Quatre jours

Quatre jours pour descendre la pile à laquelle je n'ai pratiquement pas touché (bien entendu) et m'occuper des rosiers (visiblement ils n'aiment pas la pluie).

Ah oui, et puis revoir notre itinétaire, un peu.

Bon, et j'abandonne librarything, pas le temps, je ferai ça quand je serai en maison de retraite (et puis classer mes photos aussi (j'espère que je ne serai pas aveugle)). (Moi je ne prépare pas ma retraite, je prépare ma maison de retraite).

Dernier jour

Stress maximal en pensant à ce qui n'est pas fait (entre le rapport à remettre à l'autorité de tutelle dont on a eu connaissance lundi (lettre de relance qui s'est perdue entre les différentes adresses du groupe) et qui devait être remis le 30 juin (et qui ne correspond pas à notre activité (mais ce n'est pas tout à fait le moment de se mettre à dos ladite autorité de tutelle)), les tables de transco à préparer (changement de système informatique en janvier. Mais est-ce vraiment urgent? Le choix du nouveau système est-il vraiment arrêté? Y a-t-il des informaticiens dans la maison en été? Entre travailler pour rien dans l'urgence et empêcher les autres d'avancer parce qu'on n'a pas fourni à temps les éléments…), le bilan prévisionnel dont on m'a parlé mardi après-midi (lui attendra fin août, je crois) et les demandes des adhérents (on verra ça en fin de journée).

Regret du temps perdu (était-il raisonnable d'aller ramer? de prendre des pots? d'acheter des livres? de faire sept séances (sur dix) de kiné? Trop tard, trop tard, trop tard).

Bon, je ne vais pas aller ramer. (La dernière fois, je me suis arraché un beau morceau de peau, de toute façon, je ne sais pas comment j'aurais fait.)

Etourderie

Utiliser ses (deux) chéquiers pour caler le pied de la table en terrasse est une possibilité, à condition de penser à les reprendre quand on part.



(Et sinon, si vous avez besoin de cours pour préparer le bac de français, contactez-moi, j'ai une adresse.)

Journée

Une de ces sorties qui me fait penser que ce n'est pas la peine que j'insiste, que je n'y arriverai jamais.
Exercice, pelles au carré, rien n'y fait. Mais comment ramais-je en double quand j'avais treize ans? Je me souviens que je sortais du bateau furieuse, que j'en voulais au monde entier et surtout à moi-même, bien sûr (mais comment s'éloigner de soi-même quand on ne se supporte plus?). Ça n'allait pas.

Passée le soir chercher vingt-cinq fascicules de la Bible de Jérusalem édités dans les années 50. Je voulais vérifier la numérotation des psaumes par rapport à la liturgie orthodoxe, et comme je l'avais compris, elle est alignée sur la numérotation de la Vulgate, et non la numérotation hébraïque retenue par les Bibles que je possède.
J'aime bien la Bible en fascicules, ça redevient humain, accessible. Les tomes sont tachés de rouille mais ne sentent pas l'humidité.

Soit dans mon sac:
vingt-cinq fascicules bibliques;
Ty-Puss d'Ella Maillart (c'est un cadeau de Patrick pour A.);
Le Temps presse de Jacob Taubes (parce qu'il était au bureau et que j'en ai besoin demain matin);
La réforme liturgique du métropolite Cyprien de Kiev de Job Getcha (que je lis (non, pas totalement par folie, mais pour m'imprégner du vocabulaire))
Petit abécédaire des entreprises malheureuses d'Anne Matalon qui était dans un placard de mon ancien bureau et que je ramène à la maison.

Le Mur de Jean-Paul Sartre

Moins en transit qu'en attente. L'un des premiers jours de beau temps. Villeneuve-Saint-Georges, sortie côté Seine.





