Par Alice,
mercredi 12 mars 2025 à 23:15 :: 2025
Mon monde a basculé, celui dans lequel je vivais depuis mes quatre ou cinq ans (ma lecture de Paris-Match par bribes incompréhensibles, Margareth la sœur de la reine et son mari photographe, Claude François, le Liban en ruines, déjà, le Shah et son épouse) vient de se retourner comme une crêpe. Les Etats-Unis ne sont plus des alliés, bien pire, ou plus inconcevable, il semble qu'ils puissent s'allier à la Russie. Même Dr Strangelove n'avait pas prévu cela.
Je me souviens du service militaire de H. C'était pendant la guerre du Golfe, il travaillait au ministère boulevard St Germain sur les SIG (Système d'Information Géographique). Il me racontait le soir: «tout était prévu pour une attaque de l'URSS et de ses satellites. Rien n'est prévu pour aller se battre dans les sables. Les cartes ne sont pas à jour. Les canaux de communication ne peuvent pas être branchés de façon transverse avec des alliés qu'on considérait comme des ennemis il n'y a pas si longtemps. Rien n'est paramétrable.»
On le sait, pourtant, que quel que soit ce qu'on prévoit, c'est toujours autre chose qui survient.
Mais ça, tout de même… que les Etats-Unis désarment les avions fournis à l'Ukraine, ou pire, qu'ils transmettent des informations à la Russie… (information non confirmée, ce n'est peut-être que la trace de notre paranoïa. Mais qu'on puisse seulement l'envisager est déjà vertigineux).
Je me souviens du de Gaulle qu'on nous racontait au lycée: il était agaçant avec son obsession de «la France», mais on avait l'arme nucléaire et le Concorde et une autonomie énérgétique que n'avaient pas les autres. Et il avait combattu la souveraineté du dollar en achetant de l'or. En un mot, quand j'y songe, il était prémonitoire.
Ce que le 11 septembre ou le 7 janvier ou le 13 novembre n'étaient pas parvenus à faire, Trump l'a fait en quelques semaines : j'ai changé de monde de façon irréversible. Une confiance, une certitude, est détruite.
Je suis sous le choc, groggy.
Je me demande comment vont être réécrits les livres d'histoire des lycées et collèges.
Par Alice,
mercredi 5 mars 2025 à 22:09 :: 2025
Télétravail.
Notre boulangerie habituelle est fermée une semaine pour les vacances d'hiver, celle du centre est fermée le mercredi, celle de l'église fermée trois semaines pour aménagement d'un salon de thé. Je pars donc au-delà du Loing (en Bourgogne!) dans le soleil, tout au plaisir de ne pas avoir mal à la hanche.

Agenda :
Inscription pour Sisteron.
Début de quinze jour de diète assidue.
Visio planeur (organisation départementale).
Reçu mes
Bics Assassin's Creed.
Arcanes S2E3 et S2E4. Il y a au moins cinq personnages principaux, je m'y perds un peu. «Chacun a ses raisons» est le ressort de la série.
Par Alice,
mardi 4 mars 2025 à 23:58 :: Politique
Une heure et demie de conférence avec Pierre Helbronn sur l'Ukraine.
J'avais prévenu H. :«toi qui suis cela de près depuis le début, tu n'apprendras sans doute pas grand chose.»
En fait ce fut pire. Je me demande d'où sortaient les olibrius de la salle, pourtant triés sur le volet (invitation envoyée de façon sélective).
Les questions furent lunaires, entre ceux qui monopolisent le micro pour expliquer leur point de vue géostratégique et démontrer leur intelligence (et la salle de gronder, au bout de dix minutes: «quelle est votre question?»); les pacifistes («pourquoi envoyer des jeunes gens se faire tuer?»); la Chinoise qui voudrait savoir si la Chine va aider à la reconstruction (réponse: «Certains pays ont fait appel à la Chine, tous n'en ont pas été satisfaits»); l'Africain qui souhaite qu'on parle davantage de l'Afrique (réponse: «Il y a une semaine on nous reprochait de parler trop de l'Afrique et pas assez de l'Ukraine»).
Soudain, quelqu'un pense à mettre en route la ventilation dans la salle et aussitôt la tension baisse. Les questions redeviennent plus classiques: pourquoi l'Ukraine n'est-elle pas déjà admise dans l'Union Européenne (réponse: «Pour entrer dans l'UE il faut remplir certains critères. C'est un dossier à examiner, rien ne se fait dans la précipitation»); pourquoi ne confisque-t-on pas les avoirs russes (réponse: «C'est une question juridique complexe qui engage des actes de réciprocité. Pourquoi confisquer les avoirs alors que les niveaux de financements actuels sont suffisants? ce serait se priver d'un bras de levier dans les négociations.»)
Je retiens que la Turquie joue un rôle important (la fermeture des routes de la Mer noire la pénalise beaucoup) et que des usines de munitions sont d'ores et déjà opérationnelles en Ukraine. Quelles que soient les questions, Pierre Helbronn connaît ses dossiers et il en ressort que beaucoup d'actions sont en cours, depuis plusieurs semaines ou mois. Ces réponses sont apaisantes dans le climat hystérique actuel.
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Dîner au Chok Dee Cafe. Taxi de Pelletier à gare de Lyon, avec un défi: arriver à la gare pour que nous ayons notre train de 22h16.
Le taxi accomplira sa mission mais pas la SNCF : ce soir, pour cause de travaux, le 22h16 partait à 22h08.
Par Alice,
vendredi 28 février 2025 à 22:10 :: 2025
J'oublie de partir du bureau (tous les jours je me dis «je pars à six heures dernier carat», puis une chose en entraînant une autre, je prends une heure ou deux de retard), je rentre tard. La première chose que me dit H. quand je franchis la porte est «Tu as vu la dernière de Trump?»
Euh non. Je ne suis plus l'actualité politique qui me paraît dénuée de surprises: tout se déroule selon une logique inexorable.
