Traductions

— Ça veut dire quoi, AD ? BC, before Christ, mais AD? After what ?
(H google vite fait): — Anno Dominum. Ou plus exactement Anno Domini Nostri Jesu Christi, en l'année de notre Seigneur Jésus-Christ.
— Damned! Et AM? je pense toujours Post Midnight, mais ça n'a pas de sens, Post Noon, mais c'est un N.
(Googlage): — Ante Meridiem, Post Meridiem.
— Du latin?!! Les Américains sont au courant?

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— Non mais ça suffit! Digital, ça ne vient pas de doigt, ça vient de digit, nombre. Digital, c'est numérique, en français.

Et je pense à the phony war, la fausse guerre, la guerre pour de faux, devenue the funny war aux oreilles françaises, la drôle de guerre, ce qui étrangement n'était pas si loin du sens, de même que digital/doigt a un sens, même si c'est un coup de chance.

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Au petit déjeuner à l'hôtel à Paris hier matin, H. traduit gentiment pour le barman (barista, un mot étranger pour un autre) perdu devant ma commande d'un café au lait:
— Un latte, please.


Et j'aime ce mélange, cet espagnol, cet italien et cet anglais dans notre ville française, cette bonne volonté de chercher à se comprendre. Souvent je songe à la question de David Bellos (dans Le poisson et le bananier): «Quelle langue parlait Christophe Collomb avec les indiens?»

En retard, en retard

En rentrant (tôt, j’ai coiffeur) du boulot, je découvre un tweet de souris qui fait de la pub à mon billet du 7 avril.

Et je me dis que je devrais me remettre à écrire régulièrement, ou plus régulièrement.

Mon problème est un problème d’horaire: le train serait idéal mais je n’ai pas de connexion internet (pas de 4G avec free dans la forêt puis les champs), le midi j’aurais une demi-heure et c’est trop court (j’écris lentement d’une part; d’autre part j'ai souvent quelque chose à écrire "avant": si j'écris un billet qui fait référence à un événement survenu auparavant et que le billet correspondant à cet événement n'existe pas, il faut en bonne logique écrire celui-ci d'abord. Je me retrouve avec trois ou quatre billets à écrire au lieu d'un, et c'est ainsi que très sûrement le retard engendre le retard. Il y faudrait une discipline de fer que je suis loin de posséder.)

Certains d'entre vous ont d'ailleurs peut-être remarqué que je tague mes billets du jours de leur écriture, ce qui permet de s'apercevoir que plusieurs billets éloignés dans le temps sont écrits le même jour, enchaînés. Leur écriture laisse une trace dans le temps (et dans l'espace: positionner les billets le jours de l'événement et non le jour de leur écriture est pour moi un positionnement spatial plus que temporel, spatial dans le calendrier de la marge du blog, dans la longue chaîne des archives du blog), mais évidemment, un billet écrit plusieurs jours, semaines ou mois après ne raconte pas la même chose, entre ce qu'il a oublié, les conséquences désormais connues de l'événement relaté et l'érosion des affects.

Il faut que j'essaie d'écrire hors ligne pour poster lorsque le train atteint les zones urbaines.
Le genre de résolution qui dure trois jours.

Citizen M

Comme prévu il y a deux jours, nous nous retrouvons au Citizen M de gare de Lyon, dans cette chaîne d'hôtels découverte à Amsterdam il y a quatre ans. La chambre est large de la longueur du lit, elle me donne l'impression d'une cabine de bateau, mais avec un tel parti pris de design que l'on en oublie la taille de la pièce. De vrais livres (Catherine Cusset), une tablette Apple pour commander la télé et la couleur de la lumière de la douche… En un mot c'est amusant.

Nous ressortons chercher un restaurant et errons avant de nous attabler — toujours en terrasse — à La table du Loup rue traversière, taverne spécialisée dans le rhum.
Derrière nous une tablée d'avocats a des conversations d'avocats avec cependant une certaine vulgarité qui nous fait hésiter un moment à accepter l'idée que ce sont des avocats.

Adresse recommandée. Gin anisé et frites de patates douces, pain perdu.

Une poutre, des mesures et une sortie encadrée

Télétravail. Paradoxalement je commence plus tard ces jours-là, le temps d'acheter les croissants et de prendre le petit déjeuner avec H.

J'accueille les jardiniers qui viennent remplacer la poutre. Il pleut. Découpe du bois sous le parasol pour protéger l'établi et la scie sauteuse. Maçons et menuisiers, ce sont des jardiniers au sens très large.

Café, bière, reprise des cotes pour établir le plan de la cabane (abri à outils, abri à vélo) à construire, deux mètres sur deux, un toit en tuiles (obligatoire dans cette commune historique) impose une pente de toit plus forte, nous avons la contrainte de la porte de l'armoire électrique dont le vantail doit s'ouvrir dans la cabane.
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Le soir, sortie en huit encadrée par Pascal, ex-entraîneur du bataillon de Joinville, aujourd'hui à la retraite. Il ne viendrait pas souvent ramer au club car il y aurait du tirage avec le comité directeur (avec qui tout le monde a l'air de s'engueuler: mais dans ce cas, comment est-il élu? Je ne comprends pas), mais Sybille l'a convaincu de venir nous encadrer au Creusot.