Pour mémoire: passée dire au revoir aux informaticiens du projet de mon précédent poste (les macarons étaient pour eux, ils ont été formidables), rendez-vous l'après-midi à Paris pour un point (c'est facile, tout est urgent et nouveau, il faut que je revête mon masque sérieux, il est temps (ou que j'enlève celui de clown, en fait je ne sais plus lequel des deux est un masque)), deux Guinness + du vin espagnol (qui ne me fait pas mal à la tête; décidément il y a quelque chose dans le vin français). Basculement dans la santé de H.

Le jour et la nuit

Rendons justice aux enfants: gros effort de ménage pendant ces trois jours. La chasse aux puces est ouverte: chaque année c'est pareil, sous prétexte que notre chatte vers la fin de sa vie n'attrappait plus de puces (trop coriace?) nous négligeons de traiter les deux plus jeunes que nous avons à présent. Et ensuite il faut des mois pour s'en débarrasser, je soupçonne d'ailleurs que des œufs survivent d'une saison à l'autre.
A tout instant je regarde mes jambes, ressentant des piqûres imaginaires. L'important est de ne pas se gratter (les démangeaisons surviennent et durent longtemps après la piqûre). J'ai découvert que le Synthol (ça fait du bien quand ça fait mal) anesthésiait la douleur.

Coup de soleil en terrasse hier («Quand ça change, ça change.»)
Acheté des macarons sur les Champs. (La boutique est installée sous une tente. Je ne me souviens plus de la date de l'incendie.)
O. a dû prendre un coup de chaud: nous avons reçu un coup de fil nous demandant l'autorisation de lui donner de l'aspirine (!).
Je suis en train de grossir sans avoir le courage d'enrayer le processus.

T'as voulu voir Vesoul

Depuis qu'il a été bloqué plusieurs heures à Vesoul par des manifestants CGT, H. voulait voir Vesoul. Donc c'est chose faite (statue de Daumier qui ne manque pas d'humour devant le Palais de justice. Elle me fait penser à Christophe et la Famille Fenouillard). Impossible d'atteindre en voiture le clocher que l'on voit en haut de la colline, il faut traverser le bois à pied. Pas le temps, ce sera pour une autre fois.

Il fait beau.
Je m'amuse avec le régulateur de vitesse.
Après Vierzon et Vesoul, avec de la chance la prochaine fois ce sera Honfleur.

Todtnauberg et Freiburg

Arrivée à Mulhouse hier. Flâné dans la ville ce matin, puis Todtnauberg à travers la Forêt noire (avec dans la tête «Heidegger protège de la débauche»); la "hutte" qui est un chalet ne se visite pas, elle appartient aux descendants; puis Freiburg. Des chorales donnent la sérénade à chaque coin de rue, un peu surprenant de voir sortir de l'ascenseur du parking des chanteurs de l'armée rouge, casquette incluse (c'est-à-cela que nous les avons reconnus).

Les lunettes roses

J'ai acheté des lunettes roses.

En récupérant mercredi soir mes lunettes de soleil de vue (nouveaux verres sur vieille monture), j'ai compris que j'avais eu le coup de foudre pour les lunettes roses essayées en riant il y a dix jours (alors que les nouveaux verres sur la vieille monture étaient déjà commandés).

C'est bien les lunettes roses, on voit la vie en rose. Seulement c'est toute une affaire, la monture est courbe, le verre est teinté "modèle" (???): au moins trois semaines de fabrication, je ne serai pas là quand elles seront prêtes, je ne les aurai qu'en septembre, après les vacances.

Tant pis.
J'ai retrouvé ce que ça me rappelle: «Mon âne, mon âne, a bien mal à ses yeux. Madame lui a fait faire une paire de lunettes bleues.»

Ma mère a déclaré ma chambre zone sinistrée

Voici l'occasion de traduire un billet d'un blog qui reprend des lettres curieuses ou émouvantes.

