Aspirine 15 ans d'âge

caté : distribution du NT et discussion tous azimuths.

Moi — Ça veut dire quoi ressuscité ?
Un gosse — On a une autre vie comme dans Mario.
Moi — Mais dans Mario à la fin on meurt quand on n'a plus de vie (in petto je songe à Jumandji 2) alors que là Jésus nous promet la vie éternelle.

Ils me regardent effarés. Est-on en train de louper à ce point leur "éducation chrétienne" qu'ils en manquent le point essentiel?
— Il nous promet la vie éternelle à condition qu'on dise oui.
Un certain nombre qui suivent braillent : Ouuiii !

Pensée pour la prochaine fois : leur faire un résumé de l'évangile (des évangiles). C'est dramatique d'avoir raté le message à ce point là.


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Déplacé (replacé) des livres et pas du tout travaillé. Je commence à paniquer à me dire que si je ne peux plus marcher six semaines, je cours le risque que les livres soient rangés par d'autres que moi (Noooonnnn!!)


La pose du nouveau plancher a obligé à enlever les plinthes devant les meubles de la cuisine. C'est l'occasion de passer le balai sous les-dits meubles et de ramener des objets inattendus, dont un tube d'aspirine date de péremption 2004:


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Une recherche plus tard, nous apprenons que l'aspirine perd ses propriétés au cours des années et se transforme en je ne sais plus quelle molécule.

10000 mètres

J'ai empiré mon temps (le contraire d'améliorer? pas bien sûre de cette syntaxe).
Il faut dire que j'ai mis à peu près toutes les chances contre moi, en arrivant une demi-heure en retard et en commençant alors que les autres en étaient déjà à mi-parcours.
Je fais souvent cela: me mettre en situation d'échec au lieu de réussite, comme si je cherchais inconsciemment (ou finalement pas si inconsciemment) à avoir d'avance une excuse pour mes déconfitures.
Je me vois en train de faire cela pour le mémoire à rendre fin mai (d'abord Candycrush puis Langelot).

Foutu orgueil.

Comité d'audit et réunion politique

Comité d'audit en fin de journée. On parle risques et moins-values latentes (pour la première fois en six ans le résultat fiscal est inférieur au résultat comptable. La bourse a sérieusement dévissée en fin d'année. Il paraît que c'est dû au Brexit mais je n'en suis pas si sûre.)

Soirée Modem "éthique et politique" (éthique en politique?) à Brétigny. Le maire vient en voisin (j'ai cru comprendre que c'était un ancien Modem et qu'il est actuellement LREM). Quelques présents sont élus municipaux à travers le département. Il ressort des témoignages et convictions de chacun que les tentations sont nombreuses (parfois insidieuses, à peine visible) et qu'il faut être intransigeant même sur les petites choses. Une charte existe à la mairie de Grigny.

Personnellement je suis moins intransigeante qu'eux (je trouve dommage de se priver de l'expertise de quelqu'un parce que c'est un ami ou un parent : c'est si difficile de trouver des personnes dont les compétences nous conviennent) mais je mettrais en place davantage de contrôles imprévisibles et croisés: croiser les équipes entre mairies, entre départements, pendant quelques jours, les faire se présenter les unes aux autres leur façon de travailler, créer de l'inattendu pour rendre la fraudre et la corruption plus difficiles à cacher.

Pour le reste… toujours je reviens à la même stupeur: dans le fond les gens s'en moquent, ils réélisent les fraudeurs, les sportifs qui dénoncent les tricheries sont insultés, les lanceurs d'alerte ne peuvent plus exercer leur métier. (C'est aussi le chaînon qui me manque pour comprendre les gilets jaunes: davantage de justice fiscale, certes: mais alors, pourquoi passez-vous votre temps à voter pour des fripouilles dont on sait qu'ils sont des fripouilles? 19,94% des voix pour Fillon en 2017 (certes, son électorat n'est sans doute pas d'abord les GJ), 21,30% pour Le Pen au premier tour.)

