Jeudi

Pas d'aviron, j'ai été retardée par un salarié qui a fait du zèle en voulant précéder les négociations syndicales et se retrouve coincé entre la bonne caisse de sécu et la mauvaise mutuelle.

J'ai compris il y a quelques semaines que je ne pourrai jamais être satisfaite de ce que je fais ici. Il restera toujours des loose ends. Comme m'a dit H. un jour, j'aurais dû être cordonnier: avoir fini une belle paire de chaussures, ça doit être satisfaisant. Ce soir, je me demande s'il arrivait à mes grands-parents de voir approcher l'hiver avec l'angoisse de ne pas avoir fini de labourer tous les champs nécessaires, de ne pas avoir ensemencé tout ce qu'ils voulaient ensemencer.

J'ai donné rendez-vous à Lisa au bar du forum des images et elle se perd un peu en venant (elle a demandé à une passante où était la rue du cinéma qui lui a répondu que ça n'existait pas). C'est très calme. Nous corrigeons le mail que je dois envoyer à N. Stricker pour lui demander quel niveau d'allemand elle requiert pour assister à son cours (dans la brochure de l'IPT, elle recommande qu'on lui écrive en cas de doute sur ce point).

Snowpiercer. Bien plus inventif que je n'aurais cru, à côté de quelques grands ressorts traditionnels du genre. Je recommande.

Mrs Dalloway

RER A, vers 10 heures.





Le livre était chiffonné et semblait l'ennuyer profondément. Lecture pour la rentrée, sans aucun doute.

Mal entendu

— Ah non, après je lis La Genèse.
— C'est de qui ?

Et mon cerveau, petit soldat, de se mettre à chercher, tandis qu'une autre partie crie «nooonn, ne cherche pas». Processus contradictoire qui me coupe le souffle.



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Agenda

Un manteau pour O.

Bibliothèque Melville (pas très pratique, cela me déroute) pour rendre un film. J'en profite pour repartir avec Löwith (ce qui retarde la lecture de La Genèse, puisque je me mets à le lire aussitôt. En effet, grande nouvelle, j'ai fini Beauchamp, L'Un et l'autre testament T1, sur lequel je peinais depuis deux mois. Si j'ai bien compris, Beauchamp cherche dans l'AT l'annonce de la nouvelle alliance après l'ancienne, celle de l'Exode (ce qui est différent de ce qui est souvent pratiqué, éclairer le NT par des références à l'AT, ce qui est beaucoup plus simple puisque les auteurs du NT connaissaient parfaitement l'AT.)

Le film Jérusalem avec Nicole à La Géode. Un peu déçue, je pensais voir davantage de paysages (puisqu'on parlait de vision aérienne). En fait c'est surtout un film sur les trois religions qui se partagent moins d'un kilomètre carré, présentée chacune à travers une jeune fille. C'est sans doute un appel à la paix, mais qui insiste sur le mur de silence entre les communautés. Vivre ensemble sans se connaître, sans se parler, en s'ignorant. Cela n'est pas un message d'espoir.

Médical, suite

— Je suis venu inscrire ma femme sur ma mutuelle…
— […]
— …parce que vous comprenez, ma femme est enceinte, et le gynécologue, ça coûte 80 euros.
— Mais elle en est à combien de mois?
— Deux.
— Deux? A deux mois, un généraliste suffit, vous savez.
— On en a vu un, il a dit que tout allait bien, mais elle se sent fatiguée.
— Oui, elle est enceinte. Il y a celles que ça fait vomir et celles que ça fait dormir.
— Elle, elle dort.
— Elle a tiré le bon numéro. Vous allez aller voir un gynéco, il vous dira que tout va bien, et il vous prendra 80 euros.

Il est d'accord, il sourit timidement, à peine, je vois bien à son regard qu'il n'osera rien dire à sa femme. Elle a vingt-neuf ans, il a cinq ou six ans de plus, il ne lui refusera rien.

Mais comme je suis quand même gentille même si je n'en ai pas l'air, je lui donne quelques adresses de praticiens et de centres médicaux qui lui coûteront moins cher.

Médical

Notre médecin généraliste se moque de nous.

— Il m'a dit: «Vous êtes les seuls patients qui venez me voir quand la mononucléose est finie».
— Et si nous étions allés le voir plus tôt, cela aurait changé quelque chose?
— Rien. On ne peut rien faire contre une mononucléose, il faut attendre.

(Ouf, ça me fait toujours un remords de moins. O. était continuellement malade depuis avril (rhume sur rhume, otites, etc, rien de grave, mais continuel). Après avoir essayé pas mal de perlimpimpins, du magnésium aux oligo-éléments, j'avais fini par vouloir qu'il voit notre médecin. Pas si simple: celui-ci était absent pendant l'été, il sera en retraite en janvier prochain, et il est surbooké au présent… Mais impossible d'aller voir un médecin au hasard pour expliquer que vous venez pour une succession de rhumes. Je les connais, ils ne vous prennent pas au sérieux, ils sont persuadés que vous êtes "une mère inquiète", impossible d'avoir une vraie discussion. Ça m'agace.)

Chartres

Il pleut furieusement tôt le matin, je songe aux rameurs de Melun qui fêtent les 50 ans du club d'aviron.