En 1984, un élève de cinquième nommé Andy Smith présenta la requête suivante au président Ronald Reagan :

Aujourd'hui, ma mère a déclaré ma chambre sinistrée. Je souhaiterais bénéficier d'une aide fédérale afin d'embaucher une équipe pour nettoyer ma chambre.

Reagan répondit par la lettre suivante.

(Source: Reagan: A Life In Letters)

Andy Smith
Irmo, Caroline du sud
11 mai, 1984

Cher Andy:

Je suis désolé de répondre avec tant de retard à votre lettre mais comme vous le savez j'étais en Chine et je n'ai trouvé votre lettre qu'à mon retour.

Votre demande de bénéficier du fonds d'assistance aux victimes de sinistres a été dûment enregistrée mais je dois souligner un problème technique: c'est l'autorité qui déclare le désastre qui doit déposer la requête — dans le cas présent, votre mère.

Cependant, ce point mis à part, il me faut faire état du problème plus grave du niveau des fonds disponibles. Il s'agit d'une année de catastrophes naturelles, avec 539 ouragans déclarés à la date du 4 mai et davantage à venir, de nombreuses inondations, des feux de forêt, la sécheresse au Texas et plusieurs tremblements de terre. Ce à quoi je veux en venir, c'est que les fond disponibles se tarissent dangereusement.

Puis-je vous faire une suggestion? Notre administration, persuadée que le gouvernement intervient dans de nombreuses affaires qui seraient mieux traitées au niveau local par des volontaires, a lancé un programme d'initiative du secteur privé, appelant la population à développer le bénévolat pour résoudre la plupart des problèmes locaux.

Votre situation paraît d'origine naturelle. Je suis convaincu que votre mère avait toutes les raisons de proclamer votre chambre zone sinistrée. En conséquence, vous êtes en excellente position pour lancer un programme supplémentaire de volontariat qui viendra s'ajouter aux trois mille déjà en place dans le pays: félicitations !

Mes hommages à votre mère.

Bien à vous

Ronald Reagan

Mal à l'aise

Pété un boulon à la poste de La Défense (j'ai pris quelques photos pour Flickr mais pas réussi à les récupérer sur mon téléphone hier soir).
Chaque fois que j'y vais, quelqu'un est en train de se faire vendre un Chronopost vingt-trois euros sous prétexte que cela arrivera le lendemain (on ne leur dit pas qu'il faut que ce soit posté avant midi, onze heures, dix heures…) Avant, il suffisait d'un à deux francs cinquante, nous n'avions pas de promesse, mais cela arrivait le lendemain.
(Ce n'est pas pour cela que j'ai pété un boulon, mais parce que l'automate me demande, quand je veux acheter un timbre (une vignette), si "j'accepte les conditions générales de vente", et comme j'ai une enveloppe contenant deux livres qui s'est perdue, j'ai demandé à voir ces conditions (non seulement je paie pour des lettres qui n'arrivent pas, mais en plus on insinue que c'est de ma faute: je n'ai pas "respecté les conditions générales de vente". Manque de bol, le type derrière son comptoir panique, il ne les a pas, elles sont en ligne, il ne peut pas les imprimer, etc, etc.).
En face, sous le Cnit, tous les guichets sont fermés, un automate est en panne, une affiche m'annonce que la poste est à mon service (c'est ce que j'ai pris en photo. Mais tout marche si mal que ce sont des vidéos qu'il faudrait.)

Lu Une sale rumeur d'Anne Fine (parce que je suis allée rendre iWoz et Limonov). Je sais pourtant qu'il ne faut pas lire Fine, personne n'a une vision plus méchante, plus désespérante des rapports humains. Mais elle m'a fascinée autrefois en décrivant le divorce comme la dissolution du passé (la perte des souvenirs communs, l'absence de quelqu'un pour se souvenir ensemble) (dans les Confessions de Victoria Plum? Je ne sais plus) et je la lis chaque fois que je tombe sur un de ses livres.

