Tryphon

Nous devions assister à une table ronde sur l'énergie, mais à cause des incendies et violences, cela fait deux jours qu'il n'y a plus de bus à partir de 21 heures. Je n'ai pas eu le courage de prendre le risque de voir nos trains supprimés, car les bus de remplacement à partir de 23 heures sont également supprimés.

Rendez-vous à Ground Control pour dîner puis rentrer. J'y vais à pied; sur le chemin je croise ce magnifique tournesol. Achat d'impulsion.



C'est un hommage à Berlinette. Descendez jusqu'à «Mes chers voisins - 1» (impossible de faire un lien sur le billet, le blog est trop vieux, c'est déjà miraculeux qu'il subsiste).

Et puis ça.

Au Sénat

Dîner au Sénat, invitée par notre amie devenue sénatrice il y a deux ans et demie. («Je vous invite car je ne suis pas sûre d'être réélue». J'espère qu'elle le sera car elle travaille beaucoup et elle aime sa fonction.)

Avant le repas, visite.
En clin d'oeil à DG, Anatole France qui fut bibliothécaire des lieux de 1876 à 1890.

buste d'Anatole France au Sénat

Rencontre cerisienne

Miriam (l'Espagnole vénitienne d'adoption) a passé six mois à Paris et quitte la France fin juin. Nous l'avons donc invitée sur la Butte aux Cailles au Temps des Cerises avec les Romains (franco-américain) installés à Maisons-Alfort.

Eclats de rire, échanges sur deux thèses en cours de rédaction, et déjà la nostagie de se séparer. Promesses de se revoir; promesses de voyage.

amitiés  cerisiennes


L'avenir

Un type (ou une nana) fait du trollage pour recueillir des réactions. C'est bien, ça permet d'identifier les comptes qu'on a envie de suivre.

Je vous laisse méditer sur cela.

Mélenchon, Bompard, Coquerel, Roussel, Autain, Garrido, Taché, Boyard, Bex, Faure, Ruffin, Léaument, Chatelain, Guedj, Wulfranc, Batho, Corbière, Quatennens, Rousseau, Bernalicis, Panot


Sortez le pop-corn.

Visite

Mes parents sont venus aujourd'hui. Nous ne les avions pas vus depuis Noël, j'ai un peu honte. D'habitude on se voit une fois au printemps, pour mon anniversaire ou celui de H. Nous n'y sommes pas allés en février, je préparais les championnats de France en huit; pas en mars, je ne sais pas pourquoi; pas ensuite, entre l'accident de voiture et leur propre voyage en Pologne. Puis mai et Sisteron, juin englouti…
Je ne suis pas fière de nous.

J'ai appris que la passiflore donnait les fruits de la passion (si nous avons de la chance, s'il fait chaud), que les tortues mangaient les escargots. Ce serait peut-être une solution pour notre jardin, malheureusement elles risquent de passer sous le portail.
Les forêts d'épicéa du Harz sont mortes, c'est un spectacle terrible qui a marqué mes parents.

Il a fait vraiment chaud. Mes parents sont fatigués, leur roadtrip en Europe les a fatigués. Il faut dire qu'en voyage ils se lèvent à quatre heures du matin pour arpenter la campagne. J'essaie de suggérer qu'ils pourraient en faire moins, ou moins vite, prendre plus leur temps; mais ils m'opposent que c'est l'âge (qui les fatigue) et qu'ils ont un emploi du temps contraint: ils ne peuvent pas ralentir, ils doivent rentrer à temps pour s'occuper des maisons de leurs voisins (plantes, chats), tous partis en vacances. A les entendre parler, j'ai de plus en plus l'impression — ça ne date pas d'hier — que leur quartier est un kolkoze, un lieu collectif de partage.

Le bordel en Russie

La milice Wagner contre l'armée régulière se tapent dessus depuis hier.
Puis Wagner arrête, son chef Prigojine se retire en Biélorussie.
Personne en Occident n'y comprend rien, même si certains commentateurs font semblant de maîtriser la situation.

