Départ

Vidé mes tiroirs. Il y a si longtemps que je suis partie que je n'éprouve rien d'autre que le stress d'oublier quelque chose.

Effacé mes cookies, mon historique, mes fichiers temporaires. Sauvegardé mes favoris (professionnels). Rempli ma clé USB.

Pris des bonnes résolutions (ne s'autoriser que les twitts du bureau… :-)

AG de l'Association des amis de Cerisy

Elle avait lieu ce soir, dans la salle des commissions de la Bibliothèque nationale. Ce lieu était l'un des motifs de ma venue, et j'ai eu raison, car l'année prochaine la salle sera en travaux.

Rapport moral, rapport financier. Cette année l'association est en déficit de 50000 euros, après trois ans d'excédents. Ce déficit correspond peu ou prou à l'arrêt brutal en 2008 des subventions de l'Etat aux emplois aidés. «Or, continue le trésorier, avec la hausse brutale du chômage, les exonérations de charges sont de nouveau à l'ordre du jour, nous espérons donc que de ce point de vue, l'année prochaine sera meilleure.»

Les colloques de l'année sont présentés un par un. L'association est inquiète: quelles conséquences aura la crise? Les gens vont-ils rester en France et venir à Cerisy, ou faire des économies tous azimuts et ne pas s'inscrire? Nous sommes invités à faire de la publicité. (Dans un sens c'est cher. Dans l'autre... une semaine ou dix jours logés et nourris (abondamment), dans la campagne la plus calme, l'air le plus propre, parmi des gens passionnants et passionnés... c'est beaucoup mieux qu'une semaine au club Med).
Si je pouvais je suivrais le colloque sur Mauss, celui sur la jeunesse, celui sur Rilke, et sur Coutances, et sur la grammaire.
Avis aux étudiants: ce colloque-là est subventionné généreusement, renseignez-vous auprès des organisateurs.

En sortant je contemple la statue de Jean-Paul Sartre dans la cour, puis je rejoins les Halles par le Palais Royal.


Litote

— Cette année l'été a été un peu moins beau en Normandie, certains diraient humide.

Les dents de l'Alzheimer

«Ma mère ne peut plus s'habiller toute seule. Elle met son chemisier à l'envers et enfile ses bras dans les jambes de son pantalon. Quand je lui donne un stylo, elle le tourne dans tous les sens sans savoir quoi faire avec»: l'apraxie fait partie des signes de la maladie d'Alzheimer.

Pour rechercher une apraxie chez ses patients qui ont des troubles de la mémoire, un médecin avait un truc qu'il estimait infaillible: «Imaginez que vous tenez une brosse à dents dans la main et montrez-moi comment vous vous brossez les dents», leur demandait-il. Les patients qui n'ont pas d'apraxie font le geste de tenir une brosse à dents, puis bougent leur poignet de droite à gauche puis de haut en bas devant leurs dents. Les patients qui ont une maladie d'Alzheimer, incapables d'imaginer une brosse à dents dans leur main, font le geste de se brosser les dents avec l'index.

Un jour, questionné par sa grand-mère de 97 ans sur l'Alzheimer, le praticien lui raconte le coup de la brosse à dents: «Essaie, Mamy. ? Tu veux dire comme ça?», réplique-t-elle du tac au tac en faisant mine d'enlever son appareil dentaire et de le brosser. Éclats de rire… Un autre jour, un professeur de physique fait lui le geste de tenir une brosse à dents mais s'arrête, immobile, devant ses dents. «Professeur, montrez-moi comment vous vous brossez les dents! ? Mais, docteur, j'ai une brosse à dents électrique!»

Dr Emmanuel de Viel, rubrique "L'histoire du jour" du Quotidien du médecin du 23 avril 2009
dédié à Chondre et à sa grand-mère.

Dernière incohérence

C'est encore plus amusant que je ne le pensais: le recrutement pour mon remplacement n'a été lancé que vendredi, ma collègue est en vacances la semaine de mon départ, on m'a demandé (avec des supplications dans la voix, ce qui m'a fait plaisir) s'il était possible que je prépare à l'avance un certain nombre de travaux dont la diffusion est prévue les 15 et 30 mai… sans compter ceux qui sortent après-demain : soit faire en quatre jours le travail de quarante-cinq (ma hiérarchie devrait s'interroger soit sur mon efficacité, soit sur mon sous-emploi).