En rentrant, pris une photo de ce que je vois en franchissant le seuil de ma maison. Home sweet home, j'aperçois la moitié de la table de la cuisine, deux tasses, des fruits, tout exactement dans l'état où je l'ai laissé le matin (sachant que je mets les fruits en évidence sur la table pour qu'ils soient mangés: tout ce qui n'est pas sous leurs yeux est oublié (tout reste rangé dans le frigo est destiné à la poubelle au bout de quatre jours de purgatoire)). («Mais maman, pourquoi tu as toujours l'air exaspéré?»)
Ma fille a passé la journée ici. Elle est en peignoir (elle a quitté son pyjama à dix-sept heures, cafte son frère), le linge mouillé est dans la machine, elle n'a pas rangé la table (ah si, elle a mis le lave-vaisselle à tourner (mais sans le vider ensuite): effort de la journée, mettre de la lessive dans un compartiment et appuyer sur un bouton). Que me disait-elle hier qui m'a serré le cœur, car je sais qu'elle a raison? «Soit on s'engueule, soit tu es distante».
Oui, distante. Pour ne pas l'engueuler, c'est exact. On allume les pare-feux qu'on peut.

Plus tard, avant de monter, je dérange A. sur l'ordinateur: «Tiens, je t'ai pris Proust en poche au CE». Je vois ses épaules s'affesser, ça fait un an qu'elle proclame qu'elle veut lire Proust, elle l'a commencé dans la Pléiade en janvier (contre mon avis, c'est bien trop dur pour elle), ce qui lui a permis de ne rien lire d'autre pendant quatre mois. Elle n'est jamais venue à bout de Du côté de chez Swann, et j'ai apris mi-mai qu'en fait ce tome était une lecture imposée par la prof de français. Je lui ai conseillé vingt fois d'abandonner la Pléiade et de le prendre en poche, moins décourageant. Las.
Aujourd'hui je l'ai trouvé au CE, je le lui ai ramené. On ne sait jamais. (La fille des "on ne sait jamais". Ce n'est même pas une question d'espérer. Keep pushing, voilà tout. Faire sa partie. Est-ce que cela à un sens? (Je ne veux pas dire localement, au niveau de mon cas particulier, mais au niveau du principe? Ou est-ce juste bête, vaguement pathétique et stupide dans son obstination aveugle?)[1])

Je mange des céréales, me fais un thé, vide le lave-vaisselle en papotant aviron avec C., abandonne la cuisine. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, qu'ils mangent ce qu'ils veulent. Après tout, ils sont en vacances, et pas moi.



O. est parti en camp scout (il n'a pas plu, il n'a pas plu!) en oubliant ses tongs (les lui envoyer ou pas, telle est la question (ô la poste)), C. a testé le club d'aviron .

Notes

[1] Mais bien sûr, il n'y a pas que ça. C'est aussi minimiser les remords sur ce qui demande le moins d'efforts, tandis que courent ceux nés de la paresse et de l'égoïsme, tout ce qu'on aurait dû faire ou qu'on se demande si on aurait dû le faire et si on l'avait fait en serait-on là (qu'a-t-on raté? Mais on le sait, ce qu'on a raté, ou on croit le savoir, et l'on sait aussi qu'on referait la même chose (ou qu'on ne ferait toujours pas ce qu'on devrait faire (enfin qu'on devrait peut-être faire, qu'on aurait peut-être dû (car après tout, qu'est-ce que ça changerait, aurait changé?), par paresse, oui, ou découragement, à-quoi-bonisme. Mais malgré tout, on essaie encore un peu, par sursaut, par réflexe, parce qu'on ne sait jamais) (et on se dit qu'on est en train de réécrire les romans d'introspection psychologique du XIXe siècle et que… bah…))).

Configuration inédite

Seule avec les deux garçons, tous les trois dans le salon. L'un mange du gâteau au chocolat en faisant beaucoup de bruit, la pendule fait tictac, le dernier se concentre devant un jeu sur l'iPad oublié par son père. Je bois mon thé.