Commentaire hier de Colin Lebedev:
Mon moniteur d’auto-école à Moscou me disait: «tu vois tous ces fous au volant devant nous qui cherchent à régler leurs comptes? On les laisse partir devant s’entretuer, et on arrive tranquillement après eux pour analyser la situation. » A demain donc, et bonne nuit.
Son analyse du jour (24 juin 2023) est à lire ici.
Quelle que soit l'issue, certains acteurs, les combattants mais pas seulement, ne pourront s'empêcher de se dire:
1. Il n'a pas tort
2. L'Etat n'est pas si puissant si cette insurrection est même possible.
Et ça, c'est le petit dégât des eaux invisible, mais redoutable.
Quant à nous, Européens lambda, on serre juste les fesses en espérant que les têtes nucléaires ne tomberont pas entre les mains d'un plus barge que les actuels barges.

Une journée en piste

Après la semaine d'orage, j'ai pris une journée de RTT pour faire du planeur.

Sur le câble qui tient la manche à air, trois libellules.

trois libellules


J'en ai profité pour laver la voiture et le bureau. Ça m'a rappelé mon père qui me disait quand j'avais quinze ans: «tu ne fais pas le ménage dans ta chambre mais tu nettoies les écuries.»

Absurdité

Dîner à Ground Control, gare de Lyon à 19h36 pour un train qui part à 19h46. C'est un train de Bourgogne-Franche-Comté, à l'aspect extérieur sale et vieux et l'intérieur passé, le successeur des trains Corail. Ils ont l'avantage d'être confortables, on y dort bien.

Le train est déjà plein, mais nous trouvons deux places assises l'un en face de l'autre. Il fait chaud, nous nous installons, je sors La vingt-cinquième heure.

Le train se remplit, comme toujours à quelques minutes du départ. Il nous faut un moment pour nous rendre compte — «avancez dans le couloir, il y a encore de la place» — qu'il se passe quelque chose d'anormal. A écouter les gens, nous comprenons qu'un autre train n'est jamais parti — sans qu'aucune annonce ne soit faite — enfin si, une, au début, pour informer que le train de 19h21 partirait avec dix-huit minutes de retard — puis plus rien.
Et donc le train de 19h21 est en train de se déverser dans le nôtre, avec des passagers passablement énervés de n'avoir eu aucune information.

Notre train partira avec quelques minutes de retard et se refroidira avec le temps. Les gens debouts, très tassés, attendront plus ou moins patiemment. Heureusement pour eux, la plupart descendent au premier arrêt, à Melun.

En arrivant à Moret, tandis que nous parcourons la centaine de mètres qui nous sépare du parking, nous voyons arriver à quai le train de 19h21, finalement parti, et vide, absolument vide: je ne vois que deux ou trois têtes par les fenêtres.

Panne

Pas d'internet au bureau et pas de téléphone fixe. A midi nous avons renvoyé les équipes chez elles pour qu'elles travaillent à distance. Je n'ai pas compris exactement la cause, des travaux, une gaine coupée?

Nous avons laissé tout le monde en télétravail demain et acheté une antenne 4G avec amplificateur pour servir de relais.

Cependant, on nous a promis que tout serait réparé demain.

Orage

Dans l'après-midi, une élève-pilote nous envoie cette photo d'un orage au-dessus de la piste.

orage au club



Le soir — cela a-t-il un rapport avec l'orage? — il n'y a pas de train sur la branche Moret et je prends un train pour Champagne. Nous mangeons un kebab sur place dans une ville désertée — sans doute à cause de France-Grèce.

Petite journée

Les conditions n'étaient pas très favorables: nous avons commencé tard, vers quinze heures, le temps que les thermiques se forment. Je suis passée en troisième et je n'ai volé qu'un quart d'heure, le temps d'un remorqué (mon point faible) et d'un aterrissage.

Nous avons eu juste le temps de ranger les planeurs avant que l'orage n'éclate, très violent.
A Fontainebleau, le concert de Sting a été annulé.


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Pour mémoire, les réseaux ce soir se déchirent autour d'une bière bue par Macron à la fin d'un match de rugby. Je dois avouer que je suis écroulée de rire. Cette époque est vraiment particulière. Les LFIstes peuvent attaquer les policiers au mortier1, mais le drame, c'est que Macron boive une bière.
Je me demande si j'aurais l'occasion de relire ce billet dans dix ans, et si oui, ce que j'en penserai alors.



Note
1: tunnel Lyon-Turin.