Sourya

Je ne viens plus au bureau que les jours où j'ai d'autres engagements à Paris ou en région parisienne: le jeudi pour le huit, par exemple.
Comme j'ai du matériel de meilleure qualité à la maison, je profite du "home office" (non mais cet anglais de pacotille!) pour faire de la mise en page et du relookage de documents réglementaires. Cela devient de plus en plus joli, cela fait de plus en plus pro — et cela coûte de plus en plus cher à imprimer, c'est de moins en moins écolo, ce bel orange carmin à la place du noir et blanc habituel (en théorie il est inutile d'imprimer, tout est en ligne: mais allez donc dire ça à mes mille cint cent adhérents de plus de soixante-dix ans. Ils veulent du papier. (Et un bon nombre de plus jeunes aussi: «je ne peux pas lire à l'écran» disent les mêmes qui passent des heures sur leur smartphone.))

Huit de filles : Anne-So à la barre. Moi au deux. Je m'applique, c'est difficile, je n'ai pas ramé pendant un mois avec la préparation de Bruges et je ne vais pas ramer pendant six semaines… Je vais être définitivement larguée (mais non, il faut que je tienne bon. J'ai trop souvent abandonné trop tôt par le passé.)

Le soir, dîner (amical, papotage de tout et de rien) avec le président du Modem Essonne qui travaille à deux pas du bureau d'H. (oui, coming out (ne l'ai-je pas déjà écrit?), je suis adhérente au Modem depuis 2007, depuis Sarkozy-Royal: à l'époque je ne voulais pas choisir entre ces deux guignols. Par ailleurs s'engager en politique dans la ville de Dupont-Aignan, c'est presque une obligation morale.)

La crise à venir

Pour parachever la présentation géopolitique d'hier, un fil avec des graphiques sur la prochaine crise.

(Je le copierai en clair quand j'aurai trois secondes de façon à le conserver pour les années à venir. (Toujours ce doute sur la pérennité du web.))


Bonus : une heure et demie d'entretien avec Gaël Giraud.


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Agenda :
Vu le chirurgien ce matin (Yerres-Montigny-le-Bretonneux en transport en commun: absurde! (pourquoi si loin? parce que ce chirurgien m'a été recommandé par une rameuse. Les vestiaires, mon réseau perso.)). OK pour opérer dès que possible.

Après avoir refusé ce week-end que je vide la bibliothèque du bureau de O. («les ouvriers ont dit qu'ils se débrouilleraient» — ce qui me paraissait tout à fait impossible sans qu'ils se prennent trois cent kilos de livres sur la tête), H. l'a fait tout seul cet après-midi en la transportant dans le salon.
Ce soir il est épuisé et la bibliothèque ressemble à ça :


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L'affolement du monde

Présentation du livre de et par Thomas Gomart au "Bureau", cours Albert 1er. Il était invité par open-diplomacy.

Le plafond du Bureau:

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Plaisir du discours de cet homme qui mêle sans solution de continuité philosophie et histoire (Machiavel, Braudel, Carl Schmitt) à son analyse du monde contemporain.

Trois remarques :
- (à propos des élections européennes): si l'on en croit l'élection présidentielle la France est divisée en quatre parts à peu près égales (LREM, FN, LR, FI);
- en 2050, l'Europe représentera 4% de la population mondiale;
- dans les relations internationales, elle risque d'être davantage un objet qu'un sujet.


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Agenda :
Matin : radio du pied en prévision de la rencontre avec le chirurgien demain.
Après-midi : rendez-vous avec mon tuteur à l'ICP. Nous avons arrêté un plan et une démarche. Il reste un mince espoir de rendre le mémoire à temps (Focus!).
Le trafic était intense, toutes les rues barrées : visite d'Angela Merkel, Xi Jiping et Jean-Claude Junker à Paris.

Retour progressif vers la normale

Huit avec le collectif garçons. Conversation de vestiaire : je suis heureuse d'apprendre que je ne suis pas la seule à me dire au milieu d'un 10000 mètres que tout cela est ridicule, je vais arrêter et aller faire autre chose.
Pascale : — J'ai passé les tests sans savoir ce que c'était. J'ai demandé des conseils à Gaëtan pour le 2000 mètres. Il m'a répondu: «ça consiste à cracher ses tripes».
Euh… Sachant qu'Anne-So m'a dit qu'elle avait senti son cœur s'envoler… ça fait pas envie.
— En fait il faut y aller à fond sur les huit cents premiers mètres avant l'acide lactique puis conserver le rythme et donner tout ce qu'on peut sur les cent derniers mètres. Et il faut savoir que même quand on pense qu'on ne peut plus rien donner on peut encore.
Je me suis inscrite pour les 10000 samedi prochain. Si je suis opérée du pied je ne pourrai pas faire de bateau pendant deux mois, mais je veux que mon engagement dans le collectif ne fasse aucun doute.

