Souvenir

Je me retrouverai dans cette ténèbre lactée d'un soir de lune, tel que je suis toujours en ces heures-là, attentif au ruissellement de la Hure, à cette calme nuit murmurante, pareille à toutes les nuits, à cette même clarté qui baignera la pierre sous laquelle le corps que je fus finira de pourrir. Ce temps qui coule comme la Hure et la Hure est là toujours et sera là encore et continuera de couler... Et c'est à hurler d'horreur. Comment font les autres? Ils n'ont pas l'air de savoir…

François Mauriac cité par Claude Mauriac, Les Espaces imaginaires, p.495
En lisant ses lignes, je retrouvais exactement la sensation de certaines conversations avec Paul.

Il est enterré à Sèvres, je l'ai appris en allant poser la question à Saint-Sulpice en février. Il a été enterré très vite, le 16 avril.
Le 17, je passais au pied de son immeuble, ignorante.

Je n'aime pas

- ceux qui tiennent des blogs violents et cyniques, se moquent à longueur de blogs des femmes, des invertis, des fumeurs, des gros, des suants, et qui si l'on ne rit pas vous disent "décidemment tu n'as pas d'humour" et lorsqu'on répond avec autant de violence qu'eux, parce que oui, on se faisait une certaine idée des hommes, une idée de solidarité et de fraternité et que l'on ne peut s'empêcher de remarquer qu'on est déçue, qu'ils ne sont pas à la hauteur, vous disent, eux sans rire et sans penser qu'ils pourraient avoir un peu d'humour: "tu aboies trop fort";

- ceux qui vous jugent, vous disent que vous partez en torche, écrasent votre parole en décidant de ce que vous avez le droit de dire ou pas (sans manquer de vous féliciter parce que tel post est inattaquable (comme si c'était un hasard: pour ta gouverne il est en ligne depuis février!) ou parce qu'ils découvrent que trois ans auparavant vous êtes restée de marbre devant les inepties d'un crétin (comme si un crétin pouvait m'atteindre (mais que j'explique que quatre ans auparavant j'ai été atteinte, non, rien à faire, ils ne veulent pas l'entendre, ça ne colle pas avec l'idée qu'ils désirent se faire de la situation)), vous demandent votre avis alors qu'ils ont déjà décidé ce qu'ils feront et se contenteront d'insister jusqu'à ce que de guerre lasse vous laissiez faire (quitte à attendre que le truc plante pour avoir enfin la possibilité d'expliquer comment fonctionnent des tags (mais inutile de tenter d'expliquer avant, avant tout ce que vous pourrez dire ne comptera pas; votre parole, votre être, n'a pas de valeur, tant que les faits ne vous offrent pas une brêche dans leur certitude d'avoir raison)), et qui après vous avoir censurée, avoir fait retirer un de vos commentaires, sont capables de glousser dans un mail: "Oh désolé, je suis allé répondre à Tartempion sur le mur FB de Trucmuche, c'est plus fort que moi".

J'appelle cela (dans les deux cas): le monopole de la violence. Eux ont le droit d'être violents, de vous écraser de leur mauvais goût ou de leur jugement ou de leur décision, mais qu'on s'avise de répondre à hauteur, et l'on aboie, on est tout à fait déplacée et incontrôlable (remarque (puisqu'il faut toujours tout mettre en évidence et que rien ne va jamais de soi): si je ne me contrôlais pas, je ne serais pas en train d'écrire une note anonyme compréhensible par dix personnes, inindexable par Google)).
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