Cruchons à Chartres, depuis combien d'années maintenant? Je pourrais chercher ici, mais j'ai la flemme, et qu'est-ce que cela changerait? Cruchons vidés de leur substance, sans lecture ou explication de texte, mais ç'avait déjà été le cas l'année dernière. L'annonce de RC en mars 2012 (si loin déjà!) aura vraiment tout fait voler en éclats.

Gare de Lyon, Aline, Jérémy, Laurent, cela fait une éternité que je ne les ai pas vus, et cela fait vraiment plaisir. La pluie s'est arrêté, le soleil pointe. Le train bondé se vide après Versailles. Discussion à bâtons rompus, Eugénie-les-Bains (une chambre à Eugénie-les-Bains), le sous-titrage, la comtesse de Ségur, sa biographie («son mari venait la voir une fois par an et chauqe fois lui faisait un enfant», la comtesse et l'ancêtre des relais H), des nouvelles de Marie, etc.

Chartres, étagères, bibliothèque, livres. Echanges, mes Camus trouve preneurs. J'ai amené des comtesse de Ségur et des Claude Simon, je repars avec un dictionnaire de grec, deux Daniélou dédicacés à François Mauriac et un Joachim Jérémias.

Nous sommes là un mois plus tard que d'habitude, pas de repas sur la terrasse mais dans une petite pièce, ni cuisine ni salle à manger. («C'est une vrai Knoll?») Charcuterie, pain, vin, fromage («J'ai pris du petit Billy»). «Aline et la réunion Tupperware» («ça passe le temps»), en attendant «Aline et la réunion sex-toy», et un jour peut-être «Aline entre au Sénat». Les garçons s'appellent Garçon, ça tombe bien. Pigny, Orléans, Nîmes (ni Nantes ni Lyon). Le chien, ma tante, une relation gagnant-gagnant. La vanille n'est pas bourbon. Nous ne faisons pas la vaisselle. Je prends Notes sur l'oreiller au moment de partir («Prends ce que tu veux» : je fais très attention à ne pas entendre cette phrase).

Puis la cathédrale, sans échafaudage pour la première fois depuis que nous venons (septembre 2009, j'ai vérifié). Le chœur, les colonnes peintes façon marbre, la statue de la Vierge, une impression d'Italie, loin de la cathédrale sombre que nous connaissons. Les vitraux au-dessus du chœur, Marie, la Visitation et l'Annonciation, Ezéchiel, Jérémie (avec une auréole si je me souviens bien), Jean-Baptiste, les grisailles des années 30, etc.

Le goûter (après avoir acheté une carte d'Océanie), Massenet et Thaïs, Laurent qui écume pour Jérémie la crème de la crème parmi les cantates de Bach de Philippe… La passoire pour les nouilles, ce n'est pas une passoire pour ceux qui ne savent pas se servir des passoires, mais une passoires pour les nouilles. Ah. Je feuillette Comprendre Wagner, une BD en allemand… (L'allemand est très tendance, tout le monde semble faire ou refaire de l'allemand.)

Retour debout dans le train, c'est fou tout ce monde, c'est la première année que c'est ainsi. Qu'avons-nous changé, la date, l'heure?

Enquête

Les questions sont ici.
Réponses apportées le 11 mars 2015.

1/ Non. Mais je sais qu'il vaut mieux ne pas trop y tenir, juste faire ce qu'on a faire. Et parfois oser, oser poser une question, s'inscrire à un colloque, etc.

2/ Je pense que non, mais j'ai l'impression d'être tout le temps en train de parler de mes rhumes et ma fièvre!
Depuis qu'Hervé à eu une hépatite A, je m'arrête plus souvent un ou deux jours: j'ai compris qu'il ne s'agissait pas de démontrer son courage, mais de ne pas contaminer ses collègues (et la rame entière du rer!)

3/ De l'ennui voire de l'angoisse: que se passe-t-il, que va-t-on me demander qui soit suffisamment urgent ou grave pour qu'on me téléphone?

4/ En fonction de leurs horaires, bien souvent! et parfois du lieu (ma ville). Il y a les films que je veux voir depuis longtemps, ceux que tout le monde va aller voir (et donc cela fait un sujet de conversation), mes acteurs et réalisateurs préférés.

5/ Rien, l'intérieur de ma bouche en esprit.

6/ La marche, le vélo, le cheval, tout ce qui est sans moteur. Il me semble que c'est ce qui permet de prendre la mesure de l'espace.

7/ Non, j'ai tout à fait l'impression qu'on ne prend pas assez soin de moi! (J'ai un peu honte de l'écrire, "faut pas se plaigner" disait ma grand-mère et c'est pitoyable. Est-ce faux?)
Mais enfin, par rapport à juillet 2012, (le billet que je viens de mettre en lien), j'en souffre beaucoup moins. C'est moi qui m'occupe de moi (aviron, voyages, études) et c'est très satisfaisant. L'erreur était d'attendre cela des autres (d'un autre).

8/ Les deux, aussi bizarre que cela puisse paraître. Parfois personne ne me voit, c'est comme si je n'existais pas, d'autres fois tout le monde se souvient de moi.
Mais évidemment, dans la rue, je me fais remarquer chaque fois que je porte un chapeau, c'est-à-dire le plus souvent possible.