Cablage du dernier étage à travers le cagibi que j'appelle in petto "the priest hole" depuis que j'ai lu The Stranger House (Reginal Hill). Déménagement de l'ordinateur et écran du bureau d'O car c'est le prochain plafond à être repeint.

The Happiness Therapy puis The Proposition en projection sur le mur. C'est fun (pas les films, mais le fait d'avoir de nouveau un canapé pour se zoner dans un endroit chauffé après trois mois à ne pouvoir se réfugier nulle part).

Circonstances inattendues

Huit. Acacia planté au milieu du petit bras, comme tombé du ciel.
Caroline est devenue nauséeuse à la barre durant le dernier tour (migraine ophtalmique). Je propose de la ramener chez elle.
C'est ainsi que vers midi un cabriolet rouge décapoté s'est arrêté devant les militaires anti gilets-jaunes au centre de la place de l'Etoile. Un militaire s'est approché pour savoir ce que nous voulions: «elle est malade», ai-je expliqué tandis que Caroline ouvrait la portière pour vomir. Le militaire s'est retiré.

Nettoyage du canapé réinstallé sur la mezzanine et projection de Triple Frontière sur le mur.

Kapuściński (que je suis en train de lire) décrit exactement ce film (spoiler alert ?):
Mais l'avidité du tyran [Cyrus] va provoquer sa déroute, de même que l'insatiabilité causa naguère la déchéance de Crésus. De plus, le châtiment frappe toujours l'homme au moment où il croit être sur le point de réaliser son rêve, rendant son malheur encore plus cruel et destructeur. Désillusion, immense rancœur contre le sort vengeur, sentiment accablant de soumission et d'impuissance s'ajoutent alors à la lourdeur de la peine.

Ryszard Kapuściński, Mes voyages avec Hérodote, Pocket p.117


Fin de Daesh. Moins de cinq ans. Mais ce n'est pas fini. Que va devenir la Syrie? Et les hommes entraînés et dispersés?

Chez Virginie

Pauvre Gaston : «ils vous ont prise pour une illuminée». (Evidemment, je leur ai dit que je concevais une entreprise comme un tout organique qu'il s'agissait d'accompagner dans sa croissance et qu'il fallait être attentif à tout, à la stratégie comme aux signaux faibles. J'aurais mieux fait de leur parler de besoin de fonds de roulement. Il faut que j'identifie les mots qui sont attendus et que je les place, c'est aussi simple que ça.)

Pauvre Gaston, car j'ai été une bien piètre candidate alors qu'il m'avait fait confiance.

Le soir, dîner-buffet chez Virginie suivant le principe expérimenté chez Bénédicte.
Deux différences: il y a des hommes (un rameur du huit, leur barreur de Tours, l'entraîneur d'un autre club et Patrick) et surtout, pour une raison inconnue, personne ne s'assiera, ce qui a été épuisant au bout de quelques heures (talons haut et trois kilomètres de marche à partir de Nanterre).
Virginie possède quelques livres de chez Verdier. Ils me surprennent car ils sont délibérément présentés comme une collection à part entière. Est-ce qu'elle connaîtrait l'éditeur? Il faudra que je l'interroge.

Patrick (qui évoque plusieurs fois notre conversation du retour de Bruges: il trouve incroyable de s'être retrouvé dans une voiture avec trois autres catholiques) me dépose à l'Etoile, ce qui me permet de rentrer assez vite (important car j'ai très mal au pied: j'appréhendais le voyage train puis marche de St Lazare à Auber (ligne 14 en travaux) puis RER A puis RER D).


Dans la cuisine, les couches de peinture sont suffisantes pour donner une idée finale (les ouvriers désapprouvent ces couleurs circus).