Il y a quelques jours Trump avait accusé Zelensky d'être un dictateur responsable de la guerre (personne pour lui rappeler le Capitlole?); ensuite il avait dit ne pas se souvenir avoir dit ça. Aujourd'hui, Zelensky devait rencontrer Trump pour signer un accord sur les terres rares.
Durant un violent radotage qui a duré une heure, Trump l'a pris à parti devant les caméras dans le bureau ovale. Certains ont pris la peine d'écouter ce verbiage et voient une explication possible à cette attaque dans
le refus de Zelensky de mener une enquête contre Hunter Biden en 2019.
Perso je suis soulagée que l'accord n'ait pas été signé: je suis persuadée que les Américains, du moins sous la présidence de Trump, n'auraient pas tenu leur côté du marché.
Ce qui m'étonne le plus, c'est que les journaux titrent sur une humiliation de Zelensky.
Il me semble que c'est plutôt le peuple américain qui est humilié.
Je me demande ce qu'en pense les militaires. Je me demande s'ils auraient envahi le Panama sur ordre (sans doute que oui) ou le Canada (j'espère malgré tout que non). Préfèrent-ils un résistant de la trempe de Zelensky ou suivre l'ordre de soutenir Poutine?
Par Alice,
mardi 25 février 2025 à 21:36 :: 2025
Il a plu toute la journée, sans interruption.
Sinon rien. Le monde part en sucette. Depuis l'investiture de Trump le 20 janvier, c'est un festival d'idées farfelues auxquelles à ma grande surprise le monde se donne la peine de répondre sérieusement: acheter le Groenland, annexer le Mexique et le Canada, transformer la bande de Gaza en Côte d'Azur américaine.
Des agences entières sont vidées de leurs fonctionnaires pour être ou pas réembauchés (
des responsables nucléaires ont ainsi été virés il y a quelques jours, avant rétropédalage). H. qui suit cela de près m'apprend que la comptabilité de certaines (ou toutes?) n'est pas tenue en partie double, ce qui rend aisées la corruption et la fraude. Le pays réagit à son habitude, en contestant devant les tribunaux. Le système judiciaire sera-t-il assez solide?
Donc Trump et Poutine, deux chefs de gang, se partagent leurs territoires et leurs zones d'influence. Dans cette logique, l'Ukraine est abandonnée à elle-même, rançonnée par les deux.
Question : que fait la Chine pendant ce temps?
L'Europe fait le paon, mais ne compte pas.
Je ne suis pas inquiète mais fataliste. La suite des événements va se poursuivre jusqu'à une catastrophe quelconque, puis on reconstruira, comme d'habitude. Tant pis pour les morts.
Par Alice,
lundi 24 février 2025 à 22:09 :: Boulot
Lu le tome 2 de
Magus of the Library. C'est plutôt pour enfants (il faut que je me renseigne sur
les catégories shonen, etc : il est évident que j'aime un type particulier, mais je n'en connais pas le nom) et plutôt de la fantasy. Les dessins sont très beaux; l'un des thèmes en est la peur de l'étranger (et la conviction que la lecture fait reculer cette peur, ce qui depuis RC me paraît tout à fait illusoire).
Visite de contrôle chez le dentiste. Je commence à soupçonner la surfacturation, mais très intelligemment il ne me fait rien payer («c'est un contrôle, je ne vous prends rien») et me conseille de prendre rendez-vous mais sans me confier à sa secrétaire («prenez rendez-vous dans un mois sur Doctolib»). Je suis désarmée: est-il suprêmement malin (optique commerçante), pense-t-il que c'est à chacun de choisir sa santé (optique libertaire) ou ne pense-t-il rien du tout et se contente-t-il de faire son métier (optique je suis complètement paranoïaque)?
Il va falloir me méfier de mon nouveau patron (ou lui faire tout à fait confiance): il sent les
vibes (aura, émanations?). Il a détecté rien qu'à ma tête la déstabilisation subie ce week-end.
— Ça a l'air dur ce matin.
Je ne le connais pas, je ne vais pas lui raconter mes trois derniers jours. Je réponds la première chose qui me passe par la tête, en réalisant en même temps que je parle que je vais me décrédibiliser à tout jamais:
— C'est à cause de ce que je suis en train de lire, j'ai encore la tête ailleurs.
— Ah bon, qu'est-ce que vous lisez?
— Un manga (
réponds-je en me sentant parfaitement idiote. A ma grande surprise il paraît amusé et favorablement surpris.)
— Ah bon? Qu'est-ce que c'est ?
Je tire
Magus of the Library de mon sac, il regarde.
— Je ne connais pas (
ça m'aurait étonné, c'est tout de même très enfantin, plus que je ne l'avais perçu en le feuilletant).
Nous parlons SF. Nous parlons poésie. C'est un amoureux de Michaux.
Bon. Trop beau pour être vrai, que cela cache-t-il comme désillusion à venir?
Par Alice,
dimanche 23 février 2025 à 21:52 :: 2025
Croissants le matin, Casa Azul le midi (très bonne margarita, très bon restaurant mexicain de Fontainebleau). Ces derniers jours auront été à hautes calories (il faut que j'arrête l'alcool — mais c'est dur).
Comme nous sommes à deux pas d'un cinéma, je suggère d'aller voir un film. J'avais repéré la bande-annonce du Brutaliste. (Sur Facebook, je suis abonnée aux groupes "architecture brutaliste", "plaques d'égout à travers le monde" et "escaliers de la mort". Facebook ne sert plus qu'aux groupes — et à la pub, (presque) plus personne n'y écrit. C'est amusant, on assiste à un frémissement des blogs (Twitter et ses articles à rallonge, c'est très agaçant : pourquoi ne pas faire un blog?)).
Bref, je pensais voir un biopic d'un architecte inconnu (de moi. Pour info, ce n'est pas difficile, je ne connais que deux architectes, Le Corbusier et Jean Nouvel).