9/ Pas vraiment. Quelques photos. Je voudrais avoir su que certaines heures étaient précieuses, les avoir vécues avec plus de conscience. Les photos ne permettent pas cela. Elles rendent le manque plus criant. Mais elles permettent la mémoire des visages.

Râler

Quatre opérations administratives à faire ce matin :
- faire des photos d'identités
- récupérer une nouvelle carte bleue puisque l'actuelle arrive à expiration
- faire refaire les deux cartes d'identité perdues.

Problème imprévu pour O. (le deuxième: le premier était d'avoir découvert qu'en cas de perte, une nouvelle carte coûtait vingt-cinq euros (sinon elle est gratuite)): parce que le passeport qu'il présente pour prouver son identité a expiré en juillet, il lui faut un extrait de naissance.
Donc il faut rentrer à la maison, faire la demande, et revenir à la mairie un samedi ouvert (pas les deux suivants). Ça m'agace, je n'y peux rien, ça m'agace vraiment, ces gens qui n'ont rien d'autre à faire que me faire perdre mon temps dans des allers et retours stériles. Qu'est-ce que ça peut bien faire que le passeport soit périmé depuis deux mois s'ils ont la personne devant eux?

En rentrant, O. commente: «trois opérations réussies sur quatre, c'est pas mal!»
Et pleine d'admiration, je me dis qu'il faut vraiment que j'arrête de râler.

Prévisions hydrométriques

Bien que je sois arrivée scandaleusement tard au bureau, je suis tout de même allée ramer. Il y a déjà beaucoup de courant. L'hiver s'annonce difficile, les bassins de rétention sont pleins, nous nous prendrons toutes les crues de plein fouet.

Enterrement

Enterrement d'Hubert à l'église de St-Germain-en Laye. Tout a été tellement soudain, brutal. Nous, les quelques élèves présents, le découvrons, père et grand-père, investi dans sa paroisse. Nous l'aurons découvert sa vie au moment de sa mort.

Ce que je connaissais de lui, c'était son attachement à la Bretagne et Ste-Anne-d'Auray, ses bons souvenirs de catéchisme d'avant Vatican II et nos disputes à propos du mariage pour tous. Nous entendions bien : la preuve, il était le seul avec qui j'osais me disputer à ce sujet.
Il était celui qui m'encourageait à poursuivre en grec II (ce que j'aurais sans doute fait quoiqu'il arrive, mais c'était encourageant d'être deux à peiner pour la même cause (je veux dire deux de la même promotion du cycle C)).
Nous revoyons son ami qui avait abandonné le cursus de théologie en début de cette année. Ils étaient si inséparables les années précédentes que voir Hubert seul depuis la rentrée nous donnait l'impression qu'il était orphelin.
Maintenant c'est nous qui le sommes.

Echange d'amabilités

— Bonjour, je pourrais parler à Mme Rousseau ?
— Bonjour Mme K.
— Ah, c'est gentil, vous me reconnaissez ?
— Oui, à votre façon de vous présenter.
— Et comment est-ce que je me présente?
— Justement, vous ne vous présentez pas: «je pourrais parler à Madame Rousseau».



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Explication : elle souhaite parler à ma collègue parce qu'elle ne veut pas me parler.

Opération

L'orthodentiste avait recommandé depuis longtemps que les dents de A. soient arrachées. Cette volonté de perfection et de norme m'agaçait un peu; d'un autre côté, je me souvenais bien des douleurs des dents de sagesse («il faut le faire pendant que tu n'as pas mal, je t'assure. Je te garantis qu'on a toujours mal un week-end ou un jour férié, bref, un jour où les dentistes sont fermés»).
Nous avions décidé d'attendre le bac, puis de retards en rendez-vous, la date avait été fixée aujourd'hui.

En cas d'anesthésie locale, un solide petit déjeuner est recommandé, j'ai prévu d'arriver tôt à Paris pour éviter les bouchons, nous allons aux Editeurs dont j'ai repéré la carte. A. prend ses médicaments (le dentiste a forcé la dose car elle a avoué son anxiété: elle plane un peu) et nous nous rendons au cabinet.

Le dentiste a du retard, nous attendons. En feuilletant un très beau livre sur l'art grec, A. a tout naturellement l'une des réflexions les plus païennes que j'ai entendues: «et dire qu'un jour, toutes nos cathédrales et tous nos tableaux auront aussi peu de sens que ces temples grecs…»
J'en n'ai le souffle coupé parce que je peux parfaitement adopter son point de vue. Après tout, pourquoi pas; après tout, c'est déjà le cas pour tant de gens; après tout, je suis capable de prendre la distance nécessaire à ressentir comme vrai ce qu'elle vient de dire.
Alors pourquoi m'accroché-je à l'idée que «cela ne sera pas»? Par peur, besoin de réconfort? Par conviction, entêtement?
Non, à cause de cette présence du Christ que je peux ressentir au quotidien à tout instant. N'est-ce qu'un fantasme? (mais à cette question il n'y a d'autre réponse que notre décision de répondre oui ou non, je le sais. Mais d'où vient cette décision, qu'est-ce qui la fait pencher dans un sens ou un autre?)

Je vais à la bibliothèque pendant l'opération. A mon retour, A. est un peu gonflée. Le dentiste souligne son courage: «cela a été très difficile, deux dents étaient coincées, il a fallu aller les chercher.»

