Lumière bleue silencieuse dans le rétroviseur, je suis surprise car je ne sais pas ce que cela signifie pour une voiture de police. Longue rue qui descend avec des chicanes, je suis deux voitures sans me presser, à tout moment il faut laisser passer celles qui arrivent en face; je viens de ramer, je pense au gâteau que je vais acheter; je suis dans les nuages.

Au moment où je redémarre après une chicane, la sirène se met en route, un signe, c'est pour moi, je me gare.
Un joli jeune flic arrive à ma portière:
— Nous allons procéder à un contrôle d'identité. Vous savez pourquoi?
— Euh non.
— Vous avez glissé le stop. Très lentement, mais vous n'avez marqué aucun arrêt.
— Ah? Je ne sais pas.
— Je vous assure.
— Oh mais je vous crois, je ne conteste pas. Le problème c'est que je n'ai rien, aucun papier. Je reviens du sport (je fais un geste vers le sac sur le siège passager) et je n'ai rien, même pas mes lunettes. Attendez, je vais sortir.
— Ce n'est pas la peine.
— C'est pour la lumière (J'agite mon téléphone), sans lunettes je ne vois pas grand chose.
— Vous savez que vous devez avoir votre permis, la carte grise et le certificat d'assurance quand vous circulez?
— Oui, je suis désolée, j'habite tout près, à Moret.

Je farfouille dans mon téléphone, parviens à trouver une photo de mon permis. Ils sont trois, une fliquette et un plus âgé. Ils se passent mon téléphone, essaient de trouver des renseignements sur la voiture à partir de l'immatriculation. Le jeune papote, étonnamment amical, il est en admiration devant la voiture, un super moteur, très souple, il connaît. C'est plus fort que moi, je raconte ma passion pour cette voiture depuis les années 90: «Mais avec les enfants, ce n'était pas possible». Le plus âgé sourit compréhensif: — Ça coûte combien une voiture comme ça? — 25000. Il hoche la tête, c'est moins qu'il ne pensait. In petto je ne comprends pas bien pourquoi nous sommes en train de discuter comme si nous prenions le thé alors qu'ils m'ont arrêtée et que je n'ai pas de papier, mais c'est plus fort que moi, je continue: «si ça vous intéresse, il y a un super garage qui vend des occasions au niveau de Draveil.»

Bref, ils n'ont pas réussi à se connecter et à trouver des informations sur mon compte. Ils m'ont laissé repartir, «ça va pour cette fois, mais ne glissez plus de stop» «merci beaucoup, j'ai la tête un peu dans les nuages en sortant du sport».

Je pars, ils me suivent, je m'applique pour ne pas dépasser cinquante dans la ligne droite après la gare, je m'arrête au feu orange, je mets mon clignotant avec soin. Ils continuent sur la route principale.

Après m'être garée je vais m'acheter un baba au rhum.

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Je revenais de l'aviron : belle sortie en double avec Sandrine. Nous avons remonté la yolette et un quatre. Je manque de condition physique.