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Guyancourt

Nous sommes partis tôt à Paris, pris notre petit déjeuner ensemble dans le 13e comme souvent, puis j'ai conservé la voiture pour aller à Nanterre (je le note car c'est une première. Quelques problèmes pour accéder au parking…)

Huit, séance de réflexologie plantaire, puis en route pour Guyancourt pour l'entretien d'embauche.
J'ai été reçu par trois personnes, le directeur, un responsable de la RH et un opérationnel. Cela s'est très mal passé, je n'étais absolument pas préparée, pas du tout pro.
Sur le fond j'ai été nulle. Sur la forme, ils m'ont paru à peine polis, ne respectant aucune règle élémentaire de courtoisie. Cela faisait mal dégrossi et m'a rappelé Cedi Sécurité.

Bref, je m'étais demandé ce que je ferai (ce que nous ferions) en terme de déménagement si le poste me plaisait; la question ne va pas se poser à double titre: je ne vais pas être retenue et je ne veux pas y aller.

Gaston

J'ai été contactée par un cabinet de recrutement (Gaston est un prénom fictif mais proche du recruteur) et j'ai passé un entretien — fort agréable — cet après-midi: «Bon, je vais vous présenter. Soyez plus assertive. Plusieurs fois j'ai été obligé d'aller vous chercher.»

Ce qu'il veut dire, c'est que je ne sais pas décrire ce que je sais faire. Je ne sais pas me vendre. Cela vient sans doute que j'ai toujours été embauchée pour faire des choses que je n'avais jamais faites — et que je les ai faites. Donc je n'imagine jamais que ce que je vais avoir à faire va ressembler à ce que j'ai fait — et pourtant c'est ce que recherchent les recruteurs: quelqu'un qui a déjà fait pour qu'il refasse.
Comme je le lui ai dit en riant, pour m'excuser d'être aussi mauvaise à faire ma propre promotion: «Donnez-moi le boulot, je vais vous le faire».
J'oublie toujours l'évidence : les gens ne me connaissent pas et il faut les rassurer.

J'ai deux handicaps : je n'ai pas dirigé de grosses équipes et — je ne suis pas payée assez cher actuellement. Je paie les erreurs que j'ai faites en 2003 en acceptant de passer à la doc en descendant de classe et en 2009 en ne demandant pas d'augmentation substentielle de salaire en passant à l'audit. Tout cela m'était tellement étranger, j'avais si peu conscience du snobisme ambiant.
(Vous n'êtes pas jugé sur votre valeur humaine, sur vos compétences, mais sur votre diplôme (même s'il a trente ans) et le salaire qu'on vous verse.)

Comment puis-je exprimer que je trouve absurde d'être payée plus puisque je n'ai pas besoin de plus? (Mais je sais qu'il ne faut pas l'exprimer. Quand je vois les salaires de certains dans ma boîte pour des emplois de fantôches… Oui, absurde.)

Par ailleurs j'ai eu aussitôt un rendez-vous pour demain soir — ce qui m'a paru étrange. Sont-ils désespérés à ce point?
L'autre point bizarre c'est que le recruteur a pris la peine de me prévenir des tentatives d'intimidation du patron que j'allais rencontrer demain. Celui-ci trouve-t-il intelligent de se conduire comme un gougnafier pour déstabiliser les candidats? Etonnant.

Front des travaux : l'escalier remonté il y a deux jours est utilisable. (Il a fallu attendre que le vernis sèche).

Free sans illusion

Pour une fois j'ai demandé un accusé de réception lors de l'envoi d'un mail. Free m'a envoyé le message suivant lorsque mon message a été ouvert :
Le mail envoyé le xxx 2019 10:03:05 GMT+01:00 au destinatairexxx@free.fr avec l’objet "xxx" a été affiché. Cela ne signifie aucunement que ce mail ait été lu (ou compris). Reporting-UA: 88.178.2xx.xxx

Jusqu'à quand accepter l'inacceptable ?

Les gilets jaunes et black blocks ont incendié le Fouquet's. L'argument classique est «ce ne sont pas les "vrais" gilets jaunes».