Sur le chemin du retour, je m'arrête au Forum des Halles pour aller chercher un livre sur les Pokémon qu'elle a commandé. Je la laisse dans la voiture (les anti-douleurs la rendent flageolante et je ne tiens pas à ce qu'elle attrape un microbe dans la foule) et j'y vais: elle y tient tant; je suis persuadée qu'elle guérira mieux avec son livre qu'à se morfondre au fond de son lit en redoutant qu'il soit vendu parce qu'elle n'est pas allée le chercher assez vite.

Un choc

Au moment de quitter le bureau je consulte mes mails. Je ne comprends pas bien, apparemment un de mes camarades de cours nous écrit pour nous apprendre la mort de son père.
Il m'a fallu un moment pour comprendre qu'il n'était pas l'auteur du mail, mais l'objet, et que c'était sa mort qui nous était annoncée.

«La mort vient toujours par surprise.» C'était la première phrase du sermon à la mort de la mère d'un ami.

Cela faisait trois ans que nous étions dans le même TG, la célèbre phrase «c'est noté large» venait de lui car sa femme avait fini le cursus avec une mention TB. Cela me faisait rire.
Il va me manquer.

L'informatique pour la transparence

La société L. vend des appareils à verbalisation électronique. Certaines villes en achètent, s'en servent quelques semaines, puis arrêtent et reviennent au traditionnel PV en papier.

— Mais pourquoi?
— Le maire s'aperçoit qu'il ne peut plus faire sauter les PV. Quand c'est électronique, cela part directement au centre de gestion à Rennes, il n'y a plus de passe-droits possibles. Alors quand le maire s'aperçoit qu'il doit répondre non à deux ou trois notables du coin qui ne payaient jamais leurs PV, il fait mettre les verbalisateurs au placard et retourne aux vieilles méthodes.


Ce n'est pas la première fois que cela arrive. L'installation de planning et réservations informatisés de salles municipales dans l'une des plus grandes villes de France il y a quelques années avait rencontré une forte résistance: c'est alors qu'était apparu au grand jour (enfin, à la pénombre, il n'y a pas eu de scandale médiatique) tout un système souterrain de réservations payées de main à la main, permettant de favoriser ses amis et d'enrichir localement les gardiens des clés…

Enquete

Les questions sont ici.
Réponses apportées le 11 mars 2015.

1/ Du miel.

2/ La radio éventuellement. Ou Proust en CD.

3/ Toute l'année (je note les idées quand j'en ai), une à deux semaines avant, deux mois si ce sont des cadeaux par correspondance, la veille ou l'avant-veille si j'ai des vacances, voire après pour les gens que je vois pas ce jour-là.

4/ L'aviron

5/ Assise.

6/ Non. Les mauvaises valaient des engueulades ou le silence (mon père était un maître du silence).

7/ Les deux, ça dépend des prétentions de ce qu'on me montre (prétentions au sens neutre: à quoi cela prétend-il, divertissement, œuvre populaire, grand art?) Plus la prétention est élevée, plus je suis critique.

8/ S'il a beaucoup travaillé et que c'est raté, c'est encore pire. Je suis classique, c'est-à-dire que pour moi la perfection gomme l'effort, la perfection s'atteind quand l'effort et le travail ne se voient plus. Cela doit paraître facile.

9/ Non. Aux fâcheux je donne mon numéro au bureau.

10/ Jamais. Nous changeons éventuellement les meubles de place, tous les deux ou trois ans. Nous améliorons quelque chose tous les deux ou trois ans. Pas beaucoup de temps, pas beaucoup d'argent.

Anniversaire

Ma grand-mère aurait eu cent ans.

Oulipo

Soirée Oulipo. Je vais trop loin dans les couloirs (c'est agaçant, ces travaux interminables au niveau de l'entrée Est) et me retrouve nez à nez avec des statues de Romains et de sangliers, crus et cuits.

Restaurant, honnête (moins bien que l'ancien), mais surtout très aimable, arrangeant. Je suis pour une prime à la gentillesse. Il faut encourager, favoriser, les gentils. (Ce n'est pas une boutade: je crois vraiment que c'est fondamental. On a trop tendance à accorder ce qu'ils veulent aux pénibles, pour s'en débarrasser: non.)

Rires. Je me souviens avoir repéré des phrases pour les noter ici, mais j'ai tout oublié.
Je confie mon soulagement de me retrouver avec des "bizarres". (Je discutais l'autre jour avec un co-? (camarade de cours du soir) sur nos stratégies envers notre entourage professionnel: dire ou ne pas dire que nous suivons un cursus de théologie.
— Je ne le proclame pas, mais je ne le cache pas, si je dois partir plus tôt, par exemple.
— Moi je le cache, je ne l'ai même pas dit dans ma famille. Au mieux je dis que je prends des cours de grec ancien.
— Mais pourquoi?
— Je suis fatiguée de l'étiquette de bizarre ou d'intello.
(Oui, cela me fatigue beaucoup, cela me pèse.)

Conclusion : une des personnes présentes à table essaie demain de glisser le mot tautologie en conseil d'administration pour voir si c'est un mot connu autour d'elle.)