Lu un livre de bibliothèque verte, ça repose.

Le temps se fait court

Dernière semaine dans mon poste actuel, je viens de réaliser qu'elle ne va comprendre que quatre jours: le temps de boucler les échéances habituelles, à peine le temps de me pencher sur un document que j'ai eu la folie de proposer de préparer pour lundi en huit, dans un domaine que je ne connais qu'en théorie, une théorie étudiée il y a vingt ans.

Aucune nostalgie, aucun regret. Etrange de ressentir à ce point le désir de partir. La seule chose qui me manquera sera mon scanner.

Retour

Toujours le même plaisir du train de nuit — que je suis seule à goûter, grâce à mon sommeil inébranlable.

Tarte aux fraises, lessive, nettoyage de FB, envie de tout laisser tomber. Il ne faut pas céder: si pour le mois à venir mes soirées me paraissent trop remplies pour bloguer, que ferai-je dans un mois? (Mais à vrai dire, j'ai des idées (au moins une)).

J'ai toujours l'impression de laisser un peu de moi dans les endroits aimés, un moi qui continue à y vivre à la façon de L'Invention de Morel, sur des anneaux de temps parallèles.

Dernier jour

Les vacances consistent souvent à vivre plus ensemble que d'habitude dans un espace plus petit. Que faire lorsqu'on se réveille plus tôt que la maisonnée, où trouver un endroit pour lire ou écrire sans déranger les endormis?
C'est ainsi que dès le mardi (lundi de Pâques: chiuso) je pris mes quartiers d'aube au café du coin, avec un col roulé et des photocopies d'articles de Broch. H. m'a rejoint deux jours après, ayant constaté que c'était le seul moment et le seul endroit où il pouvait travailler. Je m'entendais suffisemment bien avec le serveur (un sourire éclatant et des yeux magnifiques) pour que le prix des caffé latte soient très fluctuants, tendance baissière. Nous n'avons pas cherché à comprendre.
Je n'ai pas osé aller lui dire au revoir après le dernier spritz (rouge: campari) en terrasse en fin d'après-midi.
Mais nous avons prévenu de notre départ l'épicière que nous dévalisions chaque matin, de crainte qu'elle ne se retrouvât avec un monceau de ''croccante'' et de ''morbido'' sur les bras. (Nous avons mis quelques jours à découvrir qu'il ne fallait pas acheter le pain à 9h30 comme nous le faisions, mais attendre l'arrivée de son mari débarquant de Santa Martha les bras chargés du ravitaillement. Visiblement il n'y a pas de structure de grossiste ou de plateforme à Venise (et le cafetier allait acheter ses bouteilles de lait au fur à mesure à l'épicerie.)
Nous n'avons pas ramené de pot de cinq kilos de Nutella. Dommage. Tant pis.
Nous avons beaucoup observé les moineaux, plus malins que les pigeons, plus vifs, plus légers, s'envolant loin pour picorer leur miette tranquilles sans se la faire voler.
Les chiens semblent avoir remplacer les chats. Les chats m'ont manqué.

Evidemment, à prendre son petit déjeuner à 10h30, on ne met pas toutes les chances de son côté pour visiter les musées qui ferment à 13 heures ou 13 heures 30, ni pour atteindre les îles les plus éloignées en vaporetto avant l'heure de fermeture des églises.

Dernier jour, valises à boucler.
Question: ramenons-nous les passoires à thé achetés sur place? Poids: 50 grammes (on les a pesées). (Réponse: non)
J'en ai profité pour peser mes livres (y compris les trois achetés sur place): 3,4 kg. On est loin des dix kilos annoncés et reprochés au départ.