Il commence par faire un debriefing autour du bateau et rappelle les bases, genre: il faut être assis sur ses deux fesses, bien équilibré. Tous ses conseils seront de ce niveau, très généraux; mais avec le recul, je sais désormais que ces généralités1 sont réellement la clé de toute activité. Elles paraissent plates, inutiles, on voudrait une remarque in-ouïe, quelque chose de rare — mais il n'y a rien que du très connu, à prendre très au sérieux et que l'on néglige.

Cette fois je passe à babord (la rame unique à droite par rapport à moi, à gauche (selon la règle) par rapport au barreur). Il faut que je trouve mon côté et que je me spécialise (chez moi ce n'est pas très marqué, chez d'autres c'est immédiat, un peu comme le revers à deux mains au tennis: certaines personnes sont intrinsèquement babord ou tribord).

Ciel dégagé, soleil. Grégoire dans le canot moteur passe toute la sortie à nous filmer. A la fin de la sortie, revenu sur terre, debriefing mi-figue mi-raisin de Pascal qui ne désigne personne: «certains auraient intérêt à faire d'autres bateaux, du quatre par exemple, pour être mieux informés de ce qui se passe. Il faut beaucoup ramer ensemble».

Bref, si je décrypte bien, nous ne sommes pas au niveau.
D'un autre côté, nous ne sommes que des loisirs, what did he expect?



Note
1 : comme Eric en aïkido «au début on te dit que tout est affaire de transfert d'énergie, et toi tu veux juste connaître les gestes, puis plus le temps passe plus tu te rends compte que c'est vrai» ou Hervé à propos d'informatique: «en informatique tu passes ton temps à échanger du temps contre de l'espace, de l'espace contre du temps» ou dans mes activités «il faut et il suffit de lire» (combien de fois je me suis dit «si seulement j'avais lu ça plus tôt»).

Un arc-en-ciel

Comme souvent quand nous avons la flemme, nous sortons déjeuner ou dîner "en ville", à deux pas de chez nous.

Ce soir, crêperie, dehors, car H. refuse toutes les fois que c'est possible (c'est à dire toujours) de s'enfermer entre quatre murs avec des étrangers. Je n'y pense plus, mais lui pense encore au virus.

Et donc malgré le vent, nous nous installons en terrasse entre deux averses, ce qui nous permet de contempler un arc-en-ciel digne d'une pub pour Moret.

Arc-en-ceil au dessus de la porte de Samois à Moret sur Loing



H. est ennuyé: sa mère vient passer une visite de contrôle à Garches vendredi et son père lui demande de lui rendre visite, sans se rendre compte que c'est cent soixante kilomètres aller-retour dans la circulation parisienne, ou trois heures de transport en commun.

— Tu es à Bois-Colombes la veille? Reste sur place, dors à l'hôtel.
Et c'est ainsi que nous décidons de rester jeudi soir tous les deux à Paris, dans un hôtel gare de Lyon.

Matriochkas répertoires

Ce n'est pas le titre d'une pièce de musique russe.

J'ai entrepris de mettre de l'ordre dans le répertoire partagé de l'équipe.

En réalité il est bien peu partagé: chacun s'est créé un dossier à son nom dans lequel il copie ce dont il se sert le plus souvent. C'est un peu comme si chaque cuisinier venait piocher ses recettes dans le répertoire commun pour le mettre dans son dossier. Cela a trois inconvénients immédiats: d'une part chaque recette est copiée plusieurs fois ce qui fait gonfler la taille du répertoire partagé, d'autre part chaque recette diverge peu à peu au fur à mesure du temps puisque chacun la modifie insensiblement (il ne s'agit pas de recettes, n'est-ce pas, mais de modèles de lettres et de procédures); enfin, et c'est sans doute ce qui m'ennuie le plus, les meilleures modifications ne sont pas partagées (les meilleures tournures, l'adaptation aux cas nouvellement rencontrés).

J'ai donc entrepris de passer avec chacun pour faire disparaître leur nom ou prénom du répertoire partagé et redistribuer leurs fichiers soit dans des répertoires thématiques (du genre soupes, gibier, entrées, etc), soit de récupérer les documents personnels chez eux (car ils sont si candides qu'ils laissent tout traîner, des copies de livrets de famille, de dossiers de retraite, etc).

Aujourd'hui j'ai travaillé avec Denis. Denis a créé sur le répertoire partagé le dossier DENIS, dans lequel il a créé le dossier «sauvegarde Denis» dans lequel il a créé un dossier DENIS dans lequel il a créé un dossier DENIS.
Et dans chacun de ces quatre dossiers imbriqués on retrouve les mêmes dossiers et les mêmes fichiers: je suppose que comme il maîtrise mal l'arborescence des répertoires, il ne retrouvait pas ce qu'il venait de copier/coller et il le recollait sous un DENIS au petit bonheur la chance. (NB: je ne lui en veux pas, ces salariés ont sans doute hérité d'ordinateurs sans jamais avoir une formation.)

