What's in a name ?

Ayant retrouvé avec plaisir mon petit volume de Fables, je le feuillette chaque fois que je le croise.

Je lis des fables au hasard , tout à l'heure Le Loup devenu Berger, et je rencontre le vers: «Guillot, le vrai Guillot, étendu sur l'herbette». Une note de bas de page précise : «Diminutif d'une gentillesse un peu fade. "Il ne se dit guère qu'en poésie et en style pastoral." (Ac.)»

Je me souviens d'un stage d'aviron, d'un voyage en car, d'un jeune homme répondant sans reprendre son souffle à la question d'un moniteur qui lui demandait son nom: «L'herbette, pas l'air con, la petite herbe».

Quelques sosies

Le lycée de mon fils propose une "activité" "Histoire de l'Art". Comble de la générosité, elle est ouverte aux parents et aux anciens élèves. Je me suis donc inscrite, bravant le ridicule de mon âge dans une classe d'élèves (tous volontaires puisque c'est hors programme) de seize à dix-huit ans.

Premier constat: toutes les filles sont blondes (sauf une métis), du blond blé au blond vénitien.
Deuxième constat : la prof ressemble à Karine Viard. Elle est un étrange mélange de "parler jeune" (elle est en doctorat et refuse de se poser en professeur) et de précisions («Moyennâgeux, c'est Les Visiteurs — enfin, ça ne vous dit peut-être rien, mais ce film c'est mon adolescence — [ou comment se sentir vieille à vingt-cinq ans], pour le Moyen-Âge on dit "médiéval".»). Elle est enthousiaste, amoureuse de son sujet et c'est plaisant.

La semaine dernière, j'ai rencontré une présidente d'association qui ressemble à Dominique Lavanant à soixante ans (au physique et au moral). C'était moins bien.

Google bombing

Enfin, réflexions...

Je tente un google bombing à moi toute seule: Racheumeuneu


mise à jour le 28/09/2007 : j'en profite pour signaler que Berlinette a écrit le 26 septembre.

Fou rire garanti

premier épisode

second épisode

Rédiger une adresse

Beaucoup d'internautes de passages arrivent ici en posant la question "comment rédiger une adresse?" (alors que je ne réponds qu'à la question «Comment rédiger une carte postale?»).
La réponse matérielle à cette question se trouve ici.

Une réponse plus complète et plus "française" se trouve dans Parlez mieux, écrivez mieux, ce livre désuet datant de 1974 édité par Reader's Digest.

L'adresse

Monsieur, Madame, Mademoiselle sont de jolis mots: ils méritent d'être écrits en entier devant le nom de votre correspondant; bannissez donc les abréviations pour ces trois mots, réservez-les plutôt aux avenues (av.), boulevard (bd) et autres squares (sq.): elle sont alors tolérables.
Faites précéder le nom du destinataires de l'initiale de son prénom ou du prénom entier. Si vous écrivez à un couple, c'est l'initiale du prénom (ou le prénom) du mari qu'il faudra écrire après Monsieur et Madame (jamais Madame et Monsieur [...])
Le prénom entier devra figurer s'il y a une Geneviève et une Gabrielle, un Georges et un Gaston, dans la même famille et à la même adresse; cela pour éviter toute confusion.
Si vous destinez la lettre à toute la famille, vous pouvez écrire sur l'enveloppe:
Monsieur et Madame R. B...
et leurs enfants

Si votre correspondant porte un titre, celui-ci doit en principe figurer sur l'enveloppe; mais peut-être ne souhaite-t-il pas le voir mentionné, pour des raisons diverse; renseignez-vous discrètement. Les titres de noblesse, le titre de docteur, les grades militaires précèdent toujours le nom. On écrira donc:
Madame la Comtesse de N...
Monsieur le Baron et Madame la Baronne de P...
Monsieur le Docteur H...
Madame le Docteur F
Monsieur le Colonel et Madame V...
Plus familèrement, on pourra écrire:
Comtesse de N...
Baron et Baronne de P...
Docteur F...
Le Docteur et Madame H...
Colonel V...
Le Colonel et Madame V...

