Enquête

Les questions sont ici.

1/ Non. Je n'ai pas l'impression d'être attirée, juste de rencontrer lors de concours de circonstances. Des types différents.

2/ Avoir chaud, ne pas mettre de talons !

3/ Quelquefois. C'est toujours la même chose: difficulté à ouvrir un livre de poésie (paresse, pas envie de l'effort), difficulté à le fermer (intense ravissement).

4/ Oui, si on appelle être utile faire rêver ou porter un souvenir. Disons pas forcément "utile" mais ayant toujours une raison.

5/ Non. Un mail, peut-être.

6/ Oui si je peux! (étendre du linge…) Mais ça devient difficile car nous avons fixé la ligne fixe de la maison (je veux dire que ne supportant plus la mauvaise réception des téléphone sans fil, nous avons repris un téléphone avec fil (cordaire?))

7/ Non. Mais pour moi c'est forcément petit. Je songe à Jérémy à la Réunion ou en Islande: évidemment, ce n'est plus la même chose. Mais je ne connais pas ce genre d'îles.

8/ Non.

9/ Italie

10/ Non. Des micro-absences. L'anti-fugue, plutôt: s'absenter et revenir sans que personne ne s'aperçoive de mon absence. Etre ailleurs. Habitant Blois, j'ai ainsi passé une journée à Paris pendant mes années de lycée, habitant Paris, trois jours à Venise, je pars au bureau et je vais en cours, etc. Aujourd'hui avec le TGV c'est encore plus facile. Je pense que personne dans mon entourage n'a su que j'avais assisté à la thèse de Tristan, par exemple.

Divers

- Réglé les détails de la garde d'un chaton dans la matinée (JA bon ange des petites bêtes, qui l'eût cru);

- ramé dix kilomètres AU SOLEIL. Très bon quatre;

- je suis à Florence ce soir (non sans être un peu ennuyée de laisser aux enfants le soin de s'occuper de la personne que nous allons héberger un certain temps (combien de temps?): il est arrivé jeudi, je lui avais demandé quand il repartait en précisant que c'était pour organiser les repas, il avait répondu qu'il arriverait les dimanches vers 23 heures et repartirait les vendredis tôt le matin. Il avait juste oublié de préciser que par exception avant la rentrée (il est prof) il souhaitait rester ce week-end. Donc il reste, mais sans nous. C'est un peu étrange, mais il n'avait qu'à répondre précisément à ma question précise (c'est surtout pour les enfants que ça m'ennuie, bis. Mais enfin trois sur quatre sont majeurs, et ils savent (bien) cuisiner)).

Une certaine sécheresse

J'ai un peu honte, d'un autre côté cela explique tant de choses en si peu de mots :


Brouillon de lettre que j'ai donné à relire pour avis et conseil (sachant que je fais bref car j'ai appris que toute explication provoquait des appels téléphoniques):
En 2015, la Mutuelle met en place la mensualisation par prélèvement de la cotisation annuelle que nous vous réclamions jusqu’ici par chèque.
A cette fin, vous trouverez ci-joint un mandat SEPA à nous retourner complété et signé, accompagné d’un RIB.
Le premier prélèvement interviendra le 10 janvier 2015.

(formule de politesse)


Retour du président de la Mutuelle. En voyant la longueur, je me suis dis qu'il avait fait ce que je craignais: ajouter des explications. Eh bien non.
En 2015, la Mutuelle fait évoluer ses services en mettant en place le prélèvement mensuel de la cotisation. Ce nouveau mode de paiement remplacera le mode de paiement actuel par chèque.

A fin de mettre en place ce service, nous vous prions de bien vouloir nous retourner :
- le mandat SEPA (ci-joint) complété et signé : attestation nous autorisant à mettre en place le prélèvement avec votre établissement bancaire,
- Un Relevé d’Etablissement Bancaire (RIB) de votre compte bancaire sur lequel sera prélevée la cotisation.

Ce service sera mise en place dès 2015 et le premier prélèvement interviendra le 10 janvier 2015.

(formule de politesse)

Seule consolation: j'aurais économisé de l'encre.

Les potins assassins

— Je n'ai lu que deux Que sais-je. Un sur la grammaire et un sur le structuralisme.
— Celui de Piaget? (P., l'homme qui connaît les auteurs des Que sais-je). Il y a celui sur le marxisme qui est très bien, de Lefebvre, tu connais? Sartre a commencé, oui, il n'a quand même pas fini grand chose, oui, il a fait paraître le premier tome de Critique de la Raison dialectique, eh bien, tu sais ce qu'on disait? Que tout ce que Sartre avait lu de Marx, c'était le Que sais-je sur le marxisme.

Que d'eau

Hier au lit avant 21 heures — et je m'endors aussitôt. Qu'importe, me dis-je, je me lèverai plus tôt — et puis non. Il pleut, j'entends pleuvoir sur le velux dans mon sommeil, une pluie ininterrompue. Vers trois heures du matin bruit différent, je me réveille aussitôt, déplace les bassines: nous avons des fuites, il paraît que les joints des velux ne sont plus étanches, quand il pleut trop longtemps, il pleut dans la chambre. So old fashion, façon château désargenté. (Ce qui fait que ce n'est pas sans une certaine inquiétude que je suis partie en Grèce).
Bassines, un gant de toilette ou un torchon au fond de la bassine pour éviter les éclaboussures.

Il y a presque dix jours, peut-être dix jours, vendredi, le 15 août, nous sommes prévenus par un voisin que la rue devant chez nous est inondée; cela provient de notre compteur. (Nous ne savons pas depuis combien de temps cela dure, il pleuvait tellement que la flaque passait inaperçue.) Celui-ci a été remplacé en avril, nous avions prévenu à l'époque que la fosse de l'ancien compteur s'était remplie d'eau. Une équipe s'était déplacée, était repartie, sans montrer beaucoup d'intérêt.
Nous prévenons aussitôt la Lyonnaise des eaux, elle enverra une équipe, peut-être dimanche (le week-end de l'Assomption, ça m'étonnerait!). Finalement, des ouvriers sont passés mercredi dernier. Ils ont constaté la fuite (aucune inquiétude pour nous, la fuite est "du bon côté" du compteur, et tout changement de compteur entraîne une garantie d'un an sur les éventuelles fuites), délimité le terrain. Puis ils sont partis.

