J'ai encore deux jours de vacances. J'en ai profité pour faire des courses que je n'ai jamais le temps de faire : passer à la poste récupérer un code secret pour gérer mon livret A depuis internet (je me rendrai compte quelques jours plus tard que cet imbécile de chargé de clientèle ne m'a pas donné d'identifiant — je ne sais s'il l'a fait en connaissance de cause); passer chez le bijoutier pour faire remettre une goutte d'ambre au centre de boucles d'oreilles qui ressemblent à des flocons de neige et réenfiler un collier de lapis-lazulli (cassé à Dessau); passer chez l'encadreur pour faire changer le cadre d'un tableau ayant appartenu à ma grand-mère.

Je ne sais si c'est très laid ou juste très kitsch. Il s'agit d'une reproduction de la Vierge noire de Czestochowa dans les tons verts, jaunes et blancs datant de 1939 (j'ai découvert la date aujourd'hui quand l'encadreur a démonté le cadre argenté à moulures de plâtre). Je l'ai toujours vue au-dessus du lit de mon grand-père et de ma grand-mère et lorsque nous avons vidé la ferme en 2003, c'est ce que j'ai voulu récupérer.
Je suppose que c'est hideux pour tout le monde — mais pas pour moi. Le cadre friable commençait à partir en morceaux, quand j'ai demandé à ma mère (par l'intermédiaire de H.) si elle pouvait le réencadrer, elle a répondu que je ferais mieux «de mettre cette horreur à la poubelle». J'ai posé le cadre à côté de mon lit (H. ne veut pas qu'on l'accroche au mur!) en attendant d'avoir les fonds pour faire réencadrer cette reproduction.
Ce jour est arrivé. J'ai choisi une baguette ridiculement large, profonde, dorée, roccoco, qui j'espère ira parfaitement avec le kitsch de cette reproduction passée au soleil.