Notez que, pour les militaires à la retraite, on ne mentionne le grade que pour les officiers supérieurs (commandant, lieutenant-colonel, colonel dans les armées de terre et de l'air, capitaine de corvette, de frégate ou de vaisseaux dans l'armée de mer) et les officiers généraux (général dans les armées de terre et de l'air, contre-amiral, vice-amiral, amiral dans l'armée de mer).
Les autres titres ou les professions qui équivalent à un titre sont placés au-dessous du nom:
Monsieur P. S...
Avocat à la Cour

Monsieur X...
Secrétaire perpétuel de l'Académie française

Docteur C...
Médecin-chef de l'hôpital de Nevers

Monsieur A. P...
Président du comité de lutte contre l'alcoolisme
Ce dernier exemple est à la limite de l'acceptable, car il est bien long; de même, si votre correspondant possède plusieurs titres, n'en mentionnez qu'un: le plus important.

Ecrivez le nom et l'adresse sur l'enveloppe aussi lisiblement que possible, non seulement pour faciliter le travail des P.T.T., mais aussi par courtoisie envers le destinataire. Si votre écriture est peu lisible, utilisez des capitales d'imprimerie.
[suivent les recommandations des P.T.T., données en lien au début de ce billet].
Si vous écrivez à l'étranger, le nom du pays doit être rédigé en français, sous le nom de la ville, du district, du comté, etc.
Mrs C. W. JOHNSON
80 St. Stephen's Road
NORWICH NOR 90 09 S
GRANDE-BRETAGNE

Si vous écrivez poste restante, sachez que votre correspondant doit avoir au moins dix-huit ans, qu'il lui faudra présenter une pièce d'identité et payer une légère surtaxe.

Si vous n'êtes pas sûr que votre correspondant se trouve à l'adresse indiquée (déménagement, vacances, déplacement prolongé, etc.), portez la mention«Prière de faire suivre», soulignée deux fois, en haut et à gauche de l'enveloppe.

Adresse de l'expéditeur

Sauf pour vos lettres mondaines, il est très recommandé de mentionner votre propre adresse, ainsi que votre nom, au dos de l'enveloppe, discrètement et lisiblement. Cette précaution évitera à votre lettrede tomber au rebut, si l'adresse de votre correspondant est incomplète, mal libellée ou inexacte. Au surplus, le destinataire saura, avant même d'ouvrir son courrier, qui lui écrit.

Votre correspondant habite chez un tiers

Il se peut que l'adresse à laquelle vous expédiez votre lettre ne soit pas l'adresse personnelle de votre correspondant. Vous la libellerez alors ainsi:
Monsieur C.V....
aux vons soins de Monsieur G...
7, rue Thiers
45000 ORLÉANS
La formule «aux bons soins de», la plus correcte, peut cependant être remplacée par «chez» ou par c/o, abrégé de l'anglais care of.

Résumé

Week-end un peu difficile, à base de plombier, réunion de classe, goûter d'anniversaire, pique-nique à la kermesse, montage de cinq armoires et deux lits.
La bonne vieille règle s'applique une fois de plus: chaque fois qu'on essaie de ranger et d'ordonner un peu cette maison, elle finit dans un désordre indescriptible.

A la kermesse, trouvé Les Misfits (le livre (sous-titré Les désemparés, traduction qui me plaît)), et surtout, pour trois euros, Les Fables de La Fontaine éditées par René Radouant (1929) dans l'édition cartonnée gris pâle des classiques Hachette. Je soupçonne mon oncle d'avoir récupéré l'exemplaire que j'ai tant lu chez mes grands-parents (ce qui est sans doute normal, puisque c'était sans doute le sien).

Les gens vous trouvent bizarre, il est possible que vous soyez simplement malade

Samedi soir, désir de billet court après une journée fatigante et peu enrichissante (je crois que j'ai mangé trop de chamalows).

Guillaume me fournit donc une idée simple et facile, le test en ligne. J'ai fait celui qu'il proposait, puis le site proposant "quel livre êtes-vous", je n'ai pas pu résisté.
Au total, il me semble qu'il se dessine une certaine cohérence entre les deux tests, une cohérence un peu inquiétante.

Tout cela m'éloigne de la discrétion prônée par Tlön, mais je ne pense pas que mon blog attire beaucoup de marketteurs: que pourraient-ils me vendre? Ce que je cherche n'est pas à vendre.


Quel pays êtes-vous?

You're South Africa!
After almost endless suffering, you've finally freed yourself from the oppression that somehow held you back. Now your diamond in the rough is shining through, and the world can accept you for who you really are. You were trying to show who you were to the world, but they weren't interested in helping you become that until it was almost too late. Suddenly you're a very hopeful person, even if you still have some troubles.

Si je comprends bien, j'ai eu des problèmes, mais je vais mieux.
Je confirme, j'ai eu des problèmes, mais je vais mieux.