Depuis une semaine, cela continue de fuir, mais officiellement.
Je suis furieuse. Il y a cinq ou six ans, ils nous ont fait payer trois mille euros pour une fuite imaginaire (le compteur avait tourné mécaniquement sur lui-même, sans doute suite à des travaux de terrassement dans la rue. Il n'y avait pas eu de réel écoulement d'eau, la preuve en étant qu'aucune fuite n'avait été trouvée et que pourtant le débit était redevenu normal. Il n'y avait eu aucun moyen de leur faire entendre raison), mais là, quand l'eau fuit réellement de leur côté, cela leur est totalement indifférent. C'est scandaleux.





Complément : la fuite a été arrêtée le 10 septembre après que H. se soit déplacé à Villeneuve-St-Georges pour protester auprès de la Lyonnaise des eaux.

Heureusement les syndicats vous défendent

Je précise que l'immeuble fait huit étages. Un ascenseur sur trois sera immobilisé (par roulement) durant la durée des travaux. Ce message concerne les personnes qui pointent.

Mail reçu ce jour:

Madame, Monsieur,

Comme vous en avez été informés par mon précédent message, les travaux de remise aux normes des ascenseurs démarrent ce 25 août sur le site de xxx.

Consciente des «désagréments» liés à ces travaux d’ascenseurs, et en accord avec les Organisations syndicales, la Direction du Groupe a décidé d’accorder, à titre exceptionnel, 2 jours RTT supplémentaires aux salariés de ce site en enregistrements horaires. (Cette mesure ne concerne pas les collaborateurs en « forfait jours ».)

Ces jours RTT exceptionnels seront accordés selon les modalités suivantes :

Pour les salariés en CDI à temps complet ou temps partiel supérieur à 50 % :
- 1 jour à compter du 1er octobre 2014,
- 1 jour à compter du 1er janvier 2015.

Pour les salariés en CDI à temps partiel inférieur ou égal à 50 % :
- 1 jour à compter du 1er octobre 2014.

Pour les salariés en CDD et les salariés nouveaux entrants, ces jours seront accordés :
- au 1er décembre 2014, sous réserve d'une durée de présence de trois mois, de septembre à novembre 2014, et,
- au 1er avril 2015 sous réserve d'une durée de présence de trois mois de janvier à mars 2015.

N’hésitez pas à contacter votre correspondant RH pour de plus amples informations.

Les équipes RH et logistiques comptent sur votre compréhension pour la gêne occasionnée durant cette période de travaux.
D'un côté les personnes qui pointent sont souvent celles qui ont le salaire le plus faible et il est compréhensible d'être attentif à leur sort. D'un autre côté ce degré de pinaillage me laissera toujours pantoise. N'ont-ils pas des sujets plus urgents à traiter?

Un dimanche entre amis

Expendables 3 que j'ai envie de qualifier d'émouvant. (Il faut avoir grandi avec les acteurs pour penser cela, je suppose).

Déjeuner au Au pied de cochon.

Promenade aux Tuileries où nous observons diverses attractions: une bulle qui flotte sur l'eau dans laquelle la victime est enfermée et tente désespérément d'avancer (mais la bulle tourne sur place, supplice du hamster dans sa roue), deux sièges montés sur un ressort puissamment armé qui une fois libéré les projette vers le ciel (bon entraînement de cosmonautes). Nous arrivons trop tard devant le Jeu de Paume pour visiter les expositions.

Au retour nous passons par le centre des Tuileries, puis la pyramide du Louvre, la place carrée, ma préférée. Nous émergeons de l'autre côté.
— Quelle est cette église ?
— C'est St Germain l'Auxerrois.
— Celle qui a donné le signal de la Saint-Barthélémy.

Ce n'est que tard le soir que je me rendrai compte que nous sommes le jour de la Saint-Barthélémy.

Du soleil

Ce matin, 14 km voire un peu plus sur la Seine — en fines bretelles, et j'ai même l'impression d'avoir le nez un peu rouge.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Non, je la ramasse et la donne au chat en pensant à ma grand-mère qui la mettait dans ses gâteaux (et je me dis a) que je suis bête b) qu'elle serait choquée).

2/ Non. Un ami m'a parlé des urgences psychiatriques, je conserve précieusement l'information que cela existe (je n'imaginais pas qu'il pouvait y avoir un service d'urgences psychiatriques comme il y en a pour les urgences corporelles.

3/ Oui quand je les regarde (je suppose que seuls les bons sont encore montrés!), mais je n'ai jamais envie de les regarder avant de m'y mettre (c'est comme beaucoup de choses: content pendant et après, jamais envie avant, donc il faut se forcer).

4/ Aucun. La varicelle, ça gratte ("Ne te gratte pas, ça va faire des cicatrices")

5/ Je n'en applique aucune et pourtant je devrais. Le plus efficace pour moi est de me rendre parmi les livres, librairie ou bilbiothèque, et de me promener, de les regarder. Je n'ai pas besoin de les ouvrir, juste de sentir qu'ils sont là. Tout redescend, la pression sanguine, le rythme cardiaque, les idées noires, l'indignation… mais je n'y pense pas — et puis ce n'est pas forcément facile.

6/ A en croire un ami, oui. Des cernes noires.

7/ Oui, beau, très beau (NB: j'écris cela le 27 septembre 2014 et je suis contente car j'irais sans doute ramer.)

8/ Il y en a combien? Plus de 300? 10 à 15 %, j'en ai peur.

9/ Oui, avant ou après, mais oui (ensuite j'oublie les inconnus).

10/ La rumeur lointaine, très lointaine, de voitures, trains ou avions. La ville, quoi. Et un hibou certains soirs, fenêtres fermées.

Winter sleep

J'ai vu une Palme de Cannes au cinéma!

Je me demande si ce n'est pas la première fois. Il y a toujours un tel battage autour que ça m'agace. Mon snobisme est l'anti-snobisme. Mais quand j'ai su qu'il s'agissait du réalisateur d'Il était une fois en Anatolie
C'est le même confinement, la même impression de pièce de théâtre: lieux clos et dialogues. J'ai préféré le précédent, moins intimiste. Une fois encore, j'ai oublié que je ne connaissais pas la langue, j'ai fermé les yeux en pensant continuer à comprendre, tant les situations sont connues, ont quelque chose d'universel.

Je ne sais pas si c'est un film à recommander. Ce n'est pas drôle, mais ce n'est pas triste. «C'est la vie», aurait dit ma grand-mère.