Le pompon, c'est tout de même ces documents intouchés depuis… 1998.
— Ils sont vraiment utiles ? Ils n'existent pas ailleurs?
Il ouvre le fichier, le lit, réfléchit, donne son verdict. Si nous le gardons, je le fais sauvegarder en version .docx ou xlsx.
Nous avons considérablement allégé l'ensemble.

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Bon, avouons qu'aujourd'hui j'ai proclamé «j'arrive plus à me connecter sur outlook» alors que j'avais tout bonnement oublié d'allumer un de mes écrans et que la-dite fenêtre Outlook s'ouvrait justement sur cet écran (donc restait invisible).
Quand j'ai compris l'origine du problème, je me suis contentée d'un sobre «C'est bon, ça remarche».

Petits problèmes qui occupent

- Panne informatique : une mise à jour a été lancée hier après-midi alors qu'elle devait tourner ce week-end quand tous les postes seraient inutilisés. Elle s'est donc lancée pendant que les gens travaillaient et tout a planté. Nous n'avons pu commencé à travailler qu'à onze heures.

- En voulant mettre une cale sous une armoire à dossiers, nous avons fait tomber l'armoire qui y était adossée et tous les dossiers qu'elle contenait. Heureusement que personne ne passait devant à ce moment-là.

- J'ai craqué et dit sèchement au «manager de transition» d'arrêter d'insulter les gens au téléphone. Cela fait des semaines que je l'entends être odieux avec des personnes de divers organismes administratifs (— Je ne suis pas insultant, je n'utilise pas d'insultes. — La prochaine fois je t'enregistre. Et arrête de reprocher aux gens de ne pas savoir chercher dans leurs mails alors que tu ne sais pas le faire toi-même).
La nouvelle responsable comptable et l'informaticien bouche bée m'ont regardée sortir de son bureau (j'avais parlé très bas, hurlé très bas).

- Train de 17h20. C'est la première fois que je prends un train si tôt. J'ai essayé une robe orange qui m'allait horriblement mal.

Sodome et Gomorrhe

Ligne 1, 7 heures.
Je ne connaissais pas cette couverture, subtilement en rappel de la robe de la lectrice.

femme lisant Proust sur la ligne 1


Un huit ça casse

«Un huit ne se retourne pas, ça casse»: c'est ce que nous avait dit un jour une compétitrice à Melun, alors que nous préparions à quitter le ponton.

Belle sortie ce soir, dans le soleil déclinant entre six et huit heures. Il fait chaud de façon supportable.


Le bateau n'est pas plat, à chaque coup il nous berce de babord à tribord, de tribord à babord. Cela traduit de multiples fautes de main, de changement dans les hauteurs de main sur le retour (durant la passée dans l'air, le moment le plus délicat).
La difficulté pour se corriger, c'est que chacun dépend des autres. Comme en plus de nos défauts nous compensons chacun plus ou moins consciemment les défauts des autres, si un rameur essaie de se corriger tandis que les autres ne sont pas prévenus, les compensations devenues inutiles aggravent le déséquilibre. C'est pour cela que pour corriger un défaut il faut de la patience les uns envers les autres et l'acceptation que toute correction commencera par rendre les choses pires.

Retour. Exercices. Nous croisons deux péniches montantes qui paraissent très pressées: veulent-elles arriver à l'écluse avant la fermeture? Les vagues sont énormes mais nous leur sommes parfaitement parallèles et nous n'embarquons aucune eau: fluctuat nec mergitur.

Sauf que nous, à l'arrière (je suis au six), nous entendons un dialogue confus qui parle de bateau fissuré. Un huit se découpe en deux parties pour être transportable en remorque (un tiers deux tiers ou moitié moitié); suite à la force des vagues le nôtre prend l'eau au niveau de la jointure. Nous entendons les ordres de JP: «Desserrez vos chaussures. Préparez vous psychologiquement à passer à l'eau.»

Nous rentrons lentement en demi coulisse.
Nous croisons deux autres péniches.
Nous n'avons pas coulé.

Reconversion fonctionnaire

Conversation dans l'openspace durant la pause déjeuner (il faut savoir que la moitié de mon équipe sont des fonctionnaires détachés de plus de soixante ans):

Françoise: — De toute façon on va disparaître, on va fusionner.
Hugues: — Mais c'est pas graaave. On ouvrira une maison close.
Danielle: — Moi je veux bien être la patrone.
Alice: — Ah oui, je t'imagine très bien derrière la caisse.
Françoise: — Mais moi j'vous préviens, j'veux pas faire les pipes. Je ferai pas les pipes.