Economie et politique - semaine du 5 au 12 juin

Journée de télétravail. J'ai donné des vêtements très anciens (une robe saumon de Bordeaux, soit trente ans, presque pas portée car achetée au moment de ma plus grande minceur). Je voulais les donner à quelqu'un parce que ce sont des vêtements qui passent au pressing et que je voulais qu'on en prenne soin car j'y suis attachée. J'ai donné des vêtements achetés pour ma fille il y a dix ans et qu'elle ne portera jamais, une robe rouge à pois blanc que je n'ai plus envie de porter à mon âge. Sortie au marché. Revu Taxi Driver que j'avais vu au cinéma en 1987, je pense, dans un cinéma du Boul Mich disparu depuis longtemps (à l'époque il y avait encore des cinémas porno, c'était une petite salle coincée entre).
C'est à peu près tout pour mes aventures palpitantes de la journée, donc je vous mets de l'info économique et politique.

Les entreprises se délocalisent aux États-Unis – Euractiv
Les entreprises sont confrontées à des charges administratives et à des coûts énergétiques élevés en Europe selon Stefano Mallia, le président du groupe des employeurs du Comité économique et social européen (CESE). Cette délocalisation d’entreprises concerne principalement les secteurs qui dépendent d’une forte consommation d’énergie. Le groupe des employeurs du CESE a poussé l’UE à introduire un « contrôle de la compétitivité ». Un tel contrôle supposerait que les conséquences d’une législation proposée sur l’environnement des entreprises soient analysées au cours des processus de prise de décision de l’UE.

Blockchain : consolider nos atouts – Institut Montaigne
La France a été pionnière dans l'écosystème international blockchain et dispose d'atouts techniques et réglementaires incontestables pour cette technologie. L’enjeu est désormais de développer notre avantage sur cette infrastructure numérique de confiance, en capitalisant sur ces avancées. À l’échelle européenne, le développement d’infrastructures de paiement qui s'appuient sur la blockchain serait clé pour notre souveraineté.

La gestion publique des risques – Cour des comptes
Le rapport s’attache à analyser concrètement la gouvernance de la gestion publique des risques, les processus qu’elle met en œuvre et les conditions de son adaptation à l’évolution des risques. Il émet notamment des recommandations pour rationaliser les dispositifs sectoriels de gestion des risques, pour améliorer la vision d’ensemble de la puissance publique sur les risques qu’elle supporte et sur les moyens qu’elle met en œuvre pour les gérer et pour expliciter et approfondir l’interaction entre l’État et la société.

L’Allemagne est-elle à nouveau « l’homme malade de l’Europe » ? – Institut Jean Jaurès
La récession allemande constitue une opportunité pour corriger certaines orientations économiques. Entre l’intervention étatique souhaitée par le chancelier Olaf Scholz et la volonté́ de l’industrie allemande d’avoir les mains libres, il y a une occasion de faire émerger un chemin pour la transformation écologique du modèle économique allemand, en développant davantage de technologies vertes dont le monde entier aura bientôt un besoin vital.

Santé et technologies : quelle entente pour nos professionnels ? – Institut Sapiens
Selon Gaetan Casanova, Isabella de Magny, Vincent Diebolt, le secteur de la santé subit une transformation profonde due à l’innovation technologique et aux évolutions démographiques. Entre la diminution des médecins, la désertification médicale (qui concerne 10 millions de Français), les professionnels de santé sont confrontés à des contraintes de taille. Pour les résoudre, ils considèrent qu’il est donc nécessaire d’exploiter les nouvelles technologies comme l’IA, qui libère du temps médical, pour réinventer le système de soins.

80 ans

AG et 80 ans de la mutuelle.

— Vous êtes une mutuelle à contre-courant.
— Non, nous sommes une mutuelle singulière.

Bu trop de champagne.

Départ en catimini

Départ à la retraite d'une salariée. Départ à 67 ans : elle est fonctionnaire détachée, sa retraite n'est calculée que sur son salaire de base, hors "primes", donc elle part le plus tard possible pour optimiser sa pension.

Je mets primes entre guillemets car celles-ci n'ont pas la même nature que celles du privé: elles ont un caractère permanent — tant que vous êtes présent au travail: elles ne sont pas versées quand vous êtes en arrêt maladie, ou même — en vacances (ce qui fait qu'un des fonctionnaires de ma structure ne prend jamais de vacances et est d'une humeur exécrable). Peut-être que ce n'est pas vrai pour toutes les primes, peut-être que ça dépend de leur nom. Je suis désarmée devant cet imbroglio et je découvre des bizarreries tous les jours.