Productivité

A. travaille un mois en job d'été dans mon entreprise. Ce soir je lui demande négligeamment:
— Alors, tu as bien travaillé aujourd'hui ?
Elle fronce le nez :
— On a fait des origamis toute l'après-midi.
— Quoi ??!
— Oui, j'ai dit que j'avais besoin de la boîte vide de gâteaux pour mettre mes grues et que j'en avais déjà trois cents, et Françoise n'a pas compris ce que c'était, alors je lui en ai fait une pendant qu'elle s'absentait, alors Eva a fait une cocotte pour Elodie et moi j'en ai fait deux pour les garçons… (etc., etc.)

Les consommations au bar

Je m'apprêtais à jeter les tickets signés chaque jour au bar de l'hôtel, bar au bord de la pelouse, en plein air.
Finalement, les heures et les consommations permettent quelques reconstitutions. Je les recopie en souvenir des heures heureuses.

* 19 juillet
2 "frappés" (café frappé) : mon café préféré, grec avec des glaçons, très peu sucré. H et moi le premier soir, devant la mer. Nous ne sommes pas encore enregistrés dans la machine et la note est manuscrite (d'ailleurs nous nous trompons de numéro de chambre et rectifions le lendemain).

* 20 juillet
21h25 - deux capuccino (servis comme en Italie) et un milkshake (découverte de O qui va en faire une consommation considérable).

* rien le 21, jour du périple à Delphes

* 22 juillet
15h28 : nous avons déjeuné sur place, j'ai frôlé l'indigestion.
20h51 : 4 milkshakes, 1 cafés frappés, 1 coktail (je reprends un ouzo bleu, découvert à déjeuner). Tous ensemble sur un ticket, c'est la seule fois où la commande sera passée ainsi groupée.
22:28 : un jus de fruit pressé : H.

* 23 juillet
22h41 : 4 milkshakes, 1 capuccino, pour nous détendre après la course contre le soleil en revenant d'Olympie. (Je n'ai pas raconté la gentillesse des serveurs qui nous ont servi à 22h sans un geste d'impatience, allant nous chercher des "restes" en cuisine, ce qui fait que nous avons été servis alors qu'habituellement c'est nous qui nous servons (formule buffet) (avec une fin officielle à 21 heures)). La note est signée par moi, H. manque dans la liste des consommations, mais où était-il donc? Je ne sais plus. D'autre part j'ai arrêté le café frappé au-delà de trois heures, en vieillissant je deviens sensible à la caféine (ou alors c'est que je ne suis plus assez fatiguée).
23h05 : un jus pressé pour H. (C'est I qui s'est chargée de la commande, c'est elle qui a signé.)
Ce soir-là, en toute ingratitude, nous avons joué à la belote très tard pour nous remettre de nos émotions, le serveur dédié au bar essuyait les tables et ne savait plus comment s'occuper, nous étions les derniers. Nous avons finalement eu pitié de lui et sommes rentrés dans le hall, ivres de fatigue, terminer notre mille.

* 24 juillet
19h45 : deux jus de fruit pressés. Je me souviens que je suis arrivée en retard et que deux (lesquels?) buvaient l'apéro en m'attendant.
20h : un fruit pressé et un ouzo. Puisqu'ils prenaient l'apéro, je suis allée me chercher un ouzo, le premier du séjour.
21h27 : 4 milkshakes et un capuccino. Il s'agit sans doute de parties de belote + un non joueur (qui?)

* 25 juillet
18h58 : un coktail et un milkshake. Il est noté coktail, il s'agit précisément de mojito que le serveur m'a proposé quand je suis arrivée au bar. Nous comprendrons plus tard que le mojito n'est pas sur la carte et qu'il est tout heureux de s'amuser avec ses bouteilles, nous demandant notre appréciation pour doser le sucre au fur à mesure des verres servis (il a fait beaucoup de progrès en français en une semaine).
19h23 : un jus de fruis frais. pour H.
19h31 : deux cocas (note signée A.)
19h48 : un autre mojito (pour moi. Pas assez tassé le premier!)
20h51 : un bayleys, un expresso, un frappé, un capuccino. Les deux premières consommations étaient destinées aux personnes qui nous avaient indiqué Epidaure le matin même. (Nous les avons invitées à prendre le pot d'adieu aux vacances. Eux sont restés deux semaines — mais avec un seul enfant).
Il convient d'ajouter une tournée offerte par eux.
21h45 : trois milkshakes et un jus de fruit pressé. Les enfants, note signée de A. (Nous leur avions donné du liquide pour la semaine afin qu'ils puissent prendre une consommation au bar dans la journée sans avoir à signer ou nous déranger, mais ils l'ont peu utilisé, et c'est cet argent qui a servi régulièrement quand nous faisions les fonds de poche dans le camion pour payer l'essence ou le miel… (nous le remboursions au prochain distributeur de billets, puis nous le récupérions à la prochaine pénurie: des enfants comme banque ou tirelire.)

Choisir un film

On ne vit que deux fois avec le benjamin. J'ai la surprise de découvrir que le script est de Roald Dahl.

J'avais suggéré Les experts mais je n'ai pas su convaincre avec ce film peu connu qui me fait beaucoup rire et qui en même temps présente la nostalgie en feuilleté, celle des années 50, 70, 89…

Un été froid et nuageux

Evidemment tout le monde est au courant, mais si l'année prochaine ressemble à 2003, nous aurons oublié.

J'ai froid, j'ai froid, j'ai froid (je l'ai dit trois fois, c'est donc vrai), un gilet un poncho sur l'esplanade de La Défense (car aujourd'hui la ligne 1 ne fonctionne pas de Maillot à la Défense, il faut aller prendre le RER (je travaille au niveau de la station esplanade)).

Et c'est ainsi, ô miracle, que je découvre la grande arche sur fond de ciel dégagé, un ciel sans nuage, est-ce possible cet été?





(coucher de soleil : 20h50. «L'été passait, un peu moins clair chaque jour», Tony Duvert, en exergue d'Été.)

Dimanche rien

Pas d'aviron, dormi une partie de l'après-midi. Billet sur l'Arcadie.

Déprime

A 8 heures au centre d'entraînements des trotteurs de Grosbois. A. en repart deux heures plus tard avec une convention de stage signée pour septembre. Elle s'est bien débrouillée.

A la recherche de Vivian Maier en famille. Je l'ai imposé, il me semblait qu'il n'était pas inutile que les aînés aient vu ça, et le plus jeune entre en première l'année prochaine.

