A l'origine, le loft que nous habitons appartenait à une ferme. Les bâtiments de la ferme entouraient une cour intérieure dont l'entrée se trouve dans une rue derrière chez nous. Notre maison se trouve à l'extérieur de ce cercle, appuyé au dos d'un des bâtiments. Un autre loft, plus petit, est dans le même cas.

Cependant, tous les bâtiments de la ferme, même hors du cercle, appartiennent à une même copropriété, car notre compteur d'eau est installé dans la cour. Cela a des conséquences administratives: Orange est persuadé que nous habitons dans cette rue opposée, ce qui nous empêche d'avoir accès à la fibre. Le cadastre ne nous identifie pas non plus: il connaît le bis de la rue, mais pas le ter, où nous habitons.

La copropriété est constituée de six logements, quatre donnant sur la cour, dont un salon de coiffure, et nos deux lofts. La réunion de copropriété commençait à 18h30, mais par la magie de la SNCF, je suis arrivée avec une heure de retard, en plein débat sur les pot de fleurs qui gênent l'accès aux places de parking, l'abattage des clôtures délimitant des parties privatives, la fermeture du portail pour éviter les vols, etc.

J'arrive au moment où l'une des copropriétaires menace de faire appel à un avocat parce qu'il lui faut détruire sa clôture (le «claustra», est-ce un mot juridique?) qui est désignée comme provisoire dans un ancien PV d'assemblée: «j'ai acheté mon appartement avec une clôture, tout ce qui peut diminuer sa valeur doit m'être remboursée, j'ai contacté un avocat» dit-elle en brandissant son titre de propriété.

Je crois rêver: un avocat? pour une cour qui ne nous concerne pas? combien cela va-t-il coûter à la copro?
— Euh excusez-moi, mais pourquoi est-ce important de détruire cette clôture?
Et l'un des présents de répondre, avec un fort accent:
— Moi on m'emmerde, alors j'emmerde. J'aime pas me laisser emmerder.
OK. C'est donc un problème entre cet homme et la dame. Un soulagement imperceptible court parmi les copro raisonnables de l'assemblée: après cet aveu, il doit être possible de trouver une solution. Nous voici transformés en groupe de parole, et après quelques échanges, les choses s'apaisent.

N'empêche, qu'on en arrive là avec une copro de six, ça ne laisse aucun espoir pour les assemblées plus grandes.