Godot

6h52, gare de Lyon

homme allongé gare deLyon en train de lire

Les antivax: crétins ou négationistes? ou les deux?

Je découvre avec stupéfaction que les antivax comparent leur sort à celui des juifs sous le nazisme.
Je n'ai pas de mots.

Portail d'Auschwitz avec «le travail vous rendra libre
source: Sarah Benichou.


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Avant d'exposer leur abjection, ils exposaient leur crétinisme.

Je reprends le dessin et le commentaire d'Hervérifie, parce que comme lui, j'aime bien le hamster doré (et je déteste Dupont-Aignan):

comparaison entre les tests sur le vaccin et les tests sur l'ivermectine, l'ivermectine étant préféré au vaccin par Nicolas Dupont-Aignan

🌴 Aloha 🥥
🧠 Je citerai ici Thomas C Durand, de la fabuleuse La Tronche en Biais, qui par sa prose mythique m’a inspiré cette infographie : 💬 « (…) Les mêmes personnes qui veulent se fier à un papier sur 18 hamsters sorti avant hier sont promptes à juger que les milliards d'injections et la stricte pharmacovigilance des 7 derniers mois sont insuffisantes pour recommander la vaccination. Leur manque de logique est visible depuis l'espace (…) »

🐹 Et puis ça m’a surtout vachement donné envie de dessiner un hamster, à défaut d’un mouton 🤗
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🧠 Ici, je ne parle même pas des multiples études « en vie réelle » (sur des centaines de milliers de personnes, dans de nombreux pays, vs contrôles) qui ont sans aucune ambiguïté démontré la redoutable efficacité et le rapport bénéfice/risque écrasant de ces vaccins, et notamment des deux vaccins à ARNm, contre :
✔︎ Les symptômes (comme l’étude de Pasteur)
✔︎ Les hospitalisations
✔︎ Les formes graves
✔︎ Les admissions en réa
✔︎ Les décès
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🧠 Pourquoi ne pas avoir parlé de cela?
❶ Parce que la première citation de M. Dupont-Aignan remonte au mois de décembre et concernait le vaccin Pfizer, alors qu’il n’avait à disposition « que » l’essai de phase 3 dont je parle ici.
❷ Parce que nos pauvres petits rongeurs sont à peine visibles ici, imaginez si j’avais dû les comparer à plusieurs centaines de milliers d’humains…
❸ Parce que mon logiciel de dessin vectoriel, chose incroyable, plante lamentablement et systématiquement quand je dépasse les 40 000 petits bonhommes verts… Alors en coller des centaines de millier, ou même des milliards… Bref, j’ai dû exporter un PNG aplati pour finaliser l’image.

⚠️ Le « raisonnement » de M. Dupont-Aignan (et Philippot, et Asselineau, et toute cette clique de charlots) fait donc planter un iPad 12.9’’ 😳
➜ C’est dire la magnitude de WTF qui anime ces gougnafiers.

Quatre de filles

Bernadette, S., N., moi. Je ne sais pas comment nous nous sommes retrouvées avec le quatre de pointe: les deux quatre de couple ont été squattés avant que nous ayons le temps de réagir et nous nous sommes retrouvées avec ce bateau présenté comme un cadeau, mais en réalité un cadeau empoisonné.

Nous avons échoué.
Il y a une grande amitié et beaucoup de respect entre nous. Nous venons de faire l'expérience que cela ne suffit pas et peut même être contre-productif, dans la mesure où cela nous a empêché d'oser, empêché d'insister quand nous nous sommes aperçu qu'il n'y avait pas d'équilibre.

Nous avons fait une première erreur qui a été de mettre Bernadette à la nage alors qu'elle n'en avait pas envie, qu'elle ne se sentait pas à l'aise (mais cela paraissait naturel: «la plus âgée dans le grade le plus élevé», celle qui a fait le plus de compétition). Nous sommes revenues au ponton et N. a pris sa place. Nous avons laissé S. au quatre car elle tenait la barre de façon très fluide.

Mais cela ne fonctionnait pas davantage. Plus tard j'ai regretté de ne pas avoir pris la nage. Certes je n'ai pas fait beaucoup de pointe, mais j'ai l'expérience de la nage et surtout, je m'en fiche que ce ne soit pas parfait, je sais qu'il faut des kilomètres et des kilomètres pour que ce soit parfait. Il faut ramer, se taire, progresser.

Nous avions un désir trop grand d'un bateau trop parfait, un désir trop grand d'une osmose immédiate.
Le miracle n'a pas eu lieu.

Repassage

Il a fais beau trois jours fin mars et quelques jours mi-juin. A part ces deux épisodes, il fait gris, il pleut, parfois il ferait presque froid.
Je ne le dis pas trop fort mais ça m'arrange parce que j'ai la hantise de la chaleur sur l'eau. Je préfère un temps frais sans vent. La bruine ne me gêne pas.