Dispute à déjeuner. Que je culpabilise parce que nous allons voir mes parents trois jours par an et ne sommes même pas capables de leur envoyer (à leur demande) une photo souriante des trois enfants réunis a l'air incompréhensible à tous. Et m***!!!
Dans un état non ressenti depuis longtemps: cette envie de ne plus exister, et surtout de n'avoir jamais existé.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Du temps de temps en temps. Pas assez, pas assez, j'aimerais bricoler (dans le dur: ponçage de parquet, enduit de mur, etc) mais je n'ose rien commencer car je n'ai pas assez de temps d'affilé disponible pour terminer ce que je commencerais, et cela resterait en chantier, avec tous les risques que cela traîne ainsi des semaines ou des mois…

2/ Non. Enfin je ne crois pas. Ou plutôt je ne crois pas au sacrifice. J'ai été très marquée, enfant, par ce conte d'Oscar Wilde, qui me brise le cœur chaque fois que je le lis.
A une échelle minuscule, cela a des conséquences au quotidien. Par exemple, ceux qui se lèvent savent qu'ils peuvent et doivent manger ce qu'ils veulent: car combien de fois s'est-on privé de brioche ou de croissants pour des gens qui se sont levés à midi et n'ont pas petit déjeuné pendant que la brioche durcissait?
Donc se priver (mode mineur du sacrifice) pour faire plaisir à quelqu'un, oui, sans problème, mais se priver pour rien, pas question. (Or c'est très souvent pour rien).

3/ Oui. Je songe aux marins et à Melville.

4/ Non. Des vers luisants (mais ils ont disparu du jardin, j'espère qu'ils reviendront).

5/ Je ne sais pas. Comme je n'y crois pas beaucoup, je les oublie (je suppose vu la question suivante qu'il s'agit de vœu-souhait. Mais même mes vœux-promesses, je les oublie, ce qui m'emplit de crainte superstitieuse). (La preuve que j'oublie est là: je ne me souvenais pas avoir révisé ma liste de vœux, ni ce qu'ils étaient! (Il doit y avoir mourir avant mes enfants. Drôle de vœu, n'est-ce pas?))

6/ Ça ne m'a pas marquée. (En revanche, je sais que j'ai de la chance, que les choses m'arrivent au bon moment).

7/ Non (en tout petit en bas).

8/ Quatorze heures? Seize heures? (en voyant ces chiffres ridicules (ils comprennent la nuit), j'ai un peu honte. Bah, je suppose que j'ai dû essayer le jeûne comme j'ai essayé un peu tout, pour voir, mais je ne m'en souviens pas).

9/ Non. Je ne supporte pas le bruit fort.

10/ Euh… j'ai découvert hier (30 septembre 2014 puisque je réponds avec retard) que le contenu de mes boîtes mail ouvertes circa 2004 et que je n'avais pas visitées depuis deux ou trois ans avait été détruit (est-ce un support électronique? Cela répond-il à la question?). Je le regrette, il y avait des messages auxquels je tenais.

11/ Non.

Assomption

— Est-ce que je peux aller à la messe sans avoir droit à une remarque sarcastique?
Dans un sens je me moque de la remarque sarcastique, dans un autre, c'est lassant. En fin de compte, j'ai droit à plus de remarques blessantes dans mon entourage proche qu'ici, sur internet, ce qui confirme l'hypothèse d'Agatha Christie que les gens prennent moins de précaution en famille (voir Un cadavre dans la bibliothèque).

Comme le matin même j'ai lu cela sur Postsecret,





je reste songeuse devant le prêche du curé encensant "l'amour d'une mère". C'est bizarre, cette idéalisation de la famille par l'Eglise, ne savent-ils pas que c'est le lieu où l'on se déchire le mieux?
(Peut-être que si: «[…] il s’agit […] de la cellule fondamentale de la société, du lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence […]» Evangelii Gaudium, §66. Ou pas.)


Agenda pour mémoire:
- barbecue chez les voisins. Il fait froid et pluvieux, quel drôle de mois d'août.
- un film nawak dans la catégorie eau-de-rose comique 1, La proposition. Avouons que l'amour que Raj (de The Big Bang Theory) porte à Sandra Bullok a attisé ma curiosité. C'est détendant.
Nous perdons beaucoup de temps ensuite à regarder les préview de ses films disponibles sur l'Apple TV. Comme dirait quelqu'un à propos de Tom Cruise, «elle a l'air de faire toujours le même film». On devrait les faire jouer ensemble, chacun dans son type de films, pour voir (exercice à contraintes).


1: J'y pense, la dénomination officielle doit être "comédie sentimentale".

Trois jours

Trois jours à ouvrir le courrier, vider le répondeur téléphonique, trier les mails, activité classique des retours de vacances. Pour répondre à une demande du service de la RH groupe je mets de l'ordre dans les contrats (conditions générales (CG) et conditions particulières (CP) pour régime obligatoire (RO) et régime facultatif (RF) pour les sept à dix entreprises contractantes: je retrouve les originaux signés et jette la moitié du contenu des dossiers (les copies, les doubles non signés, les impressions de mails (WTF?), hop, à la poubelle).
(Ce genre de détails a-t-il vocation à être raconté? Mais que dire d'autre si c'est cela la chair des jours?)

Je pars le matin avec A., je rentre le soir avec elle. Je lui ai donné Salut mon pope mardi, elle finit Du brut pour les brutes aujourd'hui. Elle qui lit si littéralement apprécie cette écriture et ses délires (c'était quitte ou double).

Plus (quoi? pragmatiquement? (c'est pour la rentrée)), je lis Evangelii Gaudium. Le style est un peu plat mais certains passages sur le découragement, la culture (les cultures), la finance, sont étonnants. Le rappel de l'autre, de la communauté, contre une spiritualité individualiste et désincarnée est permanent. Je me demande si le fait que les portes de l'église de Yerres soient désormais grandes ouvertes a un rapport avec cette exhortation (je sais désormais que ce qui me paraissait "une idée du curé" est généralement la traduction pratique de textes du magistère). Il y a dans cette exhortation un appel à l'audace et à la prise de risque en général qui pourrait se traduire pour les églises de France par: mieux vaut être vandalisé que fermé.

Je termine le billet sur Delphes en me disant que je n'ai pas réussi à rendre la longueur des kilomètres due à notre faible vitesse, à l'étroitesse des routes et aux variations d'altitude.

