Et de deux

Le métro est ma fenêtre sur le monde: j'apprends les expos, les concerts, les pièces de théâtre, sur les murs (il est important de varier ses trajets, car ce ne sont pas les mêmes qui sont présentés selon les lignes. Analyse sociologique et marketing). Je regarde les pubs qui oscillent entre nouveaux produits (alimentation et voyage) et classiques. J'apprécie les jeux de mots, en me demandant parfois qui va les comprendre.

Je regarde ce que lisent les gens, ce qu'ils portent. Je suis incapable d'estimer d'un coup d'œil la valeur d'un vêtement ou d'un téléphone (toujours éberluée par ceux qui font ça: vraiment, ils passent leur vie le nez dans les catalogues?) mais je sais ce qui me plaît.

C'est ainsi que j'ai remarqué un sweat oversize sur la ligne 8. J'avais vaguement reconstitué le nom, écrit en cursive sur un poignet. (C'est difficile quand on voit de moins en moins bien: comment lire sans fixer le regard?)
Google est mon ami, «Blakeley sweat» m'a donné Blakely. J'aurais préféré essayer, je cherche «Blakely Paris», je tombe sur blakelyfrance.fr.
N'y allez pas, c'est une arnaque. J'avais vu que c'était bizarre: impossible de trouver une adresse sur le site, des liens Twitter et FB qui ne mènent à rien, un "à propos" avec des majuscules aux noms (je pense que c'est allemand, j'ai vu apparaître de l'allemand).
Mais j'ai commandé quand même, malgré les bizarreries. Il a fallu une nuit pour que mon cerveau parvienne à me convaincre et au matin, conviction: c'était une arnaque.

J'ai donc recommandé sur le site officiel.

J'ai appelé ce billet «et de deux», car il me semble que j'avais fait exactement la même erreur il y a un an à la même époque, encore pour des fringues, mais cette fois-là à partir d'une publicité sur FB pour une marque connue.
Il faudra que je me méfie l'année prochaine à l'automne.

Lol.V.Stein

Ligne 6, 18h45.
voyageuse lisant Duras dans le métro


Trajet inhabituel, pour rejoindre Olympiades.
Parkour sur la dalle entre les tours. Je découvre un paysage et un univers, une ville dans la ville. Parkour: c'est toujours aussi joyeux.

Deux fils

Tempête Kirk. Il a beaucoup plu aujourd'hui.

Quand j'étais étudiante, un ami avait installé dans sa chambre une chaîne de trombones à la naissance d'une fuite au plafond et les gouttes courraient le long, supprimant le bruit qui rend fou et les éclaboussures.

J'ai repris l'idée pour nos deux fuites au plafond: deux aimants sur la poutre en acier pour tenir deux fils à gigot aboutissant dans deux saladiers.

rendre silencieuse une fuite au plafond rendre silencieuse une fuite au plafond


Soulagement : au premier étage, au-dessus de la poutre, j'ai dégagé le coin du dressing (valise, canoë, sacs de sport, sacs de voyage) et il n'y a pas de flaque, pas de drame, juste une infime humidité sous la plinthe.

Mais alors, d'où vient l'eau? Comment fait-elle pour apparaître directement au plafond du rez-de-chaussée, sans inonder le premier et le second étage?

Quelques réflexes de bon sens concernant les chiffres

Pas grand chose à raconter (ma boîte est très intéressante, les administrateurs rejouent l'auto-destruction de l'aristocratie à la fin de la Restauration, je suis dans Balzac — mais je ne peux pas raconter cela maintenant).

Je vais m'attaquer à autre chose, un peu ou très prétentieux ou présomptueux ou les deux, en réponse à la souris1 qui regrettait de ne pas avoir de notions d'économie et à Fredi M. qui lui est un expert en économie (et en diplomatie moyenne-orientale).

Je vais le faire en deux ou trois billets (selon l'intensité de mon impression d'être ridicule (mais après toutes ces années je résiste assez bien à cela)). Aujourd'hui je commence par quelques pistes et réflexes de bon sens concernant les chiffres.

1/ Les pourcentages.
Les gens sont totalement perdus avec les pourcentages, et les médias, volontairement ou pas (pas sûre que tous les journalistes les maîtrisent), balancent des pourcentages effrayants alors que deux secondes de réflexion montrent qu'ils sont simplement ridicules.

La première règle est qu'il faut faire attention à la base de référence (le "pour cent" dans "cent pour cent").
* J'ai une cafetière, elle est en panne: 100% des cafetières de la maison sont en panne. Mais en réalité, c'est une pour une. Cela ne veut rien dire. Il faudrait prendre toutes les cafetières du quartier pour avoir une idée du taux de panne. C'est une question de taille d'échantillon: c'est un métier de savoir combien de cafetières il faut prendre pour avoir un pourcentage qui ait un sens.
Donc quand on vous balance un pourcentage, ne pas réagir trop vite, bien le regarder, voir ce qui est compté, quand, où, par qui…

* Par exemple les accidents de la route en 2021: ils ont explosé par rapport à 2020. Normal: en 2020, on a passé trois à cinq mois sans conduire. Ce n'est pas 2021 l'extraordinaire, mais 2020, la base de référence.