Les fonctionnaires ne cotisent que sur leur salaire de base (salaire indiciaire brut) et touchent une retraite proportionnelle. Cela signifie que durant leur vie professionnelle, ils supportent moins de prélèvements que les salariés du privé, mais une fois à la retraite, leur pension est plus faible. En clair, il leur faudrait cotiser volontairement sur leur partie "primes". Je suis toujours effarée de me dire qu'on demande aux fonctionnaires de se comporter comme des salariés américains. (NB: je présente des généralités, il y a beaucoup de cas particuliers. Par exemple, comme le salaire des professeurs ne comportent quasi pas de prime, l'écart de calcul de retraite avec le privé est inexistant (ou presque: je n'ose rien affirmer catégoriquement.))

Toujours est-il que les fonctionnaires de mon équipe restent jusqu'à être rayés des cadres, c'est-à-dire mis à la retraite d'office à 67 ans. J'en ai même une qui, s'étant arrêtée de travailler dix ans pour élever ses enfants et n'ayant pas tous ses trimestres pour une retraite à taux plein, a demandé à poursuivre au-delà. Elle aura 68 ans en juillet, elle part en décembre. Je sens qu'elle commence à peiner; les changements dans les modes de travail la désorientent mais elle reste une excellente technicienne.

Donc aujourd'hui, l'une des fonctionnaires partait à la retraite. Comme je suis très attachée aux rites, je lui avais demandé il y a dix jours si elle voulait qu'on organise un pot de départ à la retraite. Elle s'y attendait si peu qu'elle avait rougi et répondu oui.

Elle ne s'y attendait pas parce que c'est une vraie peste.
Je ne suis ici que depuis deux ans, mais durant ce court délai, elle a envoyé à la direction un mail odieux de dénonciation d'une collègue. Personnellement, à ce moment-là je l'aurais renvoyée dans son ministère d'origine (ce qui est l'équivalent d'un licenciement, ai-je appris sur Google); elle a simplement eu droit, sur mon insistance, à une lettre d'avertissement (j'ai appris au passage que le droit du travail privé s'applique aux fonctionnaires détachés (enfin, je suppose qu'il doit y avoir des subtilités)).

Depuis que j'ai annoncé qu'il y aurait un pot, certains sont venus me demander si c'était obligatoire (non), d'autres combien de temps il fallait y rester (un temps décent). D'autres m'ont dit qu'ils feraient le pot pour fêter son départ. On m'a (re)raconté qu'elle avait des poupées vaudou; aussi incroyable que cela paraisse, elle suscitait de la peur chez les agents les plus anciens qui la soupçonnaient d'avoir provoqué la mort de collègues (je vous jure qu'on m'a vraiment raconté ça. C'est si Jacques Yonnet.)
Bref, elle a dû entendre des commentaires et des conversations. Elle est venue en fin de semaine dernière me prévenir qu'elle ne voulait plus de pot car «elle n'aimait pas les hypocrites».

Elle est partie à trois heures, une orchidée et un bougainvillier dans les bras offerts par deux ou trois salariées charitables.

*****

J'ai fini la lecture de Terre inhumaine. Finalement l'aide que nous apportons aujourd'hui à l'Ukraine face à la Russie, c'est celle que nous n'avons pas accordée à la Pologne en 1945. A l'époque Staline avait jugé que l'Occident n'entrerait pas en guerre pour sauver la Pologne; aujourd'hui l'Occident compte sur l'Ukraine pour épuiser la Russie (ou plutôt se débarrasser de Poutine. Mais quid des oligarques?)

Cartes postales

Deux cartes postales m'attendaient ce soir.

Quand je me retourne pour regarder ce que j'ai réussi, ce qui constitue une différence par rapport à si je n'avais pas été là, je ne trouve pas grand chose: quelques années de vie sauvées pour la dernière chienne de mes parents qui aurait sans doute été piquée trop tôt si je n'avais pas été là pour conseiller la patience, cent mille euros d'arriérés et une rente mensuelle récupérés pour un dossier d'invalidité que j'ai défendu par hasard (cela ne faisait pas parti de mon poste, mais un administrateur de la précédente mutuelle me faisait confiance et m'avait envoyé un cas litigieux), quelques passants aidés au hasard des rues, le huit féminin du CNF dont j'ai patiemment instillé l'idée dans les vestiaires (mais ça n'a pas fonctionné à l'ANFA, sans doute par absence d'un entraîneur que le projet intéresse).

