses. C'est drôle, la mécanique humaine. Etrange à observer. Quand je m'ennuie trop en réunion, ou que l'illogisme de tout cela m'entraîne vers l'exaspération, je me dis que je devrais juste décrire, décrire, juste peindre).

RV au Saint Eustache avec Hervé et un de ses collaborateurs.

Ce qui vient avant, c'est la poule.

J'erre à la Procure (je voulais voir si par hasard ils auraient Soi-même comme un autre en grand format tant le poche est calamiteux (pas de marge: comment voulez-vous lire un livre sans marge?)

Je feuillette quelques pages d'une revue, Les cahiers Croire, je ne sais plus lequel, "Le courage" ou "La fragilité", et à propos de l'estime de soi je tombe sur cette historiette décrivant un dessin:

Un poussin regarde autour de lui d'un air étonné. Il est entouré des morceaux de la coquille qu'il vient de briser. Une poule le regarde, mi-sévère, mi-bienveillante:
— Tu as vu ce que tu as fait ?


Tour prend pion en D9 avec Jérémy. J'ai enfin compris pourquoi je confonds la rue de Tournon et la rue de Seine: l'une finit où l'autre commence. Trouvé un atlas des religions chrétiennes en bibliothèque. Je n'aurais jamais pensé que c'était si compliqué.

Aération des préjugés

Les 50 ans de Vatican II.

— Où étiez-vous le 11 octobre 1962 ?

La question est revenue comme une antienne, les réponses ont été variées, plutôt drôles. Ce qui me fait rire, c'est de contacter le décalage entre mes préjugés et la "réalité" (enfin, réalité? une autre manière d'envisager les choses). Pour moi, Vatican II était quelque chose d'un peu zazou, hippie (une participant dira drôlement: «Soyons clair: Vatican II N'EST PAS responsable de mai 68», et c'était drôle, tant tout ce qui avait été dit avant le prouvait (l'ecclésiologie, la réforme de la liturgie, l'étude biblique, le subsistit (beaucoup aimé le subsistit),…); il se contentait de se moquer ou de se défendre d'un préjugé de société que sans doute personne ne partageait dans la salle — sauf moi, vaguement: la fin du latin, de l'autorité, de la pudeur et de la retenue, etc, etc?)

Hervé Legrand intervient en fin de journée. C'est pour lui, c'est à cause de son nom, que je suis venue: quinze ans après, 1997 peut-être, en mars c'est sûr. C'était aux Fontaines, le centre jésuite vendu depuis à Cap Gemini, je crois.

Déjeuner au O'Neil dont j'ai le plaisir de constater qu'il a bien tourné: c'était un lieu bruyant, plutôt touristique, attractif, c'est devenu un restaurant de quartier, calme, bienveillant, au service rapide et à la musique discrète (du jazz, principalement).

Le soir, la Russie au Centre Sèvres avec Patrick. Chronologie de la résistance d'une certaine classe de la population qui s'appuie sur le droit et l'humour pour contrer ce qu'elle désapprouve.

Une semaine

Lundi je récupère un billet de concert chez Zvezdo (merci Zvezdo!).

Mardi je vais au concert. Matthias Goerne chante Le Voyage d'hiver. Formidable puissance d'évocation, petit piétinement comme s'il prenait son élan avant de se lancer dans une phrase particulièrement puissante.

Mercredi je mange dans un bouiboui turc avec R. après un épisode bruyant dans un taxi conduit par un noir (c'est le noir qui était bruyant, nous avons cru qu'il ne se tairait pas).
— Je finis par être inquiète sur mon compte. Tu crois que c'est normal que je me fâche avec tout le monde?
Il rit: — Il faut dire que tu es particulièrement éruptive.
Une heure après être rentrée de chez sa grand-mère, ma fille est embauchée pour aller faire du cat-sitting chez une amie pendant trois jours.

Jeudi je bois un litre et demie de Guinness avec JM. Silence de la maison quand je rentre, je suis seule, la maison est bien trop grande.

Vendredi cruchons. Nous sommes sans doute repassés sur les mêmes fils, mais cette fois-ci j'ai tout démêlé de façon certaine et irréversible.

Samedi je suis censée écrire une dissertation. Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à m'obliger à écrire un mot après l'autre. Gare de Lyon à 18h49. (O. rentre de colonie de ski).

Dimanche. Chocolat et charcuterie. Ça y est, je me souviens des ennemis (ou amis) du cholestérol. Toujours pas écrit la dissertation. Columbo.

Il faut que j'écrive chaque jour. C'est une erreur d'arrêter. C'est tellement tentant de ne pas avoir de sommeil en retard.
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