* «80%2 des cancers du poumon surviennent chez des fumeurs» est très différent de «80% des fumeurs ont un cancer du poumon». Or les gens ont tendance à dire l'une ou l'autre phrase indifféremment en pensant dire la même chose.

* Une décomposition en pourcentage donne toujours… 100: donc se réjouir parce que le % de morts par accidents de la route a diminué en déplorant que le % de morts de crise cardiaque a augmenté (en imaginant que ce soit les deux seules causes pour simplifier) est juste stupide: au total il faut atteindre 100, tous les morts sont morts de quelque chose, 100% des morts sont morts.
Dit autrement, tous les pourcentages d'une décomposition ne peuvent pas descendre ensemble: si certains baissent, d'autres montent. Si l'on veut savoir s'il faut se réjouir ou se lamenter, il faut regarder les chiffres absolus, et non les pourcentages.

* Et dernier point: une décomposition en % ne peut pas dépasser 100. Je ne pensais pas écrire cela un jour, mais après tout, Maduro a annoncé début août des résultats d'élection qui dépassaient les 100% (fous rires sur Twitter), et je me demande si Trump n'a pas fait quelque chose d'approchant récemment.


2/ La différence entre moyenne et médiane
Dans des statistiques, deux notions sont associées (un peu comme le signifiant et le signifié en linguistique): un nombre d'occurrences (par exemple UNE cafetière) et la qualité ou valeur mesurée (par exemple être cassée ou pas).
La moyenne va s'intéresser à la valeur, la médiane à la distribution des occurrences.

*Pour faire une moyenne (non pondérée), on additionne toutes les valeurs et on divise par le nombre d'occurrences.
Exemple : neuf personnes ont 10 euros, une en a 1000; en moyenne chacune a 109 euros.
On voit tout de suite que ce chiffre n'a pas beaucoup d'intérêt. C'est ainsi qu'il y a quelques temps a circulé un chiffre sur le patrimoine moyen des Français. Ainsi que l'a fait remarquer un Twittos: si Bernard Arnauld entre dans n'importe quelle assemblée, tous deviennent en moyenne millionnaires.

*La médiane, elle, compte la répartition des occurrences. Ici il y a dix occurrences, la moitié atteint 10 euros et l'autre est au-dessus. La médiane est donc de 10 euros.
Si cette mesure n'est pas assez fine, on peut ajouter des quartiles (occurrences groupées par quart), des déciles (par dixième), etc.
Il faut simplement conserver à l'esprit que plus les écarts sont grands et les occurrences sont dispersées, moins la moyenne a une signification utile.

Vous trouverez ici une illustration de la différence moyenne/médiane concernant les salaires en France.

Le seuil de pauvreté est un montant calculé par rapport au niveau de vie médian de la population.


3/ Ecouter les médias d'une oreille critique.
Il y a deux jours, j'écoutais RTL peu après l'annonce du report de la prochaine augmentation des retraites (indexation sur l'inflation). Tôt le matin (avant sept heures), les auditeurs laissent des messages pour donner leur opinion sur un sujet ou un autre et bien sûr, tous les retraités levés tôt criaient au scandale, comme d'habitude on s'en prenait aux plus faibles, etc.

Peu après, pendant le journal, un court reportage nous annonçait que du fait de la météo pourrie, les résultats du secteur de l'habillement étaient bons. Il détaillait le panier moyen des actifs (environ 60 euros, de mémoire) et ajoutait que les retraités, du fait de leur pouvoir d'achat supérieur, avaient dépensé davantage (70 euros environ).
Personne n'a relevé (et je le comprends : le journaliste qui l'aurait fait aurait passé un sale quart d'heure).

Ce genre de distorsion, de truc bizarre, d'illogisme, arrive régulièrement. Nous ne sommes pas obligés de prendre parti, mais il faudrait au moins prendre l'habitude de le relever au passage, pour ne pas être dupe: il y a certes des retraités pauvres, et plus ils sont âgés plus c'est terrible, et certes une moyenne ne veut rien dire, mais tout de même, réussir à nous donner des informations aussi contradictoires sans une amorce d'hésitation, c'est remarquable.



Notes
1: voir certains commentaires en juin
2: chiffre approximatif, de mémoire

Tatami

J'ai posé ma matinée pour aller voir ce film car j'avais peur qu'il cesse d'être diffusé d'un moment à l'autre.

C'est un film à la construction sobre et efficace, qui raconte une histoire uniquement avec des combats de judo et des appels téléphoniques.
C'est l'histoire d'une championne iranienne que le gouvernement veut obliger à abandonner pour éviter qu'elle combatte contre une Israëlienne. Ils font pression sur elle en menaçant ses enfants et ses parents.

Le couple iranien m'a rappelé celui que j'ai rencontré à JRS en juillet 2020, toujours main dans la main et décrivant l'Iran avec enthousiasme («tout est à deux heures, la montagne, la mer, la nature est magnifique, notre histoire est millénaire»).

Et puis bien sûr, Le Shah de Kapuściński, qui se mélange à mes souvenirs des photos du Shah dans Paris Match avant 1975. L'Iran pour moi est une mythologie littéraire.