Les gardiens de la galaxie

Puisque H. avait un rendez-vous à Paris, nous nous sommes tous retrouvés à Montparnasse pour aller voir Les gardiens de la galaxie. (Décidément, sortir avec mes garçons et mon mari me donnent l'impression d'être accompagnée de mes gardes du corps).

Chaude recommandation pour ceux qui aiment le genre steampunk/SF/Marvels.
L'intrigue est un peu trop compliquée pour moi (je m'embrouille vite dans les visages et les noms), mais en se contentant du principe simple «les ennemis des héros sont les méchants, leurs amis sont les gentils», on s'en sort très bien.
C'est à la fois de toute beauté (décors baroques façon steampunk/Blade Runner/Valérian), bourré de clins d'œil (bien qu'il soit possible que ce soit en réalité l'inverse, puisque ce film est tiré de Marvels très anciens: est-ce Groot qui ressemble à Chewbacca (par exemple), ou l'inverse?) et très amusant (—Laisse tomber, les métaphores lui passent au-dessus de la tête. —Rien ne passe au-dessus de ma tête, je suis trop rapide).


Crêperie, retour.
Nous les filles qui travaillons à La Défense et nous levons à six heures dormons debout.

Aller-retour Strasbourg

Enterrement "mixte": pas de cérémonie à l'église, des prières dites par un prêtre debout dans le cimetière, des souvenirs et des regrets lus par différents membres de la famille. L'un des problèmes de ces cérémonies civiles, c'est le plein air: j'avais connu le vent dans les arbres, cette fois-ci c'était le bruit des voitures: difficile d'entendre.

C. : — Mais s'il y a un prêtre, pourquoi ne pas faire carrément un enterrement à l'église ?
Moi : — Le problème, c'est de concilier le souhait du mort avec celui des vivants: quel choix faut-il respecter ?
H. : — Celui du mort, bien sûr !
C. : — Celui des vivants, évidemment ! Le mort il s'en fout, il ne le saura pas.

Vaste débat.

Cérémonie émouvante. La plupart des frères et sœurs sont venus malgré la distance. Mon beau-père constate, mi-figue, mi-raisin:
— C'est le cinquième beau-frère que j'enterre.
— Ben dis donc, il fait pas bon être ton beau-frère !

Dîner à Verdun au Coq Hardi. Rayons de soleil sur les quais. Retour sous une pluie battante.

Dernier samedi avant la reprise

14 km sur la Seine à Melun d'abord sous un ciel plombé puis sous quelques rayons.

Tous les cinq à Disneyland le soir pour voir Lucy sur écran Imax (une lubie de H.). Même pour un Besson, c'est mauvais. (Je veux dire qu'à priori, on attend d'un Besson un peu d'humour et beaucoup d'actions, ici nous n'avons ni l'un ni l'autre).
Cela m'a rappelé que quelques biographies plus tard, je crois connaître le secret de la sainteté: ne jamais perdre son temps, ce qui ne veut pas dire ne pas prendre son temps, mais ne jamais perdre son temps par fainéantise ou démission de la volonté 1.
Et puis je me dis (ce film occupe un pour cent de capacité cérébrale, je peux penser à autre chose) que beaucoup de films, décidément, ont des tendances apocalyptiques. Cela me rappelle H.G. Wells et ses romans de la fin du XIXe siècle imaginant l'extermination de races entières: cinquante ans pour devenir réalité. (Je vois l'avenir en noir en ce moment, le monde me paraît très mal parti. L'annonce du "califat islamique", qui pourrait paraître une bouffonnerie et qui en est une, d'un certain point de vue, me terrifie. Que va-t-il se passer à l'horizon de cinq ou dix ans, vingt ou cinquante?)

Petit tour dans les magasins Disney (dernière visite en 2002). La marque a décidé d'illustrer les blagues qui ont circulé lors du rachat de Star Wars par les studio Disney et a créé des peluches Dingo habillées en Darth Vador. Je suis ahurie par le monde. A 21 heures, les gens arrivent par vagues. Beaucoup de femmes voilées avec de jeunes enfants: le voile n'est pas un refus du consumérisme. Des groupes de jeunes, équivalent contemporains des loubards.

— Mais ils font quoi ici, ces jeunes de banlieue ?
— Ils draguent !
— Il y a des filles seules ici ?
— Mais oui, regarde ! me dit-il en m'indiquant deux pouffes maquillées:
— Oh mon dieu ! (Draguer à Disneyland, faire tous ces kilomètres pour atteindre Mickey dans la campagne, tout ça pour draguer? La jeunesse est perverse, cela ne me serait jamais venu à l'idée).


1 - Chic, le pape est de mon avis.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Parfois, mais pas souvent. Des personnages proustiens.

2/ Les voyageurs de RER écoutant des basses sur le siège voisin.

3/ Oui. Alimentation et sport.

4/ Non, trop intimidée.

5/ Rarement, à l'hôtel.

6/ Dans le RER, ce soir.

7/ Oui, un feu orange. J'avais dix-huit ans, j'allais chez le médecin, je brûlais de fièvre, les gendarmes ont eu pitié.

8/ Des arbres.

9/ Je ne sais pas. Je ne pense pas.

10/ Période? Evénement. "La destruction des juifs d'Europe". Que s'est-il passé? comme dirait Taubes.

Un oncle

H. blanc au téléphone avec son père me fait signe qu'il se passe quelque chose de grave. Il raccroche.
— Louis est mort. Il a eu un malaise le soir et il est mort.

C'est le mari de l'une des tantes les plus jeunes d'H. C'est un choc. Même si ses tantes ont toutes épousé des hommes beaucoup plus âgés qu'elles, rien ne laissait présager cette disparition.
C'est à leur mariage, en décembre 1989, que j'avais rencontré toute la famille d'H. pour la première fois.
Je connaissais très peu cet oncle; mais je pense à ses filles, qui ont à peu près l'âge de mes aînés.

Plus tard dans la soirée A., dix-neuf ans, commente, semi-interrogative: «mais alors, ça veut dire que chaque au revoir est un adieu?»

Successions

A huit heures, passage d'un artisan qui évalue les travaux pour le remplacement des velux.

A neuf heures, départ pour Blois et l'anniversaire de mon père. Deux parties de belote sauvent l'après-midi mal engagée. (Ma fille n'est pas venue puisqu'elle travaille, les garçons et H. font la sieste, je reste debout dans le salon à faire la conversation en sachant que si je m'assois, je m'endors).