Mais qui sont les vrais? Car si la revendication des plus pauvres est fiscale, ça n'a pas de sens puisque ceux-là ne paient pas d'impôt. Quant aux autres… pas un jour sans découvrir que l'un ou l'autre des leaders les plus en vue est fonctionnaire en disponibilité ou héritier d'un grand garage nantais ou autre anomalie.
Qu'ils éliminent l'impôt, je serai riche, mais qui s'occupera des plus fragiles? Il y a tant d'incohérence dans tout cela, tant de perte de vue des articulations, de la pensée du monde comme un ensemble. Chacun dans son coin enviant tous les autres et non chacun supportant tous les autres dans une vision organique de la société.

«Ce que je voulais dire c'est que» il faut savoir choisir son camp: quelle que soit la sympathie qu'on peut éprouver pour le mouvement, il faut décider si l'on trouve opportun de soutenir une action dont les leaders ne sont plus qualifiés d'extrême-droite mais "d'ultra-droite" — ramenant du même coup, ô douleur, l'extrême-droite dans l'acceptable.
Je découvre que la haine de Macron peut amener un homo à soutenir l'homophobie, une gauchiste à trouver les fachos pas si graves.



Précision : ce n'est pas l'incendie du Fouquet's que je trouve inacceptable. Concernant cet événement, je suis surtout soulagée qu'il n'y ait pas eu de mort. Ce que je trouve inacceptable, c'est le premier mort, le deuxième, chaque mort, les gens quittant leur domicile pour une course ou une visite chez le médecin et ne rentrant jamais. Ils n'avaient rien demandé. Et non, je ne mets pas les blessés des manifestations au même niveau: eux ont fait un choix, le choix de manifester. Certes ils soutiennent être victimes de violence. Mais curieusement les marches pour le climat ou contre la violence n'entraînent aucun débordement. Pourquoi?

RC

Je m'apprêtais à envoyer une carte de félicitation à RC pour sa victoire contre Yann Moix (RC avait porté plainte contre Yann Moix qui l'avait traité d'antisémite. Je ne donnais pas cher de sa peau car je ne voyais pas un tribunal donner raison à RC dans le contexte actuel, avec la montée inquiétante de l'antisémitisme. Et pourtant, RC n'est pas antisémite. Il est anti-musulman).

Aujourd'hui un attentat a été commis contre des musulmans en Nouvelle-Zélande. L'un des inspirateurs du meurtrier est RC et sa théorie du grand remplacement.

Je n'ai pas envoyé ma carte de félicitation. J'ai pensé «ouf, heureusement que je n'avais pas de carte convenable sous la main et que j'ai pris du retard dans mon projet».
Je me demande ce qu'en pense Rémi.

Colloque œcuménique

Ce colloque célèbre la signature en 1999 de la Déclaration commune sur la justification entre les catholiques et les Luthériens, déclaration adoptée peu à peu par d'autres Eglises protestantes
Pour mes lecteurs non concernés, il s'agit en quelque sorte de la fin officielle des guerres de religion catholiques contre protestants: il s'agit de la reconnaissance par écrit que les objets de discorde n'en sont plus, parce qu'on ne pense plus exactement comme à l'époque, parce qu'on a pris le temps de s'écouter, parce que, surtout, on accepte de ne pas être d'accord sur tout tant que l'essentiel est préservé. C'est un processus fascinant
.

De l'importance de la narrativité.

« On ne peut pas changer l'histoire. Mais on peut changer la façon dont on en parle. »
«L'unité n'est pas quelque chose que nous produisons, mais quelque chose que nous recevons. Deux fois déjà j'ai dû bouleverser mon calendrier….»
Olivier Brès, ancien secrétaire général de la Fédération de l'Entraide Protestante

Parler ce ce qui rapproche plutôt que de ce qui sépare.

Maintenant la cuisine

Huit ce matin avec six filles et trois garçons (Martin, Franck, Simon). Isabel à la barre. Au un. Le vent souffle tant que nous rentrons après une boucle barrage-île.

Après-midi à transborder le contenu les placards de la cuisine dans la bibliothèque du salon (elle même mise en cartons) pendant que O. et H. reconstruisent la penderie et remontent le placard de l'entrée.

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Ensuite, démontage des dits placards.

