Incompréhension

Au cours d'une conversation, j’apprends que si je n’ai pas eu de nouvelles pendant cinq jours fin avril, ce n’est pas qu’il y avait des problèmes de connexion internet, mais que comme j’ai répondu «n’envoie plus de photos» à un mail qui disait «j’ai eu beaucoup de mal à envoyer cette photo» (sous-entendu de ma part: ce n’est pas grave, facilite-toi la vie, raconte-moi sans photo), maman (vexée ou à court d’idées ou à court de temps?) n’a plus envoyé de mail.
Cette courte anecdote est l’allégorie parfaite de cinquante ans de relations. (Je ne sais pas bien si j’ai envie de rire ou pleurer. Envie de secouer la tête, désabusée: irrattrapable).


Suite trois jours plus tard : H. et O. me disent que ma réponse («n'envoie plus de photos») hors contexte était agressive. Cela m'a fait de la peine, mais également paniquée, car je sais que j'agresse les gens sans le vouloir.
Je suis donc retournée voir les mails reçus et envoyés.

Celui que ma mère m'a envoyé et qu'elle a résumé par «j'ai eu beaucoup de mal à envoyer cette photo»:
Que t’envoyer tu tu connais déjà tout! (accompagné de quatre photos de Berlin)
Ma réponse qu'elle a traduite par «tu m'as dit de ne plus envoyer de photos»:
Tu n’es pas obligée d’envoyer des photos, donne des impressions de voyage : est-ce que papa a mal au dos, est-ce que vous êtes fatigués, de bonne humeur, bougons?

Que pensez-vous de la cuisine (Olivier: « ce n’est pas que ce soit mauvais, mais ce n’est pas varié » ), du petit déjeuner, des boissons ?

Le poisson est souvent une bonne option. J’aime bien les Currywürst, mais c’est personnel ! Il font de bonnes choses avec les lentilles.

Bises

Retour de Pologne

Visite chez ou à mes parents. J’avais comme résolution d’y aller tous les mois ou tous les deux mois; j’ai mis du temps à comprendre qu’avec les entraînements d’aviron ce n’était pas possible et qu’il fallait que je pose des jours pour ce faire (d’où la tentative avortée ici).
Bref, je n’y suis pas allée depuis leur voyage en Pologne au printemps.

Maman me raconte les visites à la famille, je me perds un peu mais je comprends que la cousine venue en France est fâchée avec une partie des tantes et cousines et que mes parents se sont trouvés dans la situation délicate et non préméditée de l’entraîner chez des gens auxquels elle n’avait pas parlé depuis des années; brouilles à base de «il est venu chez moi et pas chez toi; il t’a salué et pas moi», tous ces milliers de signes qui interprétés défavorablement (et parfois à juste titre — mais pas toujours) font les brouilles les plus cimentées.

Elle me montre des objets et me raconte l’origine de leur acquisition et je pense au début de Cent ans de solitude: «tu devrais écrire ces histoires et les mettre en étiquette aux objets pour que tout cela ne soit pas oublié» — mais je ne suis pas sûre qu’elle m’ait prise au sérieux alors que je l’étais.

Elle me montre une impressionnante photo d’eux deux devant un chêne: le tronc est si large qu’il déborde de chaque côté (un mètre vingt de diamètre?), on dirait un séquoia. Elle me donne une autre version de «les Polonais coupent la forêt primaire» que j’ai rencontrée sur internet: les conifères (certains conifères) sont malades, araignées rouges, les Polonais souhaitent les couper pour stopper l'infestation mais on le leur interdit, ce qui fait que la maladie gagne. Où est la vérité? Sans doute un peu des deux, je suppose.

Papa est remonté à bloc et prépare déjà un prochain voyage: Gdansk, les lacs de Maurice, la Lituanie, Saint-Pétesbourg («mais c’est loin». Oui certes, pour ma part je n’envisage pas ça en partant de la maison, mais de Varsovie en louant une voiture), il déborde d’idées. Dommage que nous n’ayons pas la même façon d’envisager la vie et qu’il nous soit donc impossible de voyager ensemble, car ce programme m’enchante.
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