Un we

Vendredi soir. Soirée galère. Presque concert sous la pluie à Versailles, nous abandonnons avant le début qui tarde (vingt minutes de retard, la pluie goutte du parapluie sur mon genou), nous partons, en arrivant à la grille nous apprenons que le concert est annulé, tant mieux, nous sommes partis avant la cohue (Même sans la pluie j'aurais été très déçue: qu'est ce donc que cette conception de concert classique en plein air où les chaises ne sont pas installées en amphithéâtre, mais à plat?)

Samedi journée, pique-nique chez les voisins, samedi soir, R. à la maison (un peu surpris de l'animation du dîner), dimanche les D.

Samedi matin au lit, avant même de me lever, douleur aléatoire et intolérable dans l'omoplate droite, un nerf pincé sans doute, genre sciatique. Très handicapant car survenant par surprise et faisant hurler à chaque fois (c'est discret). Etirements selon les instructions du kiné, glaçon, mouvements prudents. Cela semble disparaître peu à peu dans l'après-midi; dimanche matin je teste précautionneusement mes muscles avant de me lever. Tout est redevenu normal, tant mieux, mais je suis tout de même un peu peinée de constater que personne ne me demandera comment va mon dos (keep a stiff upper lip).

J'ai reçu une carte postale

2004-2012. Première carte postale en huit ans :

«Tu vois je fais quelques progrès: j'ai trouvé une carte (camusienne), un timbre, ton adresse et une boîte postale. Mais pas l'inspiration: M. me coupe le souffle.»

Mon nouveau bureau

Il est au dernier étage d'un cube, vitré sur deux côtés, est et sud. Il est très lumineux, même par temps de pluie. Et j'ai vue sur la tour Eiffel et un petit morceau de Seine. (Sur la photo, une péniche passe. L'eau est aussi verte que les arbres.)




Dans les toilettes, le novlangue fait rage. J'ai l'intention d'enlever discètement cette affiche et de la remplacer par le numéro de téléphone seul.




Le rez de chaussée (rez de dalle, comme on dit) est au quatrième étage. Je retrouve au premier étage la bibliothèque de 1996. J'y avais emprunté mon dernier Bradbury (La solitude est un cercueil de verre), Madame Bovary et Cervantès en cassettes audio, et découvert Lawrence Block.
J'ai vérifié: Le fil de l'horizon est disponible (introuvable en librairie malgré la mort de Tabucchi). J'ai emprunté le journal de Kafka parce qu'il était placé devant les livres trop serrés sur l'étagère pour lui laisser de la place et l'édition 1972, la première, du Seigneur des Anneaux chez Bourgois, plus confortable à lire que les livres de poche.

J'aime beaucoup les bibliothèques. Je réfléchissais qu'à une époque, c'était finalement le moyen le plus sûr de trouver les livres épuisés.

Inquiétude.

Hier. Réunion dans la tour que je voyais de ma cuisine il y a vingt ans. Etrange. Le quartier s'est appauvri, je crois, s'est "typé" encore davantage (odeur écœurante de la viande à l'étal du boucher, il n'y a pas en vitrine ma pâtisserie préférée dont j'oublie toujours le nom), mais j'ai l'impression qu'il est en passe de modernisation: friches en chantier, appartements neufs à venir, l'ambiance pourrait changer. Après tout, nous sommes à une porte de Paris.

En sortant, je suis impressionnée de contaster l'écart entre ce que j'ai compris et retenu de la réunion, et ce qu'ont compris mes collègues. Je n'ai entendu que ce que je voulais entendre, elles n'ont entendu que ce qu'elles craignaient.
Est-ce dû à mon manque de connaissances sur le sujet, ou à une incapacité à écouter et surtout à croire désormais ce qui se dit?
Je crains que ce soit le cas.