L'une des cartes postales trouvée ce soir constitue la preuve de l'une de ces réussites: avoir fait se rencontrer des personnes qui ne se seraient pas connues sans moi et qui sont devenues amies, entre elles, sans que je n'ai plus besoin de servir d'intermédiaire. Carte postale signée Aline et Tlön, l'une ayant déjeuné chez l'autre: je n'avais même pas conscience qu'ils en étaient à ce niveau de relations, et ils ont pris la peine de trouver une carte et de me l'envoyer. Cela me fait vraiment plaisir.


L'autre carte, c'est mon premier timbre Charles III.
En voyant le prix du timbre, je me rends compte que je n'avais aucune idée du cours de la livre. J'en étais restée aux francs, quand une livre valait autour de dix francs, si je me souviens bien.

timbre Charles III


Merci à tous les trois.

Le persil perce

Dans la série «Martine se met au jardinage», j'ai semé du persil. Je n'arrive plus à me rappeler si ça fait une semaine ou deux que je l'ai planté. J'avais retrouvé le sachet de graines quelque part dans la cuisine (là depuis deux ans), les avais mises à tremper quarante-huit heures (une journée de trop, je les avais oubliées) puis semées dans la jardinière à côté du pied qui a survécu à l'hiver.
Cela faisait beaucoup de graines, beaucoup trop de graines, de quoi ensemencer un carré de cinquante centimètres de côté, mais je me suis dit pour me rassurer qu'une graine ou deux allaient prendre sur cinquante (lorsque j'avais semé un "mélange de fleurs pour friche fleuri" acheté à Giverny, j'avais eu trois coquelicots).

Depuis, rien. Malgré ma surveillance attentive, rien, matin et soir.

Samedi matin, dix jours plus tard, neuf heures du matin, miracle, alors qu'il n'y avait rien la veille au soir, les premières pousses étaient sorties.
Du matin neuf heures au soir six heures, l'évolution est visible à l'œil nu (du moins je trouve, ce n'est peut-être que la fierté du jardinier):

persil samedi à 9 heures persil samedi à 18 heures


A neuf heures du soir dimanche, c'est carrément un succès.

persil dimanche à 21 heures


Inquiétude impuissante

Température de l'Atlantique Nord, jour par jour, depuis le début de l'année.

températures de l'Atlantique Nord au premier semestre 2023


On pourrait se dire qu'un degré, ce n'est pas beaucoup.
Cela devient plus impressionnant quand on sait que six à sept degrés nous séparent de la dernière ère glaciaire.

Je rappelle les travaux de Rockström et son équipe en 2009: ils ont démontré un effet cliquet sur neuf critères. Nous sommes aujourd'hui incapables de modéliser ce qui se passera quand nous aurons dépassé les frontières connues sur ces critères.

Dix ans plus tard, l'article s'est répandu et on en trouve une version allégée en français ici. On notera que le texte préfère mettre en avant les conditions d'une stabilité plutôt qu'expliquer qu'on ne sait pas très bien ce qui va se passer.

En tant qu'individu, je ne vois pas ce que nous pouvons y faire (si : éviter de me mettre à faire du planeur justement maintenant. C'est le moment où on se trouve des excuses, du type «c'est moins polluant qu'aller à Bali». Mais à vrai dire, je n'en sais rien.)

Pour les anglophones, cet article volontariste explique qu'on peut encore stopper la tendance.

Contrecoup

La plupart des jeunes pilotes, et notamment ceux qui pilotent les avions qui nous remorquent, ont pour ambition de devenir pilotes de ligne. J'arrive au milieu d'une conversation entre pilotes d'avion-remorqueurs, instructeurs de planeur, élèves-pilotes de planeur. Elle concerne une grande compagnie aérienne:
— Pour sept postes, ils ont pris six filles. Ils manquent de filles dans les cockpits. Pour le septième, ils ont fait évoluer un mec en interne.
Mon premier mouvement est d'être désolée pour lui (surtout que celui qui parle est mon préféré). Mais je dis seulement:
— Vous êtes en train de payer pour les dix générations précédentes.

L'histoire avec sa grande hache: être présent au mauvais moment au mauvais endroit. Je m'abstiens de leur faire remarquer que la frustration qu'ils éprouvent, c'est celle de générations de filles à qui on a dit non pour la seule raison qu'elles étaient fille. Ce n'est pas plus juste aujourd'hui qu'à l'époque. Mais je ne vais certainement pas regretter qu'on essaie de rééquilibrer la situation, même si c'est brutal et injuste au niveau individuel. Cela permettra de faire évoluer les mentalités (rendre la présence de femmes normale, ordinaire, que cela devienne un non-sujet. La guerre des sexes est plutôt ennuyeuse, vivement qu'on passe à autre chose).