Ma mère parle du centenaire de la guerre de 14, des églises qui ont carillonné le 1er août: «J'ai regardé un documentaire; tous les hommes sont partis, ils ont emmené les chevaux. Et il y avait la moisson à faire. Comment ont-ils fait? Mon père avait neuf ans à l'époque. Il n'était pas drôle, mais maintenant je comprends mieux, quand on pense par quoi il est passé dans son enfance.»

Histoire de famille au dîner. Mes parents ont appris très récemment que le cousin de papa avait souscrit deux assurances-vie au profit de mon père et mon oncle, sa seule famille connue (depuis, le notaire a découvert vingt-huit cousins en Pologne). Les sommes sont importantes et mes parents un peu sonnés par cette bonne nouvelle.
La maison du cousin est vendue ou en passe de l'être (elle a été longtemps sous scellés pour l'enquête, l'est-elle encore?), ma mère a répété au notaire puis à son successeur (le premier étant mort) qu'elle souhaitait récupérer les photos de famille mais n'a pas de nouvelles. Je crains qu'il ne soit trop tard.

Elle nous raconte l'histoire d'une grand-tante éloignée, mais très proche de la famille (une grand-mère pour ma mère, en quelque sorte, de l'autre côté de la cour de la ferme). Cette grand-tante et son mari, sans enfant, avaient opté pour le régime de la communauté universelle. Elle est morte la première, tous les biens sont revenus à lui. Quand il est mort, comme il était de l'Assistance (publique, ie abandonné, sans famille connue), tous leurs biens sont revenus à l'Etat et ont été vendus aux enchères (alors que si c'était elle qui était morte en dernier, ses neveux et nièces en auraient hérité):
— Ma mère [ma grand-mère] a assisté aux enchères et à chaque fois qu'un lot passait, elle récupérait les photos de famille.

Ces histoires de succession assises sur des règles juridiques me fascinent. Ai-je raconté la pire que je connaisse, elle aussi racontée par ma mère? Je ne sais plus de qui il s'agissait, de collègue de lycée, je crois. Le père et le fils se tuent dans un accident de voiture en allant à l'enterrement du grand-père. Selon les règles juridiques, quand on ne sait pas qui est mort le premier dans un accident, l'ascendant est réputé mort le premier, ce qui veut dire ici que les biens du père reviennent au fils.
Ce sont donc les descendants du fils (ici il n'y en avait pas) puis à défaut ses ascendants qui héritent, en l'occurence la mère du garçon. Or le père et la mère étaient divorcés. Elle a donc hérité de la moitié de la maison de son ex-mari (qui venait d'en hériter suite à la mort de son père) sur l'île d'Ouessant dans laquelle vivait depuis toujours son ex-belle-mère, une vieille dame qui venait de perdre mari, fils et petit-fils.
Que ce soit vieux règlement de compte entre belle-mère et bru, divorce mal digéré ou douleur d'avoir perdu son fils, elle a exigé de toucher la valeur de la moitié de maison devenue sienne, obligeant la vieille dame à lui racheter sa part ou à vendre le lieu où elle avait vécu toute sa vie.

Anicroche: A. téléphone, elle n'a pas ses clés pour rentrer à la maison. Je songe à Rhotull («c'est quand même des sous-doués des clés») et nous l'envoyons chez les voisins en attendant notre retour vers minuit.

Flemme

— J'aurai rarement fait aussi peu de choses en vacances, ni m'occuper du jardin, ni classer les papiers, ni gratter et vernir la porte d'entrée, ni lessiver la cuisine, ni…
— Des vacances, quoi, constate O., logique et consolateur.

Oui, mais quand est-ce que je vais faire les corvées, moi? Se confirme ma vieille devise «Il ne faut pas attendre» (la phrase complète est : «il ne faut pas attendre des conditions idéales pour s'y mettre»): combien de fois ai-je dit cette année «Je ferai ça pendant les vacances»?
Eh bien non.

Matinée sur Alice et FB: 31 et 19 juillet. J'ai dû mal à me mettre aux billets grecs.
Cette après-midi il faut quand même que je range les valises et les vêtements, propres, sales, repassés, car demain à huit heures passe un couvreur pour un devis pour réparer le toit.

Ce sera une Coccinelle

Ecrit les 29, 30, 28 juillet. Ça n'a l'air de rien, mais avec les diversions FB et le petit déjeuner à prendre en famille, ça m'a pris la matinée.

Calcul de cote Argus et autres comparatifs, panique pour retrouver les justifs demandés pour le prêt (ah oui, c'est vrai, plus d'avis d'imposition, j'ai désormais tout sur internet. Ah zut, la facture d'eau est annuelle, trop vieille, et m***, quel le mot de passe pour le site EDF? Et l'imprimante qu'imprime pas… pourquoi imprimer d'ailleurs, l'intérêt ne devrait-il pas être de tout faire transiter par mail?)
Bref, Coccinelle décapotable noire (très salissant paraît-il, je m'imagine bien en train de la passer à la peau de chamois tous les week-ends…) livrée entre le 28 septembre et le 28 octobre. Dommage, j'aurais bien aimé l'avoir pour le 21.

Under the skin suite à l'enthousiasme d'Emmanuel. Tellement sonnés (film noir au sens littéral (mal aux yeux et à la tête) épouvantablement long. Belles images de mer et de fondrières (ça représente une minute de film). Le plus intéressant est la musique — insupportable mais intéressante)) par l'ennui et le sérieux de ce film que nous dînons sur place en terrasse au Saint Eustache, le temps de se réhabituer à la lumière.
Désormais je saurai interpréter le silence gêné de mes amis cinéphiles. (J'avais été surprise de l'absence de commentaire ce soir-là, eux habituellement si diserts.)

Pas grand chose

Matinée FB + rattrapage blog.
Après-midi essai d'une Coccinelle rouge. (La ville de Grisy est très coquette).
Soirée Le Diable par la queue.

Hamas, Cary Grant et couscous

C'est le résumé de ma journée: levée à dix heures, je range trois bricoles, je termine la traduction entreprise hier (c'est assez long) en jeûnant pour éliminer l'alcool de la veille. A trois heures internet rame (lague) tant que je n'arrive même plus à me connecter à FB. Rédaction du billet d'hier (j'ai une semaine de retard sans compter la Grèce); vers cinq heures l'idée est lancée d'aller au cinéma.
— Voir quoi ?
— Je ne sais pas, je regarde. (Compulsation d'iPhone): La Mort aux trousses ?
— Ah oui, bonne idée.