Quel livre êtes-vous?

You're Pale Fire!
You're really into poetry and the interpretation thereof. Along the road of life, you have had several identity crises which make it very unclear who you are, let alone how to interpret poetry. You probably came from a foreign country, but then again you seem foreign to everyone in ways unrelated to immigration. Most people think you're quite funny, but maybe you're just sick. Talking to you ends up being much like playing a round of the popular board game Clue.

Evidemment, en voyant apparaître ce titre, j'étais enchantée, mais après lecture du commentaire, je suis un peu embarrassée : ce n'est pas forcément faux, mais n'est-ce pas un peu théâtral et mélodramatique?
Je suis retournée dans le test, j'ai coché des choix différents, pour tester le test. De tous les livres proposés que j'ai réussi à faire sortir de la machine, Pale Fire est de loin mon favori (ce qui est normal, puisque Pale Fire fait partie de mes cinq ou six livres favoris).

Ariane et Barbe-bleue

Ce matin, j'ai lu par hasard dans les Echos la critique de Michel Parouty:

Une fois encore, une première à l'Opéra de Paris s'est achevée sous les huées. Gérard Mortier a beau dire et beau faire, le public parisien déteste cette esthétique qui lui est chère et qui a cours dans les théâtres allemands, celle d'Anna Viebrock, par exemple, qui signe mise en scène, décors et costumes de cet « Ariane et Barbe-Bleue Â».
Inutile de dire qu'elle n'a que faire du symbolisme dans lequel se noie le poème de Maurice Maeterlinck ; sa vision scénique ressemble fort à du recyclage de ses anciennes productions - on retrouve la ligne générale des bâtiments des « Noces de Figaro Â» ou de « Traviata Â» - et l'on est fatigué de ces robes tristounettes, de ces bureaux désaffectés et sinistres de la RDA des années 1950, qui brident l'imagination ou prêtent à rire, selon l'humeur, et gênent d'autant plus ici qu'on a souvent l'impression que leur disposition entrave les mouvements des comédiens. Seule pourrait être intéressante l'utilisation de la profondeur de champ, dont les effets sont relayés par la vidéo agissant comme un miroir grossissant et accentuant l'aspect carcéral des lieux ; mais elle tourne court, faute d'une vraie mise en scène.
La suite ici

J'ai ri en pensant à Gvgvsse qui attend la fin de l'ère Mortier.
Je n'aurais pas dû.
Ce soir, j'ai cru mourir d'ennui. Je suis désolée de n'être pas sensible aux charmes des lumières et autres, mais tout cela est bien trop statique à mon goût.

Back to reality

Trois jours passés à survoler (de très très haut) quelques notions de réseaux, filtres passe-bas, serveurs DNS, serveurs Apache, langages Python, HTML, XML, XHTML (j'aime beaucoup l'idée d'ajouter un X devant un langage pour certifier qu'on a programmé propre: on devrait tous Xécrire, Xcuisiner, Xconduire...: n'importe quoi!) m'a juste permis de comprendre quelque chose que j'aurais dû comprendre depuis longtemps: l'informatique, c'est la guerre, et celui qui programme en indépendant est à tout moment obligé de choisir entre le camp qu'il souhaiterait voir gagner et le camp dont il est probable qu'il gagne. (Heureusement, à long terme, rien n'est sûr, mais tout de même.)
Les autres informaticiens (ceux qui vivent et meurent d'ennui en entreprise de plus de cinquante personnes) travaillent dans un environnement politiquement et techniquement contraint qui leur évite d'avoir à se poser ce genre de questions.

Ce n'est pas très neuf, mais je suis toujours un peu triste de me heurter à ce genre d'évidences alors que j'essaie de les fuir.

Un Otaku m'a interdit de devenir un Kévin

Depuis cette vidéo que j'écoute presque chaque jour (ça met de bonne humeur au petit déjeuner), j'ai un désir secret:

— J'aimerais bien jouer à WoW, pour voir ce que c'est.
— Ah non, tu ne vas pas devenir un Kévin!
— Gné ?[1]
C. m'explique, pas trop vite pour que je comprenne (les notes de bas de page représentent mes interruptions (j'ai ajouté des liens pour les quelques lecteurs qui en sauraient encore moins que moi)) :
— Un Kévin, c'est un joueur qui veut se faire passer pour un hard gamer[2] mais tandis que le hard gamer baigne dedans depuis toujours, le Kévin n'a que six mois d'ancienneté. Il parle en SMS, sur les forums il écrit sans arrêt «GG, mec»[3], il insulte les noobs[4] alors qu'il en est un et dit des trucs comme «Yo, j'ai upgradé de level en gagnant six PO et deux XP»[5]

J' ai ressenti une certaine fierté à l'idée de pouvoir passer pour un Kévin. GG, mec.