Combien de temps pour que la situation s'équilibre? Avec les départs à la retraite et le remplacement générationnel, quatre ans ou cinq ans?

Horreur

Hier, un réfugié a attaqué au couteau de très jeunes enfants dans un parc. J'avais vu passer l'information sur Twitter mais sans chercher à en savoir plus: c'est le genre d'info dont je me passe.

Quand Hervé est rentré du bureau, il m'a demandé:
— Tu as vu ce qui s'est passé à Annecy?
— Vaguement, mais pas plus que ça.
— Un homme a poignardé des enfants dans un square. Ça a tourné au drame dans la boîte: X vient d'Annecy, il n'arrivait pas à joindre sa femme, à un quart d'heure près elle était dans le parc.

6h50 ce matin. Je commande mon café. La télé est allumée dans la buvette, elle diffuse des images de l'homme qui marche de long en large dans le sqare en agitant les bras. C'est un grand gaillard costaud: mais pourquoi une telle armoire à glace est-elle allée attaquer des enfants de trois ans? Qu'a-t-il bien pu se passer dans sa tête? C'est une question que l'on sait sans réponse, car comment expliquer rationnellement la folie? Mais la curiosité, de l'ordre de l'effarement, demeure.

6h50 ce matin. Pour échapper à la télé, je sors en terrasse, du côté des quais vers le sud, peu fréquentés le matin. Il fait doux, le ciel est limpide. Ce pourrait être un moment calme et salutaire de ressaisissement de soi-même avant de s'élancer dans la journée. Trois habitués sont là, des hommes que je connais peu mais que j'aime bien, qui le plus souvent se taquinent sur leurs équipes de foot préférées. Ils sont en train de parler de l'agresseur.
— Moi, je l'enfermerais dans ma cave et matin et soir, j'irais le torturer.
J'interviens, pas sur le fond, simplement parce que j'aimerais qu'ils parlent d'autre chose: — Il faut être sacrément motivé, j'ai autre chose à faire de mes journées.
— Oui. (Il continue, obsessionnel:) C'est facile de torturer. Au Moyen-Âge, ils en connaissaient un rayon.
Un autre renchérit: — Et les Chinois...
— Oui. Par exemple, vous enfoncez un tuyau dans le cul et vous prenez un rat...

Je m'éloigne.

Watson

Watson est un gros chat roux. Il ressemble davantage à Churchill qu'à Watson. C'est la star du quartier.

Il habite en face de l'arrêt de bus dans la rue derrière chez nous. La première fois que je l'ai vu, à six heures et demie du matin dans le froid, en train de traverser lentement devant le bus qui arrivait, je me suis précipitée: j'ai eu peur qu'il ne se fasse écraser.
Depuis, je ne cours plus. Je sais que ça l'amuse de faire ralentir les voitures. Et les voitures et les bus ralentissent. Il trône au milieu des parkings et les voitures le contournent. C'est de la roulette russe: rien n'assure que le véhicule qui approche soit au courant et attentif.

J'ai appris son nom puisque tout le monde le connaît. Parfois quelqu'un le ramène chez lui quand il le juge trop loin. La surveillance est collective.

Cet après-midi il dormait le long du comptoir du coiffeur. De temps à autre il s'installe sur les genoux des clients. Quand je suis passée au shampooing, il avait squatté l'un des fauteuils.

le chat Watson

Dorothée le retour

C'est l'info du jour: Dorothée et Ophélie Winter doublent des voix dans le dernier Transformers.

A la buvette de la gare, Toufik fait la tête parce que je ne lui réponds pas: j'écoute Cyprien Cini sur RTL. J'enlève mes écouteurs et mets mon téléphone sur haut-parleur. Aussitôt séquence nostalgie pour tous les quincagénaires présents.

Oulipo

Dernier oulipo de l'année — mais il y aura une séance supplémentaire le 20 juin à la TGB, avec projection d'un film.
Dernier oulipo, mais je me demande si pas seul oulipo de 2023: entre les grèves, les concerts et les problèmes de train, je ne sais plus si j'ai assisté à une séance depuis janvier.