Ce genre d'histoires fait remonter un autre souvenir d'enfance: le petit-cousin de papa en visite chez ma grand-mère à Vierzon avec sa fille — mais sans son épouse et sans son fils qui restaient en otage en Pologne. J'étais perplexe mais aussi effrayée: quel était donc ce pays qui prenait des otages pour obliger ses citoyens à revenir? Quelle était donc la vie qu'il leur proposait pour qu'ils aient envie de fuir à ce point-là?
C'était mystérieux mais la conclusion était sans appel: jamais ça. Eviter à tout prix à se retrouver dans ce genre de pays.

Je commenterais volontiers la dernière image du film mais je ne veux pas spoiler car j'espère que vous irez le voir.

Terminator II

Pas pu résister à revoir Terminator II qui passait à la Cinémathèque. Le son était trop fort, la version était en 3D, ce qui était inutilement fatigant, mais ce fut vraiment un plaisir de revoir Schwarzy et Sarah Connor. Les effets spéciaux de ce film restent mes préférés, j'adore les cascades et je trouve l'idée de la cryogénisation géniale.

Découvert l'Anco, un restaurant juste en face de la Cinémathèque. Nous y reviendrons.

Planeur

J'y suis allée à vélo. Cela faisait trèèèès longtemps que je n'avais pas eu un vélo avec des vitesses qui fonctionnent parfaitement.
Le seul problème, c'est que la selle descend. Je me retrouve tassée à pédaler les jambes jamais tendues. Il va falloir arranger cela.

Très belle journée, bleue et blanche (ciel et cumulus). Cinquante minutes en l'air, un peu déçue par moi-même: je n'aurais pas été lâchée cette année. Je vois les autres avancer et je fais du sur-place.
Il faut juste persévérer. Tant que les instructeurs ne se découragent pas, moi non plus.

Je rentre le long du canal. C'est long mais c'est beau — c'est beau mais c'est long.

Je suis épuisée.

Overbooked

Madame, veuve, en fauteuil roulant, infirmière le matin pour la toilette, femme de charge le midi pour le repas. Passe l'essentiel de sa journée devant la télé et dans les livres. Une ambulancière vient la chercher deux fois par semaine pour l'emmener chez le kiné.

— Tu te rends compte, elle a utilisé tous mes bons de transport et elle ne m'a même pas prévenue!
— Mais maman, l'ambulancière ne s'occupe pas que de toi, elle a d'autres patients. C'est à toi de compter tes voyages et à aller voir le médecin à temps pour en avoir d'autres.
— Mais enfin, je n'ai pas que ça à faire!

Pour une Orestie africaine

J'avais repéré le titre dans le programme de la cinémathèque. C'était un Pasolini, l'idole des cinéphiles. Dans mon programme de rattrapage culturel tous azimuts, il fallait absolument que je vois ça.
J'avais convaincu H.
Le malheureux.

N'y allez pas, il ne faut pas. C'est bizarre, c'est tourné en noir et blanc tremblé, en 1960 ou en 1970 (pas bien compris), en Ouganda, Tanzanie et au Rwanda, avec des gros plans de visages, quelques images glaçantes de la guerre du Biafra, des questions étranges qu'on n'oserait sans doute plus poser aujourd'hui par peur de se faire traiter de colonialiste, avec candeur et une sur-utilisation du mot «néo-capitalisme».

Bande-son incompréhensible: Plaine, ma plaine (en russe: Poliouchko-Polie, Полюшко-поле1), jazz session interminable, avec une demoiselle qui chante faux sur un saxo qui miaule.

J'ai vu ce que je pensais ne jamais voir: des cinéphiles (pas un mais plusieurs, un à un, de minute en minute) quitter une salle où était projeté Paosilini.

Quand je pense que j'avais imaginé un Mes voyages avec Hérodote filmé.
Eh bien non.



Note
1: je tente les caractères cyrilliques puisque je suis désormais en UTF8.

Management à l'ancienne

— C'était le genre à penser qu'on ne décide qu'en réunion de nombre impair, et que trois est déjà un nombre trop grand.

Recette

La base de données a été basculée, les tables ont été testées les unes après les autres et rechargées une à une.
Je ne dois pas créer de catégorie de plus de deux cent cinquante caractères, ce qui me paraît une contrainte facile à respecter.

Il n'est pas sûr que ça fonctionne en modification.

************
————————
Ç ù & @ $ %

Ça paraît OK. Il reste des anomalies ça et là, mais pas dans le corps de texte.

Rhume

Je me suis levée, j'ai pris mon petit déjeuner, j'ai enfilé mes chaussures, j'ai envoyé un sms pour dire que j'étais malade et que je posais une journée et je me suis recouchée.

Dimanche

Planeur annulé à cause de la météo (ciel couvert et froidure).
Marché.
Restaurant mexicain.
After party, saisons 1 et presque 2 sur AppleTV.
Repassage.
Bref, pas grand chose.

Remerciements

Lors de la dernièe campagne, nous avons proposé au député LR sortant de soutenir sa candidature, pour éviter un RN ou un LFI (85 ans plus tard, nous sommes à nouveau en train de choisir entre les deux extrêmes, je n'arrive pas à y croire. Le piège se referme).
Il a gagné et a invité tous ceux qui avaient mené campagne pour lui à un buffet de remerciements en septembre.

