Il fait aussi chaud dehors que dedans (dedans de moi : je suis chambrée).
Fièvre, toux, nouvelle infection ou c'est le foyer du 28 mai non guéri.
Depuis O. j'ai peur des infections sournoises (Fredi, c'était avant le covid: il y avait déjà des maladies à l'époque, qui le croirait?). J'essaie de trouver un médecin qui 1/ consulte le samedi 2/ ait de la place.
Peine perdue. Je comprends mal le principe qui consiste à prendre rendez-vous à l'avance chez le médecin: comment sait-on à l'avance qu'on va être malade?
Toujours le même conseil sur les répondeurs: «appelez le 15».
Mais je ne vais pas déranger les urgences pour de la fièvre, j'ai ma fierté.
Je joue à CandyCrush littéralement toute la journée, j'ai acheté un crédit de 24 heures. Dehors il fait 38, au rez-de-chaussée 27, au premier (où je suis) 33, au second 40 (pas de volet, pas de rideaux. Les stores que nous devons installer ne seront pas disponibles avant septembre. Nous devons faire percer une fenêtre à la place de la baie inamovible mais les matériaux manquent. Pas avant l'automne non plus).
La fièvre oscille en restant à un niveau raisonnable.
Demain je devais aller au festival de Champeaux pour écouter des passages de la
Messe de Bernstein. Zut de zut, je suis très déçue. Je repense à Sophie qui lors de l'Oulipo mardi dernier me disait, en référence aux confinements successifs chaque fois que je programmais une soirée anniversaire pour nos trente ans de mariage, à la guerre en Ukraine quand j'ai programmé un voyage à St Pétersbourg: «Ne fais plus de projet! Tout à l'improviste, au dernier moment!»
J'y pense : nous avons bel et bien mis en route un projet aujourd'hui (malgré tout il faut continuer: souvent
je pense à Kipling, que ce soit devant une petite déception quotidienne ou le tableau immense de la guerre).
A force de bavarder avec le fleuriste (à côté du boulanger), H. a appris qu'un de ses fils habitait en face de chez nous (une Tesla et une Ford Mustang dans la cour minuscule, c'est un dingue de bagnoles, donc avec notre petite voiture rouge, nous avons droit à un
a priori favorable) et que l'autre était jardinier (
ingénieur jardinier, je ne savais pas que ça existait) et travaillait pour le château de Fontainebleau.
Ce fils intervient également chez les particuliers. Il était passé voir ce que nous souhaitions, il revenait aujourd'hui nous présenter un projet.
Nous avons été médusés: il a sorti un carnet de croquis, bâtiments et fleurs et arbres placés en volume: «avant j'utilisais
Sketchup, mais je n'ai pas pris le temps.»
Ah ben mince alors. C'est un jardinier très tech, qui nous propose un arrosage branché sur internet et qui arrose en fonction de la météo… («J'ai mis ça chez moi, c'est super pratique»).
Pour couronner le tout, il ressemble au roi de coeur des jeux de tarot, avec des yeux vert gris (le t-shirt assorti, ce qui prouve qu'il en est parfaitement conscient).
On lui a laissé la clé du jardin. Il viendra travailler le soir, commencer par «un coup de propre», comme il dit (débarrasser les pierres, l'auvent en bois, enlever l'une des glycines, passer le motoculteur pour évaluer la qualité de la terre).