Dernier jour, derniers achats. Nous apprenons à une barman à faire le diabolo menthe, je prends mon premier spritz de la journée, nous achetons un sac Goldorak (si si, du genre qu'on achète à Londres), nous faisons un tour sur les Zaterre, le ciel, le vent, la lumière, nous étudions l'organisation sans faille d'une institutrice qui envoie une classe entière commander des cornets de glace (et tandis que j'écris les détails qui me reviennent, je pense à la Cantatrice chauve, à l'analyse du "profil Hatier": «paroles banales et conventionnelles»… Cela aurait-il déteint?).
Dernier jour, nous remontons jusqu'au Rialto, voyons la statue du bossu, errons sous la halle du marché aux poissons, j'admire les sculptures des colonnes, toutes sur le thème de la mer. Nous aurons vu les trois plaques réglementant la taille des poissons (place Santa Margherita, quai des Tanneurs).
Dernier jour, dernières glaces, les enfants m'entraînent devant le vendeur de glace figues-noix, car il est selon eux très beau.
Moins que mon barman.
Nous laissons les enfants rentrer à la maison.
Yesss, l'église San Pantalon est ouverte.

Dernier jour, retour à la gare, bien trop chargés. Nous arrivons très tôt: heureusement car l'heure sur les billets est fausse, c'est celle du train en gare de Mestre, pas en gare de Venise.

Circularité

Parce que Venise est une île, nous nous imaginons pouvoir la saisir, la contrôler. Nous sommes convaincus, peut-être inconsciemment, qu'il est possible d'en connaître toutes les rues, tous les passages. Nous ne devrions pas nous perdre sur une île si petite.
Et nous nous perdons.
La clé de Venise, quand on est piéton, ce sont les ponts.
Il faudrait connaître tous les ponts.
Venise est élastique, parfois certains chemins s'ouvrent, on découvre comment descendre de San giovanni e Paolo au quai dei Schiavoni par un chemin comme une coupure dans un flanc, d'autres fois on erre pendant des heures, à la recherche d'un point de repère qui se trouve sans doute dans un autre quartier de la ville.
Toutes les cartes sont fausses car elles sont toutes simplifiées.
Peut-être existe-t-il une carte exacte des canaux?
Le plus utile serait une boussole. Seule certitude: rive droite ou rive gauche du grand canal.
Le plus jeune cherchait les numéros un des sestiere. J'ai oublié de lui demander s'il en avait trouvé.
Je faisais la collection des "Calle della Madonna": j'en ai trouvé trois, ou quatre.
Parfois, étrangement, un quartier, une place, se fait amical. Je crois que nous avons sympathisé avec la place San Zacharia.

La lumière

Les enfants n'ont pas eu de chance: nous avons visité San Marco sous la pluie. La basilique n'a pas du tout le même aspect dans la lumière.

De façon générale, les églises vénitiennes me paraissent particulièrement sensibles à la lumière. Une cathédrale française est plus ou moins sombre. Une église vénitienne change de couleur, de température. La douce et chaude Zanipolo vue l'année dernière était grave et mélancolique cette année, Saint-François-des-Vignes m'a gelé les os et l'âme, et Saint Marc était sombre et lointaine.

Cependant la pluie ne rend pas la ville triste. La couleur du ciel s'accorde aux canaux, et c'est un camaïeu reposant, doux à l'œil. Le cœur de la ville paraît battre plus lentement, comme si elle s'était endormie.
Je veux revenir à Venise en hiver et connaître le brouillard. Je veux traverser la lagune vers Torcello sur le vaporetto de nuit, dans le brouillard.

Notes

— Mais t'as pas de nombril !



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Agenda
San Polo, dei Carmeni, dei Frari, musée Correr.
Harry's bar, restaurant Corte Sconta.
Perdu un article d'Hermann Broch (comment est-ce possible?)

(En fait j'ai des notes de ce genre jour par jour, mais j'ai pitié de vous (et j'ai conscience du ridicule, un peu). Je pourrai peut-être faire une thématique sur les parfums de glace: ce jour-là, figues-noix. (Non, cela ne fait pas partie de mes notes, je ne suis pas timbrée à ce point, c'est un souvenir associatif).)

San Pietro

L'herbe est coupée depuis la dernière fois.
L'île est déserte, battue par le vent.