Ce n'est pas du tout cela. C'est l'histoire d'un architecte juif et hongrois qui arrive aux Etats-Unis après la guerre. J'ai cru à une success story («Regardez comme l'Amérique est grande et généreuse»), puis à une histoire de mea culpa américain («Regardez comme les riches sont avares et dépravés, incapables de vrai amour de l'art»), mais finalement la clé ou une clé founie à la fin est encore ailleurs, entre amour et camps d'extermination — mais de façon contradictoire, puiqu'on nous a fait miroiter un projet aux vastes dimensions pour finir par nous parler de la taille des cellules de Dachau ou Buchenwald.
Ou est-ce justement à cause de cette contradiction que le chantier se passe mal? N'aurais-je rien compris à ce qu'on nous a montré? C'est tout à fait possible.
Quoi qu'il en soit, c'est très long et l'image est très sombre, le tout très fatigant. C'était une mauvaise idée après la journée d'hier, nous aurions mieux fait de profiter de la très belle journée aux températures hors de saison.
Par Alice,
samedi 22 février 2025 à 22:27 :: Douloureuse famille
Passé le matin remplacer l'un des tomes 2 de
Magus of the Library. Tout s'explique: ils n'ont plus le tome 1 qui est en commande. J'ai pris le tome 3.
Marché sous une très belle halle. Ici se trouvent quelques commerçant qui doivent se demander où est passé l'homme jovial qui les faisait rire. En mai dernier, j'avais émis l'idée un peu folle (je veux dire décalée: personne ne fait ça) de passer voir les commerçants avec une photo de mon beau-père pour informer ceux qui le reconnaîtraient. (Prendre soin de
l'attachement des êtres — même ténu et sans conséquence — ou surtout ténu et sans conséquence — pure gratuité).
On m'avait dit non. Les idées zazous en période de deuil ne sont pas bienvenues.
Miel blanc, poulet rôti, radis.
L'après-midi, tandis que mon beauf et Madame vont à la recherche d'un déambulateur et de nouvelles chaussures, nous passons aux pompes funèbres. Cette année, la traditionnelle fête de famille aura lieu ici; H. aimerait que la dalle soit posée sur la tombe de son père pour cette date.
Patatras.
Je ne sais pas ce qui nous a le plus choqués: l'insensibilité de la vendeuse qui a feuilleté longuement le catalogue virtuel avec nous, utilisant son jargon professionnel sans prendre la peine de s'adapter (différences entre la
stèle, la semelle, le soubassement, le placage), le délai pour obtenir le monument (six à huit mois) ou le prix («il faut compter six mille euros», pour la gravure, «c'est seize euros la lettre»).
Nous sommes restés impassibles. Nous ne nous sommes pas levés, nous ne les avons pas traités de charognards, nous ne sommes pas partis en claquant la porte.
Nous avons continué à discuter très poliment, moi retenant mon envie de rire, un rire moqueur, sauvage, gargantuesque, que je sais pour l'avoir pratiqué parfois qu'il ravage très sûrement mes interlocuteurs — sans retour, il n'y a ensuite aucune réconciliation possible.
Nous avons continué à faire la conversation:
— Mais pourquoi c'est si long?
— Nous n'avons pas d'atelier ici. Selon le granit que vous choisissez, il vient du Tarn, du Brésil ou d'Inde. Le monument est taillé sur place puis vient par bateau. A moins que vous ne choisissiez un modèle en exposition.
— Vous voulez dire que lorsqu'on entre dans un cimetière, nous sommes entourés de pierres qui viennent du monde entier?
Nous quittons les lieux très déprimés et furieux. Impression d'être pris en otage et d'être rackettés. H. tient à sa pierre et c'est son père; pour ma part, à titre de résistance, je vais d'ores et déjà chercher une autre solution pour le moment où je serai concernée.
De ce point de vue, la crémation représente un avantage certain — même si ce n'est pas mon genre, pour des raisons d'inscription dans l'espace et le temps: un lieu fixe, un endroit où attacher ma mémoire, où une trace est offerte aux passants (lisant les pierres tombales et imaginant cette vie, souvenir imaginaire de personnes inconnues).
Sentiment de grande détresse et de désorientation durant le voyage de retour. Dans ces moments-là ça vaut la peine d'être deux.
Traditionnel arrêt au
mange-disque.
———————
Chez Madame, j'ai fouillé à l'étage et je reviens, le plus discrètement possible, avec des livres:
—
128 poèmes composés en langue françaises, anthologie de 1900 à 1968 rassemblée par Roubaud
—
Rashomon d'Akutagawa (à cause de
Ghostdog)
—
Histoire du diable qui prit femme de Machiavel (je ne savais pas que Machiavel avait écrit un ou des contes)
—
Pièces de Ponge (j'adore Ponge)
—
Comprendre l'islam (ou plutôt: pourquoi on n'y comprend rien) d'Adrien Candiard (beaucoup de livres sur l'islam dans la bibliothèque, que je suppose avoir été achetés après 2015. Cabu est originaire de Châlons).
Par Alice,
vendredi 21 février 2025 à 22:57 :: Douloureuse famille
Journée chez madame Mère pour signer les papiers de la succession. En tant que pièce rapportée je ne vais pas chez le notaire: je reste à flâner dans la librairie Mau (j'apprends au dos d'une carte postale que c'est le nom de l'un des deux cours d'eau de la ville, le Nau et le Mau), j'achète les tomes 1 et 2 du manga
Magus of the Library (avoir traduit le titre en anglais, quel snobisme), des cartes postales, un stylo encre et je fais la sieste vingt minutes à l'hôtel (minuteur vingt-trois minutes).
Le soir nous fêtons les anniversaires de Madame et de mon beau-frère à la brasserie où elle avait ses habitudes avec mon beau-père. Elle reçoit un accueil de reine, ils étaient inquiets de sa longue absence (à quand remonte la dernière fois? cet été? nous l'amenions prendre une glace quand nous avions encore la voiture de mon beau-père, mais c'est bien sûr impossible dans le cabriolet (voilà qui ajoute un critère au choix d'une voiture: qu'elle soit de la bonne hauteur, ni trop haute ni trop basse, pour que Madame puisse
s'y asseoir facilement)). Je crois que cet accueil lui a fait plaisir. Je la soupçonne d'être complexée ou intimidée par la grande popularité de mon beau-père.