Cependant nous avons dépassé mi-juillet et il devient de plus en plus probable qu'il fasse chaud à un moment donné. J'ai l'obsession de finir mon repassage avant la chaleur car le dernier étage est totalement inutilisable dès qu'il fait 25 dehors: l'atmosphère passe à 32 et ne redescend plus.

Je passe donc mon samedi après-midi à repasser devant Clan sur Arte. Je n'ai pas repassé depuis le 2 juin au moins; en témoigne la chemisette rose achetée au retour de l'enterrement de René dans la corbeille de repassage. (La bande de boutonnage était salie, la vendeuse nous a fait un prix, la chemisette n'a encore jamais été portée.)

Clan est un peu lent, chaque épisode fait avancer l'intrigue sur un plan, c'est très bien fait, irréaliste et amusant. Le beau-frère odieux s'appelle Jean-Claude, ce qui permet un jeu de mot en flamand pour l'appeler «La couille».
Comme toujours je souris en voyant les téléphones à clapet: 2008, un autre monde.

Cosmos 99

Mon coiffeur m'a ratée.

J'ai fait couper mes cheveux plus court (j'attends encore qu'il fasse chaud, même si rien ne corrobore cet espoir et cette crainte), il a choucrouté le tout et ça ne me va pas du tout. Ou ça ne me plaît pas, ce qui revient au même.

H. est ambigu. Dans un sens il me contemple avec réprobation, dans l'autre il me dit que je ressemble à Barbara Bain, ce qui n'est pas si mal.

Désormais il chantonne la musique de Cosmos 99 chaque fois qu'il me voit.

Déluge

Comme souvent, H. regarde les news sur son téléphone avant de dormir.

— Inondations en Allemagne. Quarante-cinq morts.
— Comment ça, quarante-cinq morts?
— Ben je ne sais pas.
— Qu'est-ce qui se passe? Une inondation, c'est un ou deux morts, pas quarante-cinq. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Une vraie catastrophe en Allemagne et en Belgique. Glissements de terrain et inondations.

Variant delta

Le "variant delta" (variant indien qu'il ne faut plus appeler indien) fait rage (très contagieux), même s'il fait moins de morts du fait de la vaccination.

Hier, pendant notre virée à Dordives, Macron a annoncé de nouvelles mesures. Au bureau, fatalistes, ils se voient tous reconfinés à l'automne.

Je copie-colle les mesures annoncées car j'ai perdu les dates des étapes précédentes, le déconfinement progressif, les terrasses puis le couvre-feu en deux temps puis l'intérieur des restaurants, les cinémas, puis le masque en extérieur...

La vaccination sera ainsi rendue obligatoire pour les personnels soignants et non-soignants des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite, des établissements pour personnes en situation de handicap, pour tous les professionnels ou bénévoles qui travaillent au contact des personnes âgées ou fragiles, y compris à domicile.

À partir du 15 septembre, des contrôles seront opérés, et des sanctions seront prises.

En complément de la vaccination, de nouvelles mesures vont être mises en place pour freiner le virus :

➜ Depuis le 12 juillet, les contrôles aux frontières sont renforcés.

➜ Dès le 21 juillet, le pass sanitaire sera étendu aux lieux de loisirs et de culture.

➜ À partir du mois d'août, le pass sanitaire s'appliquera dans les cafés, les restaurants, les centres commerciaux, ainsi que dans les hôpitaux, les maisons de retraites, les établissements médico-sociaux et dans les transports de longue distance.

➜ À l'automne, les tests PCR seront rendus payants, sauf prescription médicale et ceci afin d'encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests.
Le pass sanitaire était déjà en place à la philharmonie. Je serai considérée immunisée le 21 juillet.

Je perds complètement la notion du temps. J'ai trouvé ce récapitulatif du confinement et couvre-feu département par département.
Seine et Marne (en Essonne jusqu'à Noël, mais c'est identique)
Au 20 juin 2021, dans le département de Seine-et-Marne, vous avez passé 4 mois et 25 jours sous confinement. Il y a d’abord eu un premier confinement très strict au printemps 2020, puis un deuxième plus allégé à l’automne et enfin un troisième confinement avec davantage de dérogations au printemps 2021. Ce n’est pas tout : vous avez aussi dû respecter, hors période de confinement, un couvre-feu pendant 5 mois et 7 jours. Durant cette période, l’horaire du couvre-feu a changé à de nombreuses reprises. Il est passé à 21 heures à partir du 19 mai, puis à 23 heures le 9 juin, pour être complètement supprimé au 20 juin.

Un kebab à Dordives

Pour une fois j'arrive à partir avant six heures. Train de 18h07, je sors mon portable, classe mes photos, trie mes mails, consulte le calendrier. Le train ralentit en vue de Moret; je me lève, pose mon téléphone sur le siège, mon livre sur le téléphone; je range mon ordinateur, j'enfile ma petite laine, ramasse mes affaires, endosse mon sac à dos et sors sur le quai.