Dominique nous tient au courant des résultats de sa veille proustienne: édition de 26 lettres de Proust à sa voisine (j'aurais détesté avoir pour voisin ce célibataire sans contraintes voulant en imposer à tout son entourage), une édition fac-similée des épreuves de Combray corrigées par l'auteur (tirage limité, sortie prévue initialement aujourd'hui et repoussée d'une semaine) et le week-end de France Culture consacré à Proust.
Je n'ai pas osé lui dire que Proust n'est plus au centre de mes préoccupations, que désormais je recherche le temps à l'origine (ou au commencement? (cela est presque une plaisanterie mais pas tout à fait)) et que j'ai entrepris d'écouter Römer systématiquement).

Nous glissons sur le site Gallica : enchantement de tant de merveilles à disposition, désolation d'un outil si mal pratique, si peu adapté aux besoins, ne permettant pas les copier/coller, avec un moteur de recherche lamentable («Moi, j'utilise google en ajoutant "gallica" à la fin de ma recherche plutôt qu'utiliser le moteur de Gallica.»)
GEF fait remarquer à juste titre qu'en censurant Google Books, la France pénalise les chercheurs français par rapport aux étrangers.

Question

— Alors, ce devoir de math ?
Mes garçons : — Ça n'a pas marché très fort, mais toute la classe s'est plantée, alors…
Ma fille : — Je me suis plantée, je suis nulle, je n'y arriverai jamais. Larmes, désespoir, drame.

Question en forme de sondage : peut-on remplacer "mes" et "ma" par "les" et "la" ?





Et sinon, rendu un livre abîmé à la bibliothèque (je pense qu'il s'est pris du café sur la tête).
— Il était déjà comme ça quand vous l'avez pris? Je ne vois pas de note sur son état.
— Oui, il était comme ça.
— Parce qu'on demande aux gens de nous rembourser les livres abîmés.
— Ecoutez, ce n'est pas moi qui ai fait ça, mais je veux bien le payer pour la collectivité. Mais dans ce cas, je le remporte avec moi!
— Ah non, on le garde, on n'a pas le droit de vendre les livres.

(Et à son avis, quelle est la différence avec le livre qu'on garde chez soi en le déclarant perdu?)

Tristesse

Tristesse à voir monter le FN en France inéluctablement. «Ce n'est pas si grave». Ben tiens. Evidemment qu'on ne va se mettre à trucider tous les Juifs ou tous les Arabes dans la demi-heure. Evidemment. Rien n'est jamais grave. S'accommoder de tout indéfiniment. Après tout, hein. Ce n'est pas si grave.
Ce n'est pas le problème. Le problème est que le FN et son intolérance soient devenus le dernier recours, que plus un seul parti classique ne soit crédible, qu'il n'y ait plus rien que du vide, un vide intellectuel masqué par de l'agitation.

Donc ce n'est pas si grave. Ils vont arriver au pouvoir, faire beaucoup de bêtises, placer leurs amis aux postes importants (comme tous les partis qui n'ont pas été au pouvoir depuis longtemps — ou jamais), lutter contre l'administration en place (qui est constituée de fonctionnaires qui ne dépendent pas du résultat des élections), être regardés de haut et de loin par l'Union européenne, puis échouer et repartir après quelques scandales — comme les autres.

Pas si grave. Juste la mort d'une certaine idée de la France.

Dimanche

J'alterne déplacement/rangement/classement de livres et sieste, toute la journée. La fièvre tombe.

Cinéma à Yerres. Elle s'en va. La France que je connais et que j'aime. Les routes entre Lisieux et l'Aigle, entre Saint-Etienne et Bourg-en-Bresse.

Le soir, repas dont nous avons le secret, dans le genre souk sans logique, à la fois imprévisible et habituel.
A. rit tellement qu'elle s'assoit près du lave-vaisselle et n'arrive plus à se relever. Quant à moi, rire me fait mal aux poumons et je suis à la limite de m'étouffer.

Samedi

Matinée de TG sur les Targums, pseudo-Philon, les Antiquités bibliques. J'aime ça.

O. a cours de solfège à 13h30, ça nous plante tous les samedis, nous n'arrivons pas à caser un petit déjeuner et des courses dans la matinée. Moralité: quand j'arrive à la maison, H. et O. ont brunché, et je n'ai rien à manger. Je vais me coucher pour cuver ma fièvre.

Vers cinq heures je commence les opérations de réorganisation de la bibliothèque (deux étagères de moins tandis que nous avons récupéré les mangas et les BD des enfants ainsi que la SF et les policiers que H. avait emmenés à Mulhouse: je ne sais plus quoi faire des livres). Je planque l'Encyclopédie Britannica en haut d'un placard en attendant que tout le monde l'ait oubliée pour m'en débarrasser.

Cinquante ans d'un voisin, anniversaire surprise, j'ai tant de fièvre que je ne bois que de l'orangina. Nous ne connaissons personne, il fait plutôt froid sur la terrasse, je suis surprise par la jeunesse des enfants, de deux à douze ans, pour des gens qui ont plutôt cinq ou six ans de plus que nous. Beaucoup de familles recomposées, je n'ai pas l'habitude.

A. revient de Lisieux (bloquée une heure aux Halles dans le RER). Nous sommes cinq pour la première fois depuis le 4 septembre (c'est O. qui me le fera remarquer. Tout cela doit lui peser un peu, je suppose).

Enquête

Les questions sont ici.
Réponses apportées le 28 mars 2015.