Nouvel Odéon ancien Racine (mais pourquoi avoir changé son nom? Ces gens ne savent rien des attachements sentimentaux).

La Mort aux trousses est sans doute le Hitchcock que j'ai vu le plus, il passait souvent à la télévision (il y a trente ans). En réalité je ne me souvenais de rien, si ce n'est de Cary Grant en train de courir dans le champ de maïs ou de la sortie de la salle aux enchères (mais dans mon souvenir c'était une salle de tribunal: je dois confondre avec d'autres films). Je ne me souvenais pas que ce n'était qu'une histoire d'amour (so sentimental: mais finalement cela correspond bien à Hitchcock) commençant par un dialogue ahurissant (rarement vu un tel rentre-dedans de la part d'une femme: la censure laissait passer cela en 1960? Décidément, on ne peut compter sur personne); et surtout je n'avais jamais pris conscience de la dimension burlesque de Cary Grant (pourtant évidente dans Arsenic et vieilles dentelles. Mais justement, Arsenic et vieilles dentelles est un film drôle, il est donc normal que Cary Grant soit drôle, alors que, vieille déformation de l'enfance qui veut que tout ce qui intéresse les adultes soit forcément sérieux et ennuyant, j'imaginais Hitchcock austère, malgré les contre-évidences devant mes yeux): Cary Grant est un clown, un Jerry Lewis élégant et séducteur.

Puis un couscous Chez Jaffar (qualité déclinante, effet vacances?), comme je l'annonçais en titre. Je découvre que les enfants ont vu plus d'Hitchcock que je n'aurais pensé. J'aimerais revoir Frenzy et La Maison du docteur Edwards dont je conserve un souvenir en pointillés.

Question: quel est le Hichcock le plus connu, Les oiseaux ou Psychose?

Paris est désert, il fait bon.

Décapotables et pseudo barbecue

Les points forts du jour: matinée sur une traduction d'un billet hébreu lui-même traduit en anglais sur les actions du Hamas à Gaza (j'espère ne pas m'attirer toutes les haines de la terre — je suis peut-être naïve); une visite dans un garage Volkwagen pour voir une Coccinelle (à ce que j'ai compris le nom n'est plus New Beetle en France. Le modèle est assez massif. Le concessionnaire passe un long moment avec nous, sans se presser. Je suis surprise par les options luxueuses qu'H. est prêt à mettre dans cette voiture. Evidemment, tout ce que je veux c'est une décapotable (j'imaginais plutôt un vieux modèle d'occasion, c'est plus mon genre), mais si on me propose un intérieur cuir, je ne vais pas dire non! (bref, je m'oriente de plus en plus vers une voiture de vieille peau. C'est cohérent)); un passage chez l'horloger pour récupérer la comtoise (deux mois de silence); une visite dans un garage BMW pour essayer une Mini (très agréable à conduire, mais je l'assumerais encore moins que la Coccinelle. Je suis en train de me dire qu'une simple Polo ferait l'affaire); violent orage alors que nous avons organisé un barbecue avec les voisins. Cela sèche, mais des algues microscopiques rendent la terrasse gluante, terriblement glissante et dangereuse. Nous nous replions sur l'intérieur. Soirée jusque tard dans la nuit (trois heures du matin). (Cependant la viande sera cuite au barbecue: est-ce un barbecue si nous la mangeons à l'intérieur?). L'idée d'emprunter des chèvres pour tondre le gazon s'éloigne: si Monsieur est tout à fait disposé à les prêter, Madame craint que la voiture ne les traumatise (Monsieur fut sellier-bourrelier et nous raconte l'histoire de la Harley Davidson customisée en cuir orange à franges ou celle de Monsieur délaissé par Madame qui a fait recouvrir la voiture de Madame de cuir blanc, ouvrir le toit de son pavillon, placer la voiture dans son salon grâce à une grue et refermer son toit).

Enquête

Les questions sont ici.

1/ A Florence (fin août).

2/ Ils sont tout blancs.

3/ Quelques-uns. La ferme de mes grands-parents. Les Fontaines à Chantilly, Cerisy, l'Hacienda à Inezg*ne, Cape Ann.

4/ De solitude.

5/ Oui. On nous a volé du jambon dans le frigo et de l'argent liquide. Ça nous a fait de la peine, sans doute des ados mourant de faim.

6/ Non.

7/ Nu bleu de Matisse, carte de Yougoslavie des années 60.

8/ Oui, très volontiers.

9/ En juillet, en Grèce.

10/ Oui, mais quoi?

Deux fois Vivian Maier

Je me lève et m'habille comme pour aller bosser: A. commence ce matin un boulot d'été dans mon entreprise et je l'accompagne jusqu'à la Défense pour la rassurer (et lui expliquer les cinq manières de s'en échapper en cas de problème de transport (ligne 1, ligne A, bus 73, train vers Saint Lazare, tram vers n'importe où pour trouver un métro (je ne lui parle pas du Vélib, elle ne maîtrise pas assez Paris))). Cela me fait un prétexte pour passer en bibliothèque.

A la recherche de Vivian Maier dont j'ai entendu parler un matin à la radio (j'aime les documentaires). Les premières photos coupent le souffle, la jeunesse de l'inventeur fait plaisir, je remarque qu'il s'agit encore de ces hasards qui laissent une place à l'expérience: ce jeune homme avait l'habitude des brocantes et de l'évaluation du bric-à-brac, un autre n'aurait peut-être pas compris la valeur de ce qu'il voyait ou se serait peut-être découragé devant l'énormité de la tâche. Tandis que lui ne recule devant rien: téléphoner à des numéros de téléphone incomplets en essayant tous les indicatifs de la ville de Chicago, passer des nuits sur internet à tenter de reconnaître un clocher de village photographié cinquante ans avant… Ce jeune homme est attachant. Me fait sourire sa déception que les photos ne soient pas acceptées par les musées, "l'institution", comme il dit. Il n'a pas compris que les musées ne font qu'entériner l'engouement du public et la reconnaissance des collectionneurs. On ne commence pas dans un musée, on finit dans un musée.
Je parle beaucoup de John Maloof parce que je veux pas parler de Vivian Maier, je ne veux pas spoiler. Son look me rappelle un peu Simone Weil, sa personnalité un peu Annemarie Schwarzenbach (par association très libre). Allez voir le film. J'en suis ressortie le cœur déchiré, un peu déchiré, doucement déchiré, en sachant d'une certaine manière que c'était inéluctable: une vie de solitude et de silence qui se termine dans la solitude et le silence — même si à soixante-dix ou quatre-vingts ans elle l'a peut-être regretté. Fallait-il, faut-il exposer ses photos qu'elle n'a jamais montrées? c'est la question lancinante que se pose John Maloof, et peut-être n'a-t-il tourné ce film pour y trouver une réponse et apaiser sa conscience.