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Le soir nous sommes défaits et épuisés, à peine heureux du travail accompli. Cela fait quasi trois mois que ça dure (17 décembre, il me semble).

Samedi studieux

Journée sur le bilan pendant que H. continue le câblage électrique.
Je ne me souviens de rien, je suis pas à pas la procédure que j'ai écrite en 2015 et mise à jour chaque année depuis. La méticulosité récompensée.
Ce soir j'ai quasi fini la partie fiscale et l'annexe du bilan. Il me restera le rapport de gestion.

Un pantalon en lin

Anne avait du chic. Elle avait un style, elle portait des pantalons en lin. Nous étions en première, et certes elle était redoublante, mais tout de même, c'était impressionnant qu'elle vécût en couple.

J'admirais son style, sa gentillesse, son aisance.
Pour l'imiter, j'ai essayé dans mon adolescence rondouillette un pantalon en lin. C'était atroce.

Il est normal que je pense à elle ce soir puisque je viens d'acheter un ensemble en lin.
(Toute une vie comme une revanche sur l'enfance, ou comme un accomplissement de l'enfance. Deux façons si différentes de le dire pour renvoyer aux mêmes actes.)

Un coup de fil

Aviron à midi : RER A, La Défense, métro ligne 1.

Sur le quai, coup de fil. C'est la commissaire aux comptes: «Allô, j'appelle pour nous régler les détails de notre venue lundi».
Je balbutie : — Vous venez lundi ?

J'ai complètement oublié. J'avais revu mon agenda en début de semaine, relu des mails: je n'avais rien vu sur les CAC. Je n'avais pris aucune note sur leur venue.
Eh bien voilà.
Elle me propose de décaler sa venue (avec une junior). Je sais combien son emploi du temps doit être serré en ce moment, elle est responsable de mission pour la première fois, c'est une jeune femme, je ne peux pas lui faire ça: «Non non, venez, je vais me débrouiller».

Ma voix n'est toujours pas revenue. Je rame dans le huit pour la première fois depuis un mois.

Un quatre

Toujours pas de voix. Ça m'arrange : pas de téléphone.

A midi, dans le désir de ne pas me couper du club, je vais ramer hors du huit.
Sortie avec William, Benoît et Marc.

Le soir, Barry Seal projeté sur le mur (si blanc) de la chambre. H. ne l'avait jamais vu.

La mule

Pas désagréable mais un peu bof. J'ai préféré de loin Barry Seal.



Rentré avec O. (qui a renversé son thé dans son sac de sport mais c'est une autre histoire) dans un RER dont le conducteur aimait le foot (il nous a expliqué que certes le train était en retard mais que nous serions à l'heure pour le match (quel match?). Il a diffusé de la musique dont j'ai supposé que c'était l'hymne d'un club).

Récupération

Journée à la maison. Toujours aphone. Salle de sport (cours d'abdos), sieste. Un peu de rangement.

Pas fait grand chose.
Demain doit arriver l'escalier pour le dernier étage. Il est d'un seul bloc, il va falloir le passer par la fenêtre du premier étage. Je ne vois pas comment c'est possible.

Bruges la ville

Ce matin je n'ai plus de voix. Du tout.

Tour paresseux en ville : à une dizaine rien n'est rapide. Pluie fine. Cathédrale, église, c'est dimanche, il y a des messes, on ne peut visiter. Béguinage, je me souviens de quelques explications de l'été 2017, mais bien peu.
Salon de thé. Impossible de monter au beffroi (ce qui était mon ambition) car trop de queue. Barquette de frites sur la place.

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Echanges de sms : mon chauffeur décide de partir à 13h30. Il passe nous prendre à l'auberge de jeunesse.

Retour : les mêmes qu'à l'aller, plus Anne-So. A un moment la conversation dérive sur le mariage pour tous et je découvre l'homophobie ordinaire. Le chauffeur a participé à la manif pour tous "parce qu'il faut voir ce que se prenaient les cathos". C'est bien pratique de pouvoir déclarer alors que je fais des études de théologie (c'est bien la première fois que j'en parle IRL, à part dans ce blog, je ne le dis jamais), cela donne un poids non-anticlérical à mon rappel des paroles de Monseigneur Vingt-Trois assimilant le mariage gay à la zoophilie.