PS : Pour Matoo.

Notes

[1] cf. ici

[2] un fan de jeux de vidéo

[3] Good Game, mec

[4] nouveaux

[5] je suis monté de niveau en gagnant six pièces d'or et deux (points?) d'expérience.»

L'élégance du blogueur

Je n'aime pas les blogs de râleurs ou de pisse-froids, les blogs qui font la morale, les blogs qui sont contents d'eux-mêmes. Je n'en souffre pas puisque je les évite.

J'aime les blogs tenus avec distance, dans lesquels «les petites contrariétés» deviennent des anecdotes amusantes ou des occasions d'auto-dérision, j'aime les blogs qui savent exprimer les sentiments sans appuyer (le plus difficile, il me semble; sous ce rapport Kozlika m'a plus d'une fois laissée sans voix), j'aime les blogs qui portent un regard étonné ou amusé sur le monde ou qui vont à la pêche sur internet et partagent leurs trouvailles.

C'est pourquoi, en hommage à tous ces billets lus soir après soir pour mon plus grand bien-être moral, et bien que je sois furieuse pour un certain nombre de raisons, je vais parler de la vitrine du chocolatier 16 rue d'Assas, juste devant la station de Vélib où j'ai garé mon vélo afin d'aller emprunter à la bibliothèque le livre qui m'évitera d'attendre deux semaines que les circuits de la direction Achats crachent ce dont j'ai besoin dans les deux jours.

Deux photos,



la seconde bien évidemment dédiée à Chondre.
(Désolée pour les reflets, je ne me suis pas méfiée (et puis je suis allée vite, je suis toujours gênée de photographier ainsi des objets qui me paraissent des objets personnels.)


La relaxation, c'est plus difficile qu'on ne pense

J'apprends qu'il existe dans ma bonne ville des cours confirmés de relaxation.
Il y a dix places en cours pour les confirmés, douze pour les débutants : il faut croire que certains n'atteignent jamais le niveau confirmé.

Battue, Madame Le Quesnoy

Là, ce n'est plus la rubrique "on s'en fout", mais la rubrique "nawak".

Dédié à Gvgvsse et Zvezdo, ceci est ma contribution au débat «Chantait-on mieux dans les églises de France avant Vatican II?» (Je dois avouer que la question m'a surprise, car je me suis rendue compte que j'étais en plein préjugé: à bien y réfléchir, je n'avais aucune idée de ce qu'on chantait dans les églises dans les années 50 ou 60.)

Merci aux commentateurs de Caféine.

Tout vient (presque) à point à qui sait attendre

J'ai passé ma frustration de l'été sur des fringues.

J'ai toujours rêvé d'avoir des cuissardes, les bottes de Barbarella ou de Yoko Tsuno, selon les références.

A vingt ans, je n'en avais pas les moyens. J'avais acheté une pseudo-paire chez Eram, qui dépassait un peu le genou.
Bien entendu, elles descendaient. Pour tenir, des cuissardes doivent être en cuir de très bonne qualité et s'ouvrir avec une fermeture éclair (au moins au niveau des chevilles) ou être composées pour partie de matière élastique.
J'avais cousu quelques centimètres de ruban élastique à l'intérieur des bottes au niveau du genou, qui serraient bien fort la jambe, dans l'espoir d'empêcher la tige de s'affaisser. J'avais juste réussi à me blesser avec les coutures de ces bricolages, j'avais de drôles de cicatrices sur les jambes mais je mettais quand même mes bottes, même si elles tombaient, même si elles me faisaient mal, avec des petites robes en laine de couleur vive.

En 2000, j'ai entrevu de loin chez un marchand de chaussures des cuissardes. Je les ai achetées et portées, même si c'était compliqué: ce n'était pas la mode, et aucun vêtement n'était prévu pour aller avec elles. Je rêvais d'un vaste pull Corto Maltese pouvant me servir de robe... En vain: si le pull était assez long il était trop large, et vice-versa. Je trichais, j'achetais des jupes (trop) courtes, des sur-vestes en soie trop longues, adoptant un look Matrix sans le savoir, tandis que ma collègue me racontait ses années 70, ses shorts en daim et le désespoir de son père.
Je pouvais me le permettre, nous nous connaissions tous très bien, j'avais droit à des regards amusés et complices.
Puis j'ai changé de boîte en conservant la plupart de mes collègues, mais en en gagnant d'autres. Le jour où un très beau métis m'a dit droit dans les yeux d'un air très sincère et très gêné «tes bottes... elle me font un effet...», j'ai arrêté de les porter au bureau.