C'était aujourd'hui. Il avait été nommé ministre délégué en charge des anciens combattants la veille.
La chance fait partie de la vie politique.

L'ambiance était très agréable, très old fashion, le discours très années 50 dans son rythme et son vocabulaire. Il a commencé par une grande vérité: «je crois que personne n'a compris pourquoi nous avons été dissous. Cela devait nous sortir d'une crise et nous a plongé ds une crise plus grave encore»; a continué par une remarque de bon sens: «sans majorité, nous devrons gouverner en-dessous du seuil législatif en utilisant le réglementaire»; avec une fin de cavalier: «En avant, calme, droit». J'avais l'impression d'être dans un Langelot (plus tard, je lui ai demandé s'il était un cavalier: réponse, non, il a été le seul de tous ses frères à choisir la Marine, «ce qui fait que ma grand-mère a payé leur épée à tous ses petits-fils, sauf à moi, parce que j'avais failli à la tradition familiale»).
C'était très agréable, mais je vise 2050 plutôt que 1950.



Par ailleurs, j'ai découvert que ce que je prenais pour un Kentia (palmes d'une île du Pacifique) était en réalité un Chamae dorea, un palmier nain d'Amérique du sud vivant à l'ombre des grands arbres (une fougère, quoi). Pas étonnant qu'il ait attrapé un coup de soleil quand je l'ai sorti en plein soleil en me trompant sur son origine. Certaines de ses feuilles ont brûlé comme du papier.
Pleine de remors, je l'ai donc déplacé dans la salle de bain, plus sombre et plus humide.

Et nous avons acheté un Kentia d'un mètre cinquante (je me demandais pourquoi mon palmier ne grandissait pas).

Acheté un vélo dans un vide-grenier. (Neuf: le vélo d'une ex, visiblement la nouvelle épouse ne voulait pas en entendre parler.) Cependant il faudra changer les chambres à air car il n'a pas servi depuis trop longtemps.

Il fait froid. Nous avons rentré le ficus. Il a pris trente centimètres pendant l'été.

Principe de raison

Attrapé le train de 8h05 de justesse après trois heures de sommeil.
Derrière mon siège, le passager lisait Heidegger. Je l'ai photographié rapidement avant de m'assoir.



Envoi de l'appel d'offres une demi-heure avant l'heure limite.



Le soir, apéro avec TD à la maison.

Les livres de l'Avesta

Mon voisin de train du matin.
Ma vue baisse, j'ai eu du mal à identifier le livre : photographie d'une page, agrandissement, recherche à partir du titre courant.

Les livres de l'Avesta - textes sacrés des Zoroastriens


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Pour mémoire : bureau de la mutuelle. Pour la première fois est évoquée la nécessité d'un rapprochement ("mariage") avec une autre mutuelle.

Ermengarde de Narbonne

Ligne 1, 8h51



Deuxième cours de parkour, cette fois-ci aux Halles. J'ai encore hésité jusqu'à la dernière seconde, jusqu'au dernier mètre avant d'entrer dans la salle, je me sens déplacée — mais ils sont adorables. Je suis empotée, empâtée, mais c'est drôle. Je me suis étirée l'abducteur de la cuisse droite (violente douleur) d'où obligation de faire le mouvement de base en étirant la jambe gauche. J'ai travaillé avec mes bras sans m'en rendre compte, jusqu'à avoir mal au point de ne plus pouvoir les lever, sans compter une violente brûlure circulaire dans les pectoraux.
Maintenant, je ne peux plus non plus poser mes coudes sur la table, j'ai trop de courbatures.
C'est définitivement diabolique et fun, fun et diabolique.

UTF8 ou le Suédois m'emmerde

Hier je me connecte : signes cabalistiques partout (plus exactement, signes diacritiques remplacés par des signes cabalistiques).

Apparemment il s'agit d'un problème de mise à jour de MySQL par OVH ou quelque chose du genre. Ce sera réparé dans quelques jours.

En attendant, pour ceux qui savent et se souviennent, vous pouvez aller lire Gvgvsse.

Effroi

Je rentre dans la maison.

— Tu as vu ce qui s'est passé aujourd'hui?
— Euh non. Où ça, quoi?
— Israël a fait exploser les pagers du Hezbollahs. Tu sais, les boitiers qui bipent. On leur avait dit qu'ils pouvaient être repérés par leur téléphone, donc ils étaient revenus aux bipeurs, tu te souviens, ce truc des infirmières.

Il a l'air réjoui. Je sais que c'est le choc de la surprise et de l'admiration et de l'incompréhension devant un tel exploit: on dirait un film de science-fiction; comment les Israëliens ont-ils fait pour cibler spécifiquement ces pagers? Et pour les faire sauter? C'est extraordinaire.

Je suis pétrifiée. Quelle terreur absolue, un objet de tous les jours qui vous éclate soudain dans les mains, quel que soit l'endroit où vous êtes, les personnes qui vous entourent… C'est terrifiant.