1/ Voilà une bonne question! Pas la cuisine, c'est sûr. La bibliothèque… vous donnera une image de moi proche de mes blogs, je pense, elle ne correspondra pas à l'image qu'ont les gens qui vivent autour de moi sans rien savoir de mes cours, colloques, etc. Mes vêtements vous montreront surtout ma vie professionnelle.

2/ Un problème de "mobilité groupe" au boulot qui dure depuis trois mois sans que je parvienne à comprendre pourquoi il y a tant d'anomalies. Chaque fois que quelqu'un vient nous voir, nous découvrons quelque chose de nouveau! J'ai envoyé un mail vengeur en faisant la liste des opérations de vérification à mener et en écrivant en capitales QU'IL FALAIT CORRIGER TOUT CELA AFIN DE POUVOIR PASSER A AUTRE CHOSE, AINSI QUE VOUS DEVEZ LE SOUHAITER AUTANT QUE MOI.

3 / Oui, plutôt. Mais j'ai un ami qui a pris tant de photos de moi que j'en éprouve du malaise quand j'y pense.

4/ Oui, mais il n'en a pas le temps.

5/ Oui, pizza pour tout le monde, une fois par mois ou tous les deux mois.

6/ Non. Je crois que ça perturbe ma mère. Ce n'est pas joli de l'extérieur, mais pratique de l'intérieur.

7/ En cours à l'ICP. (Enfin, amis… des gens qu'on invite chez soi, avec qui on boit un pot, à qui on confie ses soucis? Qu'est-ce que c'est, un ami?)

8/ Oui, en sachant qu'il y a une chance sur deux pour que je me trompe.

9/ Non, je déteste ça. J'aime qu'il existe des mondes qui ne soient pas humains; ce n'est pas pour les rabattre sur de l'humain.

10/ Oui, le plus possible, ce qui n'est pas si facile quand on travaille à la Défense !

Rhume

Et c'est à peu près tout pour cette journée. Récupéré des (extraits de) Targums (avec un dialogue d'arbres qu'il faudrait que je scanne pour M. Pic: quel arbre acceptera-t-il de servir de gibet à Haman? Tous se défilent, seul le cèdre accepte).

Deuxième cours à l'Institut Goethe. Expérience de l'aphasie.

Chassée du salon par le retour du fils prodigue, je squatte le bureau de ma fille. Où irai-je pendant les vacances prochaines?

Le fils prodigue

Deux figures me retiennent dans la Bible : celle du frère du fils prodigue qui ne se réjouit pas, celle de Jonas qui ne veut pas aller à Ninive car il désapprouve la mansuétude divine et ne veut pas se fatiguer à prêcher alors que Dieu est prompt au pardon.

Autre figure: le père du fils prodigue.
Il n'y a pas à tortiller, je suis plus rancunière.
Ou : j'ai la mémoire plus longue, la méfiance à fleur de peau, d'autant plus à fleur de peau que je combats ma naturelle tendance à faire confiance.
Ou : le fils prodigue ne paraît pas avoir fait montre de beaucoup de repentir.


C. est accepté à 42. Cela ne parvient pas à me réjouir. Je l'ai vu abandonner trop de cursus aux environs de février-mars. Je commencerai à y croire un peu en juillet prochain.

Deux cours d'allemand

J'avais envoyé un mail à l'institut Goethe pour demander s'il était trop tard pour m'inscrire aux cours, et comme je n'avais pas de réponse, j'ai demandé à une connaissance FB si son amie allemande accepterait de me donner des cours particuliers. Elle a dit oui. Dans les heures qui ont suivi cette réponse, l'institut Goethe m'a contactée pour passer un test de niveau.

Donc aujourd'hui en descendant du train je suis allée attendre dans un café l'heure du test d'allemand (dix heures) tandis qu'à midi je rencontrais pour la première fois Lisa. Je nous ai installées dans une petite salle de réunion de l'entreprise, je ne suis pas sûre que ce soit tout à fait autorisée (en fait je suis sûre que ça ne l'est pas).
Dieu que je suis rouillée, c'est l'anglais qui monte aux lèvres, spontanément.

Selon le test de l'institut Goethe je suis niveau b1. J'ai signé pour des cours jusqu'à fin janvier (un semestre) deux fois par semaine, le mardi et le jeudi, de midi et demi à deux heures. Ça m'arrange parce que ce sera invisible pour les enfants (je ne rentrerai pas plus tard) mais ça va me faire rentrer tard au bureau à l'heure du déjeuner.

Dijon deuxième journée

Patrick m'emmène voir "le puits de Moïse", qui est l'inverse d'un puits, puisque c'est un socle.
C'était le socle d'un calvaire haut de sept mètres au milieu de la nécropole des ducs de Bourgogne. Il ne reste que le socle, avec six prophètes : Moïse, David, Jérémie, Zacharie, Isaïe et Daniel. C'est très beau, délicat et plein de force, restauré avec goût, sans couleur criarde comme il aurait pu être tentant de le faire.

A midi nous perdons malheureusement un temps fou dans un restaurant qui m'a attiré par sa déco (des poils de vache). Nous n'en finissons plus d'attendre, c'est mortel.

