Encore serrés comme des harengs ce matin. Impossible de lire: trop serrés, et de toute façon le livre en cours est trop gros (trop lourd) pour être lu debout, ça l'abîme et me fatigue.
Il faudrait que je prenne mon ipod, ça doit faire un ou deux ans que je ne m'en suis pas servi, je ne sais même pas si la batterie tient encore la charge. Mais j'ai la flemme, je me sens débordée par les podcasts quand je m'abonne: quand trouver le temps d'écouter tout ça? Il y a longtemps que j'ai laissé tomber, pour éviter ce sentiment de noyade et de culpabilité.

Derrière moi un jeune étudiant plutôt beau, un grand carton à dessins entre les jambes, est en conversation avec une jeune femme en manteau rouge, trop jeune pour être une amie de sa mère, trop vieille pour être étudiante: une voisine, une tante?

— Et tu fais quoi en ce moment ?
— Ça dépend. Hier j'ai eu un cours sur le nu.
— Avec un modèle ?
— Euh... oui....
Silence plus long de quelques dixièmes de secondes. Dans mon dos, j'entends la femme le regarder plus intensément. Il reprend :
— C'est très intéressant, j'ai beaucoup appris. C'est le cours où j'ai le plus appris. On comprend les proportions... dessiner une main... la lumière. Et puis on a un cours d'anatomie, on nous explique les masses musculaires. Il faut dire que j'ai un très bon prof.

Et je pense à Adrien, ancien élève des Beaux-Arts, qui me disait que tous les corps étaient beaux — et à Michel, bien sûr.