Il me semble que c'est un point de non-retour. A ce point de soif de vengeance, quel espoir de paix est-il concevable?

Parkour

Il y a quelques jours était annoncée pour aujourd'hui la première séance de l'année à La Défense.
Je me suis inscrite.

Je me suis changée au bureau (leggings, tee-shirt, baskets), j'ai pris le métro en essayant de ne pas trop penser (trop vieille, trop lente, est-ce bien raisonnable, va-t-on me regarder de haut, me mépriser?), j'ai trouvé aussitôt le lieu de rendez-vous. Une quarantaine de jeunes filles sont là. Nous faisons un tour des prénoms, une jeune fille réclame qu'on y ajoute son âge (je n'ai pas dit le mien) et … son signe astrologique (ces jeunes du XXIe m'étonneront toujours).

On nous montre le passage de base. Ce n'est pas si difficile et très efficace pour passer par dessus les barrières. Je m'érafle les tibias à travers les leggins. J'ai peur de m'élancer pour les sauts. Elles sont toutes adorables, menues, bienveillantes. Je les aime.

Je me ridiculise peut-être, mais ce n'est même pas sûr, car elles sont encourageantes, ne portent pas de jugement — ou n'en laissent rien paraître.
Métro, train, je ne bouge plus qu'avec difficulté, j'ai mal absolument partout. Ce truc est diabolique. J'ai mal à des muscles dont j'ignorais l'existence jusqu'à aujourd'hui. Quel dommage de commencer aussi tard.

Mini-séries

Passage au manoir Bel Ebat pour préparer le week-end prochain.

J'ai fini la mini-série A Perfect Couple. C'est une série policière dans le pur Agatha Christie où tout le monde tour à tour a des raisons d'avoir tué la victime. Dans le dernier épisode, Nicole Kidman déclame un monologue à la Maria Pacôme dans La crise, mais en moins développé: pauvres Américains qui ne connaîtront jamais l'originale.

Eve Hewson (le personnage d'Amelia) a le même sourire que ma (quasi) belle-fille.

Regardé Chère petite (Dear Child). Glauque. A rapprocher je suppose des affaires Elisabeth Fritzl ou Natascha Kampusch.

Parole de vélivole

«Ça me fait plus chier de rater un cumulus que de rater un train.»

Automne

C'est la fin de l'été. Une vague de froid et de pluie est prévue en Pologne, Autriche et république tchèque ce week-end. La semaine dernière, il y a eu des torrents de boue en vallée d'Aspe.

Je rappelle cette présentation simplifiée des travaux de Rockström, Steffen et al.: au-delà de certains dérèglements planétaires, il n'est plus possible de prévoir ce qu'il va se passer.

Je pense à cette phrase de Fulrad Chompard (blogueur Bon pour ton poil) au moment de jours exceptionnellement agréables fin février: «on va peut-être tous mourir, mais on aura pris l'apéro en terrasse».

Nous avons rentré le citronnier.

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H. était convoqué au tribunal de Melun pour ne pas avoir déposé son bilan à temps. Il a attendu une ou deux heures pour qu'on lui explique qu'on lui avait envoyé une lettre d'annulation et qu'il était inutile qu'il se déplace. La convocation avait été envoyée à notre adresse et la lettre d'annulation à notre adresse d'il y a quatre ans.
Bel écho au film d'hier.

Bonne année, chers administrés

Toujours au Forum des images, dans le cadre du Festival de l'étrange, Bonne année, chers administrés: une émission de télé diffusée sur FR3 le vendredi 31 décembre 1976. C'est la première fois que cela passe au cinéma.

L'image n'est pas d'une grande netteté puisqu'elle était destinée à un écran de télé des années 70, mais ça n'a aucune importance: c'est gai (très coloré, en partie parce que la moitié des postes de télé étaient en noir et blanc), c'est entraînant, c'est loufoque. Un grand moment de n'importe quoi plein de sens.

En arrière plan, les rues de Paris des années 70, une gare de banlieue, les guichets de la sécurité sociale de l'époque, un évier, une cuisine, le papier peint. Le député, le maire, le député-maire, le ministre, «tout ne va pas si mal», «vous exagérez».

Je vais offrir cela à une ou deux connaissances fonctionnaires.

Riverboom

La salle 100 du Forum des images était remplie. Je me suis demandé combien de spectateurs étaient nés le 11 septembre 2001. La moitié?

Je ne suis pas totalement d'accord avec cette présentation:
Un an après les attentats du 11 septembre, le photographe Claude Baechtold se laisse embarquer par deux reporters risque-tout dans un périple à travers l’Afghanistan en guerre. Avec sa caméra vidéo achetée sur place, il va capturer en images ce road trip…

