Ce qui est terrible avec la douleur, c'est de devoir faire bonne figure.
On aimerait gémir dans son bureau, marcher à grands pas dans les couloirs du train en agitant les bras, se rouler en boule sur la moquette en hurlant à mi-voix. Juste faire du bruit et s'agiter pour se distraitre de la douleur, l'alléger en la dispersant dans l'espace par la voix et le mouvement.

Mais il faut faire bonne figure, il ne faut pas déranger les personnes inconnues qui nous entourent. Surtout il ne faut pas déclencher leur sollicitude, devoir les rassurer est au-dessus de nos forces alors qu'il faut déjà contrôler la douleur. Alors on se tient assise rigidement avec un sourire rigide; on souffle lentement les lèvres entrouvertes, on marche de façon saccadée et on essaie de concentrer son esprit sur autre chose en attendant que passe l'heure de trajet.