Depuis j'ai changé de service, je les porte de temps en temps, plutôt rarement, alors que depuis 2004 environ, c'est devenu un article courant dans les devantures des magasins de chaussures.
Et cette année, enfin, joie et bonheur, sept ans plus tard, la mode est adaptée à mes cuissardes: petites robes courtes et rondes, grands pulls enveloppants...
Je regrette un peu les années et les kilos en plus, mais tant pis: je sens que je vais reporter mes cuissardes. Et tant pis si je fais vieille peau, honni soit qui mal y pense. En tout cas, j'ai acheté trois robes, une en laine, une en velours, une en soie.
Et je crois que je suis devenue copine avec la vendeuse, on a beaucoup ri et elle m'a fait promettre de repasser avec mes bottes. De toute façon j'ai l'intention de repasser, il faut que je convainc son collègue de me laisser un manteau (une forme et une matière admirables) à moitié prix, donc il faut que je lui donne envie de me le vendre... j'ai la carte de la vendeuse et le vendeur a ma carte... (finalement Matoo a eu raison de me faire regarder Sex and the City).
I am happy.

Bon, et pour vous récompenser d'avoir lu jusqu'ici et vous prouver que je pense à vous dans toutes les situations, ô lecteurs, une photo d'un détail de la toile de Jouy de la cabine d'essayage. Il paraît qu'il y a la même à Londres.




PS: message personnel pour Jim: je reçois vos messages mais je ne peux pas vous écrire. Depuis mi-août, tous mes mails me reviennent. Mais je confirme que je n'ai pas de nouvelles positives. A suivre.

Divers riens

Je fais un deuxième billet, puisque le premier se devait d'être très court s'il voulait appartenir à la catégorie "Phrases".
Je connais un blog qui possède une catégorie "On s'en fout", c'est très pratique, je devrais peut-être en créer une mais j'ai peur d'y mettre trop de choses.

Quelques exemples :
- Appris ce matin en passant à La Poste que les uniformes postaux utilisaient 11% du coton "éthique" utilisé en France.

- Mon café diffuse MTV idole. J'adore, ça me rappelle l'époque des clips sur la 5 (1987?), Joe le Taxi and so on.
Vu/entendu ce matin Mistral gagnant (Renaud pas encore soufflé par l'alcool: émotion) et la bande originale de Top Gun (des avions sur fond de couchers de soleil).

Café matinal

La serveuse:

— Fais moins de bruit, j'ai des clients qui dorment encore !

Quelques questions de traduction

Je pourrais difficilement donner mon avis sur Max Dixon détective car j'ai dormi la plupart du temps (ce qui peut paraître déjà un jugement, mais pas tout à fait: je dors si facilement).
C'est un film d'atmosphère plus que d'action, un film où les remords du héros sont attisés par l'amour. J'ai vu un gros plan de chaussures, des genoux, j'ai pensé à Crime et châtiments, et je me suis endormie.
Une question demeure: comment Where the sidewalk ends est-il devenu Max Dixon détective? Voilà une façon radicale de résoudre les difficultés!
Ce titre résume très bien le film, qui commence par un gros plan sur des jambes qui marchent sur un trottoir mouillé avant d'enjamber un caniveau qui déborde: ce "ends" représente-t-il une fin ou un commencement (là où se termine le chemin ou là où mène le chemin)? Le "sidewalk" (trottoir? inutilisable en français, trop connoté) est sans doute à la fois les actes (mauvais) et les tourments de conscience du héros. Le titre indiquerait donc une libération à la fin du film (la fin du chemin tortueux), mais également que ce chemin torturé et cette conduite peu recommandable étaient le moyen d'arriver au bonheur, ce qui est plus ambigu.