Imaginez un peu Very Bad Trip filmé en zone de guerre, ou une comédie noire found footage et vous aurez probablement une petite idée du résultat, sauf que… tout est vrai. Anti-militariste affirmé, Baechtold utilise des contrepoints provocateurs, commente ironiquement l’horreur, met de la musique rock sur des attentats, ou opte pour un montage pop. Ce ne sera probablement pas du goût de tout le monde. Tant mieux: car au-delà de l’humour ravageur, cette dimension ludique apparaît comme un véritable outil de subversion.
Ce n'est pas Very Bad Trip; si c'est quelque chose, ce serait plutôt Le grand incendie de Londres: le récit d'une trajectoire de deuil, d'un deuil sans lequel ce film n'aurait pas eu lieu puisque le cameraman ne serait pas parti. Riverboom, c'est le lieu où le deuil est finalement accepté au cours d'une nuit d'orage.
Montage pop, c'est vrai; dimension ludique, c'est vrai. Grande beauté des images; couleurs, paysages jaunes, verts, roses; explications historiques et géographiques; portraits, portraits, portraits, portraits de ses deux amis et portraits d'Afghans, portraits de chefs de guerre, portraits d'enfants. Ce n'est pas subversif dans le sens «menace l'ordre établi», c'est simplement la réalité. Connaître le futur de l'Afghanistan dans les vingt ans à venir tandis qu'on regarde ces sourires, cette beauté, cette violence omniprésente absente de l'écran, serre le cœur.

Je retiens que mon groupe sanguin est le meilleur: B+, be positive!.

Pour trajet les trois journalistes ont choisi de retracer le voyage d'Ella Maillart. Lorsqu'il s'est agi de différencier un chef de guerre d'un bandit (l'un vous tue, l'autre vous vole —, mais on ne peut faire la différence qu'après), j'ai pensé à Kapuściński traversant l'Afrique en guerre le long d'une route d'où l'on ne revient pas. Je me suis dit qu'il était temps que je lise Les cercueils de zinc.


J'ai oublié mon livre sur Moret au cinéma. Heureusement je reviens jeudi. Je ne pourrai plus quitter ce village: Thomas Becket est réputé en avoir consacré l'église (il était alors réfugié à Sens). Thomas Becket et Marina Tsvetaïeva. Quel endroit.

Emilia Perez

Nous avons déposé notre réponse à l'appel d'offre du *** en santé. Puis faute de contenu pour alimenter la réponse à l'appel d'offres en prévoyance, je suis rentrée relativement tôt. (vers 18h30)

— Tu veux aller au ciné à Fontainebleau ?
— Pourquoi pas. Qu'est-ce qui passe ?
La belle affaire à 19H50 et Emilia Perez à 19h40.

C'est ainsi que nous sommes allés voir Emilia Perez, qui fait partie des scénarios que j'appelle oxymores: on a l'impression que le scénariste a essayé de répondre à la question: «que pourrais-je mettre ensemble qui ne va pas du tout ensemble, que pourrais-je trouver de plus improbable?».
Je vous spoile la réponse car elle apparaît dans la bande-annonce: un chef de gang mexicain qui veut devenir femme.

C'est réalisé par Jacques Audiard avec une bande-son en espagnol; c'est chanté; c'est lent et cadencé, sans pathos, relativement crédible. Je n'en dis pas plus pour ne pas gâcher la découverte.

Le plus surprenant est sans doute que H. a beaucoup aimé.

Insomnies

Réveillée à trois heures du matin. Est-ce le trop grand silence du lieu, l'angoisse de savoir que mon boss est rentré et va être seul une semaine avec mon équipe (que va-t-il inventer? Envie de tout plaquer et rentrer, tant je ne lui fais pas confiance), l'excitation des bons résultats du club au championnat de France?

Quatre heures que je lis ça et là, que je prends des notes sur la semaine passée. Il faudrait sans doute écrire au lieu de prendre des notes sur ce qu'il faut écrire, mais à force de ne plus écrire je ne sais plus écrire — comme à force de ne plus lire je ne sais plus lire: je m'embourbe dans le dernier quart du Collier de la reine, je ne comprends plus les allusions, j'ai peur de la fin puisque je sais que la reine va mourir — pas dans ce livre, mais dans l'Histoire. Dumas est complotiste, il fait de la Révolution le résultat d'un complot de Cagliostro. Je n'arrive plus réellement à lire cela.

Sept heures. Le jour se lève. Je vais me recoucher.



PS : j'ai trouvé l'origine de l'insomnie. Hier soir j'ai pris en dessert un affogato al café. Avec ça je suis sûre de ne pas dormir 24 heures.

De Pau à Ay***s

Nous n'avons rien vu à Pau.

Hier, pendant le dîner, j'ai réservé deux places au Gueuleton. Ce matin nous avons pris tout notre temps, puis nous sommes allés déjeuner dans ce restaurant. J'avais ensuite pris un rendez-vous indispensable pendant les vacances: un rendez-vous chez le coiffeur pour «faire les racines», car je déteste autant les racines que j'aime avoir les orteils à l'air.
Ayant ainsi décidé de perdre allégrement le temps précieux des vacances, j'ai lu deux ou trois Paris-Match, avec des photos de Léon Marchand et Charlène de Monaco (c'est décidé, à Noël je demande un abonnement à Paris-Match, c'est toute mon enfant, mon amour des robes sans manche (d'où l'importance du bronzage sans tee-shirt) est directement issu de Jackie Kennedy-Onassis dans Paris-Match); j'ai posé des questions sur les palmiers de la place et la neige paloise (quelques centimètres deux heures dans l'année. Les palmiers résistent.)