Je déjeune en terrasse au café Beaubourg — j'abandonne le Pouy sur mon siège — un Red Lady, du thon pour le comparer à celui de Dimitri, un autre Red Lady, et c'est un peu ivre que je rejoins un vélib pour entamer ma tournée des bibliothèques: d'abord l'ICP qui ferme pour deux semaines.





Je prends tous les livres disponibles (visiblement un autre étudiant a fait une razzia sur la bibliographie. Il faudrait aller rue Cassettes, mais je ne suis pas sûre d'avoir le droit d'emprunter à la bibliothèque de droit canonique) plus une nouveauté, Si j'avais su de Stanley Cavell après l'avoir feuilleté (je laisse tomber les Duhem sur la science grecque (pour A) mais je reprends l'Auguste Diès Autour de Platon qu'il faudra que j'achète un jour tant je l'aime. J'emprunte des Max Weber, ils ne sont pas sur la bibliographie de l'année prochaine, mais je sais par expérience qu'il vaut mieux revenir aux sources (lire Saussure, urgent!), et comment faire de la sociologie sans lire Weber? Plus de place pour le Löwith sur Weber, mais tant pis, je dois de toute façon passer à Melville pour Le Diable par la queue recommandé par Laurent. (Löwith vulgarise à mon niveau, il m'aide à ne pas avoir peur).





Je me rends compte que l'un des livres que je veux est ici en réserve, alors qu'il est en accès libre à Buffon où je dois passer prendre un livre que j'ai fait venir de la réserve centrale. Finalement j'aurais pu m'abstenir de venir ici, je repars avec le DVD et le Löwith, les deux n'étaient pas si urgents.
Il fait très lourd et très chaud, c'est assez désagréable.





Rue Buffon je prends les livres qui me manquent. En cherchant autre chose dans les rayons (je clopine, il fait chaud, je commence à avoir sérieusement mal au pied dans mes chaussures à talons pas tout à fait prévues pour ça) je tombe sur Le Savoir grec (dictionnaire critique) de Jacques Brunschwig, qui devrait convenir pour A. qui cherche des informations sur la science antique. J'échange des sms avec H. qui me propose de voir un film. Je lui dis de choisir ce qu'il veut en suggérant malgré tout Vivian Maier sans lui dire que je viens de le voir. En enregistrant les livres pour le prêt, je m'aperçois que j'ai exagéré la contenance de mon sac et que je vais avoir un problème, ce qui se confirme quand j'arrive devant un vélib: impossible de tout faire tenir dans le panier du vélo. Je finis par y déposer directement le Cavell, le dictionnaire et un troisième volume dans le panier et garde mon sac à la main. Le tout est assez lourd, et ajouté aux talons, compose un équipage malhabile et instable. H. choisit Vivian Maier, il m'attend au Bert's des Halles.

Je suis la Seine, et en passant devant la rampe de la Bastille, je ne résiste pas à la tentation de descendre au bord de l'eau: pour une fois que j'ai l'occasion de faire le trajet dans ce sens-là, et de jour, je vais pouvoir déterminer à quel endroit je peux descendre sur les berges pour y rouler le plus possible quand je rejoins la gare de Lyon.
Foule et pavés. Comme je le craignais, je me heurte à un escalier et je dois faire demi-tour. (Je sais maintenant qu'il faut descendre à peu près en face de la rue de Pontoise, au niveau de la pointe de l'île de la Cité).





Je gare mon vélib près de la Bourse (pas de place plus près), m'aperçois avec horreur que les secousses ont beaucoup abîmé la couverture du Cavell qui était tout neuf (c'est le défaut des vélibs, l'acier des paniers blesse le cuir des sacs (j'enveloppe mon cartable dans un tissu quand je prends un vélib. Je ne me suis pas méfiée pour des livres. Zut et zut.)), descends péniblement dans le cœur des Halles (tous les escaliers mécaniques sont arrêtés). En me voyant arriver boîtante les bras chargés de livres, les yeux de H. s'arrondissent, il rit, «je savais que cela se terminerait comme ça, c'est pour ça que je suis venu en voiture, pour te ramener. Mais tout de même, en vélib, tu es folle! Tout ça pour lire le quart du premier!» (je suis attristée qu'il ait sans doute raison) et me prend tous les livres pour les porter dans la voiture. Je bois une demi-Badoit en l'attendant. Je suis épuisée, et surtout très ennuyée pour le Cavell.

Et donc A la recherche de Vivian Maier une deuxième fois. (Ne faudrait-il pas traduire "Enquête sur Vivian Maier"? "Finding", c'est déjà avoir trouvé, "à la recherche" n'est-ce pas plutôt "looking for"?)


La liste des livres :
- L'Idiot (livre en cours)
- Pape François, La joie de l'Evangile. Trois cents pages, quand même. Moi qui avais espéré un livre court…
- Auguste Diès, Autour de Platon. C'est la troisième fois que je l'emprunte. Un jour je le finirai. Mais je l'aime.
- Max Weber, Le judaïsme antique et Sociologie de la religion. J'aurais peut-être dû commencer avec le protestantisme. Tant pis, trop tard.
- Stanley Cavell, Si j'avais su
- Karl Löwith, Marx Weber et Karl Marx
- Danièle Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin d'un monde. En le feuilletant, je me demande s'il ne faudrait pas lui opposer Le Mystère français de Todd et Le Bras.
- Paul Beauchamp, L'un et l'autre Testament, tome 2. J'ai lu le premier, très péniblement, l'été dernier. J'espère que la lecture de celui-ci sera plus rapide.
- Que sais-je?, Dominique Le Tourneau, Le droit canonique
- André Vauchez, La Spiritualité du Moyen Âge occidental. Ouf c'est petit. Points Seuil.
- Geoffrey Lloyd et Jacques Brunschwig, le Savoir grec. (Pour A.)
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