La tension monte

Demain H. doit signer à la fois la vente d'une activité à un futur repreneur et une transaction pour son propre compte afin de mettre fin au contrat de travail dans l'entreprise pour laquelle il travaille depuis sept ans et dont le patron est devenu fou avant de désavouer H. peu après. Je dois avouer que je reste confondue que H. soit resté dans cette entreprise huit mois après cela. Dans un monde normal, la conséquence mécanique d'un tel désaveu aurait dû être de virer H. aussitôt, en février dernier. Mais non : ce n'était pas un désaveu rationnel, c'était la décision d'un fou, et donc la personne à qui B., propriétaire de l'entreprise et fou, a confié la direction de l'entreprise (à la place de H.) s'est appuyée sur H. tout ce temps pour assurer la transition avant son départ inévitable.

Il a également confié à H. le soin de vendre une activité de l'entreprise, activité qui gravite autour d'un logiciel écrit par H. dans les années 2000 au sein de la société d'un ami. Ce logiciel a été vendu une première fois en 2006 à une entreprise de Cholet, puis racheté — sous l'impulsion de H. — en 2010 par son entreprise actuelle.
C'est donc pour ce même logiciel et l'activité qui gravite autour (neuf personnes) que H. a trouvé un repreneur. (C'est aussi le logiciel que H. débuggue depuis un an et demi : il corrige ce qui a été fait par les équipes choletaises entre 2006 et 2010 en s'arrachant les cheveux et pestant beaucoup à cause du code écrit avec les pieds).

Cela fait des semaines que la tension monte. En effet, tout doit rester secret : il ne faut pas que B. découvre que le logiciel va être vendu car il est capable de s'y opposer, il ne faut pas que les salariés le sachent non plus car un ex-salarié (l'un de ceux qui a salopé le code) pourrait se venger en prêtant de l'argent aux salariés actuels qui deviendraient prioritaires dans le rachat de l'activité (se venger : se venger de H. qui s'est débarrassé de lui en lui faisant comprendre qu'il n'était pas à la hauteur. Or cet ex-salarié est d'une part riche, d'autre part persuadé d'être bon).
Depuis trois semaines H. mène trois fronts : la rédaction des documents de vente (valoriser de l'activité sans l'aide des comptables puisque tout est secret (et donc se procurer les documents, les analyser, rédiger le protocole de vente)), la négociation de son propre départ et l'éternel débuggage du logiciel dont se plaignent les clients (et au fur à mesure qu'il débuggue, il comprend mieux ces plaintes… Il n'avait pas pris la mesure des erreurs de code. Ce week-end, découragé, il m'a dit : «J'aurais mieux fait de repartir de mon code-source (avant 2006) pour implémenter ce qu'ils ont ajouté, j'aurais été plus vite qu'à corriger leurs erreurs. Il y en a partout.»)

Depuis trois semaines nous pensons «un mur de briques», comme dans Le Village des damnés, pour ne pas attirer l'attention des dieux… (mon fils va encore dire que je suis superstitieuse… mais c'est aussi une façon de parler d'autre chose, de rire de notre bêtise et de nos craintes). Depuis trois semaines nous attendons que le ciel nous tombe sur la tête, que B. se réveille ou qu'il y ait une fuite auprès des salariés.

Tout doit être signé demain à onze heures et demie.


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Agenda
Yolette de débutants avec quatre garçons dont c'est la deuxième sortie. Amusant de les bizuter un peu pour assoir mon autorité.
Le soir, fin de The dressmaker. Finalement décevant, une fin trop misérabiliste. Début de Camille revient. Une bonne surprise.

309/365 - RAS

Matin : RER de 8h13

Soir : j'oublie de partir du bureau. RER D de 20h35.
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