Nous passons une soirée agréable. La seule difficulté est de ne pas répondre trop vite aux rodomontades de mon beau-frère et ravaler notre humour acidulé. Nous avons fait de nets progrès en ce domaine, ce doit être l'âge.
Mon beauf raccompagne sa mère chez elle. En le voyant l'installer dans la voiture, je me demande comment faisait beau-papa, plus petit et plus frêle à quatre-vints ans passés. Ils venaient tous les jours boire un café, nous a dit le patron. Mon beau-père accomplissait ce travail de force tous les jours? Deux fois par jour? Cela devait être épuisant. Il était épuisé. Comment avons-nous fait pour ne pas le voir? Il nous l'avait dit, nous n'avons pas fait assez attention.
Au moment de me coucher, je découvre que j'ai acheté deux tomes 2 de
Magus of the Library.
Par Alice,
jeudi 20 février 2025 à 22:18 :: 2025
Télétravail.
D'un œil je suis le WhatsApp des pilotes qui organisent le stage de Sisteron. La question du jour sont les caractéristiques nécessaires d'une voiture pour tirer une remorque de planeur — sachant que tous les planeurs ne font pas le même poids.
Les échanges deviennent de plus en plus compliqués. Je retiens qu'il faut consulter les cases F2 et F3 de la carte grise et la plaque (des caractéristique) de la remorque. Un des pilotes fournit un tableau Excel. Un autre finit par trancher: «Arrêtez de vous prendre le chou il faut que la remorque soit moins lourde que la voiture et que l'ensemble pèse moins de trois tonnes cinq. A vérifier le poids tractable de la voiture uniquement», ce qui résumé par un autre donne «F3 - F2 du tracteur égal PTAC (F3) max de la remorque attelée».
En prévision de mes futures vaches (atterrissage dans un champ) il faudra que je vérifie le poids d'une remorque de LS4. Cela nous permettra de choisir la voiture adéquate (tout pilote qui se respecte doit avoir une voiture avec une boule pour tracter une remorque). J'ai un an devant moi, je ne pense pas partir en campagne avant l'été 2026.
-------------
Suivant la suggestion de mon fils, j'utilise ChatGpt pour interroger Google: le projet de réduire l'indemnité des agents publics à 90% de leur rémunération les trois premiers mois de maladie a-t-il été voté?
Réponse oui, ainsi que le passage à trois jours de carence. Parution le 14 février, prise d'effet le 1er mars.
Par Alice,
mardi 18 février 2025 à 22:44 :: 2025
Passée à
Listel Or récupérer un volume de la NRF (n°98, premier novembre 1921, avec Gide, Larbaud, Crémieux, Thibaudet…) La revue tombait littéralement en poussière et ce fut une gageure de la relier. Quand je suis entrée dans la boutique, la première chose que m'a dite Sophie, c'est «j'espère que tu ne m'amènes pas un livre aussi abîmé que le précédent».
Non, cette fois-ci c'est un livre neuf qui a vrai dire n'a pas du tout besoin d'être relié:
The Making Of Homeric Verse de Milman Parry (encore un cadeau de mon défunt beau-père. Il se faisait un plaisir de choisir les plus étranges livres dans ma liste Amazon). Si je l'amène ici, c'est pour l'appareiller à deux autres livres, la thèse de Clémence Ramnoux et
Aperçu de la langue grecque d'
Antoine Meillet (dans mes cent choses à faire avant de devenir un zombie, il y a lire ces trois livres).
La particularité de ce livre, c'est que la plus grande partie est une traduction anglaise d'un travail écrit en français,
L'épithète traditionnelle dans Homère; essai sur un problème de style homérique. Il a été publié en 1928 et est à peu près introuvable. Durant mon trajet en métro, je découvre qu'il y en a un exemplaire à
la bibliothèque de Fels. Et en écrivant ici, je viens de découvrir que je peux contribuer à
sa numérisation.
Il y a beaucoup de monde dans la boutique, trois élèves et un "nez", ainsi que me la présente Sophie. C'est donc une spécialiste des parfums. Nous papotons un long moment. J'apprends qu'il existe un musée des odeurs à Versailles,
l'osmothèque. J'en profite pour poser ma question sur Ivoire de Balmain: est-ce réellement le parfum d'origine, celui des années 70? Non, probablement non: ils ont ressorti beaucoup de parfums en en changeant la composition.
Par Alice,
mardi 4 février 2025 à 21:55 :: Boulot
Ce matin, sans autre explication, m'attendait le mail suivant envoyé à 7h31 :
Communication du Président à l’ensemble du personnel
A compter du 4 février 2025 au soir, M. Trucmuche (le directeur, dirigeant opérationnel) est dispensé d’obligation de présence dans les locaux de MonEntreprise.
A compter du 5 février 2025, il est demandé que toutes les informations destinées au directeur me soient transmises par l’intermédiaire de M. Tartemuche, qui assumera la fonction de chargé de missions à mes côtés.
Je viens de changer de patron.
Je suis déjà en train d'oublier le précédent. Pour donner une idée du personnage, nous l'avions surnommé Pompon.
J'ai googlé le nouveau (qui sera donc surnommé le nouveau durant un certain temps). Il apparaît que c'est un coureur de trail et de triathlon. J'en déduis qu'il devrait avoir du courage. Ce ne sera pas inutile.
Par Alice,
dimanche 19 janvier 2025 à 21:00 :: 2025
Paramétré la manette de jeu pour Condor. Dans un sens ça n'était pas difficile, dans l'autre ça m'inquiétait suffisamment pour que je repousse toujours ce moment.
J'ai donc imprimé la deuxième page du
manuel du joystick Thrustmaster 16000 et utilisé
le travail préparatoire de l'impressionnant site eplaneur. J'ai dû recommencer deux fois, n'ayant pas été assez sérieuse la première fois : il faut vraiment déterminer ce qu'on veut.
J'ai ensuite tenté deux remorquages : deux échecs, mais dans un cas, je me suis posée (je veux dire que j'ai atterri sans casse): pas de doute, il est plus facile de piloter avec un manche et des palonniers qui répondent.