Appris (en essayant un manteau vénitien. J'hésite : pas pratique dans le métro, mais tentant comme un rêve dans Paris gris) que souple se disait "morbido" (ce qui servira le lendemain à la boulangerie).

De fondamenta nuove à Giovanni e Paolo

Tandis que j'explore un rayonnage, une dame entre un peu affolée dans la librairie française près de San Giovanni e Paolo.
— Ah, j'ai eu du mal à vous trouver! Vous auriez un plan de Venise?
Le libraire lui en tend un :
— Tenez, c'est le meilleur.
— Ah merci, je suis fatiguée de me perdre.
Et j'entends H. intervenir sans réfléchir :
— De toute façon, vous vous perdrez quand même.

A priori, il existe quelques études sur les cartes du Palais des Doges, épuisées, mais les titres étant en italien, il va me falloir un peu de dextérité pour les trouver.


En cherchant à revenir dans l'église jésuite près de Fondamenta nuove, à quelques rues de la maison du Titien, nous sommes passés devant la vitrine d'un imprimeur exposant divers ex-libris, dont un chat au-dessus du nom de Joseph Brodsky. Je n'aurais sans doute pas osé entrer, mais H. a poussé la porte.
Cet imprimeur est francophile, et je pense qu'on doit pouvoir passer une après-midi chez lui à écouter ses histoires (il est très bavard), qui sont un peu plus que des anecdotes: il a pratiqué l'imprimerie auprès des pères arméniens sur leur île (l'imprimerie n'existe plus, je n'ai pas compris si le monastère était fermé ou pas).
Au grand ravissement d'H., il possède des jeux entiers de caractères en plomb et des plaques de marbre (et non en cuivre) pour imprimer de véritables lithographies. Je n'ai pas compris s'il possédait les caractères ayant servi à imprimer l'original de Pinocchio ou si l'original avait été imprimé là-même.
Il reçoit des commandes du monde entier et a l'air connu. Son échoppe est minuscule. Son fils se tait, je me demande s'il poursuivra l'œuvre avec le même enthousiasme que son père.

J'ai posé la question: il a été l'imprimeur de Joseph Brodsky, et il nous a montré une édition en russe de l'un de ses livres. Le chat de l'ex-libris avait été dessiné par Brodsky lui-même.

Gianni Basso, Fondamenta nove. Calle del fumo, 5301.

Parapluies

Hier, achat de crème contre les allergies au soleil.
Aujourd'hui, pluie.
J'aime bien, la ville est plus calme, les parapluies sont grands et ronds (nous avons découvert qu'ils avaient plus de baleines que les nôtres: seize (et il existe une marque VS (non, je n'en ai pas acheté un)).

Retour du Lido

En famille

— Parfois dans la vie, j'aimerais bien pouvoir faire pomme Z.
— …
— Mais je me demande ce qui se passerait si tout le monde faisait pomme Z en même temps.
— Euh...


Par définition, les vacances sont l'occasion de passer beaucoup plus de temps ensemble que d'habitude. Evidemment, en troupeau bruyant (quatre ados ou presque), on fait très touriste et j'en suis parfois un peu gênée. Cependant, je m'instruis.


(minorité invisible)
— Et moi je pensais qu'un re-noi, c'était un habitant de Rennes; alors quand mes copains me disaient: «t'as vu les deux renoi», je répondais: «mais comment vous le savez?», et ça les faisait rire.


Qu'est-ce qu'une blonde paumée?
Une tarte aux fraises.


Qu'est-ce qu'une blonde avec des lardons dans les poches?
Une quiche lorraine.


Proverbe canin: si ça ne se mange pas, si ça ne se boit pas, si ça ne se baise pas, pisse dessus.



Un jet d'eau, des jedis.


Qu'est-ce qu'un nain sur le point de mourir ?
Un nain fini.


etc.