Pendant ce temps, H. a expérimenté le funiculaire entre l'esplanade et la gare et a tourné dans la ville.

Nous sommes repartis pour Ay***s (dans la vallée d'Aspe), but de notre voyage. Je me suis invitée chez une amie de collège pas revue depuis trente ans. Elle poste si souvent des photos de la montagne devant ses fenêtres que je voulais voir. Elle habite l'ancien presbytère accroché à la paroi. On entre au niveau de la cuisine, les chambres d'hôte et la terrasse sont un niveau au-dessous, sa chambre un niveau au-dessus: «il y avait les pièces du curé, en dessous la jument et au-dessus le fenil.» Ici la brume s'accroche aux montagne et on peut être trois jours sans voir le soleil.

Nous prenons l'apéro en terrasse. Sonnailles des cloches et cris des hirondelles, fort bruit d'eau: un torrent alimente une centrale qui permet aux villages de la vallée d'être autonomes en éléctricité. «C'était pareil en eau, on avait la source; mais maintenant on va avoir un compteur et payer plus cher.»
Elle raconte ses aventures de propriétaire de gîte. On est loin des anecdotes attendrissantes et des récits «les gens sont merveilleux». Il en ressort le portrait d'une vie précaire, dépendante du moindre incident économique, la douche en panne ou la télécommande de la télé cassée. A côté de cette précarité il y a des avantages en nature inestimables, comme son compagnon logé sur les terres d'un vignoble bordelais ou son fils dans les vergers des puneaux d'Agen.
Le gîte semble tout juste à l'équilibre financier; l'hiver, c'est un gouffre à chauffer. Elle complète ses revenus (un tiers de retraite pour un départ de fonctionnaire très anticipé suite à un «accident de la vie») en salant des fromages. «— Tu as les mains dans quel état? Tu mets des gants? — Non, ça va. On nous donne des gants mais je fais ça à mains nus.»

Nous avons joué à retrouver la dernière fois que nous nous sommes vues; peut-être pour les 65 ans de René, en 1996. Elle venait de se marier, n'avait pas encore son troisième. Elle a passé quatre ou huit ans à Mayotte (je ne sais plus); en revenant elle s'est installée huit ans comme sage-femme libérale, elle ne supportait plus l'hôpital. «J'attends 67 ans pour toucher la retraite de cette période. Ça va faire combien? Cinquante euros par mois?» Elle nous raconte les visites à domicile, le nombre de kilomètres parcourus. «—Je n'imagine pas ce que tu fais, il y a beaucoup de travail? — Ça n'arrête pas. Les visites avant pour rassurer, après pour le suivi de couches, les monitorings… A Mayotte, les routes étaient tellement mauvaises qu'elles accouchaient toutes dans le camion.»
Elle nous prépare une mixture dans un Thermomix: myrtilles congelées et un peu de crème ou d'eau, je ne sais. Cela produit une pâte assez lisse et délicieuse.

Je ne sais plus ce que nous avons raconté. La lune était pleine ou presque. Dans la boîte à livre j'ai récupéré un Glauser.

De Bergerac à Pau

Promenade au bord de la Dordogne avant de partir pour Pau. La ville n'en finit plus de célébrer Cyrano qui apparaît à tous les coins de rue.

Hésitation sur la route à suivre. Je choisis Duras, simplement pour le nom.

Visite du château. Il a ceci d'émouvant que son état actuel est le fruit de la persévérance du village entier, d'abord pour l'acheter, ensuite pour le rénover, enfin pour le faire connaître; tant et si bien qu'il y a cinq ou six ans le prince de Monaco a visité le lieu en lien avec ses ancêtres.
C'est une bâtisse qui par son plan carré et ses quatre niveaux est plus grande qu'il n'y paraît et nous terminons la visite vers une heure de l'après-midi, ce qui est tard pour un diabétique. Repas léger sous les arcades (du type smoothie bio et légumes lait de coco — je me moque, mais aussi du snobisme qui consiste à se moquer, car en réalité ce genre de plats est souvent délicieux et digeste) et achat de tongs de compétition en vente en face — les dernières achetées à Sisteron étant devenues importables à force d'être détendues (mes deux obsessions de l'été: avoir les orteils à l'air et bronzer — des jambes et des bras, sans marque de tee-shirt).

Nous repartons. Traversée des landes dans leur extrémité orientale, déviation et détour, nous sommes seuls, il fait beau. Nous avons recapoté pour nous protéger de la chaleur.
Soudain coup de volant. Je me réveille, H. vient de redresser la voiture qui traversait la route, je me suis endormie en conduisant.
C'est toujours le même phénomène, le glissement de la réalité au rêve avec une puissance du rêve telle qu'il me semble être éveillée. Sommeil profond, je ne me suis rendue compte de rien, je n'ai même pas lutté. H. sera très élégant, il n'en reparlera pas.