Par Alice,
mercredi 15 janvier 2025 à 20:04 :: 2025
Partie plus tôt car réveillée plus tôt.
Paysage nuit par la fenêtre du train. Sept heures une.

Deux salariés ont la grippe, je me mets dans le groupe du téléphone pour soutenir les présents. J'aime bien faire cela, je découvre des bizarreries, des bugs, des cas particuliers. J'ai parfois l'impression qu'il n'y a que des exceptions.
J'ai tiré le gros lot avec le coup de fil que je vais raconter.
Je ne sais pas si je vais réussir à expliquer ce qui me choque. Peut-être que cela va vous paraître normal, en partant du principe souvent partagé que «l'assurance n'a qu'à payer». Je tente le coup.
— Depuis le premier janvier, j'ai une complémentaire obligatoire qui m'a été imposée par mon employeur. J'avais entrepris des soins dentaires (
je vois à l'écran un devis de 19000 euros en mai dernier, mais pas de facture: soit il n'a pas encore réalisé les soins, soit il n'a pas encore envoyé les factures), est-ce que vous allez les rembourser?
Je ressens son inquiétude.
— Nous rembourserons toutes les factures datées de 2023 et 2024. La prescription est de deux ans de date à date, vous pouvez envoyer le 31 décembre 2026 une facture datée du 31 décembre 2024.
— Mais pour les soins commencés?
— Ils ont été facturés ou pas? Nous remboursons les soins de 2024. Pour 2025, ce sera votre nouvelle complémentaire.
— Ça m'ennuie, il paraît qu'elle rembourse très mal.
Je l'entends réfléchir. Je sens qu'il soupèse la possibilité de demander des factures antidatées à son dentiste, mais avec l'informatique, ce n'est pas si simple, la chronologie ne se bouleverse pas quinze jours plus tard.
— On m'avait dit qu'il y avait aussi la possibilité de garder votre mutuelle, qu'elle interviendrait en plus.
— Vous voulez réadhérer pour que
la Mxxx intervienne en surcomplémentaire? Oui, bien sûr, c'est possible. Vous pouvez même empiler autant de surcomplémentaires que vous voulez, il suffit d'envoyer à la suivante les décomptes de la précédente pour qu'elle complète le remboursement selon son barème.
— Et est-ce que je pourrai résilier dès que je n'aurai plus de soins?
J'en ai le souffle coupé. Je ris franchement : des arnaqueurs, il y en a, mais aussi décomplexés, je n'en avais jamais vus.
— Vous me demandez l'autorisation de faire un hold-up sur mon entreprise? Non, il faudra rester un an, c'est ce que prévoit la loi. Au bout d'un an, vous pouvez demander la résiliation à tout moment pour trente jours plus tard .
— Mais pourquoi vous riez? C'est la première fois que j'ai un accueil pareil à la
Mxxx.
(C'est peut-être aussi la première fois que tu expliques benoîtement que tu voudrais payer 200 euros pour t'en faire rembourser 19000. Le loto, mais sans le tirage au sort.)
— Bon écoutez, je résume: nous remboursons 2023 et 2024, vous pouvez reprendre un contrat chez nous, mais il commencera au plus tôt le premier février et nous ne rembourserons pas les factures de janvier 2025. Et vous devrez le garder un an. Vous avez vérifié les remboursements de votre contrat actuel? Parce que les remboursements sont très encadrés par la loi, avec des planchers et des plafonds. Il est probable que ce ne soit pas si défavorable que ça.
Il a raccroché et j'ai écrit en gros dans le bloc-note de son dossier: NE PAS FAIRE DE RETROACTIF et APPLIQUER STRICTEMENT LA RIA (=
résiliation infra-annuelle, c'est-à-dire la possibilité de résilier son contrat à tout moment).
Tomes 3 et 4 des
Carnets de l'apothicaire. Le dessin est très beau, mais cela m'amuse moins que
One Piece.
Par Alice,
mercredi 8 janvier 2025 à 22:08 :: 2025
Si j'avais décidé, contre mes habitudes, de faire ce cake, c'est que la DRH m'avait inquiétée: «X n'est pas là, Y a dit qu'elle était trop fatiguée pour faire quelque chose, il ne va rien avoir à manger».
En réalité, Y., dans son incapacité à venir les mains vides, avait malgré tout fait quelque chose; chacun avait amené pour huit, taille classique des tartes et quiches (amener des desserts quand on sait qu'il y aura de la galette: cela m'est incompréhensible (
non parce que je suis fan de galette — ce qui est vrai — mais parce que c'est du gaspillage). Entre les recettes du Magreb et la recette de Madagascar, nous nous sommes régalés.
Devant la débauche de nourriture, j'ai laissé mon cake en cuisine et l'ai ramené à la maison. (J'évite le
gaspillage alimentaire, une action de bon sens pour lutter contre le réchauffement climatique — et pour se comporter dignement par rapport aux pays qui crèvent de faim).
J'ai sans doute eu raison car en le goûtant le soir, nous nous sommes aperçus qu'il sentait vraiment beaucoup le roquefort. Je doute que mon équipe aurait aimé; ce qui est toujours embarrassant quand c'est leur supérieur qui a cuisiné — ou ils m'auraient chambrée bien fort comme deux ou trois savent le faire, ce qui me semble une preuve de bonne ambiance mais me laisse toujours désarçonnée car je manque d'esprit de répartie non violente.
Par Alice,
mardi 7 janvier 2025 à 21:47 :: 2025
Demain, «c'est la galette» : chacun amène ce qu'il veut, l'entreprise paie la galette.
Je profite d'être en télétravail pour prendre la peine de cuisiner un cake au roquefort (plutôt qu'amener du vin, solution paresseuse mais rapide).
Par Alice,
lundi 6 janvier 2025 à 23:35 :: 2025
Je ne suis pas efficace.
Je m'endors.
J'ai des problèmes de réseau, un fichier qui disparaît. Je le fais restaurer, il redisparaît. Que se passe-t-il?