Siegfried et Le crépuscule des dieux.
Siegfried est celui que je connais le mieux puisque c'est le seul que j'ai vu en entier. L'oiseau est joué et surtout chanté par cinq ou six enfants. C'est charmant et joliment faux (ou comme dirait ma fille, ils chantaient juste chacun séparément), j'espère qu'ils ne se feront pas démolir par la critique (Philippe me dit qu'il a entendu des commentaires du type «C'est un scandale» de la part de critiques "officiels" qui n'avaient peut-être pas tout à fait saisi avant d'être dans la salle que c'était un Ring raccourci). Cela me met en colère, ce n'est tout de même pas la faute des artistes si ces critiques sont inattentifs.

Le Crépuscule me paraît de loin le moins bon des quatre, c'est coupé, très coupé, sans doute trop. C'est dommage, car étant la dernière représentation, c'est celle qui reste en tête. (Conseil: si vous montez une Tétralogie, commencez par travailler Le Crépuscule, il faut qu'il soit parfait, ce sera la dernière impression du spectateur.) Ici, les liens logique du récit ont disparu, il reste un château désert et en ruine, des personnages en pleine décadence, un Wotan en pleine dépression. On ne comprend pas qui est Hagen, on ne comprend pas la fin de Brünnhilde. Ce qui est clair, c'est qu'une page se tourne, ou plutôt, qu'un nouveau livre se commence, lu par un enfant.

Je termine donc par des réserves, mais au global, j'ai pris beaucoup de plaisir aux quatre représentations, et, le plus important pour moi, les enfants aussi (qui ayant lu les livrets et les ayant retenus, commentent les coupes avec des mines de vieux Wagnériens, ce qui me fait beaucoup rire (intérieurement)).

Dijon première journée

Peur que quelque chose foire, que le RER ait un problème, que je perde les billets de train… je les vérifie vingt fois dans mon sac, vingt fois je ne les trouve plus…
— Maman c'est bon, tu les avais il y a trente secondes. Arrête!
Je suis contente qu'ils aient eu envie de venir.

Arrivée à Dijon sous la pluie, je malmène tout le monde pour trouver l'hôtel, en fait c'est tout simple, je ne comprends pas les commentaires de Tripadvisor qui décrivait un chemin compliqué dans la vieille ville.
La chambe est amusante (c'est une "suite"), toute de guingois sous les toits, pas une surface verticale ou horizontale. Un peu dangereux pour les grands.

Crypte de Saint Bénigne. Encore les méfaits de la Révolution. Cela me stupéfiera toujours: quelle somme de haine accumulée, comment ou pourquoi cette rage de destruction? La crypte a été dégagée, des chapiteaux et des pierres remplacées. Difficile de savoir si cela ressemblait vraiment à cela, en tout cas le travail a été effectué avec soin et amour (c'est la même chose).

L'or du Rhin et La Walkyrie. Cela n'a rien à voir avec Reims, ou du moins pas grand chose. La salle est immense (enfin, grande; immense par rapport à Reims), très agréable (je la préfère à l'opéra de Lyon, si noir); il y a beaucoup de monde dont une bonne partie parlant allemand.

Le spectacle est très bon, netteté de la ligne instrumentale qui dialogue avec les chants ou les souligne sans jamais les couvrir; netteté des voix qui articulent, netteté du décor, avec une thématique autour du livre et de l'écrit (le savoir comme trésor?).
Mention spéciale pour Siegmund/Siegfried (Daniel Brenna), Sieglinde (Josefine Weber) et surtout Brünnhilde (Sabine Hogrefe).

Les coupes ne sont pas les mêmes qu'à Reims; j'ai l'impression qu'à Reims le récit, sa cohérence, la cohérence entre les personnages et leurs interactions les uns par rapport aux autres avaient été privilégiés, alors qu'ici ce sont les "blocs" musicaux qui me paraissent mis en avant, en particulier les duos (ou plutôt les dialogues). C'est une option sans doute meilleure d'un point de vue artistique, à condition de connaître les œuvres (donc de ne pas utiliser ce Ring réduit pour découvrir la Tétralogie).

Pour le reste, le contenu du livret provoque toujours en moi la même répulsion. Il faudrait que je lise les livrets pour vérifier mes impressions, mais je suis frappée par la dimension punitive du sexe dans ces opéras, par l'importance de la pulsion de viol: Freia emmenée par les géants, Sieglinde mariée de force, Brünnhilde offerte à l'homme qui passe (avant que la sentence soit "adoucie"), Erda utilisant le mot "contrainte" (problème de traduction? "tu m'as contrainte…"), Brünnhilde parlant d'être "contrainte au plaisir et à l'amour" (demain, j'anticipe)… et cela se reflète dans les paroles de Wotan, qui voit l'acte sexuel comme une flétrissure que l'homme impose à la femme, ce qui suppose qu'il a de lui-même une bien piètre image… Freud était nécessaire de façon urgente.

Mais ce qui me choque le plus, c'est la punition de Brünnhilde: Wotan punit la pitié (après avoir espéré peu de temps avant un enfant libre qui exécute ses désirs sans qu'il intervienne…). Cela n'arrive jamais, je pense, dans la tragédie antique, dans la Bible, dans les mythes, dans les épopées. La pitié est le geste sacré qui est toujours respecté. (J'ai cherché des contre-exemples: Antigone? Mais c'est un devoir de piété qu'accomplit Antigone, piété envers un mort, pas pitié envers un vivant). Sans doute va-t-on argumenter que ce que Wotan punit, c'est la trahison de sa volonté par sa volonté (un double de sa volonté, une autre lui-même). Mais cela veut simplement dire que Wotan punit sa propre pitié. Wotan n'a pas la grandeur qui permet la pitié, il est agité de calculs, il ne vit plus au présent, mais dans un futur qu'il craint et tente de prédire (pour l'éviter ou le faire advenir? Ce n'est pas clair, il y a une pulsion suicidaire chez Wotan, et c'est d'ailleurs ainsi que cela se termine). Qu'est-ce que c'est que ce dieu?