Je marche quelques mètres, m'apprête à reprendre mon téléphone pour terminer ma partie de Candycrush en marchant.
Pas de téléphone.
A la main mon livre, je revis la sensation du moment où j'ai ramassé mes affaires sur le siège: il faut se rendre à l'évidence, j'y ai laissé mon téléphone. Mon cœur se dérobe, et mer**, après me l'être fait voler en octobre, voilà que je l'oublie en juillet, ça fait beaucoup de téléphones.
«Zut, il faut que j'appelle H.» est ma première pensée.
«Ah mais non, je n'ai pas de téléphone», ma deuxième.

Je rentre, H. déclenche le mode perdu sur mon portabe et indique son propre numéro en contact: si par hasard quelqu'un d'honnête le ramasse, il pourra nous appeler. L'appli Apple nous permet de visualiser mon téléphone qui s'éloigne vers Nemours, il est toujours dans le train.

— Tu ne devais pas dégager l'étagère pour donner accès à la chaudière? (Demain passent un spécialiste de la marque après le dépannage en urgence par un plombier lundi dernier).
— Ah oui, c'est vrai.

Il faut trouver de la place, au sec, pour des pioche, pelle, balai, karcher, barre à mine, hache. Une partie va derrière la machine à laver, les trousses à outils très lourdes sont empilées dans le dressing, la rallonge électrique montée au dernier étage.

Le portable de H. sonne. Mon portable a été retrouvé. L'homme providentiel propose de le rapporter à Moret demain. Je trouve étrange que ce soit lui qui le rapporte et non moi qui me dérange, mais H. dit d'accord.
Il raccroche. Nous continuons à déménager: les bâches, les pompes à vélo, les sécateurs, mais pourquoi avons-nous tout ça, nous ne nous en servirons jamais. Le téléphone sonne. L'homme a changé d'avis, il propose un rendez-vous à Montereau demain vers 11 heures. H. accepte.
— Mais à quelle heure passe le fumiste?
Ah zut, H. n'y avait pas pensé. Il rappelle à son tour, propose que nous venions tout de suite: l'adresse est à Dordives. Nous attrapons une bouteille de champagne (ça vaut bien ça, je suis soulagée mais n'ose pas encore y croire tout à fait) et traversons la forêt, Waze nous fait passer par de magnifiques routes de campagne, c'est long, l'homme nous rappelle, «nous sommes à trois kilomètres, nous arrivons tout de suite». C'est moi qui ai décroché, il a une voix faible, épuisée, j'imagine un travailleur pressé de se coucher.

Nous arrivons à Dordives, l'adresse est le long de la Nationale (ex-Nationale), une silhouette attend devant un portail.
L'homme est en fait un adolescent, quatorze ans peut-être, intimidé, muet. La tête de sa mère, jeune elle aussi, apparaît au portail, souriante. Je comprends mieux les coups de fil successifs, sa mère a dû lui dire «ce n'est pas à toi de te déplacer», puis «ça va durer longtemps? Il faut que tu ailles au lit». Nous échangeons quelques mots, je récupère mon téléphone, je tends la bouteille de champagne. Il la prend sans rien dire.
Le portail se referme et tandis que nous montons dans la voiture, nous entendons un cri de joie: le champagne était une bonne idée.

Neuf heures vingt. C'était bien la peine de quitter tôt le bureau. Nous dînons d'un mauvais kebab à Dordives.

Taire ses doutes

Aujourd'hui nous avons fait le quatre auquel je n'ose croire.

Sybille: — On fait un quatre avec Alice?
JP: — Flore ne vient pas d'arriver?
Sybille, un peu moins fort: — J'ai envie d'essayer avec Alice.

C'est donc mon examen ou mon concours d'entrée. Je sais que je suis la moins costaud, la moins aguerrie — pas forcément la moins technique, au moins en connaissances théoriques.
Quatre. J'imagine qu'être musicien et se trouver soudain en quatuor présente la même expérience: chacun sait ce qu'il a à faire, chacun connaît les règles, mais est-ce que l'ensemble va fonctionner? L'ensemble va-t-il être ensemble?

Sortie merveilleuse. Retour maîtrisé (recovery en anglais, récupération), concentration, un minimum de mots échangé. Nous montons jusqu'à Champagne (sept kilomètres). JP grommelle, le bateau vrille, la poussée n'est pas équivalente des deux côtés (je suis loin d'avoir des sensations aussi fines. J'ai juste remarqué avec surprise qu'il plumait).

Et là, toujours la question: est-ce que c'est de ma faute?
Mais je ne la formule pas. Autrefois je l'aurais formulée. Aujourd'hui je m'interdis de le faire. J'ai enfin compris que la réassurance que l'on recherche n'est jamais donnée. Bien pire, à ce genre de question l'interlocuteur répond oui in petto. Une seconde avant il n'en avait aucune idée — et peut-être se posait-il la même question à propos de lui-même — une seconde après il connaît enfin le responsable.