Plus surprenant et plus douloureux est de découvrir la rigidité d'Anne-Sophie (que je n'imagine pas très engagée) qui déclare être gênée par les actuelles pubs dans le métro mettant en scène des couples d'hommes: «comment j'explique cela à mes enfants?»
En fait la question me paraît si absurde que je ne réponds pas car le développement serait trop long, et visiblement nous n'avons pas la même façon d'élever nos enfants. Tout d'abord le plus probable est que les enfants ne le voient pas: grâce à Dieu (si je puis dire) ils ne sont pas obsédés, eux, ils ne pensent pas qu'au cul, ils ne le voient pas, ne le comprennent pas et n'en ont pas vraiment conscience. Une fois qu'ils ont atteint l'âge où ils se sentent concernés, il n'y a plus grand chose à expliquer, mais le cas échéant, il faut aller à la vérité simple: «c'est une pub pour les préservatifs, ça évite d'attraper des maladies quand on fait l'amour.» Ça n'est pas si compliqué à dire.
Tout cela me traverse l'esprit, je ne réponds pas, par lassitude, parce que je ne vais pas la convaincre, que la seule façon de la convaincre serait de la faire rencontrer des amis homos, car je suis persuadée qu'elle ne doit pas en connaître — enfin, pas en connaître de déclarer, car statistiquement, il est probable qu'elle en côtoie.
(Il me semble d'ailleurs que c'est ainsi que la conversation avait commencé: j'avais remarqué que certaines expressions ou remarques pouvaient blesser des homos dont on ne savait pas qu'ils l'étaient; j'étais en train de plaider pour une certaine délicatesse de vocabulaire. J'avais eu droit à «on ne peut plus rien dire». Ben euh… d'un point de vue féministe je milite contre «on s'est fait baiser»: si c'est pour ainsi dévaluer la chose, cela ne donne pas envie de pratiquer. «On s'est fait avoir» est une option envisageable, ce n'est tout de même pas si difficile. Bref.)


Arrêt à une station-essence sur l'autoroute. Je m'aperçois que j'ai oublié mon blouson sur le dos d'une chaise à l’auberge de jeunesse avec pass Navigo, lunettes et clé de la maison. Nous faisons appel aux rameurs encore à Bruges qui passent récupérer mon blouson. Il me reste à les attendre à La Défense. J'ai deux heures devant moi. Je prends un billet pour Dragons 3 à La Défense (le seul dont l'heure de début soit adéquate) puis m'introduis en douce au milieu d'une séance de Greenbook. J'en regarde les cinquante-et-une minutes de la fin (soyons précis). Cela m'a rappelé un épisode de ma pire expérience en entreprise.

Je rentre. H. partait à Nantes à l'heure où j'arrivais à Paris. J'aide O. à passer deux cables internet à travers le mur de la chaufferie au salon.

Bruges les courses

— Mais alors, tu vas passer quatre heures dans le bateau! me dit Patrick B.
Damned, je n'y avais pas pensé ainsi: mais effectivement, barrer successivement les garçons puis les filles va me faire monter dans le bateau vers midi et en descendre à quatre heures.

L'organisation est la suivante : les bateaux montent vers la ligne de départ dans l'ordre inverse des numéros de concurrents (les plus grands numéros en premier: c'est notre cas puisque le bateau des garçons est le 44) puis partent deux par deux bord à bord dans l'ordre de leurs numéros — ce qui fait que les derniers arrivés sont les premiers à courir et les premiers arrivés au départ attendent le plus longtemps.

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Nous montons les cinq kilomètres. J'ai des problèmes avec la coxbox (appareil qui sert à mesurer la cadence (coups/mn) et à alimenter le micro qui permet de communiquer avec les rameurs (le dernier rameur est à dix mètres du barreur). Bien qu'elle est été en charge toute la nuit, elle paraît faiblir. Nous faisons quelques exercices.
Nous avions été prévenus qu'il fallait passer sous un pont en se penchant sous peine d'être décapités: de loin c'est impressionnant, il paraît impossible de passer sous un pont si bas (mais si).