Le vrai dieu, celui qui agit selon ce qui doit être, sans chercher à suivre un plan qui favorise ses propres intérêts, sans chercher à calculer les conséquences, qui réagit spontanément au courage de Siegmund et à sa déclaration d'amour ("garde ton walhala, je n'en veux pas sans Sieglinde") ou qui a pitié de Sieglinde et protége la vie sans défense, c'est Brünnhilde.

Enquête

Les questions sont ici.
Réponses apportées le 27 avril 2015.

1/ Ça m'arrive. Rien de particulier, vacances, famille, le plus souvent.

2/ Non. Mais si c'est possible, j'essaie de ne pas la faire seule, de la même façon que j'essaie de participer aux corvées des autres ou de leur trouver des adjoints. A plusieurs, c'est moins une corvée.

3/ Le soir si je pense à ce que je voulais faire et n'ai pas fait.

4/ De temps en temps. Ça dépend de ce que je porte et de ce que je cuisine.

5/ Oui, c'est un doudou!

6/ Une heure ou des années (se sentir chez moi dans cette maison et non dans la maison du précédent propriétaire a pris des années).

7/ Oui.

8/ Je crois que oui, une fois, un peu contre mon gré, près de St Lazare. Je ne sais plus ce qu'on m'a dit, une histoire de maladie, je crois.

9/ Plus je vieillis plus je ressemble à ma mère (c'est terrible de donner raison à un dicton).

10/ Je le ferais volontiers mais je n'y pense pas!

11/ Le soleil

Vendredi

- Trafic aérien au-dessus de La Défense à 8 heures du matin



- Barbecue à l'aviron.

- Runaway train. Les valeurs américaines, de la vitesse et de la neige. Quand j'entends Manny en cavale dire à son jeune complice qui rêve d'Accapulco et de jolies pépés: «—Tu trouveras un boulot et tu astiqueras et tu ne regarderas pas ton patron dans les yeux et quand il te dira que tu as mal astiqué dans le coin, tu ne répondras rien et tu frotteras le coin. —C'est impossible, je ne ferai pas ça, et toi, tu ne le ferais pas. —J'aimerais avoir le courage de le faire», je pense à Beauchamp, à la Loi et au décalogue.

A. le soir à la maison. Le niveau sonore augmente brutalement. Mais c'est plus gai.
Elle s'est moquée de moi parce que je ne prévoyais qu'un livre pour ce week-end (sur la liste que je prépare pour ne rien oublier: «Mets un "s" à "livre", maman».) J'ai refusé: c'est moi qui porte (et puis surtout, il est toujours possible que nous en achetions sur place. Cela, je ne le lui ai pas dit).

Conjonction astrale, vous dis-je

Saisi au vol en passant à huit heures devant le Relais H de la station Esplanade de la Défense:

— En ce moment, qu'est-ce qui marche ? … Rien !

CA

Conseil d'administration. C'est bizarre, personne n'a l'air d'avoir l'instinct de la pertinence d'une extrapolation. On me demande des calculs extrêmement précis à partir de chiffres approximatifs. C'est un peu comme calculer Pi à six décimales près en mesurant la longeur d'une ficelle ayant entouré une boîte de conserve (mon premier calcul de Pi, en primaire. Je peux dire avec fierté que j'avais trouvé 3,14. Espérons que mes estimations du résultat de l'exercice 2014, en ayant entretemps fait bouger absolument tous les paramètres de façon indépendante, aura la même exactitude, ce ne sera déjà pas si mal. (De mes calculs va dépendre l'augmentation de cotisation de l'année prochaine. Comme c'est aussi moi qui prends au téléphone les gens qui pleurent, les conséquences concrètes de mes calculs bizarres vont m'apparaître très vite.))

Mail laborieux à une potentielle prof d'allemand (j'ai décidé de faire dans l'efficace (du moins j'espère)). Ouh que je suis rouillée.

Tard le soir, O m'annonce qu'il ne retrouve pas son portefeuille. Il contenait (ou contient) ma carte bleue et ma carte d'identité. Décidément, la période n'est pas faste.

Notes

Sortie en quatre de couple sans barreur avec trois seniors. Première fois que j'utilise des pelles-haches (c'est léger). La nage trouve que le bateau tombe à tribord à l'attaque, je trouve qu'il tombe à babord au dégagé. Je suis tordue dans les bateaux, je penche à tribord, c'est insupportable, incorrigible. Il faut que je fasse du skiff, mais maintenant ça attendra le printemps. Epuisée le soir, je m'endors quasiment en grec (les cours reprennent aujourd'hui, je ne serai pas là samedi pour la journée de révision.)

Je lis Beauchamp, il me fait penser à Barthes, la même déconnexion des textes qu'il commente. Il plane.
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