Autre bizarrerie, La cinquième victime (1955) est la traduction de While the city sleeps. L'explication est plus simple: Quand la ville dort avait servi à traduire The Alsphat Jungle en 1950.
Je n'ai pas fait assez attention, je ne compte pas cinq victimes, mais trois, quatre en comptant la tentative de meurtre...
Je pensais le film des années 30 jusqu'à ce que Gvgvsse me détrompe: il aurait relevé d'une parfaite esthétique pour un film des années 30, établissant un archétype du genre; pour un film des années 50 il est trop parfait, il devient un pastiche de lui-même, un Cadavres ne portent pas de costard avant l'heure (les indices si faciles à décrypter, l'un des trois personnages importants du journal, amant de la femme du patron, habitant comme par hasard sur le même palier que la secrétaire fiancée au journaliste héros de l'histoire...).
Gvgvsse n'a pas aimé, trop artificiel, je suis sortie de la séance plus hésitante: que venais-je de voir? Pas un film policier, si j'osais l'anachronisme, je dirais presque «un film sur la vie en entreprise», la lutte entre trois employés modèles manipulés par un nouveau patron incompétent, trois employés trop aveuglés par le goût du pouvoir pour songer à s'unir et faire front. Le manque d'ambition du héros lui sera reproché dès les premières images, heureusement, sa fiancée sera ambitieuse pour deux. Les femmes sont très ambitieuses, dans ce film, et parviennent plus ou moins à leurs fins — sauf la femme infidèle, on ne badine pas avec la morale.


Dimanche, j'ai ouvert Les films de ma vie, de François Truffaut. Ses remarques m'ont surprise, elles ne sont pas fausses mais elle me paraissent outrées. Tirer de ce film une analyse de la dureté de Fritz Lang après l'épreuve du nazisme... cela me dépasse un peu.

While the city sleeps nous montre les faits et gestes d'une dizaine de personnages qui gravitent autour d'un grand journal. Le directeur brusquement décédé, son fils, snob dégénéré et incompétent offre le poste à celui des trois candidats qui découvrira un étrangleur de jeunes femmes que Fritz Lang, qui cette fois rejette l'énigme policière, nous présente avant même, en pleine activité. Ce qui est passionnant dans ce film, c'est le regard de Lang sur ses personnages: une dureté extrême, tous sont damnés! Rien de moins mièvre et de moins sentimental, rien de plus cruel qu'une scène d'amour dirigée par Fritz Lang. [...]
Fritz Lang multiplie les notations féroces sur chacun des personnages non dans un but satirique ou parodique mais par pessimisme. De tous les cinéastes allemands qui fuirent le nazisme en 1932, il est celui qui ne s'en «remettra» jamais, d'autant que l'Amérique, qui l'a cependant accueilli, semble lui répugner.

François Truffaut, Les films de ma vie, p.92

Le silence ou la forme

J'ai froid aux pieds.

Parmi tous les découpages possibles de la population blogueuse, il y a les blogueurs qui pensent qu'il vaut mieux se taire quand on n'a rien à dire (nous les nommerons "la mouvance Montherlant" par rapprochement très lâche avec une citation retrouvée par Zvezdo à partir d'une piste donnée par Gvgvsse) et ceux qui pensent qu'il faut écrire quoi qu'il arrive, qu'on trouve toujours quelque chose à dire (ceux-là se rapprochent de Paul Valéry, qui trouvait stupide de répondre qu'on n'écrivait pas "parce qu'on n'avait rien à dire" (citation à retrouver dans Pour une théorie du Nouveau Roman de Ricardou, que j'ai trop froid pour aller chercher)).[1]

Ce n'est pas que je n'ai rien à dire, c'est que je n'ai pas le courage de le mettre en forme.

Ce que j'aime bien quand je rencontre des blogueurs, c'est la petite curiosité des jours suivants: en parlera, en parlera pas, et en quels termes s'il en parle?
La première fois, j'étais plutôt inquiète.
Depuis, je savoure l'espèce d'étiquette qui règne, non écrite, qui fait que dans ce monde éminemment indiscret (sans compter les commères qui adorent les potins) chacun reste plutôt discret.
Je n'ai fait promettre qu'une seule fois à quelqu'un le silence sur ce dont nous allions discuter. C'était une erreur: il était suffisamment bien élevé pour que ce soit inutile; à ma décharge, je ne l'avais que très peu lu puisqu'il n'était pas blogueur mais intervenait sur un forum.

Tout cela me permet de rire quand j'entends les non-initiés faire des grands discours sur l'impudeur et l'exhibition des blogs: c'est un peu vrai et beaucoup faux. Cela ressemble plutôt à un jeu d'ombres et de lumière.
Le plus grand plaisir, c'est tout de même que les héros soient "vrais" et sortent de leurs textes. Et qu'à l'occasion ils puissent compléter des histoires.

Notes

[1] voir ici.

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