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Agenda
Giudecca.
Torcello, Burano.
Arrivés trop tard à Torcello pour visiter la basilique.

jeudi

Venise. Brume, pluie, pas désagréable. Je termine Les balades de Corto Maltese, mais j'en ai lu tant de passages dans le désordre que j'ai réussi à me perdre dans le livre avant de me perdre dans la ville. Les lignes de vaporettos (i?) traversant l'arsenal semblent fermées.
Longuement feuilleté Isolate abbandonnate della laguna venizia, illustré de photos noir et blanc de superbes bâtiments en ruine. Pas d'électricité (je suppose), pas d'eau courante, qui aurait le courage de relever ces murs aujourd'hui?

Question: existe-t-il un livre (même en italien) sur les immenses cartes décorant l'une des salles du palais des doges?

San Michele

Les tombes de Pound, Diaghilev, Stravinsky, Brodsky, sont dans la partie "évangéliste" du cimetière, tout droit à partir de l'entrée.
Je ne trouverai que les tombes de Pound et de Brodsky, qui leur ressemblent, d'ailleurs.

Sur la tombe de Brodsky poussent un rosier et du lierre. Sur le rebord de la pierre dressée des mains ont posé une marguerite, un coquillage, des pierres, du gravier, des baies rouges. Je découvre sur la tombe à moitié masquée par le lierre une boîte aux lettres. Je fouille, j'extirpe, je lis le courrier du mort: un livre de Brodsky en russe, une prière, des lettres en différentes langues, une double photo représentant une cabane en rondins avec un panneau en cyrillique, je reconnais deux dates, 1965 et 1966.
Le soleil décline, il fait bon. J'essaie d'imaginer la Baltique.

OMNI

— Mais y a pas de mozzarella là-d'dans!

— Mais si, le truc mou que t'arrives pas à identifier.
— Ah, çaaaa!




Glycine à San Giobbe





Agenda
Hermann Broch en terrasse.
Acheté les billets pour le bateau et un pass pour les églises.
Visite de San Giobbe
Discussion déprimante avec Hervé qui me dit de ne pas me faire d'illusions concernant le catéchisme et Olivier (nous préparons sa première communion). Réponse: leur éducation est un échec et je ne me fais pas d'illusion. Je n'investis que sur moi. Hervé choqué. Après m'avoir conseillé de ne pas me faire d'illusions, il est surpris de mesurer la profondeur de ma désillusion (!! comme il me connaît pas. Il semble persuadé que je dois être aveuglée par mon amour maternel, comme dans les clichés. Et il est persuadé d'être le seul à se donner du mal avec les enfants.)

Rêves et souvenirs

Deux chats prêts à bondir dans l'encoignure d'une porte surveillent un pigeon. Un cercle de touriste s'est formé pour observer la scène.
Un touriste jette des graines au pigeon — en direction des chats.


Trois heures de sieste. Je ne pensais pas être aussi fatiguée.
Je m'applique à lire — on s'est tant moqué de moi à cause des livres "inutiles, tu ne les liras jamais", que j'emportais. Les balades de Corto, avec leur lot d'histoires horribles, de personnages torturés, sciés en deux, de restaurateur servant de la chair humaine ou de jeunes filles enfermées au couvent (sort à comparer aux plaisirs du sérail, selon les auteurs), me plongent dans une rêverie douloureuse.
Venise est une ville sans nostalgie. Le temps s'y fond si bien que les souvenirs sont immédiatement présents, que l'histoire est toujours là. La dimension temporelle y est remplacée par la dimension onirique, et Brodsky a raison: le reflet est aussi une réalité.

Trouvé un nouveau chemin vers les Zaterre, en me perdant de nouveau dans le labyrinthe et en voyant se déployer une nouvelle ville dans un quartier que je pensais bien connaître. Toutes les Venises se superposent, celles de mes souvenirs et celles de mes rêves; je me rends compte en revenant ici que je rêve très souvent de Venise. Je ne sais pas retrouver les lieux. La Venise de mes dix-huit ans possédait beaucoup plus de palmiers et de chats et de puits. Impossible de savoir où j'ai erré alors.