Fin d'après-midi soirée

Un départ un discours une coupe de champagne kiné (mon kiné a un sourire désarmant de petit garçon (je parle trop)) je reviens des clés dans mon sac je n'ai pas fermé la salle vide mais il reste du champagne une coupe Petit Broc un verre de blanc personne des gambas au poivre très bonnes une ou deux surprises bus RER voiture tisane à la sauge plus miel. «Il est temps Frodon» dans mon dos et musique affligeante.

Le défi du week-end

Descendre ces piles (plus quelques annexes qui ne sont que broutilles).


Mauvaise humeur

Coup de blues hier vers 17 heures quand commence à tomber la pluie. Nous devons aller voir le soir le spectacle de feux d'artifice à Versailles. Cela fait plusieurs semaines (en avril, en mai?) que j'ai réservé les billets en retenant une date la plus éloignée possible en espérant que le temps aurait le temps de s'améliorer, s'améliorerait forcément, d'ici juillet.
Las.

Pauvre Félix: dix semaines en France, et pratiquement dix semaines de pluie.

Est-ce parce que les sièges étaient mouillés, parce qu'il faisait froid, parce que la pluie de l'après-midi m'avait abattue (alors que vers le soir le ciel s'était bien dégagé), parce que j'étais déçue de ne jamais réussir à me faire comprendre des enfants (il faudrait m'y résoudre et passer à autre chose, ce serait plus constructif) ou parce qu'H. m'avait dit que Sophie Marceau était très jolie avec ses quarante-sept ans (quarante-sept ans? Mais c'est très très vieux! Sophie Marceau a quarante-sept ans? Mais alors je suis très très vieille!!), toujours est-il que le spectacle m'a affligée.

Et pourtant certains feux sont très beaux, la finesse des fusées dorées retombent en gouttes vraiment jolies. L'ensemble des feux relève d'une parfaite maîtrise, sans doute la pointe de la technologie en la matière, et c'est d'autant plus dommage que l'ensemble soit gâché par sa conception-même, qui glisse du sophistiquée au vulgaire à force de manque de goût.
D'abord les jardins étaient fermés, défigurés par des barrières (lire le billet "Talcy" ci-dessous), une fois de plus nous étions des consommateurs et non des invités, hors de question de faire un pas à côté hors des sentiers battus (il y a deux ans, H. m'avait fait un récit enchanteur de la soirée qu'il avait passée dans les jardins avec les enfants avant le spectacle: finie cette formule élégante); ensuite la musique était trop forte, et surtout le jeu des bateaux sur l'eau vaguement comique et ridicule. Il faudrait peut-être prendre en compte que les spectacteurs ici ne sont pas ceux de Disneyland (ou alors, y aller carrément: Smoke on the Water, comme me murmurait Clément à l'oreille, et abordage de bateaux pirates, au moins ce serait drôle et inattendu. Mais Louis XIV version fée Clochette…)

Bon, j'étais de mauvais humeur. Mais je ne vous encourage pas à aller vérifier si j'exagère ou pas, ce serait cher payé.

kiné

Deuxième séance de kiné pour mon doigt. A l'opposé de ce que j'attendais: tout en détente et en étirements, avant tout ne pas faire mal.

C'est drôle d'avoir quelqu'un qui fait attention à vous, qui n'est là que pour ça, qui est payé pour ça. Soudain je me dis que payer une pute ne doit pas être très différent.

(Je suis embarrassée qu'il soit plus jeune que moi. Cette phrase a-t-elle ou non un rapport avec la précédente? Je crois que je suis lasse et un peu malheureuse. Faire simplement attention à ne devenir ni amère, ni aigrie.)

Confusion

Quand j'entends boson de Higgs je comprends grognon de Bluxte.



(Appris la mort il y a une semaine de Robert Sabatier. (On ne me dit jamais rien). Pas lu depuis trente ans, mais ça me fait de la peine.)