Nous redescendons. Exercices variés, coordination parfaite, grande attention. En sortant du bateau je suis heureuse, mais je ne sais pas ce que les autres en ont pensé. SE a l'air aussi satisfaite que moi.
Personne ne me dit rien. Evidemment, moi je l'ai vu comme un examen, mais pas eux.
Ne pas poser la question Est-ce que c'était bien?, sous-entendu Est-ce que j'étais bien?: ne pas prendre le risque de faire réfléchir, évaluer, ne pas montrer mon sentiment d'infériorité.
Ne rien dire. Attendre.
On verra bien s'ils me le reproposent.

Le monde d'après

J'apprends ce soir que Matoo quitte Paris.

Désormais je croirai les journaux et les études sociologiques qui proclament que la pandémie et le confinement ont transformé les gens: ça alors! Car comme le dit Garfield en commentaire, jamais je n'y aurais cru.

(Et pourtant, à bien y réfléchir, c'est la suite logique de tous ces billets sur la Bretagne.)

Bien dégagé autour des oreilles

Ce matin je suis partie ramer en sachant que le petit jardinier (c'est son nom) passait tailler la glycine.

C'est le jardinier de Yerres. A notre grand bonheur il a accepté de venir bien que ce soit loin de chez lui — à notre grand bonheur, parce qu'il a une imagination débordante et fait bien plus que planter et couper — or nous savons ce que nous voulons dans le jardin (moi des fleurs, H. une cabane pour ses outils et des herbes aromatiques) mais nous ne savons pas du tout comment nous y prendre.

En arrivant à midi, j'ai eu le souffle coupé: pour tailler, il a taillé! Côté rue, les glycines sont taillées à l'aplomb du mur et ne débordent plus (elles empiétaient de cinquante à soixante centimètres en une grosse masse joyeuse), la poutre au-dessus du portail a été dégagée alors que les glycines se rejoignaient dans un emmêlement de branches qui coinçait les vantaux et nous arrosait lorsque nous forçions l'entrée après une averse. Côté jardin, les troncs ont été dégagés et les feuilles constituent deux formes ovoïdes bien sages.

Il paraît que la poutre est si pourrie qu'il voulait l'enlever aussitôt: «elle tient par l'opération du Saint-Esprit». Il va la remplacer.

En toute modestie, j'avais laissé comme consigne une carte postale du jardin de Monet (devant sa maison) et l'instruction «je veux un jardin de curé».
H. et le petit jardinier ont étudié les possibilités — rosier rouge, chèvrefeuille, laurier sauce, érable du Japon. «La difficulté, ce sont les accès, entrer et sortir les poubelles, les vélos, tailler les fleurs…»

Nous allons nous débarrasser de l'abri à moto et de la balancelle hérités de l'ancien propriétaire.

Voici l'état de départ, avec son aspect crapouilleux de terrain vague, et l'objectif.
Commentaire d'H: «Ça va être difficile, la perspective.»

jardin avec glycines taillées Giverny-carte de la Réunion des Musées nationaux


Vous aurez droit aux photos des évolutions.

Fléchissement

Mail à Sybille, organisatrice du stage au Creusot: «C'est OK, je viens. Si tu veux un virement, envoie un RIB. Sinon chèque.»

Aussitôt les questions en avalanche: «Es-tu babord ou tribord? Es-tu vaccinée? Je viens de t'envoyer le compte rendu de notre dernière réunion.»

J'ai été rajoutée au groupe WhatsApp, preuve ultime de mon intégration au projet.

Toujours plus fort

J'avais parlé du magnifique vocabulaire, et très naturel, de ma directrice.

Le président a fait mieux, non sans y mettre quelque cabotinage: dans une réunion avec des délégants, il a placé: «dans ma vision téléologique de la situation…»

(Je ne sais pas si les autres ont compris. Pour ma part, je connais ce mot grâce à la théologie.)

Pour la peine, j'ai placé «holistique» quelques instants plus tard, même si ce mot est beaucoup plus courant grâce à la mouvance New Age.

Aviron de bronze

Les rameurs qui partent en stage au Creusot ont fait un huit, je me suis rabattue sur un skiff.

Comment décrire le bonheur de cette sortie, après une journée entre quatre murs? C'est indicible de liberté.

Seine verte, ciel bleu, tache blanche du château de la Rivière en remontant vers Thomery


Pendant toute ma sortie j'ai attendu que le huit me rattrape, mais cela n'a jamais été le cas: que s'est-il passé? Ont-il fait beaucoup d'exercices? Oui, un peu, mais surtout, ils avaient pris pour barreur un enfant de douze ans non rameur — qui a passé son temps à papoter, à donner des coups de barre et faire des réflexions inquiétantes («comment je fais pour éviter la péniche?»). Bref, les huit rameurs étaient passablement exaspérés en rentrant.

Cela ne m'a pas empêchée de jouer ma Calimero auprès d'H., venu pour la deuxième fois participer au dîner du mercredi:
— Tu n'as pas ramé en huit?
— Non, il se passe ce que je craignais, ils constituent les huits entre rameurs qui partent au Creusot.
H. commence à fléchir:
— Bon, tu peux y aller, je ne veux pas être un obstacle à ta carrière de rameuse.