Le plus difficile aujourd'hui est finalement de trouver un restaurant qui conviennent à tous, sans être trop loin du métro. La fermeture de la 14 vers 22 heures décourage tous ceux qui habitent loin.

Certains font la différence entre «jour» et «journée»: vingt-quatre heures contre le contraire de la nuit, mais l'attribution à l'un ou l'autre mot n'est pas stable et dépend des utilisateurs. Nuance également avec après-midi: masculin ou féminin selon qu'il s'agit d'une durée (toute l'après-midi) ou une indication ponctuel («je passerai cet après-midi») (j'avoue que j'utilise un autre critère: féminin avec mes amis littéraires comme un secret partagé, masculin avec les autres).
A propos de je ne sais plus quel choix de mot, Nicolas propose une explication à laquelle je souscris totalement: l'un ou l'autre mot selon le nombre de syllabes nécessaires à balancer la phrase.
Enfin, question piège: d'El Desdichado ou de El Desdichado? Solution: construire sa phrase de façon à ne pas se trouver dans la situation de devoir choisir.

Deux surprises : GEF a lu un billet où je parlais de son père (je suis embarrassée: est-ce indiscret? Je suis surprise: il lit mon blog? (il a dû suivre un lien de référencement un jour où j'avais fait référence à ses travaux.)) Il me signale une erreur: son père n'était pas médecin mais pasteur.
Et choc, alors que je parlais de je ne sais quoi: «ça fait du bien de t'entendre tenir un discours de gauche comme ça». What? Parce qu'il pense que son laisser-faire laisser-aller est un discours de gauche? Je ne veux pas que l'Etat s'occupe de moi, je préfère ne compter que sur moi-même parce que le XXe siècle ne m'a pas convaincu que l'Etat était bienveillant.
Par ailleurs, il est exact que je crois que sans économie forte il n'y a pas de politique sociale possible. Il faut de l'argent pour avoir de la liberté de décision. Nous le savons tous, nous le vivons au quotidien. C'est aussi vrai pour un Etat que pour un foyer.

H. était là. Il s'est cassé la figure dans les escaliers de la TGB qui descendent vers la Seine et c'est tout juste s'il ne m'en a pas rendu responsable. Fin de soirée tendue. Je suis très fatiguée.

Un buffet Henri II

Aller retour chez ma tante dans le Berry pour aider ma fille.

Nous démontons tout ce que nous pouvons et à ma grande fierté, nous réussissons, à force de calcul et de créneaux entre les portes encastrées dans des murs très épais (la maison a deux cents ans au moins), à déplacer le meuble et l'arrimer dans le camion. La supériorité du cerveau sur la force brute. (Je n'ose pas mettre de points d'excalamation car je suis retombée sur cet article sur la syntaxe de Trump qui prétend que nous avons droit à douze points d'exclamation dans une vie: «Some writers recommend that you should use no more than a dozen exclamation points per book; others insist that you should use no more than a dozen exclamation points in a lifetime.»).

A l'aller j'ai traversé la Loire à Gien, au retour je prends la transversale jusqu'à Cosne car j'affectionne les coteaux de l'Auxerrois. Je remonte ensuite vers Moret sur une ex-nationale parallèle à l'autoroute. Y a-t-il chaque année autant de roses, le climat a-t-il été favorable cette année, ou ne suis-je jamais passée ici en juin? Quoi qu'il en soit, la campagne et les villages sont magnifiques.

A la nuit tombée je recapote. Tous les villages sont noirs désormais, très peu restent allumés la nuit.
En arrivant, avant de rentrer, je prends une demi-heure pour aller coller à Veneux: il y a encore une journée d'action contre les retraites mardi. J'ai créé mes propres affiches qui rappellent que si l'Etat s'est endetté, ce fut pour protéger les salaires et les entreprises. Oublieuse mémoire, disait Supervielle.

Marathon repassage

Début mai, j'avais repassé le minimum avant de partir en Sisteron. Aujourd'hui, j'ai descendu la pile. Je fais des progrès, j'ai découvert au bout de trente ans la température idéale pour trois types de vêtement: soie pour les polos et tee-shirt, laine pour les chemises et coton pour les jeans et les torchons. J'ai donc fait trois tas de façon à augmenter la température entre chaque tas.
Je le note ici pour la prochaine fois car je vais oublier. Je n'ai pas d'éclair de génie tous les jours, je dois les noter.

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