Le projet Laramie

C'est une drôle d'histoire, le moment où un fait divers cesse de planer dans les hauteurs mythologiques pour redevenir réel: le reportage d'une troupe de théâtre revenu plusieurs fois dans une petite ville (26000 habitants) au milieu de rien (du vent qui rend fou) pour rencontrer des gens qui connaissaient la victime ou les meurtriers, pour rendre compte ensuite des relations existant entre les différents personnages et pour redonner une dimension incompréhensible au fait divers: comment deux jeunes hommes (deux jeunes bouseux) ont-ils pu battre à mort un troisième et surtout l'abandonner là dix-huit heures, partir continuer à vivre en sachant qu'il allait sans doute mourir (et d'abord de froid) s'il n'était pas trouvé à temps (il n'a pas été trouvé à temps). Cette question théorique devient terriblement concrète quand les interviews des habitants de la ville qui connaissaient la victime et les agresseurs, des professeurs, des amis, des serveurs de bar, lui donne corps.

Puis la troupe a monté les entretiens en une pièce en reprenant d'une part tous les points de vue sans commentaire (très important: sans commentaire. Il y a montage ET représentativité, mais pas de commentaire, de conclusion pré-pensée. Au spectateur de réfléchir, même si bien sûr il est prévenu (sans cela il ne viendrait pas voir cette pièce)) et d'autre part des éléments tirés des procès. Le tout donne une impression de reportage télé.
Par la magie du théâtre la parole reprend corps et tout redevient étrange. Vingt-six mille habitants, c'est la taille de ma ville, à peu près. Tout est bizarre: pourquoi ce fait divers-là a-t-il pris tant d'importance, alors qu'il n'était pas le premier? La taille de la ville? L'âge des protagonistes? Le lieu géographique? Ou peut-être la radicale gentillesse et inoffensivité de Matthew Shepard, décrit comme petit et souriant, face aux bouseux mal dégrossis?

Qu'est-ce qu'un crime "haineux"? Ou plutôt, qu'est-ce qu'un crime non haineux? Veut-on dire que lorsque qu'on tue pour voler, ce n'est pas par haine? Veut-on parler de crime gratuit par opposition à un crime non gratuit? (et donc? l'un serait plus justifiable que l'autre? dangereuse idée). Je suppose qu'il doit s'agir de combler un vide juridique ne permettant pas de poursuivre avec suffisamment de sévérité certains actes sur lesquels on ne sait pas mettre de mots. (Du droit comme la nécessité des définitions).

Pensé à Six feet under (un épisode me semble directement inspiré par Shepard), à Mangez-le si vous voulez ou à Brokeback Mountain.

C'est jusqu'à samedi, au théâtre Confluences par la troupe Green Paradise qui à neuf acteurs jouent un nombre impressionnant de personnages en changeant de casquette ou la place des chaises, en présentant chacun en voix off, comme le ferait un sous-titre sur un écran télé. Efficace mise en scène. Dépêchez-vous, c'est jusqu'à samedi.

Informatique et vocabulaire

Rien de particulier. Commencé Travers Coda.

Je m'amuse des problèmes de connexion informatique: soit une entreprise A détachant un salarié à une entreprise B (et qui doit donc travailler dans le système informatique de B), sachant qu'à terme son contrat de travail sera repris par C (A disparaît et B ne peut embaucher puisqu'elle mène un plan de départs volontaires), combien de temps faudra-t-il pour que les applications indispensables au travail du salarié détaché soient disponibles avec les identifiants adéquats?