Nous voyageons au jugé, attirés par les noms: Casteljaloux, Cazaubon, un diabolo-menthe à Aire-sur-l'Adour. Arènes, publicité pour des courses de taureaux ou de vachettes — est-ce de la vraie corrida? Ici comme à Bergerac, parcours sur la libération de la ville. J'aurais bien visité Nérac, je serais bien passée à l'abbaye de Flaran que j'ai aperçue à l'ouest sur une carte, mais nous avons rendez-vous demain soir dans la vallée d'Aspe et ne sommes pas très sûr des difficultés devant nous: ce n'est pas si loin, mais si cela devient vraiment montagneux, nous n'irons pas vite.

Pau. J'imaginais cette ville dans les premières contreforts des Pyrénées, je suis surprise de la trouver presque dans la plaine. Le Béarn. D'Artagnan et Henri IV. Ça me fait plaisir.
Quality hotel Centre Bosquet. Les deux hôtesses de l'accueil sont charmantes et nous recommandent sans hésiter deux restaurants quand nous leur demandons une adresse.
Nous sortons. Rues piétonnes animées, moustiques voraces, palmiers nombreux. Lundi soir: première adresse (le Gueuleton) fermée, deuxième adresse (Ô petit Pau) fermée. Il est vingt heures, nous reprenons notre ronde. Les terrasses sont pleines, les touristes en déroute (dont nous) se font éconduire, un, deux, trois restaurants, tout est réservé, il n'y a plus de places, ou pas assez de serveurs ou pas assez de cuisiniers: il manque du personnel partout.

Nous finirons par échouer dans un restaurant indien, d'abord à l'extérieur puis à l'intérieur quand la nuit deviendra trop fraîche. A la table d'à côté, un homme entre militaire et garde du corps raconte à sa compagne (est-ce un premier rendez-vous?) le faux attentat organisé par Mitterrand contre lui-même. Il explique que l'attentat contre Trump est tout à fait invraisemblable: «un tireur d'élite atteint sa cible à deux kilomètres, alors à cent cinquante mètres, c'était impossible de le rater».

Quand nous rentrons, j'allume la télé. Delon est mort hier. Nous voyons les dernières minutes de Plein soleil. J'ai lu le livre (Monsieur Ripley) mais jamais vu le film.

De La Roche Posay à Bergerac

Nous faisons un tour dans la Roche-Posay. C'est une ville de cure et deux maisons sur trois, sur quatre, sont des locations. «Vins et charbon», commente H. au dixième panneau (référence au bouclier Arvenne d'Astérix) — et au onzième, et au douzième, etc.
Cela a pour conséquence qu'il y a peu d'hôtels. Le nôtre est l'hôtel de l'Europe, à peine à l'écart, suffisamment pour être calme.

Confluence de la Creuse et de la Gartempe. Canards blancs ou oies? Du haut du parapet ce n'est pas clair.

Bellac. Nous arrachons de haute lutte une place dans un pub à Guinness (chic, une Guinness): le couple suivant est refusé. Manque de personnel en cuisine, donc le nombre de tables a été restreint.

La maison natale de Giraudoux (il y a passé un an environ) accueille un musée intelligent à base de numérique qui permet de découvrir rapidement la vie et l'œuvre de Giraudoux. C'est amusant et bien fait, parfois impressionnant, comme la mise en scène de photos et vidéos des tranchées.

H. souhaitait visiter Oradour-sur-Glane. Ce fut donc l'étape suivante.
Les parkings étaient pleins. L'entrée est souterraine et passe sous la chaussée. Un travail de collation de photos pour donner des visages aux vicitmes est en cours. Les portraits nous accompagnent dans notre accès au village entouré de murs. A ma surprise, c'est peu surveillé, ou alors très discrètement: ni gardien ni caméra visible. Ils ne craignent pas les grafittis, les dégradations ou les vols?
Le site est très bien entretenu; l'herbe est rasée même à l'intérieur des ruines, les briques sont scellées pour tenir. Cependant, je ne comprends pas bien ce que je vois. Je ne comprends pas comment les murs ont pu être détruits ainsi (réponse trouvée plus tard: non par bombardement mais par incendie).
Nous déambulons, les anciennes boutiques sont identifiées, garagiste, bar, coiffeur,…; ici et là, une plaque pour indiquer qu'un groupe d'hommes a été isolé. Nous allons jusqu'à l'église, puis jusqu'au cimetière. Retour. H. est très affecté. Je me dis une fois de plus qu'il a beaucoup moins lu que moi; je suis toujours surprise de ce qu'il paraît découvrir.

Ce n'est que le soir que je réalise que ce que je viens de voir, si organisé, si efficace (les hommes fusillés par groupe, les femmes rassemblées dans l'église), reprend la destruction des villages de Pologne ou Lithuanie. Un tour sur Wikipédia permet de confirmer cette hypothèse. La stupeur de la France devant Oradour marque aussi son incapacité à reconnaître les massacres à l'Est, par indifférence ou par ignorance.

Le responsable est Heinz Lammerding, que l'Allemagne a refusé d'extrader et qui a fini tranquillement sa vie comme entrepreneur.
Il y a à Oradour des appels aux dons pour entretenir le site. Il me semble que l'Allemagne devrait participer, ne serait-ce que pour avoir protégé ce général.

Hôtel près de la gare, promenade dans Bergerac, difficulté à trouver un restaurant sans foie gras ou confit de canard, ce qui par trente degrés ne fait pas envie.
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