Troisième passage chez le dentiste, surfaçage des dents de la machoire inférieure. Le dentiste évoque deux visites de contrôle, puis me donne une seule date:
— Vous avez raison, je ne serais pas venue à une deuxième.
Il rit : — Au moins c'est clair.
Il est beau gosse, décontracté, sympa et très loin de ses patients. Je pense qu'il vous a oublié dans la seconde où vous quittez le cabinet.
Parkour. La douleur voyage. Elle n'est plus au-dessus du foie mais dans la partie droite vers le centre. Sensation d'éventration. Comme je me dis que j'exagère, j'insiste. La douleur augmente, j'abandonne. J'ai trop peur d'aggraver la déchirure — si déchirure il y a. Je suis déçue, je pensais que deux semaines auraient suffi à guérir.
Bon, si ça continue à se déplacer, ça va atteindre la gauche extrême et disparaître. Avec de la chance.
One Piece 13 et 14. Les combats sont lassants, c'est un peu toujours la même chose, mais c'est curieusement attachant.
Par Alice,
dimanche 5 janvier 2025 à 22:48 :: 2025
Journée de repassage (commencé hier) devant Happiness, une série coréenne intéressante qui mélange épidémie et simili-zombies (une rage qui donne soif de sang et se transmet par morsure).
Série après série se dessine une Corée aux strates sociales imperméables et méprisantes coiffées d'une caste de puissants intouchables.
Le couple-phare d'Happiness est dynamique, joyeux, touchant. Le confinement transforme un immeuble en théâtre de Cluedo et ses habitants en pions manipulables et rapaces. Chacun (ou presque) montre un égoisme ahurissant dans sa bêtise, car absolument contre-productif dans un objectif de survie.
Dernier point remarquable : l'insistance sur le fait que les malades sont des êtres humains et non des monstres. Une phrase d'un épisode paraît impliquer que les familles des malades du Covid ont été harcelées durant la pandémie. Il faudrait retrouver le passage pour vérifier.
Par Alice,
samedi 4 janvier 2025 à 20:18 :: 2025
Cousu les sept derniers centimètres d'un pull commencé avant 2001. Enfin, ce n'était pas exactement le même pull: à l'origine mon but était un pull chauve-souris. Puis (dans la mesure où le processus s'est prolongé) je l'ai détricoté pour un point irlandais — des torsades en diagonale — qui représentait un plus grand défi technique. Il me semble même que j'ai eu l'intention à un moment de l'offrir à ma nièce (vers 2014?).
Bref, j'ai terminé le dernier morceau l'année dernière et je couds les pièces depuis plusieurs mois (vous avez compris que chaque étape prend un temps infini dû à des interruptions de longueur imprévisible).
J'ai donc fini aujourd'hui.
Il me semble que je dois avoir encore deux ou trois tricots à terminer. Sans compter des pelotes achetées pour un pull jamais commencé.
Par Alice,
vendredi 3 janvier 2025 à 23:22 :: 2025
Première utilisation de l'IA pour me fabriquer des photos d'identité. Je ressemble à une executive woman sortie d'une série américaine. C'est amusant.
J'ai rempli les documents nécessaire à réunir les différents plans d'épargne retraite que j'ai découverts en octobre. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de les réunir tous chez le même gestionnaire (tous les œufs dans le même panier), mais comme le PERCO cible que je souhaite n'est pas celui de mon entreprise actuelle mais celui de l'avant-dernière, je ne suis pas sûre que j'aurai gain de cause.
J'ai fait la demande parce que c'est plus rapide que de chercher à comprendre les textes. Si c'est interdit, je sais qu'on me le dira.
Le soir nous avions prévu un apéro avec Matthias et Mohamed. Ce dernier tarde, je sais que sa mère est à l'hôpital; l'apéro prévu initialement lundi a été déplacé à cause de cela. J'envoie un sms:
— Tu ne nous as pas oubliés? Comment va ta mère?
— Désolé. Ma mère vient de s'éteindre à 17h30.
Je l'écris ici ce soir. Où ailleurs pourrais-je exprimer à quel point je me suis sentie déplacée?
Je songe au graphique vu ce matin: c'est le trois janvier que le nombre de morts est le plus élevé en France (statistiques sur vingt ans).
Par Alice,
jeudi 2 janvier 2025 à 23:20 :: 2025
Journée chez mes parents pour l'anniversaire de maman.
Il a plu tout le long de la route. Comme chaque fois que je suis seule en voiture, j'écoute des podcasts, et donc
la fin de celui sur Poutine: sa logique de chef de bande (si ce n'est pas quelqu'un qu'il soutient qui est élu, alors c'est quelqu'un de la bande adverse), sa façon de tester les gens par l'humiliation, la maladresse d'Obama qui a traité la Russie de "puissance régionale" et n'a pas pris la peine d'apprendre quelques mots de russe lors de sa visite en Russie.
Le plus étonnant — et le plus flippant — a été d'apprendre que les protagonistes de la Manif pour tous ont appelé Poutine au secours devant l'ambassade de Russie à Paris. Tout de même de grands malades.
Journée filles : ma sœur et ma fille sont là.
Puis uniquement ma sœur. Au téléphone, ma mère expliquera à son interlocuteur ce fait si juste :«il nous arrive quelque chose qui ne nous était pas arrivée depuis trente cinq ans: nous sommes seuls avec nos deux filles». Comme c'est juste, et pourtant je ne m'en serais pas rendu compte seule: l'atmosphère ne m'évoque en rien mes souvenirs d'enfance. Je me sens tellement plus joyeuse.
J'avoue sans honte que je suis fière de mes cadeaux: une peluche sapin pour maman, une veste JO pour papa (pas si simple à trouver six mois plus tard. Beaucoup de tailles sont épuisées. Moi qui pensais que le Coq sportif allait surfer sur la vague, mais non).

Et les pièces d'Andorre ou Saint Marin ont eu beaucoup de succès.
Au retour, podcasts
Blockbusters sur la
saga du robot Gundam puis
les Dragqueen qui commence en soutenant que les super héros sont des Dragqueen: une meilleure version d'eux-mêmes.
