Départ pour Sarry. H. est pris d'une frénésie organisationnelle. J'ai beau lui dire qu'il n'y a pas d'obligation de perfection, que c'est la mort de son père, que personne ne lui en voudra s'il y a des couacs, il persiste. Je suppose que c'est une façon de s'occuper l'esprit.

Je mets en ligne sa to do list établie hier.
  • Établir nombre de participants
  • Musique bénédiction avec maman violoncelle Bach + playlist
  • Test église samedi matin
  • Virement remboursement
  • Prévenir banques, Cpam et mutuelle
  • Courses after y compris vaisselle jetable et nappes en papier
  • Récupérer les clefs de la salle pour l'after vendredi matin et visiter + prévenir la famille
  • Comment faire du café en grande quantité ?
  • Bouilloire + thé
  • Quelques fruits frais. Bière et cidre.
  • Produits et matériel ménage
  • Réserver hôtel
  • Acheter un micro-ondes
  • Revoir le déroulé bénédiction avec Alice
  • Reset téléphone Papa
  • Reset ipad papa
  • Faire une Playlist Chopin de secours sur l'ipad
  • Qui allume les cierges : 1, 2 ou 4 personnes
  • Voir avec xxx pour rendre la clé de la salle after
  • Qui lit les 2 lectures ? Si nécessaire appeler X et Y à ce sujet
  • Brasserie samedi soir ?
  • Coiffeur maman (elle ne veut pas)
  • Habits maman
Après avoir salué ma belle-mère, nous commençons par aller chercher les clés de la salle prêtée pour la collation post-enterrement (coup de chance, la mairie est ouverte deux fois par semaine dont le vendredi matin).
Nous continuons par les courses, avec cette question cruciale: comment faire du café pour une cinquantaine de personnes? Comptant sur son bon sens scout j'en parle à O, en suggérant qu'il amène sa Nespresso, en plus de la nôtre et celle de F. Il rit: «il va falloir beaucoup de rallonges électriques».
Bref, nous avons acheté une cafetière électrique et une bouilloire (pour mon thé à moi car je ne peux pas survivre sans thé) — et un four à micro-ondes parce que s'il faut s'occuper de l'enterrement, il faut aussi organiser la vie quotidienne de sa mère qui va rester seule, qui marche très mal et ne peut pas conduire. (M. et Mme avaient toujours refusé un micro-ondes sous des prétextes divers qui s'apparentaient à un refus de la modernité).

Nous parcourons les rayons: nappes en papier, verres et assiettes en carton, petites cuillères en bois. Je découvre les arcs en ballons gonflables pour mariage, les sets de fête licorne. Balai, pelle, balayette et produits ménagers pour nettoyer la salle car le matériel n'est pas fourni; sucré et salé pour la collation post-enterrement, jus de fruits, cidre, bières; plats préparés compotes yaourts eau gazeuse pour la vie quotidienne — puisqu'il faut bien continuer à vivre.

Repas — à la poêle, nous monterons le micro-ondes plus tard.
Puis nous commençons à contacter les banques et les assurances. Mon beau-père a préparé des documents avec la liste de ses comptes et produits financiers ainsi que les identifiants et mots de passe nécessaires. A mon sens c'est trop tôt: nous n'avons pas d'acte de décès à fournir, il faudra refaire toutes les démarches la semaine prochaine.
Mais il n'est pas vraiment possible de dire non: ma belle-mère y tient et nous faisons notre possible pour adoucir ces moments.
Je ne penserai que vers cinq heures à téléphoner au notaire; trop tard pour avoir quelqu'un au bout du fil. Il faudra attendre lundi.

Nous allons installer ensuite la salle prêtée par Moncetz-Longevas. Elle est grande, lumineuse et très bien agencée. Nappes, chaises autour des tables, répartition du salé, sucré; première utilisation de la bouilloire, ébouillantement de la bouteille thermos (un litre sept, la plus grande que nous ayons trouvée), de la cafetière; mise au frigo des boissons.

Le soir, nous devons prendre notre chambre avant 21 heures. Week-end de la Pentecôte: il n'y avait plus de place dans notre hôtel habituel, nous sommes au «Mas champenois». C'est très laid (très rose, très kitsch, égypto-romain ou — pour les lecteurs de SAS — très Claude Dalle du pauvre), très confortable, et ô bonheur, il y a un jacuzzi. H. se met dans la baignoire, nous manipulons tous les robinets, manquons de tout inonder car nous ne savons plus exactement comment nous avons réussi à faire couler l'eau (parmi tous les robinets) et j'ouvre la bonde en catastrophe en attendant de trouver la solution.

Quand H. sort du bain, il se met à l'écriture du texte à la mémoire de son père qu'il lira demain au cimetière.