Nous sommes encore très nombreux. Sylvain ouvre le champagne pour fêter son aviron de bronze (niveau débutant qui se débrouille): c'est de l'amertume teintée d'ironie, il attendait un aviron d'or et une autorisation de sortie en absence de sécu (bateau moteur aui assure la surveillance du bassin), mais il y a du tirage avec la direction du club et visiblement le président lui a fait une mauvaise blague. Sous les dehors très amicaux que j'ai vus jusqu'à présent semble ce cacher une lutte acharnée pour le pouvoir et l'équilibre entre loisirs et compétion.

Après ce dîner, H. me confie: «je ne sais pas si je reviendrai. Ça parle beaucoup d'aviron, quand même.»

Concours de bites

J'avais été prévenue en février que les agents (les salariés) arrivaient très tôt, dès sept heures du matin.
Au début j'ai fait un effort: j'attrapais le train de 6h53, ce qui me permettait d'arriver un peu après huit heures, une heure après les premiers, mais raisonnablement parmi les matinaux.

Au bout d'un mois ou un mois et demi, il m'a semblé que j'avais suffisamment prouvé que je pouvais me lever si nécessaire (puisque visiblement c'est une vertu en soi1). J'ai pris le train de 7h23, puis le train de 7h32 quand j'ai découvert le bus de 7h10 à vingt mètres de chez moi (à six heures et demie il ne passait pas).

Il y avait des exceptions, notamment les jours de formation, où les salariés négocient avec le formateur de commencer tôt: le premier jour commence à huit heures et demie, mais le deuxième à huit. Les formateurs qui viennent de province et dorment à l'hôtel ne se font pas prier.

Deux fois deux jours de formation, le 29 et le 30 juin la semaine dernière, aujourd'hui et demain cette semaine. Dans ces cas-là il faut arriver avant, aérer la salle, préparer le café, récupérer le badge du formateur, mettre en place le rétroprojecteur. D'après ce que je comprends, auparavant c'était fait par l'assistante de direction, mais celle-ci est en longue maladie depuis un an (coïncidence avec le covid) donc nous nous débrouillons. La semaine dernière j'ai zappé qu'il y avait formation le mardi et c'est Géraldine2 qui s'en est occupé; le mercredi je suis arrivée plus tôt mais je n'avais pas été prévenue (la négociation, voire paragraphe précédent) que la formation avait été décalée: je suis arrivée plus tôt, mais pas assez tôt.

Quand j'ai remercié Géraldine, elle m'a répondu en riant: «ce n'est pas grave, j'arrive tôt, moi».
C'était la deuxième ou troisième fois qu'elle me le disait de cette façon; cela ressemblait de plus en plus à une pique. Je sais qu'elle a eu un mois de juin compliqué, entre l'organisation de l'AG à distance (avec une partie des motions votées à distance et l'autre en séance) et le bureau et le conseil d'administration avancés d'une semaine. Mais je suis susceptible et je me suis vexée.

Nouvelle politique, nouveaux horaires. Réveil 5h15, train 5h55, arrivée au bureau 7h10.
Il en sera ainsi jusqu'au départ en retraite de la vieille garde. La nouvelle a naturellement tendance à se lever plus tard ou à emmener ses enfants à l'école. Je réadapterai mes horaires dans deux ans.

Deux matins que je suis là avant Géraldine. C'est un concours de bites facile à gagner.



Note
1 : Selon eux c'est une vertu, pour moi c'est de l'égoïsme: ils viennent tôt parce qu'ils viennent en voiture, ils ne prennent pas les transports en commun. Ils argumentent que c'est dû au Covid, mais quand on les écoute, on s'aperçoit qu'ils sont toujours venus en voiture, ils ont toujours eu un parking. C'est d'ailleurs ce qui les ennuie dans le fait de déménager vers Nation en mars prochain: plus de parking. Beaucoup projettent leur départ en retraite en fonction de cet élément.

2 : Géraldine, c'est la personne qui a quarante ans de maison et a assuré l'intérim sur mon poste pendant un an — poste qu'elle a refusé parce qu'elle part à la retraite dans deux ans et qu'elle a envie de décélérer. Elle connaît tout mais transmet très mal, toujours en courant. Nous nous entendons bien, elle est drôle et a beaucoup d'énergie, mais je crois que je l'ai agacée à contester certaines aberrations informatiques (hélas, comment éviter qu'elle se sente mise en cause? mais ce n'est pas elle que je conteste, c'est simplement qu'avec mon regard extérieur je repère ce qui est non-RGPD, c'est-à-dire à peu près tout), et à la longue elle me fatigue à rire en me disant «mais je te l'ai déjà dit» en parlant de trucs qu'elle a dit entre deux portes, sans aucune hiérarchie entre l'important et le futile.
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