Demi-tour. Attente (le temps pour l'un des rameurs de faire pipi debout dans le bateau: j'ai refusé d'aborder par peur d'abîmer la coque. Comme me dirait la nage (le rameur devant moi): «Je n'aimerais pas être le rameur derrière lui»). La coxbox rend l'âme. Nous repassons sous le pont bas. Bord à bord au pré-start: il s'agit de s'aligner, partir, mais le chronomètre n'ait déclenché que cinquante mètres après. J'entends "go", "mes" rameurs partent, nous venons de voler le départ à nos adversaires (ce qui n'a pas d'importance pour le chronomètre, mais beaucoup pour le moral).

En quelques minutes, nous remontons trois bateaux: nous avons démaré trop vite, cela ne faisait pas une minute que les précédents étaient partis. La cadence est 26, je hurle en scandant, je scande en hurlant, plus de coxbox, la nage voudrait que je ralentisse à 22 mais je ne le lui permets pas: vingt-six, c'est normal pour une course. Je ne vois rien, je ne sais pas où nous en sommes, combien de temps avant l'arrivée?
Ils feront le meilleur temps des "loisirs" (recreaten) masculins.

Arrivée, remontée du bateau sur tréteaux pour changer les réglages pour les filles. J'avale une soupe. Il fait gris, il bruine à peine mais il ne fait pas froid. Je remonte dans le bateau. Nous repartons. Cette fois-ci je regarde les rives pour prendre des repères; j'ai vécu le premier parcours comme un rêve. Les filles résistent mieux que je le craignais à l'absence de coxbox (j'appréhendais une déconcentration découragée).

Bateau 92. Cette fois-ci c'est nous qui nous faisons voler le départ. Deux coups de rame de retard, je le verrai plus tard sur les vidéos. Les filles s'accrochent, remontent. Je scande le rythme, je sais que si Anne-Sophie tient, elles tiendrons (et je sais qu'Anne-Sophie tiendra). Soudain l'autre huit se décourage et décroche. Nous partons à la poursuite du précédent, loin devant, à une minute d'écart.

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Plus tard Anne-Sophie me dira: «quand tu as commencé à hurler j'ai cru que tu te tairais au bout de dix coups mais tu as continué». Nous rattraperons pratiquement le bateau précédent qui nous fera une queue de poisson à cinq cent mètres de l'arrivée. (La nage s'excusera quelques heures plus tard : la barreuse de ce bateau est connue pour sa maladresse).
Troisième huit loisirs de filles. Elles sont devant un bateau mixte.

Démontage des bateaux. Remontée sur la remorque. Pelles, portants, tréteaux. Attente des résultats.
Nous sommes en retard pour la réception à l'hôtel de ville pour les cent cinquante ans de la course. Tant mieux, penserai-je une demi-heure après mon arrivée : impossible de rester assise aussi longtemps après une journée de sport.

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Tous les clubs sont appelés tour à tour. Pour la première fois un club turc est venu, chaleureusement applaudi. Et des Italiens, des Allemands, des Anglais, des Hollandais, des Hongrois.
J'espère en l'Europe même si j'ai peur pour elle.

Restaurant. Parmi tous nos bullshit jobs, un rameur a un métier passionnant: luthier, spécialisé dans les archers, et plus particulièrement dans les archers de contrebasse.

Aller à Bruges

RV au pont de Sèvres à quatre heures.

Voyage dans la voiture d'un couple de rameurs (ils se sont mariés depuis l'époque du lac de Vouglans). Le quatrième est Patrick, un ami de Virginie. Discussion à bâtons rompus. Par chance nous avons vu à peu près les mêmes films, ce qui permet d'avoir des références communes.

Nous discutons entre autres Gilets jaunes et de la France divisée. Patrick est persuadé que tout cela remonte à la défaite de 40 dont nous n'avons pas tiré tous les enseignements. «Lis L'étrange défaite de Marc Bloch, tu verras.»

Le soir, dîner au club. Puis auberge de jeunesse (oui, c'est bien la jeunesse de ces corps enchevêtrés sur les canapés en train de boire, regarder la télé ou écouter de la musique qui nous frappe quand nous entrons dans l'auberge). Je dors avec Anne-So, les autres sont dans une chambrée de six. Je m'endors très vite.
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