Pour moi c'est l'inverse: j'ai toujours considéré que les Dragqueen étaient des super héros. Une conséquence des années sida, je suppose. Je suis une fan
des soeurs de la Perpétuelle indulgence et de leur voeu: promulguer la joie universelle.
Par Alice,
mardi 31 décembre 2024 à 23:55 :: 2024
Une à deux heures au téléphone avec Annie, prof d'histoire en terminale (SSGT : lettres données au hasard, je ne les retiens pas car je ne sais pas ce qu'elles signifient). Elle a toujours
des histoires incroyables ou amusantes. A côté de Saint Gapour, il y a par exemple «Hé madame, on pouvait pas enterrer les comédiens au Carrefour: sous Louis XIV, Carrefour, ça existait pas!»
Echange de voitures avec un ami : on lui emprunte sa cinq places et je lui laisse mon cabriolet. Cela nous permet de récupérer les Bostoniens à Moret et de passer la soirée au théâtre de Fontainebleau.
Repas maison — gage d'excellence —, oie et bûche glacée, discussions tard dans la nuit.
Par Alice,
lundi 30 décembre 2024 à 23:17 :: 2024
Encore du pointage et des mails pour l'association.
Toujours avec le VPN situé en Estonie, je finis la saison 1 de Dark winds et j'entame Yellowjackets. Il ne s'agit pas de gilets jaunes, mais des couleurs du maillot d'une équipe de foot de lycéennes. La particularité de la série, c'est que ses trois premières minutes commencent par une chasse à l'homme (à la jeune fille) dans la neige. Il vous reste ensuite neuf heures d'épisodes pour comprendre de quelle façon le récit va parvenir aux dernières minutes du pilote.
C'est dans le genre atroce, mais justement si atroce mais également si illogique que cela perd toute crédibilité (si vous vous crashez en avion entre deux villes des Etats-Unis, même en pleine nature à deux cents kilomètres de toute habitation, en marchant tout droit deux semaines, vous croisez forcément une route. Ou il suffit de suivre le premier ruisseau que vous croisez pour arriver à la mer). Cet illogisme permet de tenir l'horreur à distance.
C'est une série «Teenagers» musclée, a priori non diffusée en France.
Par Alice,
vendredi 27 décembre 2024 à 22:50 :: 2024
Encore une journée à répondre au téléphone pour soulager l'équipe. Les hôpitaux continuent à renvoyer les gens chez eux, sans que je sache si c'est pour leur permettre de passer les fêtes en famille ou pour libérer des lits en attendant les poivrots du 31.
Je suis passé à la librairie polonaise pour trouver un calendrier éphéméride pour mes parents.
En entrant, éblouissement: juste devant moi à l'angle de la table, Tigre, le dernier livre de Janis Jonevs, l'écrivain du génial Métal. Je ne savais pas qu'il en avait écrit un nouveau. C'en est fait de toute tentative de ne pas acheter de livres ce soir.
Je repars avec Tigre, donc; Ma vie en fragments de Zygmunt Bauman dont j'ai découvert le concept de société liquide à l'Institut Protestant de Théologie et Comment être socialiste + conservateur + libéral de Leszek Kolakowski parce que le titre m'a plu.
Le vendeur ne m'a pas proposé de sac et je suis partie les livres partagés entre mes deux bras (deux tomes de One Point en plus).
Ligne 10, sortie à la gare d'Austerlitz qui promet d'être magnifique mais qui est insupportable à traverser. Vivement la fin des travaux.
Par Alice,
jeudi 26 décembre 2024 à 22:56 :: 2024
J'ai amené au bureau de quoi préparer du vin chaud pour les six salariés présents. J'avais même emmené passoire (pour filtrer les épices) et casserole.
J'avais juste oublié qu'il n'y a pas de gazinière au boulot.
Je suis donc allée acheter en catastrophe un saladier et j'ai préparé le vin chaud au micro-ondes.
Cette cuisson a un peu nui au velouté de la potion, mais nous avons beaucoup ri, en terminant par
le monologue de Maria Pacôme.
**************
Cependant, la fin de journée a été plus sinistre.
L'une des personnes de mon équipe a perdu son père lundi. Cela faisait une semaine qu'elle nous tenait au courant de son emploi du temps, télétravail à son chevet à l'hôpital, retour à Paris après le décès, absence pour les funérailles dès qu'elle en aurait la date.
Elle s'excuse beaucoup de désorganiser le service, ce qui est fort embarrassant car bien sûr secondaire.
Ce soir je l'ai au téléphone:
— L'enterrement est le 31 à dix heures, excuse-moi, je vais devoir poser ma journée. Je pense y aller en train de nuit avec les enfants, parce qu'avec les vacances, il n'y a aucune chambre de libre.
— Comment ça, tu ne peux pas dormir chez ton père?
— Ah non, la vache (
comprendre: sa belle-mère) ne me parle pas depuis trente ans, ce n'est pas maintenant qu'elle va commencer. Ce n'est même pas elle qui m'a appris la date de l'enterrement, mais un voisin.
J'ai l'impression d'avoir mal entendu:
— Comment ça?
— C'est un des amis de papa qui m'a appelée pour vérifier que j'étais au courant de l'heure de l'enterrement; comme quoi il la connaît bien, la garce.
Je suis rentrée chez moi hagarde.
Par Alice,
vendredi 13 décembre 2024 à 22:59 :: 2024
Patrick m'avait signalé un "Petit salon du livre grec" au
centre culturel hellénique et nous nous y sommes donnés rendez-vous.
J'ai longtemps déambullé devant les piles de livres. C'est toujours impressionnant de regarder des livres tandis que les éditeurs ou les écrivains ou les traducteurs vous observent ou s'appliquent à ne pas vous observer à quatre-vingt centimètres de l'autre côté de la table. Pour lutter contre la gêne ou la timidité, je me suis appliquée à regarder chaque livre comme si j'étais seule au monde. Cela a pris du temps.