En attendant nous nous débrouillons entre clés USB et impressions d'écran. «La bite et le couteau», ai-je spontanément lâché devant mes deux collègues ébahies qui m'ont fait répéter le premier mot trois fois pour être sûres d'avoir bien entendu. (Je crois que je leur ouvre des horizons stylistiques. J'ai un peu honte, mais elles rient de bon cœur. Alors…)

Mariage gay

— Moi, je suis contre le mariage gay: il va falloir refaire les logiciels d'état-civil, comme d'habitude les décrets vont sortir au dernier moment et on va se faire engueul** par les mairies parce que ça ne marchera pas.
— Je ne vois pas ce que ça change: il suffit de faire sauter quelques contrôles pour autoriser les "Monsieur" avec "Monsieur" et "Madame" ou "Mademoiselle" avec "Madame" ou "Mademoiselle", non?


Personnellement, en tant que femme, j'ai beaucoup de mal à comprendre qu'une institution qui a été si longtemps source d'oppression et l'est encore puisse être objet de désir. Ça me dépasse. (Pas de mariage, pas d'enfants: à peu près ce que l'hétéro blasé envie à l'homo, tandis que l'homo progressiste souhaite enfants et mariage. Ah làlà, on n'est pas sorti de l'auberge).

Talcy

Nous rentrons à deux voitures. H. prend l'autoroute, je lui annonce que je vais passer par Chambord, prendre l'autoroute à Mer et sortir à Artenay pour remonter par la N20.
Mais arrivée à Mer, je vois le panneau Talcy. La tentation est trop forte, il y a longtemps que je voudrais voir ce château, je me déroute.

Grande déception. Exposition "Dames blanches pour châteaux noirs" (je devrais peut-être leur envoyer un exemplaire de L'ABC du gothique), toutes les pièces sont plongées dans l'obscurité, avec des lanternes magiques, des bandes son sinistres, des projections angoissantes. C'est un joli château de pierres grises, très simple, avec de belles salles, des tapisseries, du mobilier, des tableaux: en temps ordinaire, il doit être facile de rêver ici. Mais pas aujourd'hui: on ne voit rien mais on entend beaucoup, impossible d'y échapper. Je suis très déçue. Je pense à l'administration sage de Chenonceau.

Je remonte sur l'autoroute à Mer. Je manque d'avoir deux accidents, le premier lors d'un ralentissement brutal sur l'autoroute (puis trois quart d'heure pour faire les six kilomètres qui me permettent de sortir à Orléans Nord: pour la peine je prends la route de Saint-Lyé-la-Forêt plutôt que la N20. Cela fait un moment que je ne l'avais pas empruntée et je constate une fois plus qu'il ne faut jamais quitter le réel des yeux: dès qu'on a le dos tourné, il change. Les ronds-points se sont épanouis, un pont passe au-dessus d'une autoroute (j'ai été un instant désorientée, ne comprenant pas comment je pouvais passer au-dessus de la A10 à cet endroit: ce n'était pas la A10); le second avec une camionnette de gendarmes en sortant d'une déviation pour travaux à Méréville (j'étais en train de vérifier la direction qu'indiquait le panneau de déviation, et au moment de repartir, je vois une masse sombre devant la voiture: je pile, c'était la camionnette venant de ma droite, qui a pilé aussi. Les gendarmes m'ont regardée, je les ai regardés (mais pas très fixement, juste un peu blanche (ne jamais regarder un gendarme dans les yeux, il vous demande aussitôt vos papiers (pour une fois tout était en règle contrôle technique compris, mais je n'ai aucune idée d'où est la carte grise))), quelques secondes, temps suspendu, que va-t-il se passer, (et dans ma tête le souvenir qu'il ne faut pas avoir d'accident avec ou contre "l'Etat", c'est infernal au niveau assurance (mais là pas de problème puisque j'aurais été indiscutablement en tort)) ils sont repartis.

(Et toujours cette façon de remonter le temps, quelle précision pour arriver à cet emboutissage manqué, et si je n'avais pas visité le château, et si je n'étais pas sortie à Orléans Nord, et si je ne m'étais pas perdue dans Saran… Quelques secondes plus tôt ou plus tard… Et que ce soit le cas de chaque seconde… Ma raison ne suit pas.)

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