Agenda
Fini La cantatrice chauve (Je prépare mon intervention sur le kitsch de Théâtre ce soir. Grand stress, mon premier colloque). Etabli la liste des chose à lire et à faire.
Santa Maria della Salute

Pâques

Le réveil sonne à 6h45. J'ai prévu large, afin d'assister à la messe de Pâques à Saint-Marc à huit heures. J'avais repéré la veille l'entrée sur la place dei Leoni; je pensais que cela donnait accès à une salle secondaire.
Non, c'est à la nef que l'on accède. Je suis en avance de quelques minutes, je regarde un prêtre déplacer son escabeau pour allumer une à une les vraies bougies sous la coupole. Au fond, la pala d'oro brille tant qu'elle est indistingable.
Ne pas trop regarder, rester discrète.
Je ne me souvenais pas de tant de splendeur.
Sur chaque siège, un livret en cinq ou six langues donne la liturgie du jour, les lectures bien sûr, mais l'ensemble du rite. J'hésite à en emporter un, mais qu'en ferais-je?


Agenda:
Arsenal, île San Pietro, le pont de bois est en réfection (sera-t-il remplacé?) l'église est fermée; ici il règne un parfum de bout du monde, de prairie et d'air salé.
Musée de l'arsenal fermé.
Froid à saint François des Vignes, déçue par l'église, j'en gardait un souvenir bien plus lumineux.
Il fait un temps magnifique. Coups de soleil. Les lions de l'arsenal, le linge sur les cordes, etc.

Retour - arrivée

Sieste. A mon réveil, deux ans ont disparu, j'ai la sensation de n'avoir jamais quitté ce lieu.
Retour dans nos pas, établissement de notre quartier général place sainte Marguerite.

Le cri des martinets dans le soleil couchant — la marque des vacances — et le silence particulier, profond, qui s'écoute: il est possible de détacher les bruits sur le fond de ce silence, autonome.

Trois V

Vacances, valises, Venise.

Oublieuse mémoire

Je crois que je suis en train d'oublier ce blog.

Pas de Cantatrice chauve dans les librairies (c'est une malédiction).

Femme de paille

Premier contrat décroché pour la boîte de geeks dont je suis actionnaire à 49 %.






Explication sommaire en avril 2015:
Boîte montée avec Bruno ?? (de Lyon) et qui n'aura jamais aucune concrétisation. Marque matérielle de la déprime de H. Début de la glissade aboutissant à l'huissier en avril 2010.

Nullité technologique

Visité Vaux-le-Vicomte dimanche. Il est possible de soutenir la restauration du château en achetant une ardoise.
La coupole se visite: charpente, vue sur les toits et les jardin.
Je n'ai pas de photos: je n'ai pas appuyé assez fort sur le déclencheur.

Fait marquant

Saint-Louis d'Antin.

Tendresse






Agenda
Vaux-le-Vicomte.
Déborah est venue quelques jours faire connaissance.

Barbarie

Une amie professeur d'histoire nous raconte qu'elle faisait conjuguer leurs insultes aux élèves à tous les temps et à tous les modes:

que tu niquasses ta mère
qu'il niquât ta mère
etc.

Ces enfants ont une imagination à la capitaine Haddock: «Ta mère a trois poils au cul.»
nous eûmes trois poils au cul, vous eûtes trois poils au cul,... vous auriez eu trois poils au cul...

Petit manuel de sexologie

— Tenir cent pages sur la sodomie… C'est beaucoup.

Vertu

Lui, décidément, il me plaît.
Il pratique ce que j'admire au plus au haut point, le courage quotidien (virtus, virtutis contemporaine ?)





Commentaire le 2 avril 2015 : le blog d'Educator dans sa première forme a disparu (CPE dans le 93, en collège et lycée), laissant à jamais des traces à la maison (Rantanplan le gentil surveillant et l'histoire des collégiennes qui se battent: «elle a dit que ma mère, elle est pas vierge!», la façon de s'occuper d'un enfant en absence d'infirmière scolaire, les jeunes qui mettent leurs plus beaux atours pour passer leur examen, la fierté de certains quand ils réussissent). Je laisse ce billet pour mémoire, pour hommage.

Souvenir du Collège de France




photo de téléphone. local aveugle.
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