Je suis partie avec des livres d'un Albanais (qui écrit en grec), d'un Luxembourgeois (qui traduit du grec), d'un Italien (interviewé par un Grec) et malgré tout de trois Grecs.
- Antoni Tabucchi,
Une chemise pleine de taches (j'ai mis longtemps à me souvenir du titre
Tristano meurt, dont les images grecques surnagent dans ma mémoire)
- Gazmend Kapllani,
Je m'appelle Europe et
Petit journal de bord des frontières
- Gilles Ortlieb,
Sous le crible, Vraquier et
Le train des jours, les journaux les plus courts que j'ai jamais vus
- Thanassis Valtinos,
Accoutumance à la nicotine
- Dimitris Sotakis,
L'argent a été viré sur votre compte et
Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte
- Pètros Markaris,
A travers Athènes
- une revue sur les juifs de Thessalonique
Dîner au Roméo, aux serveuses amateur et aux fauteuils en velours vert pétard.
Rentrée à temps pour attraper le train, qui est devenu ma grande obsession.
Par Alice,
dimanche 24 novembre 2024 à 22:29 :: 2024
J'avance dans
Bucket list of the dead. Lu le 1 et le 2 hier, fini le 3 et le 4 aujourd'hui. Ça me plaît. C'est vivant, enjoué, loufoque. Je suis en manque. J'irai chercher la suite demain.
Le reste du temps, j'ai l'impression d'avoir passé ma journée à faire la vaisselle. Ce n'est peut-être pas une impression car je vais lentement. La raison en est que je continue
Mad dog. Je lis les sous-titres, ce qui ralentit l'activité effectuée en parallèle.
Le soir je sors pour aller déposer à pied
Le Gars à la bibliothèque en écoutant
Toni Morrisson.
Par Alice,
samedi 23 novembre 2024 à 22:10 :: 2024
Après longues délibérations et deux ou trois modifications, c'était la date retenue pour fêter l'anniversaire d'A. Elle est finalement venue en voiture: entre les travaux, les grèves et la neige, tous les trains ont été supprimés entre L'Aigle et Paris (supression progressive: d'abord quelques trains, finalement supprimés la veille ou l'avant-veille. Quelle bande d'enfoirés. J'espère qu'il y a un karma).
Repas à l'Anco, passage dans un magasin de mangas (MCBD rue Taillandier) où O. offre à A. de choisir des mangas pour son anniversaire. Je furète dans les étagères, trouve
La critique de la raison pure en manga (!!!), feuillette
Bucket list of the dead (cent choses à faires avant de devenir zombie), un manga réjouissant qui vit l'invasion des zombies comme une délivrance («Le remède au burn-out? une apocalypse zombie!») Je prends les quatre premiers pour essayer.

Montparnasse. j'ai pris cinq places pour
Le porteur d'histoires que je souhaitais voir depuis des années (de l'avantage d'être celle qui organise la journée). Le théâtre est bon enfant, longues banquettes et non fauteuils. On se serre.
Histoire, histoires, entre l'Algérie et les Ardennes, entre aujourd'hui et 1830. Dumas, Napoléon, société secrète. Enchâssement. Je somnole, je m'y perds, mais ça n'a pas d'importance.
A midi A. a oublié d'ouvrir ses cadeaux. Donc en sortant nous allons prendre un vin chaud pour ce faire.
Et devinez quoi? On a oublié à nouveau.
Par Alice,
vendredi 22 novembre 2024 à 06:36 :: Transports en commun
Levée à 4h20 pour être au bureau vers 7 heures.
Arrivée à la gare à 5h48 (à pied pour éviter toute glissade en voiture. La neige gelée craque à chaque pas).
Train annoncé à quai dans une minute. Mais à l'horizon, rien, nul feu qui perce aérien au-dessus du viaduc.
Instruite par l'expérience, je remonte le quai pour changer de voie (train en provenance de Montargis) si le train de Montereau n'arrive jamais.
C'est le cas. A 6h04, changement de quai pour le train montargois de 6h08 benoîtement annoncé sur les écrans.
Secondes, goutte à goutte.
Minutes.
Un train passe en sens inverse, sans s'arrêter, vide. Machinalement je pense: «si c'est le nôtre, il y en a pour un moment».
Annonce inaudible. Il me semble comprendre «reprise des trains à 7h30».
Je consulte
Twitter:
Le trafic est interrompu de Montargis vers Melun et de Montereau vers Melun, via Héricy et via Moret, dans ces sens de circulation, en répercussion de conditions climatiques dégradées.
Je vais donc arriver à la même heure que d'habitude.
J'écris cela dans la salle d'attente non chauffée de la gare de Moret. Toufik n'a pas été remplacé, il n'y a plus de quoi boire un café au chaud et attendre en riant (en décon***). Il n'y a pas de wifi (je me vois toujours proposer le wifi SNCF, je ne me souviens pas avoir réussi à m'y connecter une fois en six ou dix ans), j'utilise la 4G.
Dans un état d'esprit fin du monde, je me dis que lorsque mon ordinateur sera déchargé, ce sera fini.
Mais bon, j'ai un livre.
Je vais remettre
Mad Dog. Arnaque à l'assurance, un côté Perry Mason. Assez difficile à suivre (que des sous-titres, pas de pistes audio français ou anglais) à cause des prénoms que je retiens difficilement, mais passionnant.
Par Alice,
jeudi 21 novembre 2024 à 22:31 :: Boulot
Matinée sur mes mails, après-midi en réunions,14-16 puis 16-19. Tout l'objet de la première a été de rendre la deuxième efficace: faire disparaître un maximum de questions. Nous, les opérationnels, n'osons plus poser de questions, car au lieu d'obtenir des réponses (comprendre: des décisions), nous obtenons d'autres questions (comprendre: des hésitations) qui se multiplient dans un foisonnement amazonien. Pas le temps, plus le temps, tout doit être rendu demain à 13 heures.
Je n'irai pas en grec: du fait de la grève (noyée dans l'effet neige), pas de train au-delà de 19h46. J'attrape le précédent (19h32) en soufflant comme une locomotive.